Strigany

De La Bibliothèque Impériale

Les citoyens de l’ancien empire humain de Strigos vénéraient les Vampires comme des dieux, mais leurs divinités ne purent les sauver de la férocité sanguinaire des Peaux-Vertes. Quand les quelques rescapés s’en furent en claudiquant vers le nord et le Vieux Monde, ces affligés se heurtèrent à un mur de haine de la part des autres tribus humaines, mais ils n’avaient nulle part où aller.

C’est là qu’ils errent encore aujourd’hui, se faisant appeler les Strigany. Ils ne sont pas moins haïs qu’autrefois, même si les siècles ont fini par effacer le souvenir de leur empire au passé sanglant de l’esprit de leurs compatriotes. Peuple sans attache, les Strigany vont et viennent sur les routes sous la forme de petites communautés habitant dans des caravanes, allant de villages en villages, mais surtout de persécution en persécution. Ces communautés de roulottes, mal entretenues, s'installent souvent à l’écart de la civilisation. Leurs caravanes se composent de de comédiens, de mimes, de jongleurs, d’acrobates, de culbuteurs… De place publique en place publique, les troubadours et les bateleurs divertissent les bonnes gens de leur art. Les Strigany exploitent les superstitions des habitants de l'Empire et de la Bretonnie en leur vendant des charmes et des protections contre quelques sous. C’est un peuple désespéré, qui s’accroche toujours aux légendes presque oubliées racontant que son antique maître reviendra un jour le sauver de cette pathétique existence. Quand les rumeurs de ces réminiscences lointaines se répandent et viennent aux oreilles des étrangers, la survivance du culte des Vampires n’est pas vraiment un atout pour les Strigany qui tentent d’échapper à leur passé. En réalité, elle a plutôt tendance à sceller leur destin aux mains des étrangers qui les persécutent. On rejette souvent la responsabilité de tout problème local sur les Strigany quand aucun autre coupable ne semble évident, et les Répurgateurs un peu trop zélés n’hésitent pas un instant à les accuser de transporter des morts-vivants infectés dans leurs caravanes. Si jamais on parvient à prouver leur innocence dans ce genre d’affaire, il y a belle lurette qu'ils ont tous été pendus et leurs caravanes brûlées.

Pour autant, leurs symboles présentent de curieuses similitudes avec ceux des vampires, comme la tête de loup de von Carstein, et ils les révèrent. En présence d'un vampire, ils lui prodiguent des offrandes. Ils se considèrent comme des protecteurs des morts et des gardiens de la tradition. Les secrets de leur peuple et ceux des morts oubliés sont leur fardeau. Ils veillent à ce que cette sagesse des temps anciens ne sombre pas elle aussi dans l’oubli.

Selon eux, le monde n’a pas toujours été si vieux et si flétri. Dans le temps, il rayonnait de jeunesse, et les hommes étaient fougueux. Ils agissaient spontanément, sans réfléchir. Dans leur course effrénée à la gratification instantanée, ils n’hésitaient jamais à brader leur vie. Des hédonistes forcenés en quête incessante de plaisirs… Les Strigany sont les derniers gardiens de leurs rituels, les ultimes bénéficiaires de leur sagesse. Ils survivent à travers eux et quand ils reviendront, ils seront là, à les attendre.

Les Strigany n’affichent pas leurs véritables sentiments. Là où on entend des rires et des chants, il y a tristesse et désespoir. Leurs airs, si joyeux en apparence, comportent des notes basses dénotant en filigrane une indicible tristesse cachée.

Par tradition, toutes les caravanes strigany avaient leur « grand-mère », très au fait des traditions: un oracle sensé posséder le don de double vue.

Sources

  • Warhammer JdR v2 - Le Compagnon
  • Steven Saville, Les chroniques des von Carstein Tome III - Châtiment, La bibliothèque interdite, 2010