Magie des Taillis

De La Bibliothèque Impériale
« Le taillis c’est ent’ les villages et les forêts. Trav’ser l’taillis peut êt’ dang’reux, des choses s’trouvent au-d’là ; des choses étranges et mauvaises. Mais l’taillis bloque pas seulement l’corps, il bloque aussi l’esprit. C’t’une barrière entre c’qu’est réel et c’qu’il n’l’est pas. Quelques gens spéciaux, nous l’Peuple Rusé, on est béni des Dieux, on peut traverser l’Taillis, s’balader entre ce monde et l’suivant. C’est vers nous qu’on tourne pour s’protéger des âges sombres, parce que qui d’autres qu’nous peut comprend’ c’qui s’cache de l’aut’ côté, à part nous qui y avons été? »
- Alt Zaunreiter, Homme Rusé du Middenland

La majorité des Sorciers de Village ne parviennent, dans toute leur carrière, qu’a apprendre une poignée de sorts. Leurs capacités magiques sont réduites et ils ne peuvent pas se mettre à créer des enchantements plus complexes, même s’ils passent toutes leurs soirées à remuer des ingrédients dans un chaudron tout en marmonnant, dans l’espoir que ces suites de mots formeront une nouvelle incantation. La Magie des Taillis est la base de la Magie actuelle. D’ailleurs, la plupart des sorts de Magie présentés comme des classiques dans les Collèges de l’Empire étaient, au départ, des incantations de Sorciers des Taillis et ont été affinés quand les théories permettant leur mise en œuvre ont été mieux comprises.

La Magie Mineure est la matière première des Sorciers de Village. Bon nombre des sorts qui entrent désormais dans la formation de base des Collèges de Magie sont nés des incantations de la magie vulgaire. Ils furent tout d’abord enseignés par les quelques sorciers de village qui avaient eu la chance d’être admis dans l’un des Collèges impériaux et qui avaient emporté leur savoir occulte de bas étage dans un environnement où il allait être débarrassé de toute approximation dangereuse, puis perfectionné dans sa simplicité.

Pour les Sorciers des Taillis qui tentent de développer leurs connaissances magiques au-delà des simples incantations, leur manque de compréhension des théories formelles de la Magie - avec ses vents, ses couleurs et la nécessité d’éviter la corruption du Chaos - est à la fois un avantage et un inconvénient. Ils peuvent créer et utiliser une plus grande variété de sorts que la plupart des autres Sorciers. Il leur faut cependant plus de temps pour les concevoir ou les apprendre, et d’autres dangers les menacent. Ceux qui plongent dans la Nécromancie ou la Démonologie, même sans en être conscients, glissent dans la toile du Chaos ou de la Non-Vie, pas à pas, chaque fois qu’ils apprennent quelque chose lié à la Magie Noire.

Pour des raisons que les théoriciens de la Magie d’Altdorf ont du mal à comprendre, les sorts se divisent en familles, à la manière du mercure versé sur le sol, qui s’étale en formant non pas une surface continue, mais de petits îlots. Par exemple, si deux sorciers issus de Collèges complètement différents créent un sort de vol d’un certain niveau, il est probable que, malgré les différences de forme, les deux enchantements auront des effets similaires, même si chacun puise dans une magie particulière à sa façon. Il semble que chaque type de sort est limité dans le nombre de façons dont il peut être formulé.

Il en va de même avec la Magie des Taillis : même si les sorts sont créés par des magiciens que séparent des milliers de kilomètres et des centaines d’années, chaque fois que quelqu’un en développe un nouveau, il tombe toujours dans une catégorie connue. De plus, si un Sorcier des Taillis tente de concevoir un sort destiné à provoquer de l’animosité entre deux personnes, le résultat auquel il aboutira, rappellera beaucoup Haine Magique. La gestuelle et les incantations seront différentes, et les composants aussi sans doute, mais une fois le sort lancé, les effets, voire la portée et la durée, seront identiques.

Une des conséquences de ce phénomène, associée au fait que les Sorciers des Taillis se livrent à leurs recherches en solitaire, est qu’ils tombent occasionnellement sur un sort plus fort que nécessaire et qu’ils n’en comprennent pas suffisamment bien les principes pour le modérer et le rendre plus facilement utilisable. Les effets sont parfois inattendus, et il est déjà arrivé que des Sorciers des Taillis se soient fait exploser en essayant un sort qui s’est avéré beaucoup plus puissant que prévu.

Être capable d’apprendre des sorts de presque toutes les disciplines donne aux Sorciers des Taillis une chance de devenir de puissants utilisateurs de Magie, bien que pour atteindre ce résultat, il faille beaucoup de temps. Les Sorciers des Taillis peuvent devenir des sorciers traditionnels, mais c’est très difficile. Leur illettrisme et leur ignorance des compétences de base nécessaires à l’étude et à l’assimilation des textes magiques font qu’ils doivent ravaler leur fierté et devenir l’apprenti d’un sorcier reconnu, chose que la plupart d’entre eux ne peuvent même pas envisager en raison de leur tempérament indépendant, même s’ils parvenaient à trouver un sorcier acceptant de les prendre à son service. Ils courent aussi le risque de révéler leurs capacités à la mauvaise personne et d’être dénoncés comme adeptes du Chaos et brûlés vif.

S’il est possible que des Sorciers des Taillis conçoivent des enchantements totalement inédits, souvent, leurs inventions ont aussi des effets secondaires ou des caractéristiques échappant aux capacités de contrôle de l’enchanteur, et c’est pourquoi la plupart préfèrent travailler chez eux, là où les gens ne peuvent pas les voir.

Quand un Sorcier de Village progresse sur la voie de la Magie, qu’il ne se transforme pas en dément dégoulinant de bave et qu’il ne connaît pas une fin prématurée, il peut se forger un arsenal de sorts bien plus varié que celui des apprentis et compagnons sorciers des Collèges Impériaux. C’est à la fois leur récompense et leur malédiction, et ce qui les pousse à devenir Envoûteurs s’ils survivent suffisamment longtemps. Ils peuvent lancer de modestes sorts recourant principalement à Ghyran, le Vent Vert, pour faire pousser les cultures hors saison. Certains sont également capables de produire des flammes d’un regard appuyé, par le biais d’un sort lié à Aqshy, le Vent Rouge. Mais il leur faut souvent plus de temps pour créer ou apprendre ces sorts, et l’opération n’est pas sans danger. Ces sorciers, qui s’adonnent à leurs propres recherches, découvrent parfois un sort plus puissant que ce qu’ils espéraient et n’en maîtrisent pas suffisamment bien les principes pour en tirer une version qu’ils pourraient contrôler. Cela peut s’avérer extrêmement dangereux et l’on entend souvent parler de sorciers de village qui s’embrasent dans une colonne de flammes multicolores en tentant d’employer un sort plus puissant et incontrôlable que prévu contre de prétendus ennemis.

Source

  • Warhammer JdR - Les Royaumes de Sorcellerie V1