Roivageurs Putrides
Quand Bloab Rotspawned dort, ses nombreux parasites chuchotent et complotent dans son ventre, au sujet des guerriers qui méritent la faveur du Seigneur de la Décrépitude, où qu’ils se trouvent dans le monde. Lorsqu’un tel champion a effectivement prouvé sa valeur, une mouche-démon s’élance de la bouche ronflante de Bloab dans le ciel nocturne. Ainsi débute le long voyage du petit messager, mais qui ne chemine pas sans aide. Alors que la mouche-démon vole au-dessus du paysage éclairé par la lune, la lumière maladive de Morrslieb la revigore en la nourrissant de l’énergie du Chaos. Guidé vers sa cible par un fil du destin argenté, l’insecte traverse la moitié du monde si nécessaire, avant de se poser sur la tête de l’élu et de lui planter ses mandibules dans la peau : un baiser de Nurgle lui-même conférant une grande force et une grande robustesse. Dès lors, le guerrier choisi se conforme totalement aux désirs de Grand-Père Nurgle, devenant une vraie force de destruction et un garde du corps prêt à l’emploi pour les Champions du Seigneur de la Décrépitude.
Bien que ces individus tendent à se réunir en bandes guerrières ou en groupes militaires très soudés, chaque Roivageur est un adversaire redoutable, un champion en puissance parfaitement préparé à combattre et à mourir pour la cause infâme de son Dieu. Ces quelques bienheureux perpétuent le cycle de la vie et de la mort en maniant des armes diverses et variées, allant des équipements typiques des tribus nordiques, comme le fléau et la hache, aux instruments étranges symbolisant les préférences de leur Dieu tutélaire. Certains sont affublés d’appendices insectoïdes, d’autres de faux de guerre ou de bâtons alourdis par d’énormes cloches pleines de vert-de-gris, qui produisent un glas bruyant lorsque le porteur s’en sert pour enfoncer des cages thoraciques et fendre des crânes.
Tous les Champions du Chaos espèrent que l’œil de leur Dieu est tourné vers eux lorsqu’ils vaquent à leurs affaires brutales. Les Roivageurs Putrides en sont assurés. Ils sont pleinement conscients que leur maître les a non seulement triés sur le volet, mais leur a également transmis un peu de sa force illimitée afin qu’ils puissent accomplir la destinée qu’on leur a réservée. Ce sont des tueurs de monstres et de monarques, les fléaux des magistrats et des prêtres. Ils sont voués à abattre les grands pour que les petits les dévorent, chaque exécution engendrant des milliers de vies. Ainsi, le cycle éternel des largesses de Nurgle est entretenu, jetant à bas les édifices et les édits de la civilisation pour les remplacer par l’effervescence de la vie débridée.
Les premiers adorateurs du Chaos qui reçurent l’onction des insectes de Nurgle furent les guerriers qui occupaient le Fort d’Airain. Les Repugnants, qui s’étaient enfoncés au cœur de l’Empire aux côtés du Seigneur de Guerre Cyspeth lors de la Tempête du Chaos, s’étaient déjà taillé une réputation en commettant des actes de profanation sanglants partout où ils passaient. Ils faisaient partie des assiégeants du titanesque Fort d’Airain, une forteresse qui avait changé de mains à maintes reprises, car, paradoxalement, l’Empire et ses ennemis la considéraient comme une position stratégique inexpugnable.
Si l’armée de Cyspeth avaient souffert de nombreuses pertes à l’occasion des sorties impériales et sous les boulets tirés depuis les remparts du fort, la horde Tzeentchienne finit par le prendre suite à une attaque à la fois terrestre et souterraine. Tandis que les guerriers de Cyspeth martelaient les portes de la citadelle, des tunneliers Skavens allié au Champion du Chaos émergèrent dans la cave située sous le château. Cependant, lorsque les assaillants pénétrèrent enfin ses murs, ils s’aperçurent que la plupart des défenseurs s’étaient enfuis via un tunnel inconnu des hommes-rats. Les forces de Cyspeth devaient se préparer le plus vite possible au départ si elles souhaitaient arriver à temps à Middenheim. Les Repugnants et leurs comparses furent laissés en poste, et ne virent jamais arriver la relève, car les armées de l’Empereur réussirent à repousser l’invasion d’Archaon.
Coupés de leurs alliés, les guerriers décidèrent de tenir la forteresse des Monts du Milieu le plus longtemps possible. Ils se dirent qu’une autre armée du Chaos allait bien envahir l’Empire dans les années à venir, et qu’ils seraient alors en bonne position pour former un fer de lance sanglant. Toutefois, les semaines passèrent, et l’un après l’autre, les adorateurs du Chaos qui s’étaient emparés du Fort d’Airain succombèrent à une terrible peste. Le secours des Dieux Sombres finit par venir, non pas sous la forme d’une horde de barbares sanguinaires, mais d’un vol de mouches-démons aux pattes pendantes. L’essaim descendit du ciel nuageux dans les corridors et les cellules du fort. Là, chacune des petites bêtes, encore moites du pus des plaies qui sillonnaient les entrailles de Bloab Rotspawned, se nicha sur le ventre d’un des occupants toujours en vie.
En quelques jours, les Repugnants devinrent gras et bouffis sous l’effet de l’énergie vitale qui bourdonnait en eux. Certains pourrirent, d’autres enflèrent, d’autres encore se transformèrent pour ressembler aux insectes qui les avaient oints de la faveur de Nurgle en récompense de leur audace. Le fort lui-même changea, ses murs exsudant des fluides malsains sur le flanc de la montagne. Lorsque les Maggoth Riders de la Corne de Glace atteignirent la forteresse, ils trouvèrent des hôtes remodelés par le pouvoir insalubre de Nurgle, une bande de tueurs vétérans aussi redoutable qu’une petite armée.
Des histoires similaires pullulèrent de la Norsca aux rivages du Nordland. Les mouches-démons de Bloab traversaient les terres, se posaient sur le front ou l’abdomen des méritants. Les Fils de la Dernière Peste, de vieux alliés de la tribu Dragonbone, virent leur goût immodéré pour les maladies se muer en une obsession indomptable comme des pestes durcissant les chairs et des champignons déformant les os germèrent dans leurs corps. Moins d’un moins plus tard, les Fils étaient devenus les champions incontestés des armées de Gutrot Spume. Parmi les guerriers de la tribu des Fjordlings que les Glottkin avaient enrôlés, les plus dévoués gagnèrent en masse et en volume, et subirent des mutations qui auraient tué des hommes plus faibles, mais qui à la place les rendirent encore plus forts.
Dans chaque conflit de la guerre tentaculaire à venir où l’influence de Nurgle était la plus demandée, les Roivageurs Putrides seraient présents, liés non pas par un ordre formaliste, mais par la volonté et la prévoyance de leur Dieu hideusement généreux.
Source
- La Fin des Temps - Glottkin, produit par le design studio Games Workshop, 2014
