Homme-Arbre

De La Bibliothèque Impériale
« Dès le départ, je savais que c’était une mauvaise idée, mais sa seigneurie voulait absolument avoir son propre trébuchet et Athel Loren était la seule source de bois des environs. Un certain nombre de paysans de l’est refusèrent de prendre part à l’opération, n’hésitant pas à affirmer qu’ils étaient prêts à recevoir n’importe quel châtiment plutôt que de s’approcher de la forêt. Une séance de fouettage et de bastonnade n’a pas pu leur faire changer d’avis. Mon seigneur était totalement furieux. Une fois calmé, les nerfs probablement apaisés par les décapitations, il a déboursé une petite somme d’argent et a déclaré qu’il allait diriger personnellement le projet. Il a eu assez de volontaires pour constituer une bonne équipe de travail. Autant d’agneaux prêts à être massacrés… »
« Il nous a emmenés à la lisière des bois et n’a rien voulu savoir quand l’un des plus braves roturiers lui a conseillé de ne prendre que du bois mort. Il nous a ordonné d’abattre plusieurs jeunes arbres. Environ une heure après la coupe du premier arbre, on a entendu l’écho d’un hurlement surnaturel à travers les arbres qui nous a tous laissés tremblants. Mon seigneur a déclaré que c’était un loup ou quelque autre vilaine bête et nous a intimé l’ordre de nous hâter. Mais on a tous arrêté de travailler quand les troncs d’arbre se sont divisés et transformés devant nos yeux, comme s’ils étaient faits d’eau. C’est alors qu’une créature qui n’était pour moi qu’une légende est sortie des bois. C’était comme un chêne et ça n’en était pas un. Je peux pas le décrire mieux que ça. L’Homme-Arbre s’est avancé et un seul mot est sorti de sa gueule, provoquant un vacarme comme cent branches qui craquent en même temps : « POURQUOI ? » Mon seigneur a cherché une réponse acceptable et a finalement trouvé quelque chose du genre « Selon les règles des pourparlers, je… »
« La suite de sa phrase s’est perdue dans la boue, au moment où l’Homme-Arbre l’a écrasé au sol d’une seule gifle, si forte que mon seigneur et sa monture sont morts sur le coup. Puis, l’Homme-Arbre a dégagé son énorme poing de bois, qu’il venait d’enfoncer dans le sol avec les dépouilles de mon ancien maître et de son cheval, et nous sommes tous partis en courant. »
- Olivier, Écuyer Bretonnien


Un puissant déluge de branches et de ramures, frappant au cœur de la bataille ; véritable incarnation de la volonté de la forêt.

Les esprits les plus anciens et les plus puissants d’Athel Loren sont capables de fusionner avec un arbre vivant et de modeler sa forme selon leur gré. C’est un événement rare et un acte lourd de conséquence, car une fois ce lien tissé, arbre et esprit sont unis à jamais et ne peuvent plus être séparés que par la mort de l’un d’entre eux. Une fois le lien établi, la volonté de l’esprit sylvain façonne et contrôle l’arbre, en utilisant son écorce et ses branches noueuses pour réaliser ce dont une forme spirituelle insubstantielle est incapable : l’esprit impose sa volonté à l’arbre et utilise sa forme physique pour accomplir ses desseins. Ainsi naît un Homme-Arbre. La plupart des habitants du Vieux Monde les considèrent comme une légende et les quelques personnes qui croient à leur existence pensent qu’ils ont disparu depuis longtemps.

Les Hommes-Arbres sont révérés par les Elfes aussi bien que par les autres créatures de la forêt. Toutes les créatures d’Athel Loren leur obéissent sans condition, ce qui leur confère un grand nombre d’alliés parmi les animaux, sans parler des Elfes Sylvains. Ils sont infestés de Lutins et de Fées qui trouvent refuge dans leur feuillage, leurs racines ou dans les cavités de leur écorce. De leur côté, les Hommes-Arbres chérissent toutes les créatures, leur caractère chaleureux est aux antipodes de celui des Dryades. Ces êtres incroyablement anciens ont assisté à l’ascension et au déclin de races entières tout comme le soleil se lève puis disparaît à l’horizon, et appréhendent le passage du temps d’une façon totalement étrangère aux mortels. Même les Asrai, malgré leur longévité, semblent se réduire en poussière à un rythme alarmant aux yeux des Hommes-Arbres, dont les plus vieux se souviennent de l’époque où les Elfes Sylvains ne foulaient pas encore le sol du monde, et s’attendent à survivre à cette race.

La relation liant les Hommes-Arbres aux Elfes Sylvains reste un mystère pour tous, à l’exception des intéressés. Quelle que soit la nature de l’arrangement, ce secret est bien gardé et seuls les individus concernés connaissent la vérité sur cette affaire. Une enquête un peu trop poussée sur la question reviendrait à braver la mort, non seulement en raison de la nature insulaire et souvent paranoïaque des Asrai, mais également parce qu’il y a de bonnes raisons de penser que leurs ennemis, y compris les forces du Chaos, aimeraient bien pouvoir briser le lien qu’ils entretiennent avec les Hommes-Arbres. De toutes façons, ils sont sages et, s’ils en ont le choix, ne prendront pas part à un conflit qu’ils ne sont pas sûrs de remporter.

Les Hommes-Arbres comptent parmi les plus puissants habitants d’Athel Loren. Leur corps noueux est presque invulnérable, et leur force rivalise avec celle des Dragons des clairières secrètes. Les Hommes-Arbres ne se battent pas avec finesse ni grâce, mais en assénant des coups à fendre la pierre, dispersent comme des fétus de paille ceux qui s’opposent à eux. Il leur suffit de piétiner le sol pour faire s’écrouler l’adversaire. Des gueules béantes capables d’avaler un homme en entier peuvent s’ouvrir dans leur tronc, les cadavres fournissant ensuite l’énergie vitale dont l’esprit se nourrit. Ils peuvent aussi attraper l’ennemi avec leurs racines, et le tirer sous terre où ces appendices se repaîtront de sa chair et de ses os. Faire face à la colère d’un Homme-Arbre revient à affronter la furie de la nature même. Ceux qui survivent à une telle rencontre ont généralement une peur bleue des forêts pendant des années et restent citadins jusqu’à la fin de leurs jours.

Hommes-Arbres Vénérables

De tous les Hommes-Arbres d’Athel Loren, il en existe dont l’âge remonte au-delà de toute datation mortelle, et dont les noms sont révérés plus que tous les autres : les Hommes-Arbres Vénérables. Lorsque les premiers pactes furent liés entre les Elfes et la forêt, les groupes de Dryades prenant soin d’eux les éveillèrent de leur sommeil séculaire, et ils furent les ambassadeurs d’Athel Loren. Ce furent eux qui parlèrent au nom d’Athel Loren, et ils étaient déjà vieux. Ces vénérables se rendent rarement à la guerre, car les couleurs du monde éveillé s’atténuent à mesure qu’ils prennent de l’âge, et ils ont régulièrement besoin de dormir et de laisser leur magie façonner la forêt. Ainsi les Hommes-Arbres Vénérables traversent-ils les siècles dans un état léthargique, veillé par de petits groupes de Dryades. Ce n’est qu’en temps de grand péril qu’ils sont tirés de leur torpeur, car Athel Loren ne peut déchaîner toute sa fureur sans leur expérience. Parmi les Hommes-Arbres Vénérables, il y en a toujours au moins un qui parcourt la forêt, mais il advient parfois que plusieurs d’entre eux s’éveillent si Athel Loren est particulièrement menacée. Si cela n’est pas le cas, les Chanteurs d’Arbres entonnent leurs mélodies au pied de ces créatures plus anciennes que le monde, les suppliant de leur venir en aide. Ils ne semblent se soucier que de ce qui concerne leurs bois, ou presque, et on peut compter sur les doigts d’une main le nombre de fois où ils ont quitté la sécurité de leur forêt au cours des derniers millénaires. À chaque fois que ceci s’est présenté, ils marchèrent en compagnie d’une armée d’Elfes Sylvains.

Le plus vieux d’entre eux, Adanhu, est d’une sagesse incommensurable et ses conseils sont toujours écoutés par les Elfes Sylvains. Durthu, blessé il y a des siècles par les haches de Nains incroyablement courageux (ou insensés), possède depuis un caractère lunatique et incontrôlable, et sa haine est telle envers ceux qui s’attaquent à la forêt que même les Elfes sont prudents en sa présence. Rhydysann est un Homme-Arbre mystérieux qu’on ne voit que rarement, car en dépit des serments entre les Elfes et la forêt, il ne se bat jamais à leurs côtés malgré leurs appels et préfère rester seul, afin de ne pas se laisser distraire de ses propres buts. Certains pensent qu’il regrette cette alliance entre Athel Loren et les Asrai, toutefois nul ne connaît réellement ses raisons.

Sources

  • Livre d’Armée des Elfes Sylvains, V6
  • Livre d’Armée des Elfes Sylvains, V8
  • Warhammer JdR - Bestiaire du Vieux Monde