Reikspiel
Les citoyens de l’Empire pratiquent la plus répandue des formes du langage occidental : le Reikspeil, la référence à partir de laquelle tous les autres pratiquants de la langue sont jugés. Comme les professeurs d’universités de l’Empire ne manqueront pas de vous l’expliquer, si vous avez quelques heures à perdre, l’Empire a été le premier pays à développer un langage écrit. Il dispose donc, maintenant, d’un énorme trésor de littérature dans les bibliothèques de ses villes. Il est d’autant plus dommage que la frange de sa population capable de lire ou écrire soit aussi restreinte : le niveau d’éducation dans l’Empire est extrêmement varié, mais la majorité de ces habitants ne savent même pas épeler leur nom (en revanche, beaucoup sont capables de reconnaître les nombres). Pour eux un manuscrit relié n’a pas d’autre intérêt que de servir de support pour couper son pain ou pour poser sa pinte de bière.[1]
Sommaire
Les Scribes
- Recherche scrib pour raidiger dé zannonsses.
- - Note placardée sur un panneau à annonces
La plupart des citoyens de l’Empire étant illettrés, les services des Scribes sont très demandés. Tous les gouvernements, civils ou militaires, et les institutions religieuses engagent des Scribes à des fins d’archivage. Il existe également des Scribes publics qui gagnent leur vie en écrivant et en lisant des lettres pour les gens du peuple. Les Scribes sont cultivés et beaucoup deviennent des érudits ou des juristes. Enfin, certains se lassent de lire les aventures d’autrui et décident de vivre les leurs. Grâce à leurs grandes connaissances linguistiques, ils font de parfaits interprètes lors d’expéditions menées à l’étranger.[2]
Les Étudiants
Les grandes villes de l’Empire abritent un certain nombre d’universités. À l’instar de l’École Impériale d'Ingénierie, la plupart sont financées par l’État. La première université de l’Empire fut fondée à Nuln, ville aujourd’hui encore réputée pour ses institutions pédagogiques (et, ironie du sort, pour l’École Impériale d'Artillerie). Les Étudiants de l’Empire ont le choix entre de nombreux cours, de l’histoire à l’anatomie en passant par la science et les fonds de bouteille… Évidemment, beaucoup préfèrent s’amuser avec leurs camarades dans les tavernes aux alentours de l’université et se font recaler en moins d’un an. Les Étudiants Elfes ne se rendent pas aux universités impériales mais apprennent auprès de leurs propres maîtres. Les Étudiants Halflings sont tolérés dans les universités en raison d’une obscure ordonnance impériale demandée par l’Ancien du Moot il y a bien longtemps de cela.
Être Étudiant est une chose, mais être un Étudiant qui termine ses études en est une autre. Les tavernes et les dortoirs du Vieux Monde sont remplis d’aventuriers avec des diplômes partiels et inachevés. Un diplôme Impérial est un document juridique délivré par une université accréditée qui atteste que l’Étudiant a suivi avec succès un programme complet dans un domaine d’études particulier. L’alphabétisation de base est une condition générale d’admission dans toutes les universités impériales. Il existe des diplômes de base et des diplômes d’études supérieures qui sont offerts à l’Étudiant avec les préalables appropriés. Un Étudiant peut obtenir plusieurs diplômes au cours de sa carrière et les comparer à d’autres collègues universitaires comme insignes d’honneur. Cependant, l’apprentissage d’un Étudiant est souvent limité par les fonds disponibles pour payer les frais de scolarité, plutôt que par un manque d’ambition.[3]
Les Érudits
Bien que de nombreux Érudits se concentrent sur un seul domaine d’études, beaucoup d’entre eux aiment faire des recherches sur une vaste gamme de sujets. Cependant, les recherches scientifiques prennent beaucoup de temps et les déplacements à travers l’Empire pour visiter diverses bibliothèques peuvent s’avérer coûteux. Pour encourager les études et éviter les déplacements, un groupe d’anciens élèves d’Altdorf a créé un club de lecture secret, qu’ils ont surnommé l’École Ambulante. Après leurs années passées ensemble à Altdorf, les Érudits se sont séparés, mais sont restés en contact étroit les uns avec les autres. L’École Ambulante ne se réfère pas aux Érudits qui font des tournées pour se rendre visite, mais plutôt aux nombreux livres qu’ils s’envoient les uns aux autres. Lorsqu’un Érudit a trouvé un livre rare et qu’il a fini de l’étudier, il le transmet à l’un de ses collègues, qui en fait de même avec un tome qui lui appartient. Les Érudits emploient toutes sortes de caravaniers, de Messagers, de Pèlerins, de lignes de diligences, etc. pour livrer leurs livres à l’École Ambulante. Cependant, beaucoup de ces livres rares sont incroyablement chers, et certains contiennent du matériel qui serait considéré comme… inapproprié… pour la recherche par un citoyen vertueux de l’Empire. Par conséquent, la discrétion est primordiale lors de la livraison des livres aux membres de l’École Ambulante. |
- « On raconte que le patriarche de la famille von Wittgenstein fut transformé en cafard géant. L’histoire nous apparaît bien grotesque, mais les paysans sont superstitieux. Ils n’ont pas saisi la parabole pourtant évidente, et y ont vu une réalité. »
- - Kurt Muller, Érudit, université d’Altdorf
Les Érudits sont des académiciens qui consacrent leur existence à la recherche de connaissances. On trouve parmi eux des sages qui explorent des théories philosophiques et scientifiques, des moines qui se spécialisent en savoir théologique et des précepteurs qui s’efforcent d’instruire les enfants de riches Marchands et Nobles. Certains Érudits se mettent également en quête de connaissances ésotériques ou proscrites. Une telle voie requiert néanmoins une grande force mentale et a de grandes chances d’attirer les foudres de Répurgateurs et autres fanatiques. Dans le Vieux Monde, ceux qui étudient la loi, comme les clercs et les Plaideurs, sont considérés comme des Érudits spécialisés.
Les Érudits passent la majeure partie de leur temps chaque jour à faire des recherches ; s’ils sont payés pour le faire, leurs recherches ne porteront que sur les questions concernant la demande d’information de leur employeur. S’ils étaient laissés à eux-mêmes, la plupart des Érudits suivraient méticuleusement chaque piste, chaque fil d’information dans leur domaine d’intérêt jusqu’à sa conclusion logique, cataloguant toute piste nouvellement découverte pour exploration et étude ultérieures. Consacrant l’essentiel de leur vie à l’accumulation de connaissances, les Érudits sont les lettrés auxquels les autorités doivent faire appel à l’occasion. En tant que tels, ils sont parfois employés par un seigneur ou un chef religieux et bien rémunérés, mais le plus souvent, ils travaillent à la pige et vivent au jour le jour. Certains se spécialisent dans des sujets religieux ou philosophiques, tandis que d’autres sont des experts dans les domaines du droit, des mathématiques, de la linguistique, des sciences et même des connaissances obscures et interdites - bien que l’espérance de vie de l’Érudit qui s’adonne à ce genre de recherche ne soit pas très longue.[3]
Les Livres
Les livres existent depuis peu. Avant l’ère moderne de l’Empire, les personnes instruites écrivaient sur des parchemins qu’on rangeait dans d’immenses casiers dans lesquels on se retrouvait difficilement. Pour améliorer cette organisation, la reliure fit son apparition, en réaction aux grimoires des mages, de volumineux tomes de savoir magique. On transcrivit dans ces volumes le cours de l’histoire aussi bien que les textes sacrés. Les temples de Sigmar se consacrèrent à la préservation de la connaissance et nombreux furent ceux que l’on assigna à retranscrire le contenu des parchemins ou d’autres livres pour les compiler dans des recueils destinés à des collectionneurs. Ces livres étaient de véritables œuvres d’art, avec de superbes enluminures et une calligraphie à la fois élaborée et foisonnante, mais ils étaient coûteux et peu pratiques. Lourds, reliés de cuir et de bois cousus à la main, ces volumes étaient particulièrement longs à concevoir.
Il y a cinq ans de cela, Gunthur Johans, de Middenheim, dévot de Sigmar dans une cité offerte à la cause d’Ulric, inventa et conçu une machine qu’il appela « imprimerie ». L’invention consistait à graver des cubes de bois de lettres saillantes. Ces blocs étaient ensuite disposés pour former des mots, puis on les enduisait d’encre et la presse appliquait les rangées de lettres sur des feuilles de papier. L’imprimerie de Johan fut adaptée dans d’autres villes importantes, si bien que la plupart des presses sont aujourd’hui relativement efficaces, laissant les joies de l’enluminure d’antan aux sorciers et à leurs tomes de savoir ésotérique. Bien que la production d’ouvrages enluminés ait bien chuté, ils restent des objets d’art précieux. De nombreux sorciers et autres amateurs de l’occulte voient les livres imprimés comme de pâles imitations qui n’ont rien de l’authenticité que connaissent les tomes des mages. La plupart des livres sont collés, ce qui réduit encore le coût de production, tout en les rendant beaucoup moins résistants que par le passé.
Littérature et Hérésie
Le développement récent de l’imprimerie a mis une nouvelle pression sur tous les cultes de l’Empire, particulièrement ceux dans les villes cosmopolitaine comme Altdorf et Nuln. Les textes sacrés des cultes majeurs furent les premiers à être reproduit par l’imprimerie, bien évidemment, mais de nombreux pamphlets remplis d’idées révolutionnaires et potentiellement hérétiques ont rapidement suivi la marche.
L’influence et la richesse de la classe moyenne de plus en plus importante, jumelé avec la facilité d’accès aux œuvres imprimés, a rendu le peuple de l’Empire un tant soit peu plus instruit maintenant qu’il ne l’était auparavant. Pour la première fois, des laïcs mettent la main sur des livres sacrés et posent des questions embarrassantes sur les incongruités, réelles ou imaginaires, trouvées à l’intérieur ; parfois elles n’ont même pas de rapport avec leur capacité à lire. Les prêtres qui ont depuis des générations prêchés à un troupeau d’illettrés leurs textes sacrés se retrouvent maintenant face à bon nombre d’interrogations impertinentes sur les menus détails de la théologie, le tout provenant des endroits les plus insoupçonnés. Il semble que si la tendance se maintient, même les chasseurs de rats apprendront à lire !
Cette nouvelle technologie et la ferveur révolutionnaires qu’elle a engendrées ont été comme un terreau fertile de pensées hérétiques. Les agitateurs questionnent de façon routinière les autorités tant séculières que religieuses. Certains sont même allés jusqu’à suggérer que ce devrait être les individus, plutôt que les Cultes, qui devraient déterminer la pertinence et le sens des textes sacrés.
Chaque culte - et bien sûr chaque prêtre - a répondu à cette nouvelle source d’hérésie de leur propre façon. La plupart des Shalléens tentent de canaliser les actions majoritairement bien intentionnées des agitateurs vers la charité et l’aide aux plus pauvres. Les Vérénéens semblent plutôt heureux des dialogues et des débats animés sur la théologie. Les cultes d’Ulric et de Sigmar par contre ne semblent pas avoir su négocier cette transition aussi adroitement, ces cultes portant une grande emphase sur le fait d’obéir à l’autorité plutôt que de la questionner. Pour leur part, ce nouveau genre d’hérétiques, révolutionnaires ou agitateurs - peu importe le nom qu’ils se donnent - sont perçus par les autorités des Hauts Prêtres et leur Culte comme questionnable au mieux et immoral dans le pire des cas. L’affirmation qu’une autorité individuelle puisse avoir son propre point de vue sur le sujet de la religion se lie directement à la nouvelle vision populiste qu’ils ont du monde. Il faut être un révolutionnaire écervelé pour donner en mains propres un pamphlet hérétique à un Répurgateur de l’Ordre des Templiers de Sigmar…