Les Collèges de Magie Impériaux et la Tempête du Chaos

De La Bibliothèque Impériale

Lors de l’invasion menée par Archaon, les Ordres furent mobilisé et mis à l’épreuve comme ils ne l’avaient jamais mis été de toute leur histoire. À l’arrivée d’Archaon, les innombrables hérétiques, mutants et autres rebuts du Vieux Monde se joignirent aux violents hommes du nord pour dévaster l’Empire, croyant peut-être trouver la rédemption en accompagnant les actes de la personnalité messianique qu’était Archaon. Les Vents de Magie soufflaient comme une tempête venue du nord, plus fort que jamais, aussi loin que pouvait remonter la mémoire. Plus fort encore, insistaient les Magisters les plus érudits, qu’à l’époque de Magnus et de la dernière Grande Incursion du Chaos.

Les signes et les présages abondaient. Des grenouilles tombaient du ciel par milliers sur les contrées orientales de l’Empire. Des bourgs entiers étaient décimés par de mystérieuses épidémies alors qu’en d’autres lieux, on raconte que des colonies de lépreux récupéraient miraculeusement leurs traits d’antan. Les Hommes-Bêtes quittaient les impénétrables ténèbres de leurs forêts et rôdaient autour des communautés humaines. Divers prêtres et voyants de tout l’Empire furent investis du pouvoir de prophétie et prétendaient être capables d’entendre leur Dieu leur murmurer en rêve, mais aussi à l’état d’éveil. Une rumeur avançait même que l’abbesse du couvent de la miséricorde de Shallya à Averheim se leva un matin avec des yeux dorés et se mit à parler dans une langue inconnue de tous ceux qui l’entendaient.

Alors que de nombreux cultes et temples de l’Empire prêchaient pour garder la population contre la menace, les Collèges de Magie se joignirent à la résistance. Il ne s’agissait pas d’une simple incursion de barbares du nord. Les nuages du Chaos s’accumulaient et les Dieux Sombres avaient une fois de plus tourné leur regard vers la civilisation humaine. Tandis que l’Empereur recevait un grand conseil dans sa capitale d’Altdorf pour discuter de la menace et formuler un plan de défense, Balthasar Gelt, le patriarche suprême des Collèges de Magie, convoqua les responsables de chacun des Ordres.

Il révéla aux Patriarches réunis que le fondateur de leurs prestigieux Ordres était a nouveau dans l’Empire et qu’il souhaitait s’adresser à eux, comme c’était son droit et son privilège. Alors que l’Archimage Teclis s’avança calmement dans l’Assemblée Collégiale, qui se situe une trentaine de mètres au-dessus des souterrains de l’Arène de l’Aethyr, plusieurs Patriarches laissèrent échapper une sourde exclamation de stupéfaction et d’incrédulité. Le Grand Maître du Savoir irradiait une aura intense et colorée devant leurs yeux aethyriquement perceptifs, car telle était son immense puissance.

Il leur annonça que tout ce qu’ils craignaient était vrai. Les rejetons des Dieux Démons se déplaçaient à nouveau vers le sud, les Vents de Magie en poupe. Il leur assura qu’il était temps pour les Magisters des Ordres de Magie, comme leurs ancêtres l’avaient fait autrefois, de se mobiliser pour se dresser contre la plus grande de toutes les menaces. Ceux qui étaient déjà dépêchés auprès des Armées Impériales avaient leurs directives, Teclis exhorta donc ceux qui ne l’étaient pas à agir également, sinon quoi ils perdraient tout. Puis il prit congé. Après un moment de silence abasourdi, Balthasar Gelt s’avança a nouveau. Il en appela aux serments prononcés par les Patriarches réunis, à leur loyauté envers l’Empereur et l’obéissance qu’ils devaient à leur Patriarche Suprême, et leur ordonna de retourner auprès de leurs frères et de les mobiliser pour cette guerre. Non pas quelques-uns, non pas beaucoup, mais tous les Magisters qui pouvaient être envoyés, y compris les Patriarches eux-mêmes.

Et ce fut ainsi que les Collèges de Magie partirent à la guerre. Non comme une armée avec ses grandes phalanges de fantassins, mais discrètement, par groupes de deux ou trois, détachés pour aller servir où il leur semblait pouvoir être les plus utiles. Sur le front nord, les Pyromanciens de l’Ordre Flamboyant s’opposèrent au siège de Middenheim, invoquant les flammes surnaturelles pour repousser et détruire les vils et monstrueux champions des puissances du Chaos. Au cœur des forêts de l’Empire, les chamans de la Confrérie d'Ambre érigèrent la nature contre les hordes guerrières d’infâmes Hommes-Bêtes, les traquant d’un bois à l’autre, pour les décimer à la moindre occasion. Au clair de lune des ruelles de villes et cités aussi distantes que Marienburg et Salzenmund, les Umbramanciens jouaient à une version meurtrière du chat et de la souris avec les Magi des sectes secrètes du Chaos et leurs apprentis dégénérés.

Les Astromanciens de l’Ordre Céleste se dressèrent contre les Sorciers déchus de Tzeentch, en scrutant l’avenir pour mieux défaire et contrer les projets machiavéliques des agents du Seigneur du Changement, tout en provoquant des pluies torrentielles et des vents mordants qui tombaient sur les armées des hommes du nord, afin de ralentir leur progression. Les Magisters alchimistes de l’Ordre Doré décidèrent de mettre leurs enchantements à l’œuvre pour renforcer l’efficacité des armes et armures des soldats de l’Empire, sans oublier d’affaiblir celles de l’ennemi.

Les Magisters Druides de l’Ordre de Jade luttèrent contre les pandémies et les épiphyties que les Sorciers de Nurgle, Maître de la Peste, avaient lancées contre les champs et le peuple de l’Empire, et purifièrent les puits et fontaines à chaque fois qu’ils le purent, tout en favorisant les moissons abondantes pour nourrir les troupes impériales. Les Magisters lumineux sillonnèrent la partie septentrionale de l’Empire pour bannir les esprits malveillants de l’Aethyr, soigner les souffrants, et chasser la terreur, les cauchemars et les ténèbres qui tentaient de corrompre le cœur et l’esprit des hommes et des femmes.

Quant à l’Ordre de Shyish, ses Magisters s’enfoncèrent dans les armées du Grand Abîme, et où ils allaient, la mort les accompagnait.

Il est impossible de dire combien de Magisters participèrent à cette grande campagne. Les Ordres ne révèlent l’effectif de leurs frères qu’au Patriarche Suprême et à l’Empereur, et il est peu probable que même ce dernier ait des chiffres fiables. Mais une chose est sûre : il y eut plus de Magisters impériaux qui participèrent à cette guerre que jamais dans l’histoire des Ordres, et il est tout aussi malaisé de donner une estimation du nombre de sorciers qui y perdirent la vie. Nous pouvons aussi affirmer sans risque que nombre d’entre eux croisèrent leur destin dans la lutte contre les serviteurs du Grand Abîme. Et cependant, quelles que fussent les pertes, il semble fort que ce pic d’activité magique à travers le Vieux Monde ait réveillé la sensibilité aethyrique dans la population, dans une proportion qui n’avait rien d’habituelle.

Les gens de l’Empire ont désormais de bonnes raisons de craindre et d’abhorrer la Magie et son exercice, mais les récits du talent et de l’héroïsme des Magisters impériaux se répandent déjà comme une traînée de poudre à travers le pays. Quel que soit le sens du vent pour les sorciers des Collèges de l’Empire, l’avenir immédiat promet de nombreux défis et perspectives pour les Ordres de Magie, comme pour les Templiers de Sigmar.

Source

  • Warhammer JdR - Les Royaumes de Sorcellerie, V2