Loi du Kislev

De La Bibliothèque Impériale
Si tu veux trouver ton ennemi, jette un œil derrière ton ami.
- Proverbe Kislevite


Les habitants de l’Empire imaginent parfois le Kislev comme un pays sauvage, anarchique et barbare, ce qui est loin d’être vrai. Certes, les lois du Kislev tendent vers plus de simplicité et sont appliquées au moyen d’un système qui implique moins d’avocats que celles de l’Empire. Elles présentent des différences notables, ce qui a causé de graves ennuis à plus d’un arrogant visiteur de l’Empire.

La Tsarine et la Loi

Dans le but de centraliser l’autorité, la Tsarine Katarina a déclaré qu’elle était la seule source de la loi et de la justice. Par conséquent, toute tentative visant à établir ou même à faire appliquer des lois est un acte criminel si l’individu en question n’y a pas été autorisé par la Tsarine ou l’un de ses représentants. Elle a ordonné à tous ses agents de prendre cette loi très au sérieux, ce qu’ils font tout naturellement.

Par conséquent, les peines infligées à ceux qui font appliquer la loi sans y être autorisés sont bien plus sévères (quand c’est possible) que celles associées aux crimes impliqués. Des aventuriers qui tuent des bandits simplement parce qu’il s’agissait de malandrins seront condamnés à une morte lente par le froid pour avoir ainsi défié l’autorité de la Tsarine. D’un autre côté, un individu impliqué dans une bagarre et qui tue son adversaire peut éviter tout châtiment si la victime était impopulaire et si lui-même a subi des blessures au cours du combat. Par conséquent, des aventuriers malins prétendront s’être battus au sujet d’une insulte ou d’un pari : ils affirmeront que c’est dans la bataille qui s’est ensuivi qu’ils ont tué ces individus, lesquels s’avéraient être les bandits dont le village se plaignait depuis si longtemps.

Naturellement, personne n’est dupe de ce genre de ruse, mais ce sont les apparences qui comptent aux yeux de la Tsarine, du moins pour le moment. Si nul ne prétend faire respecter la loi sans son aval, très bientôt, elle aura effectivement le monopole de l’autorité. Pour appuyer cette stratégie, la Tsarine a désigné tous les juges, magistrats et membres des guets municipaux comme étant ses agents. Depuis la Tempête du Chaos, elle a cessé de donner des autorisations rétroactives, mais elle n’a encore jamais rejeté de requête soutenue par les communautés ou les dirigeants locaux. Ses plus proches conseillers recherchent actuellement un lieu où elle pourra nommer quelqu’un sans le support de la communauté. La route sera longue avant que la Tsarine puisse vraiment contrôler tout le système juridique et judiciaire, mais ni elle ni ses consultants n’ont l’intention de perdre de temps en la matière.

Le Chaos et la Loi

Il n’est pas illégal d’être un Mutant ou un serviteur des Puissances de la Corruption au Kislev. D’un autre côté, il n’est pas davantage illégal de tuer des Mutants, des hommes-bêtes ou autres créatures altérées. Ainsi, quiconque découvre un repaire de créatures maléfiques est libre de l’éradiquer sans risquer de sanctions légales, que ce soit pour avoir commis un meurtre ou pour avoir appliqué la loi sans la permission de la Tsarine.

Agir au côté des serviteurs du Chaos était autrefois un acte tout à fait illégal et un crime capital, mais Katarina a modifié les lois peu après être montée sur le trône. Selon elle, le fait que personne ne s’était jamais soucié d’organiser des jugements en bonne et due forme cautionnait sa décision, ce que presque tout le monde accepta sans mal. Comme Katarina et ses agents pourchassent Mutants et cultistes avec zèle, l’idée qu’elle puisse accorder une protection légale à ces créatures est tout à fait ridicule : elle soutient d’ailleurs que bien au contraire, ce sont ceux qui les traquent qu’elle protège par ces mesures.

En principe, un aventurier pourrait être jugé pour meurtre après avoir tué un adorateur du Chaos et exécuté s’il ne parvenait pas à étayer ses accusations. En réalité, ce genre de chose n’a de risques de se produire que si l’aventurier en question est un étranger (originaire de l’Empire, par exemple) et la victime un membre de la communauté locale. Par conséquent, les étrangers doivent se montrer prudents, mais les Répurgateurs Kislevites ont presque toute latitude pour agir : rares sont les gens prêts à témoigner en faveur de quelqu’un qu’on accuse de servir les Puissances de la Corruption, à plus forte raison s’il est mort.

Naturellement, cela donne parfois lieu à certains abus, mais les Tchékistes prennent certains des pires contrevenants sur le fait et, de l’avis général, il meurt moins d’innocents de cette façon que si on laissait les adorateurs du mal manipuler les juges pendant les procès.

La Loi Ungol

Dans certaines parties du Kislev, généralement des régions de l'Oblast fort lointaines, la loi Ungol s’applique toujours. Il s’agit d’une concession faite par le Tsar Boris, ce qui lui valut le soutien de bon nombre de guerriers Ungols, mais Katarina aimerait l’annuler. Elle préférerait que la loi des Gospodars, avec elle à sa tête, s’applique partout. Toutefois, elle est tenue de respecter les édits de son père et doit donc s’accommoder de la loi Ungol dans ces régions. Les habitants de n’importe quel endroit peuvent demander à ce que leurs foyers soient rattachés à la loi Gospodar : Katarina satisfait toute requête de ce genre du moment qu’elle est fondée. Toutefois, l’inverse n’est pas permis.

Responsabilité de Groupe

Le concept fondamental de la loi Ungol est qu’un groupe est responsable des actions de tous ses membres. Si un membre du groupe commet un crime, tout autre membre du même groupe peut être puni pour ledit crime.

Le plus petit groupe reconnu est la famille, définie comme l’ensemble des descendants d’une femme vivante et des maris de toutes les femmes de cette lignée. Les hommes changent de famille quand ils se marient. Les familles se séparent en groupes comprenant les descendants des filles d’une matriarche quand elle meurt. La loi Ungol n’a pas à intervenir dans les affaires internes de la famille et les anciens y règnent donc à leur guise. Toutefois, dans la plupart des cas, un environnement difficile est la garantie de l’unité de la famille. Il est normal pour les membres d’une famille de voyager ensemble ou de vivre au même endroit. Et s’il arrive que certains membres la quittent, on n’a jamais entendu parler d’une famille répartie entre deux Stanitsy.

Au-dessus des familles, on trouve les clans et les tribus ainsi que les Stanitsy. Les clans et les tribus étaient à l’origine définis par les liens du sang, mais au fil des siècles, ils ont fini par n’être plus que des regroupements traditionnels. Il est rare mais pas impossible qu’une famille change de clan ou de tribu, bien qu’une femme doive toujours appartenir au clan et à la tribu choisis par sa famille. Il n’est pas rare que les hommes changent de clan et de tribu en même temps que de famille lorsqu’ils se marient. Les Stanitsy sont des lieux de résidence, généralement des villages, et abritent souvent plusieurs familles, voire différents clans ou tribus.

Quand un crime est commis contre un individu, la peine correspondante peut être infligée à toute personne appartenant à un groupe qui comprend le criminel mais pas la victime. Par conséquent, si le criminel et la victime sont de la même famille, aucun groupe ne peut subir la peine encourue. S’ils appartiennent à des familles différentes au sein du même clan, un membre de la famille du criminel doit être puni. S’ils sont de clans différents, quiconque appartient au clan du criminel fait l’affaire.

Selon la loi, il est préférable que la punition soit infligée au véritable auteur du crime, et le juge accorde au groupe dont il est membre un laps de temps pour qu’il le livre afin d’être châtié. Ce délai est généralement d’au moins une semaine, mais peut s’étendre jusqu’à un an : sa durée dépend essentiellement des effectifs du groupe auquel le criminel appartient.

Dans le cadre de la loi Ungol, les Gospodars sont considérés comme étant une seule et même famille. Cela signifie que tout crime commis par un Gospodar contre un Ungol peut être vengé en punissant un autre Gospodar. Il s’agit d’un pan de la loi Ungol qui déplaît souverainement à Katarina. Elle y a réagi en fondant un groupe de Gospodars qui traquent les vrais criminels, prêts à subir leur punition en cas d’échec. Ces Stelniks, ainsi qu’on les appelle, sont souvent des criminels reconnus coupables auxquels on donne une chance d’éviter leur peine. Ils entreprennent souvent une carrière de chasseur de primes.

Les Kislevites forment un groupe unique et tous les étrangers sont traités comme appartenant à la même famille. Cette généralisation a conduit un innocent marchand Tiléen à être exécuté pour un meurtre commis par un mercenaire du Stirland, et Katarina aimerait trouver des volontaires étrangers pour jouer le même rôle que les Stelniks. Toutefois, pour l’instant ils sont rares, notamment parce que les juges ne donnent parfois aux étrangers que jusqu’au coucher du soleil pour trouver les vrais criminels.

Les Cours de Justice Ungols

Une cour de justice Ungol est composée d’un seul juge qui écoute la présentation des preuves, pose les questions qu’il veut et prend sa décision. On ne peut pas en faire appel. La seule règle, c’est que le juge ne doit pas appartenir au même groupe que la victime ou l’accusé. Par conséquent, pour juger un différend entre deux familles, il faut appartenir à une troisième, ce qui signifie que seul un étranger peut départager les Gospodars et les Ungols. Les tribus Ungols ont cependant accepté que la Tsarine en personne fasse office de juge dans ce genre de cas. Quand l’affaire concerne un Kislevite et un étranger, il n’existe pas de groupe neutre : n’importe quel juge fait donc l’affaire. Par conséquent, les étrangers l’emportent rarement.

Bien que les critères de base soient simples, la plupart des juges sont choisis en fonction de leur expérience et de leur équité. En principe, les deux parties peuvent choisir tout individu qualifié sur lequel elles se mettent d’accord et, par le passé, c’est ainsi qu’on a toujours procédé. Aujourd’hui, la Tsarine exige que chaque juge ait son approbation : les groupes choisissent donc les juges à l’avance et envoient leurs noms à la cour de Kislev pour obtenir son aval. Cette méthode est souvent lourde et prend trop de temps à la Tsarine, qui délègue donc les affaires mineures à ses représentants, généralement des Sorcières de Glace. La plupart des juges sont élus, bien que certaines régions aient des coutumes différentes, comme de toujours nommer l’homme le plus âgé du village ou quelqu’un qui a été estropié en combattant les pillards venus du Nord. Presque toujours, l’Ataman d’une Stanitsa est également juge, bien qu’il ne soit jamais le seul juge présent.

Les juges étrangers sont choisis en fonction de leurs actes et on envoie leurs noms à Kislev de la manière habituelle. Les répurgateurs de l’Empire sont fréquemment choisis, car le zèle dont ils font preuve dans la traque des ignobles adeptes du mal impressionne souvent les Ungols. Ils n’ont par ailleurs aucune objection à prononcer de dures sentences et sont prêts à traverser l’Oblast pour se rendre sur place. Katarina a récemment refusé de nommer comme juge un répurgateur spécifique qui s’est avéré être en réalité un adepte secret du Seigneur de la Peste, ce qui a quelque peu renforcé son autorité.

Le juge décide seul des preuves qu’il est prêt à entendre et le verdict est laissé à son entière discrétion, comme la peine. La plupart du temps, ce processus fonctionne plutôt bien et produit un semblant de justice de manière assez rapide pour que la vie poursuive son cours dans les impitoyables steppes. Quand un juge est corrompu, ou pire, séduit par les Sombres Puissances, on court à la catastrophe.

Les Lois Ungols

Il n’existe aucune archive écrite faisant autorité en matière de loi Ungol. C’est aux juges et aux sorcières qu’il appartient de se souvenir de la loi et de l’appliquer en fonction du bon sens. Il n’est pas recommandé de débattre des détails de la définition d’un crime devant une cour de justice Ungol.

Les lois prohibent naturellement le vol et la violence, mais elles comportent un nombre de clauses basées sur la vie dans les steppes.

Refuser l’hospitalité à quelqu’un constitue une grave infraction, guère moins sérieuse qu’un meurtre. Il peut y avoir des circonstances atténuantes, mais un individu qui chasse quelqu’un de son camp se rend toujours coupable d’un crime. La règle de base est simple : les communautés sédentarisées doivent offrir l’hospitalité et si les deux groupes sont nomades, la responsabilité incombe au plus grand.

Abuser de l’hospitalité d’un hôte est un méfait plus grave que le meurtre, et certains juges vont jusqu’à affirmer qu’il s’agit du pire des crimes. C’est l’un des rares cas où un juge peut ordonner que des membres innocents du groupe du criminel soient eux aussi punis. Signe évident de l’importance de ce crime, les Ungols ne ménagent pas leur peine pour trouver et châtier ceux qui le commettent, passant dans certains cas des années à les traquer. Par exemple, un disciple Tiléen de Ranald a fini par être assassiné dans les rues de Sartosa par une demi-douzaine de guerriers Ungols qui avaient fait un très long chemin…

Les lois de l’hospitalité ne s’étendent naturellement pas aux disciples des Sombres Puissances, et les chasser ou abuser de leur confiance est tout à fait légal.

Les Châtiments Ungols

Les peines des Ungols ne sont jamais des amendes, bien qu’ils puissent demander une compensation pour les victimes. De même, ils n’utilisent pas l’emprisonnement en tant que punition, mais les criminels peuvent être retenus en attendant d’être jugés. Les suspects sont généralement détenus par leur propre famille et non par les plaignants, afin de s’assurer que c’est la bonne personne qui subit la peine si la décision est en leur défaveur.

Les peines Ungols prennent essentiellement la forme de châtiments corporels. La flagellation et le marquage au fer rouge sont populaires, le nombre de coups et la taille de la marque dépendant de la nature du crime. On n’a recours à la mutilation que quand un groupe tout entier est reconnu responsable d’un crime, car le membre estropié devient un poids pour les siens. En fait, il n’est pas rare qu’un criminel mutilé de la sorte soit tué par sa famille, une situation sur laquelle la loi Ungol ne statue pas. Toutefois, les mutilations mineures, qui n’affectent pas les capacités de survie d’un individu, sont utilisées de la même façon que les marques au fer rouge. Finalement, la peine capitale est chose courante. Les peines décrites ci-dessous sont populaires dans les régions Ungols, mais la plupart des juges ont leurs propres préférences.

  • Les Flèches : Le criminel est attaché à un poteau et des archers lui tirent dessus. Le nombre de flèches et la distance entre les archers et le poteau sont déterminés par le juge. La gravité de cette punition varie donc énormément, puisqu’elle peut signer l’arrêt de mort du condamné ou équivaloir à une simple tape sur les doigts. Dans la plupart des cas, la victime du crime a le droit de nommer un archer. La Ballade d’Isukin et Noga comprend une célèbre scène où Noga tire vingt flèches sur Isukin, jugé coupable de l’avoir trahi. Tirant à cinq pas de distance, Noga manque sa cible à chaque fois. Dans la ballade, cet acte scelle une alliance qui finira par renverser une horde de Kurgans. Les versions satiriques où Isukin tue Noga dès que ce dernier est détaché sont presque aussi populaires que la ballade d’origine.
  • Le Gant : Un gant de métal qui s’ouvre comme une palourde est chauffé au rouge et refermé sur la main du criminel. On le garde fermé durant un nombre de battements de cœur dépendant de la gravité du crime avant de le retirer.
  • Le Casque : Un casque intégral est chauffé à blanc et enfoncé sur la tête du criminel. Ce châtiment est une forme d’exécution et si le juge est clément, le casque est fixé à la base du crâne à l’aide d’une longue pointe qui provoque une mort presque instantanée, épargnant au criminel une effroyable agonie.
  • Le Supplice du Cheval : Le criminel est attaché à une corde fixée à la selle d’un cheval, que l’on met alors en mouvement. Il existe de nombreuses variantes de cette punition permettant de l’adapter aux crimes. On peut contrôler la distance parcourue par le cheval, de même que sa vitesse. Par ailleurs, la longueur de la corde et la façon dont elle est attachée au criminel font toute la différence. Une corde nouée à la taille lui permet de courir aussi vite qu’il le peut. Attaché par les poignets, il a plus de chances de tomber et si on le relie par les chevilles, il sera traîné derrière l’animal. De plus, le cheval peut être monté ou simplement lancé au galop dans l’Oblast. Quand on laisse ainsi le cheval agir à sa guise, cela signifie que la sévérité de la punition est finalement laissée au bon vouloir des dieux, une méthode qui a la faveur de certains juges.
  • Le Jugement des Esprits : Le criminel est mené dans l’Oblast, marqué au visage d’un signe indiquant qu’il est du devoir de chacun de lui refuser l’hospitalité. Il s’agit au bout du compte d’une condamnation à mort et, dans la plupart des cas, le criminel est emmené nu et sans possession, ce qui lui garantit un décès rapide. Toutefois, dans certains cas, le criminel a droit à un équipement complet, en particulier si sa famille est très populaire ou si le juge a l’impression que ses actes étaient justifiés. Cela reste une condamnation à mort, mais certains individus parviennent à survivre seuls dans la steppe. Suren le Trépassé en est un exemple légendaire. Les récits rapportant ses exploits destinés à soutenir sa famille et ses prouesses contre les pillards du Nord ont sans doute été quelque peu exagérés.

La Loi Gospodar

La loi des Gospodars ressemble plus à celle de l’Empire et a subi une forte influence de sa part. Certains Kislevites n’apprécient d’ailleurs guère celle-ci et rêvent d’un retour au bon vieux temps, celui de la vraie justice des Gospodars. Cependant, la Tsarine aime le système centralisé et les choses ne risquent pas de changer de sitôt.

La plus grande différence avec la loi des Ungols, c’est que le criminel et lui seul endosse la responsabilité de ses actes : les cours de justice Gospodars ne peuvent décider de fouetter quelqu’un simplement parce que son cousin est un voleur.

L’autre facteur primordial, c’est que la loi Gospodar est écrite et définie par les proclamations de la Tsarine. Les juges doivent prendre leurs décisions en accord avec cette loi écrite et, par conséquent, l’étudier avant qu’on leur confie une cour. Bien que la loi écrite existe, elle est simple comparée à celle de l’Empire et laisse beaucoup de marge de manœuvre aux interprétations des juges.

Vendetta

La loi Gospodar permet les vendettas entre les familles, peut-être à cause de l’influence de la loi Ungol. La loi permet à un individu, ou à la famille d’un individu, de se venger d’un préjudice. La personne sur laquelle s’exerce la vengeance n’est pas forcément celle qui a causé le préjudice. Il est bien sûr admissible de se venger d’un préjudice issu lui-même d’une vengeance.

Il existe cependant un mécanisme permettant de garder les vendettas sous contrôle. Une loi spécifie en effet qu’il n’est pas acceptable de se venger d’un dommage raisonnable infligé en tant que punition d’un crime reconnu par une cour de justice. Toutefois, si la punition est injuste, cette règle ne s’applique pas. Cependant, se venger d’un châtiment raisonnable est considéré comme plus grave que le préjudice d’origine.

La Tsarine adorerait abolir la loi sur les vendettas, car celle-ci mine son autorité. Toutefois, trop de nobles la considèrent comme essentielle à la gestion des rapports qui les lient, et elle n’a pas encore assez de puissance pour les forcer à y renoncer. Elle préfère encore la situation actuelle plutôt que de voir la noblesse défier son autorité, et la loi demeure donc pour le moment.

La loi qui permet aux cours de justice de mettre un terme aux vendettas a cependant un effet, car les parties les plus faibles ont tendance à porter leurs affaires devant elles plutôt que de tenter d’exercer leur vengeance elles-mêmes. La Tsarine a donné ordre à ses agents, et en particulier aux Tchékistes, de se montrer particulièrement vigilants à l’égard des groupes qui ne respectent pas les décisions de ces cours.

Les Cours de Justice Gospodars

Les cours de justice Gospodars sont gérées par des professionnels ou des semi-professionnels nommés par la Tsarine. Dans les régions les plus éloignées, c’est invariablement à l’Ataman de la communauté que revient ce poste, mais dans les villes, les magistrats forment peu à peu un groupe professionnel distinct de la noblesse. Katarina encourage cette tendance, et quelques-uns des puissants nobles voient la menace qu’elle fait peser sur leur pouvoir. Toutefois, ils ne veulent généralement pas d’une tâche aussi rebutante, et le plan de Katarina se déroule donc au mieux.

La plupart des cours n’ont qu’un seul juge, mais celles qui se réunissent pour juger des Boyards ou des membres de haut rang de la noblesse en comptent trois, dont la décision doit être unanime pour qu’un prévenu soit déclaré coupable. Kislev et Erengrad comptent chacune une cour permanente pour la noblesse tandis que Praag en a deux, vestige des querelles intestines des Boyards du nord.

Le juge décide qui parle, quelles autres preuves peuvent être admises et si l’accusé est coupable. On ne peut pas faire appel, mais un juge qui prononce un jugement contredisant la loi peut être jugé pour trahison. Toutefois, même si on découvre que le juge a violé la loi, le jugement prononcé à l’encontre du prévenu tient toujours.

C’est la victime ou sa famille qui décide de la peine à appliquer. La loi dresse une liste des châtiments acceptables, mais ils ne sont pas classés en fonction des délits. Une victime peut choisir de punir une insulte verbale en faisant lentement torturer le contrevenant à mort, et cette peine sera appliquée. Le seul frein provient de la possibilité de déclencher une vendetta, comme exposé plus haut. Naturellement, quand la victime est puissante et pas le criminel, ce n’est pas vraiment un problème : les Boyards infligent des châtiments draconiens aux paysans.

En dehors des villes et des villages, ce sont des « juges de l’Oblast » qui font respecter la loi. Ces juges sont autant des policiers que des hommes de loi et ils présentent bien des similitudes avec les chasseurs de prime de l’Empire. Contrairement aux juges urbains, ils ont également le droit d’imposer eux-mêmes les peines, même si certains tirent une certaine fierté du fait de traîner les criminels devant leurs victimes pour que celles-ci les punissent. Quand une localité ne dispose d’aucun juge (ce qui est rare) ou porte plainte contre son Ataman (un cas plus courant), ses membres font appel aux juges de l’Oblast.

On évalue la nécessité d’intervention des juges de l'Oblast en fonction du taux apparent de criminalité de la région, ce qui veut dire que si les choses semblent calmes, les habitants répugnent à trop envenimer la situation en entreprenant des enquêtes détaillées. D’un autre côté, quand un problème évident se présente, beaucoup tentent de le refouler dans les ombres, car on entend beaucoup d’histoires parlant de liens entre les juges de l’Oblast et les organisations criminelles locales. Les Tchékistes passent une certaine partie de leur temps à débusquer ce genre de corruption.

Les Avocats Gospodars

Les individus ayant reçu une instruction juridique n’ont pas le droit de parler à la cour, fût-ce pour leur propre défense, à moins d’avoir été nommés juges par la Tsarine. Cette clause a considérablement restreint le nombre d’avocats au Kislev, mais sans les éliminer tout à fait. Ils fournissent leurs services de consultants avant les procès et conseillent leurs clients pour leur faire savoir si tel ou tel acte est légal. La plupart de leurs conseils consistent simplement à suggérer à leurs clients de jouer sur la fatuité des juges, mais il leur arrive aussi de porter certaines lois à l’attention de la cour.

Certains pensent toutefois que même ces quelques interférences induisent trop de délais et d’ergoteries absurdes dans le système judiciaire, et d’influents groupes de nobles font campagne pour que l’étude du droit devienne illégale en dehors des écoles spécialement désignées pour former les juges. La principale opposition à ce projet vient de ceux qui craignent qu’une telle proposition rende illégal le simple fait de lire les proclamations de la Tsarine. Katarina n’a pas encore pris position publiquement en la matière, et beaucoup la soupçonnent de considérer l’affaire comme une distraction futile.

Les Lois Gospodars

Les lois Gospodars comprennent les dispositions ordinaires contre le vol et la violence, mais certaines sont spécifiques au Kislev.

Il est illégal pour tous les adultes de sexe masculin de ne pas posséder, entretenir et s’entraîner avec des armes. Dans la majeure partie du pays, cette loi n’a aucun sens, car on n’a pas besoin de cette motivation pour se battre. Toutefois, dans les villes, certains veulent contourner la loi, et les juges et les Tchékistes craignent que des vagabonds armés provoquent des émeutes s’ils se rendent compte qu’on ne peut pas les arrêter. Avant la Tempête du Chaos, beaucoup faisaient pression pour qu’on modifie la loi, mais maintenant que les pillards du Nord et leurs exactions se sont rappelés au bon souvenir des Kislevites, ce genre de requête a été réduit au silence. Il est important de noter que les femmes ont le droit de porter les armes, ce n’est simplement pas une obligation pour elles.

L’importance que revêt Ursun dans la culture se reflète dans les lois. En particulier, il est illégal de tuer un ours en hibernation, et de l’avis général, ce genre de crime doit entraîner un châtiment exemplaire.

Un certain nombre de lois sont consacrées au respect qu’on se doit de montrer envers la noblesse et en particulier la Tsarine. Critiquer la Tsarine de quelque façon que ce soit ou saper le respect envers son autorité sont des délits. On fait tout particulièrement appliquer cette loi auprès des Boyards, Atamans et autres détenteurs de places d’autorité, mais la loi est plus coulante vis-à-vis des citoyens ordinaires. Cette loi a été décrétée directement par la Tsarine : le moindre signe de contestation ou de déloyauté au sein du peuple risquant de troubler son règne doit être balayé immédiatement, mais les murmures informels et les plaisanteries peuvent être tolérés parmi la population. Bien sûr, quiconque suggère sérieusement que la Tsarine devrait être remplacés s’expose à des mesures particulièrement rudes, quel que soit son rang.

Les lois concernant le respect dû aux nobles sont appliquées plus sévèrement auprès des gens ordinaires. La critique n’est pas illégale, mais le manque de respect, si. Les paysans doivent s’écarter pour laisser passer les nobles, leur parler poliment et changer de comportement si leurs actes peuvent s’avérer gênants pour eux. Certains Boyards dénoncent vigoureusement toute violation de cette loi, en particulier dans les villes. La noblesse rurale est un peu plus tolérante, car ses membres ne trouveront guère de gens pour les soutenir si les paysans se mettent à les haïr.

L’application de ces lois a pour conséquence de faire penser au peuple que la Tsarine a plus de sympathie pour lui que pour les nobles de bas étage. Si un petit noble peut traîner en justice un boutiquier qui ne s’est pas incliné assez bas, la Tsarine laisse passer les conversations d’ivrognes au sujet des impôts trop élevés, même en présence des Tchékistes. C’est pour cette raison que les roturiers ont une grande affection pour elle, et si Katarina n’avait certainement pas envisagé cette conséquence indirecte, elle prend assurément des mesures pour en conserver les avantages.

La loi Gospodar n’impose aucunement d’offrir l’hospitalité, mais punit les abus de confiance. Les lois affirment qu’un hôte doit être traité comme un membre de la noblesse par ses invités. Par conséquent, les habitants des villes demandent rarement l’hospitalité à d’autres personnes qu’à leurs amis. Dehors, dans l’Oblast, la loi de l’hospitalité est très solidement ancrée dans les mœurs et les abus, quoique rares, sont punis avec une sévérité sans égale.

Les Châtiments Gospodars

Comme indiqué plus haut, selon la loi Gospodar, n’importe quelle punition légale peut être infligée pour un crime, quel qu’il soit, à la discrétion de la victime et dans les limites imposées par les lois sur les vendettas. Les châtiments ont tendance à être rudes, mais très rares sont les victimes à outrepasser les limites du raisonnable. Celles qui le font sont souvent mises au ban de la société, même si elles ne sont pas soumises à une vendetta. Bien sûr, les nobles pensent qu’une rude punition est tout à fait dans l’ordre des choses quand des paysans s’en prennent à la noblesse, et les paysans n’ont guère le pouvoir de les frapper d’ostracisme.

Les amendes, quel que soit leur montant, sont des punitions autorisées. La moitié de la somme revient à la cour, et donc à la Tsarine, tandis que l’autre est versée à la victime. Les amendes revenant à un peu plus du double de la valeur des dégâts subis sont considérées comme raisonnables, et les victimes de vol qui se contentent d’un tel châtiment peuvent gagner une aura de justice et de clémence, quand bien même elles poursuivraient sans relâche ceux qui leur ont porté préjudice. Il est courant que les victimes exigent le paiement d’une amende en plus des autres punitions.

La flagellation, pouvant aller jusqu’à cent coups portés à l’aide de divers instruments (de la canne légère aux fouets de cuir lestés de poids et de clous), est une peine populaire. La forme la plus populaire de discussion juridique qu’on entend dans les tavernes consiste à déterminer quel type de flagellation conviendrait à tel ou tel préjudice présumé.

Le marquage au fer rouge n’est pas permis par la loi Gospodar. Il l’était, mais a fini par être aboli après qu’une série de voleurs de bas étage ont été marqués comme « violeurs » ou « Cultistes du Nord ».

La mutilation n’est généralement infligée que dans les cas d’agression avec coups et blessures : dans ce cas, on inflige généralement au criminel les mêmes blessures qu’à sa victime. On donne parfois gain de cause aux nobles qui imposent des mutilations correspondant aux dégâts infligés à leurs biens. Un gamin des rues qui a cassé la vitre de la fenêtre d’une maison noble peut ainsi se voir crever les yeux, par exemple.

La peine de mort existe, mais elle est rarement requise par les roturiers pour quoi que ce soit d’autre que le viol ou le meurtre. Les nobles en usent plus librement et l’imposent couramment pour le meurtre d’animaux précieux.

Sources

  • Warhammer JdR- La Reine des Glaces