Histoire du Kislev

De La Bibliothèque Impériale
«Vous méprisez nous comme si nous sommes juste meilleurs que barbares, mais vous êtes contents que nous sommes là, car sans nous, tribus du nord mangeraient chair de vos enfants dans cendres de vos maisons. Mais sans courage qui coule dans nos veines, vos terres seraient leurs. Nous mépriser? Vous devriez vous mettre à genoux et remercier nous tous les jours !»
- Vitalia Kovash, Cavalier Ailé Kislevite


L’histoire du Kislev est faite de guerres et de batailles, de héros et d’horreurs. Depuis que l’homme réside au nord de l’Urskoy, le sang ne cesse de couler pour cette contrée morne et inhospitalière. Les origines du pays remontent à l’époque reculée où les tribus farouches qui régnaient sur la steppe guerroyaient sans relâche les unes contre les autres. Quand vint l’ère de Sigmar, les terres hostiles au nord-est de l’Urskoy étaient peuplées par les nombreux clans Ungols et Dolgans.

Ces groupes tribaux menaient une existence belliqueuse sur la steppe et dominaient les communautés plus réduites des Roppsmenns, qui vivaient dans ce qui constitue désormais le Pays des Trolls. Les Ungols avaient de nombreuses caractéristiques communes avec les Kurgans des steppes orientales et évoluaient dispersés en tribus de cavaliers nomades. Ces guerriers maîtrisaient l’équitation, passant leur vie en selle, ce qui leur permit de perfectionner un art du combat qui surpassait tout ce dont étaient capables les autres clans de la steppe. Les Dolgans étaient déjà une peuplade sur le déclin et leurs traditions étaient honnies par la plupart des autres tribus, qui les trouvaient impures, probablement parce que les dieux qu’ils vénéraient affichaient une ressemblance frappante avec ceux des Désolations du Chaos.

Les Tribus du Kislev

Chaque tribu était rassemblée selon des groupes familiaux et sillonnait la steppe, dressant chaque nuit un campement avec une vitesse incroyable. Tout ce dont la tribu pouvait avoir besoin était porté à dos de cheval. Chaque communauté avait sa propre identité et ses traditions culturelles. Beaucoup des tribus qui perpétuaient ces coutumes ont été oubliées au fil des siècles, balayées par d’autres clans, par la famine ou la maladie, mais beaucoup ont également survécu au moins de nom, la superstition et les contes leur ayant fait traverser les âges. Vivre autrement était inimaginable pour ces tribus, c’est pourquoi les peuples des steppes résistaient grâce au pillage et à la guerre, mais sans jamais pouvoir s’élever au-dessus de cette condition. Ils ne cultivaient rien et ne bâtissaient pas, car une culture tribale qui comptait sur la découverte de nouveaux pâturages ne pouvait rester en place bien longtemps.

L’influence de Sigmar ne s’est jamais étendue tant au nord, si bien que les tribus de la steppe ne furent pas concernées par la confédération tribale qu’il fonda. Les clans Teutogens voisins de l’Empire coexistaient dans une paix relative avec les tribus du Kislev, même si quelques escarmouches et incursions frontalières éclataient entre tous ces nomades.

Les Norsii

Les tribus du nord étaient féroces et belliqueuses, leur existence étant régie par la bataille et l’âpreté des steppes. Pour ces guerriers, se battre était aussi naturel que respirer, un mode de vie qui forgea des hommes robustes et honorables. La guerre était au cœur de leur existence et la valeur d’un homme se mesurait au nombre d’âmes qu’il avait précipitées dans l’au-delà, au nombre de chevaux qu’il possédait et au nombre de fils qu’il avait engendrés. Plus au sud, Sigmar asseyait son emprise sur l’Empire en unissant les tribus disséminées sous son autorité et en repoussant ceux qui refusaient de s’agenouiller devant lui. Les anciennes tribus Norsii ne reconnurent pas Sigmar comme chef et furent dispersées par ses armées vers le nord, au-delà des Monts du Milieu, jusqu’au Kislev.

L’arrivée d’autant de guerriers fut accueillie avec une hostilité compréhensible de la part des tribus du Kislev et les Ungols guerroyèrent contre les Norsii, qu’ils repoussèrent encore plus au nord, jusque dans les terres gelées de Norsca en brisant l’ost de leur plus grand héros, le fameux Ekil Cœur de Sang, à la lisière des Désolations du Chaos. Les contes évoquent encore ce guerrier barbu gigantesque qui trancha sa propre tête pour priver l’ennemi de ce plaisir. Impressionnés par son courage, les Ungols portèrent sa dépouille au sud, dans le Pays des Trolls, et érigèrent un grand cairn pour accueillir ses restes. Certains avancent que le tertre a disparu depuis longtemps, mais d’autres assurent qu’il existe toujours, caché au cœur du Pays des Trolls. Quoi qu’il en soit, les légendes Ungols racontent que l’esprit de Cœur de Sang continue de hurler à travers la steppe la veille au soir des batailles et qu’il juge les guerriers qui s’apprêtent à combattre en s’assurant qu’ils seront dignes à leur mort de voyager vers l’au-delà.

La Menace Peau-Verte

Alors que les Ungols affrontaient les Norsii, les tribus de Peaux-Vertes des Montagnes du Bord du Monde se montraient de plus en plus agitées. Sous l’autorité du seigneur de guerre Gortork, une importante armée de Peaux-Vertes entreprit de dévaster les régions orientales du Kislev. Les orques surgirent donc de l’est pour ravager la steppe et la patrie des tribus, avec une brutalité aveugle, en progressant dangereusement vers les plaines plus fertiles du sud. Conscient que les tribus de la steppe ne pourraient résister à une telle force et que les orques finiraient par s’enfoncer bien au sud si personne ne les en empêchait, Sigmar dépêcha beaucoup de ses guerriers pour prêter main-forte aux Ungols contre les Orques.

Ce fut sur le site qui accueille désormais la ville de Kislev que Sigmar et le chef de guerre Ungol Subotan affrontèrent la horde de Gortok. Sigmar et Subotan combattirent côte à côte, progressant coûte que coûte vers la garde rapprochée du seigneur de guerre, jusqu’à ce que le premier puisse le terrasser d’un coup magistral de Ghal Maraz, son marteau magique. Les deux chefs humains prononcèrent un serment de sang selon lequel ils s’engageaient à répondre à l’appel de la guerre et à s’entraider dès que l’un d’eux serait menacé par des envahisseurs. Sigmar envoya ensuite ses guerriers vers le Kislev à de nombreuses reprises, bien qu’il ne fût lui-même jamais plus amené à combattre sur la steppe. De leur côté, les chefs de guerre Ungols dépêchèrent quelques-uns de leurs meilleurs cavaliers pour aider Sigmar quand il partit affronter le formidable ost d’Orques et de Gobelins, au côté du roi Nain Kurgan Barbe de Fer, lors de la légendaire bataille du Col du Feu Noir. C’est ainsi que naquit l’alliance éternelle entre le Kislev et l’Empire, même s’il fallut attendre la fin de la Grande Guerre contre le Chaos pour la voir officialisée par un traité.

La Migration des Gospodars

À l’issue de la bataille du col du Feu Noir, Sigmar revint dans l’Empire pour y bâtir son royaume et les Ungols repartirent dominer les steppes, où ils affrontèrent de nombreuses bandes de pillards des Désolations du Chaos et des tribus venues de l’est. Au cours des siècles, ces communautés orientales se firent de plus en plus nombreuses, au point qu’il semblait qu’un nouveau contingent de guerriers se déversait chaque jour par le Haut Col.

La plus grande migration depuis les steppes orientales débuta aux alentours de 1500 CI. Le développement croissant des Désolations du Chaos obligeait alors les tribus Gospodars à migrer vers l’ouest, de l’autre côté des montagnes. Sous la direction de la Reine-Khan Miska, les Gospodars alliaient puissance et richesse, et leur génie militaire était sans égal, leur habileté à cheval surpassant même celle des Ungols. La Reine-Khan elle-même était non seulement une guerrière exceptionnelle de maîtrise et de courage, mais également une sorcière au pouvoir considérable. Ses légions de guerriers montés et la puissance de sa magie repoussèrent les Ungols des steppes et lui valurent une place dans leurs cauchemars pour les siècles à venir. Les armes et tactiques supérieures des Gospodars, alliées à la magie de leur Reine-Khan, boutèrent les Ungols plus à l’ouest et au nord, vers les terres occupées par les Roppsmenns, où les deux ethnies tribales devaient lutter pour la suprématie.

L’un des bastions Ungols les plus robustes des steppes se trouvait à Praag, mais même cette communauté finit par tomber aux mains des Gospodars. Ses murs cédèrent devant la magie de la Reine-Khan et ses habitants durent fuir vers l’ouest et l’ancienne capitale, la ville portuaire de Norvard. Ayant déjà dominé les Roppsmenns par le passé, les Ungols ne tardèrent pas à s’imposer de nouveau dans cette guerre de territoire devenue nécessaire. Le seigneur de guerre Hethis Chaq vainquit le dernier ost Roppsmenn mené par le roi Weiran, au sommet des falaises surplombant la Mer des Griffes. Cette défaite sonna la destruction quasi totale du peuple Roppsmenn, qui fut assimilé par la culture Ungol. Malgré tout, on trouve encore dans le Pays des Trolls des bandes de cavaliers qui se présentent comme les descendants directs des Roppsmenns d’antan.

La Naissance d’une Nation

Les Gospodars ont continué à développer leur territoire vers l’ouest, jusqu’à empiéter sur les terres des sujets de Sigmar. Déchiré par les conflits internes de l’Âge des Trois Empereurs, l’Empire n’était pas en mesure de défendre efficacement ces lopins, et des parcelles entières du nord de l’Empire tombèrent aux mains des Gospodars. La plupart de ces terres ont depuis été récupérées, mais au fur et à mesure que croissait la puissance des Gospodars, leur statut de royaume à part entière s’affirmait. La Reine-Khan Miska n’eut pas le temps de voir le pays qu’elle avait commencé à forger prendre forme, car elle disparut au nord, après avoir eu une vision d’un terrible avenir dans lequel elle devait à nouveau guider ses gens vers le salut.

Cédant Froide Terreur, sa redoutable lame de guerre, à sa fille Shoïka, Miska rassembla ses plus fidèles guerriers avant de chevaucher vers les Désolations du Chaos. On ne l’a jamais revue, mais l’une des légendes les plus persistantes du Kislev raconte que la Reine-Khan se représentera quand sonnera l’heure la plus sinistre, pour sauver son royaume de la destruction. Certains murmurent qu’elle l’a déjà fait, sous les traits de la Reine de Glace. Les tribus les plus septentrionales du Kislev craignent d’ailleurs autant la Tsarine Katarina que la redoutable Miska.

Sous l’autorité de Shoïka, fut fondée la ville qui allait devenir Kislev, et le royaume commença à prendre les traits de la nation d’aujourd’hui. Afin de démontrer davantage son emprise, Shoïka prit le titre de Tsarine, ce qui marqua l’an un du calendrier Gospodar et l’établissement de la nation du Kislev. Son premier geste de Tsarine fut de marcher sur Norvard, le grand port Ungol, sur la côte ouest du Kislev. Cette communauté marchande de première importance était essentielle pour propulser le Kislev sur le front du commerce avec le reste du monde et Shoïka savait que le rêve qu’avaient les Gospodars d’unifier le pays ne pourrait se réaliser tant que Norvard resterait entre des mains Ungols. Moins de deux ans après son couronnement, le port de Norvard tomba sous le siège de ses armées, avant d’être renommé Erengrad. Les Ungols qui avaient survécu à cet assaut sanglant fuirent au nord, où ils furent pourchassés sans relâche jusqu’à se soumettre à l’autorité des Gospodars (qui commençaient alors à se faire appeler Kislevites en référence à leur capitale).

En quelques années, la communauté de Praag recommençait à s’étoffer et Erengrad était devenu l’un des ports les plus actifs du Vieux Monde. Les Kislevites en partaient pour voguer sur la mer des Griffes, lutter contre les Norses, commercer avec eux, et parfois avec l’Empire, tout en tenant la bride aux quelques tribus Ungols qui refusaient encore de se soumettre à leur joug. Cette situation se perpétue depuis plus de 750 ans, les sociétés Ungol et Gospodar s’étant mêlées au cours des siècles, tant bien que mal, pour donner la nation du Kislev. L’élite dirigeante, dont sont issus les Tsars et les Tsarines, est bien entendu d’ascendance exclusivement Gospodar, même si l’influence de leur langue et de leurs croyances est surtout évidente au sud, notamment dans les villes de Kislev et d’Erengrad. Plus au nord, où la terre est moins fertile et survivent les tribus de cavaliers, on constate une résurgence des vieilles traditions. De fait, Praag est largement retombée entre les mains de l’ancienne noblesse Ungol et représente sur bien des aspects un pouvoir indépendant, celui du nord.

Les Tribus des Dieux Sombres

Tout au long de l’histoire, le Kislev a engendré un peuple endurci, non seulement par son climat rigoureux et ses terres globalement peu fertiles, mais également par les déprédations permanentes des pillards des Désolations du Chaos. Les incursions de petite envergure lancées par de modestes tribus et troupes guerrières en quête de gloire et de fortune se succèdent sans relâche. Ces groupes de pillards que les Kislevites appellent Kyazaks représentent une menace constante pour les communautés et convois qui évoluent au nord de la Lynsk, certains n’hésitant d’ailleurs pas à traverser le fleuve.

Ces incursions ne font généralement pas long feu. Elles prennent fin quand surgit l’hiver ou quand les envahisseurs sont repoussés par les armées Kislevites, ce qui demande rarement plus d’une saison. Ces troupes se constituent à partir des bourgs et Stanitsy éparpillés de l'Oblast Kislevite, qui ont chacun leur contingent de guerriers que l’on peut rapprocher d’une milice. Les Archers Montés Ungols patrouillent le nord du pays, tandis que les communautés majoritairement Gospodars puisent dans leurs ressources pour former des escouades (ou Rotas comme on les appelle) des célèbres Cavaliers Ailés. Cette tradition se retrouve au sein des villes et la Tsarine peut compter sur un grand nombre de ces Cavaliers Ailés des familles des plus riches Boyars, ainsi que sur leurs troupes personnelles. Néanmoins, les Kyazaks se montrent chaque année plus audacieux et leurs assauts visent de plus en plus loin au-delà de la Lynsk, au point que les communautés proches d’Erengrad et de Kislev finissent par être menacées.

Il arrive qu’un chef de clan ou seigneur de guerre particulièrement influent se révèle en Norsca ou parmi les tribus Kurganes. Se noue alors une alliance de plusieurs clans qui décide d’assaillir le Kislev. C’est dans ces circonstances que les diverses Rotas du Kislev se rassemblent pour former ce qu’on appelle des Pulks. Ces unités tombent toujours sous la direction d’un Boyar Gospodar et représentent ce que le Kislev a de plus proche d’une armée de métier. Parfois, un seul Pulk suffit à surmonter la menace, mais il arrive que deux, trois, voire davantage, doivent unir leurs forces pour contrecarrer un seigneur de guerre particulièrement ambitieux.

La Grande Guerre Contre le Chaos

La plus importante de ces incursions est connue et remémorée avec de sinistres frissons. Elle donna lieu à ce qu’on présente comme la Grande Guerre Contre le Chaos. La puissance des Dieux Sombres s’était affirmée pendant de nombreuses années dans les Désolations du Chaos et les vents glaciaux du nord étaient devenus particulièrement puissants, ce qui indiquait à ceux qui savaient décrypter ce genre de choses qu’un événement terrible était sur le point d’intervenir. En effet, durant l’hiver 2301 CI, le seigneur de guerre demi-démon Asavar Kul unifia les tribus du nord et lança un assaut sur le Kislev. La horde de démons, de monstres, de bêtes et d’hommes tribaux progressait le long des contreforts occidentaux des Montagnes du Bord du Monde. L’armée du Chaos anéantit un contingent de Kislevites qui défendait les derniers ponts de la Lynsk et les forces de Kul traversèrent le dernier obstacle qui les séparait de la ville de Praag.

Le siège de Praag se prolongea tout au long du printemps et de l’été, les courageux défenseurs de la ville repoussant à plusieurs reprises l’assaillant par des actes d’un héroïsme désespéré et une bravoure inébranlable. Mais, alors que l’hiver s’approchait et que l’année touchait à sa fin, Praag tomba et les hordes du Chaos laissèrent libre cours à leur folie meurtrière. La puissance brute du Chaos engloutit la cité et Praag fut changée à jamais, les survivants se mêlant les uns aux autres en formes diaboliques, inhumaines. Des corps encore vivants étaient fondus dans les murs de la ville, au point qu’on ne pouvait distinguer la chair de la pierre. Des visages déformés émergeaient de la muraille, des membres agonisants s’agitaient sur les remparts et les piliers gémissaient une complainte émanant de lèvres autrefois humaines. Praag était devenue un cauchemar vivant et un sinistre avant-goût de la souffrance promise si les guerriers des Dieux Sombres s’avéraient victorieux.

Magnus le Pieux

Tandis que l’Empire se préparait à une invasion de grande envergure, un chef connu sous le nom de Magnus le Pieux se révéla au cœur de l’horreur de cette funeste époque. Magnus suscita un formidable engouement parmi les gens du commun de l’Empire et s’en alla au nord, de ville en ville, rassemblant autour de lui une armée comme on n’en avait pas vu depuis des lustres. Quand cet ost atteignit la ville de Middenheim, il s’agissait tout simplement de la plus formidable force militaire de toute l’histoire de l’Empire, si importante que Magnus dut scinder ses troupes en deux armées, car il était sans cela impossible de nourrir et de fournir tout le monde en eau.

La première armée, composée de lanciers Kislevites assoiffés de vengeance et de chevaliers en quête de gloire, chevaucha sans attendre vers Praag dans l’espoir de contrecarrer le siège. Mais il était trop tard et ces guerriers ne purent que constater l’horrible transformation de la cité, avant de repartir vers le sud pour châtier la horde du Chaos. Magnus mena directement sa seconde armée jusqu’à la capitale du Kislev, espérant la réapprovisionner avant de poursuivre sa route. Quand il parvint à la cité, il découvrit qu’elle était déjà sous le siège de l’armée de Kul, avec quelques Kislevites et un contingent de Nains de Karaz-a-Karak pour seuls défenseurs.

Magnus ordonna aussitôt la charge et ses ennemis furent dispersés par cet assaut imprévu. Les soldats impériaux à la mine inflexible dévastèrent le flanc de l’ost du Chaos et la victoire semblait assurée, mais Avasar Kul était un chef exceptionnel et parvint à rallier ses guerriers, profitant de leur nombre supérieur pour cerner l’armée de Magnus. D’effroyables démons massacrèrent des régiments entiers, tandis que des sorciers maléfiques libéraient une magie aussi puissante qu’ancienne. L’armée de Magnus était acculée et le sort du Kislev semblait décidé.

Alors que les guerriers de Kul fondaient sur l’armée de Magnus dans un dernier assaut, les lanciers Kislevites et les chevaliers impériaux qui revenaient de Praag apparurent sur la crête de ce qui allait devenir la Gora Geroyev, la Colline des Héros, et se ruèrent sur l’ennemi dans un tonnerre de sabots, le cœur plein de haine. Les Nains et les défenseurs restants chargèrent depuis la ville et Magnus saisit ce dernier espoir de victoire. Les hordes du Chaos défaillirent, soudain opposées à trois armées. Les Kislevites avaient sombré dans une fureur totale, engendrée par l’horreur déversée sur leur chère patrie, et les forces d’Asavar Kul furent massacrées par l’ire implacable de l’alliance adverse. L’armée du Chaos fut ainsi réduite en morceaux et des milliers de ses guerriers tentèrent de prendre la fuite, mais tombèrent misérablement sous les coups des défenseurs.

Le Bokha Rouge

Au cours des deux siècles qui suivirent, le Kislev s’efforça de se relever des déprédations de la Grande Guerre. Sa population s’était fait massacrer et ses villes n’étaient plus que gravats, quand elles n’avaient pas été consumées par les Royaumes du Chaos. La cité corrompue de Praag fut totalement rasée et rebâtie, mais la souillure maléfique n’a jamais été entièrement éradiquée et les habitants de Praag sont toujours considérés avec méfiance. Les morts au combat avaient été nombreux et toutes sortes de créatures abominables profitèrent de cette faiblesse pendant plus de deux cents ans : les Peaux-Vertes des montagnes, les hommes-bêtes du Pays des Trolls et les Skavens surgis de terriers insoupçonnés. Après la Grande Guerre, il fallut attendre le Tsar Vladimir Bokha pour que s’organise une campagne durable visant à repousser ces divers ennemis. Cette entreprise rencontra vite un grand succès, mais il devait mourir au combat contre des Gobelins, à l’est du Kislev.

Boris Bokha, le fils de Vladimir, était un guerrier fougueux et passionné. On raconte que sa naissance fut accueillie par le mugissement de Cœur de Sang, porté par les vents (excellent présage pour un guerrier), et les Vedma lui prédirent une vie de fameux combattant et une mort glorieuse. Boris perpétua l’œuvre de son père, vidant les caisses du royaume pour engager des mercenaires capables de reformer l’armée du Kislev, pour reconstruire les ponts, les routes et les bourgs, et pour importer la poudre noire et des ingénieurs de l’Empire. Bien qu’il manquât de précipiter la faillite de sa famille (et de plusieurs maisons nobles du même coup), le règne du Tsar Boris restera gravé dans les mémoires pour sa détermination et sa volonté de reconquérir les terres qui étaient alors infestées de Gobelins, de Trolls, d’hommes-bêtes et autres viles créatures.

Le Tsar Boris joua également un rôle majeur dans la résurgence du culte d’Ursun, qui s’était lentement fait déborder par ceux d’Ulric, de Taal et autres dieux étrangers. Pour ce faire, il se soumit à l’épreuve d’initiation que les prêtres d’Ursun doivent passer et partit en forêt pour dompter un ours. On ne le revit pas pendant dix-huit jours et beaucoup craignaient qu’il eût connu un horrible destin au cœur de ces bois glacés. Les préparations du couronnement de sa toute jeune fille Katarina avaient commencé quand des patrouilles parties à sa recherche retrouvèrent son corps inanimé le dix-neuvième jour. Sa silhouette inerte était gardée par un ours aux proportions gigantesques qui ne laissait personne s’en approcher. Le Tsar était entouré des dépouilles de deux douzaines de loups dans une neige souillée par leur sang. Rien de ce que les hommes de patrouille pouvaient faire ne parvenait à faire partir l’ours ou à lui faire comprendre qu’ils n’étaient pas des ennemis. Finalement, après un jour de plus, Boris ouvrit les yeux et l’ours laissa les Kislevites s’approcher pour panser les blessures de leur souverain.

Le récit que Boris rapporta à son retour à Kislev est depuis passé dans le folklore, mais rares sont ceux qui doutent de sa véracité. Quatre jours avant d’être découvert par les patrouilles, après de longues pérégrinations, Boris s’était retrouvé devant l’ours le plus imposant qu’il eût jamais vu. Ses crocs et ses griffes avaient la taille de lames d’épée. Voyant là un signe d’Ursun, il avait provoqué la bête qui s’était mise à le charger, le sol tremblant à chacune de ses foulées furieuses tandis que son rugissement faisait frémir la forêt. À mains nues, Boris était parvenu à éviter les attaques de l’ours, mais n’avait pu le dominer. La lutte s’était prolongée pendant toute une journée jusqu’à ce qu’une meute de loups se fût présentée, attirée par l’odeur de leurs sangs mêlés. Les loups avaient aussitôt choisi de se ruer sur l’ours, mais Boris avait bondi à son secours en leur broyant le crâne de ses poings tandis qu’ils s’acharnaient sur le dos de l’imposante créature. Mais Boris avait subi de profondes blessures et avait fini par tomber sous les assauts des loups. Tandis que les bêtes s’apprêtaient à l’achever, l’ours avait protégé son adversaire de la veille contre cet ennemi commun. Il s’était dressé au-dessus du corps étendu du Tsar et avait lacéré les loups de ses griffes et de ses puissants crocs. Boris avait sombré dans l’inconscience, mais chaque fois qu’il avait entrouvert un œil, l’ours se tenait près de lui pour le garder des attaques des loups. La bête accompagna le Tsar à son retour à Kislev. À partir de ce jour, chaque fois que Boris prenait le chemin de la guerre, il le faisait sur le dos d’Urskin (frère ours), symbolisant par là la toute-puissance d’Ursun et l’affection qui s’était établie entre Boris et un ennemi implacable.

Le Tsar Boris trouva la mort au combat, en 2517 CI, alors qu’il menait un Pulk au nord de la Lynsk, vers le Pays des Trolls. À une croisée des fleuves sans nom, il lança la charge au cœur de l’armée Kurgane du Hetzâr Feydaj, mais fut rapidement cerné et isolé du reste de ses hommes. Épaulé par Urskin, il lutta avec toute la force et la rage qui caractérisent la divinité ourse, mais même Boris le Rouge ne pouvait triompher contre un tel surnombre. Urskin parvint finalement à s’extraire des hordes de Kurgans pour rapporter le corps ensanglanté du Tsar à ses hommes, mais il était déjà trop tard. Boris avait subi une vingtaine de blessures, toutes mortelles. Il fallut attendre la fin de la bataille pour que le Tsar tombe du dos d’Urskin et meure. Sa fidèle monture rugit son deuil pendant toute une nuit, avant de disparaître dans les mornes étendues nordiques et la légende raconte qu’Urskin traque encore les créatures du Chaos qui ont tué son maître.

À la mort de Boris, Katarina, désormais adulte, devint Tsarine du Kislev, dernière d’une longue lignée de dirigeantes issues des reines-khans Gospodars d’antan. Elle gouverne avec une froide majesté, adorée par ses sujets et crainte par ses ennemis, mais quatre ans seulement après son avènement, son pays dut faire face à la plus grande menace connue depuis la Grande Guerre contre le Chaos.

La Tempête du Chaos

Les contes sur Archaon, l’Élu des Dieux Sombres, ne manquent pas. Ce puissant seigneur de guerre qui rassembla une armée comme on n’en avait pas vu dans les Désolations du Chaos depuis la Grande Guerre. En réponse, l’Empire dépêcha une armée menée par le Grand Théogoniste Volkmar le Sévère du culte de Sigmar, à la tête de Flagellants fanatiques et de soldats du Talabecland. Les deux armées s’affrontèrent sur la toundra du Pays des Trolls, mais Volkmar fut abattu et son armée anéantie. À la suite de cette victoire, Archaon mena plus au sud son armée de maraudeurs, de démons et de monstres.

L’invasion désormais imminente, l’Empereur Karl Franz convoqua les dirigeants du Vieux Monde au Conclave des Lumières à Altdorf, et humains, Nains et Hauts Elfes se réunirent pour planifier la lutte contre les forces du Chaos. Les terres du Kislev souffraient considérablement de cette incursion, car D’aggorn l’Exalté, lieutenant de d’Archaon, tenait le siège de la cité de Kislev tandis que son supérieur menait sa horde contre Erengrad. Alors que les précédentes armées de maraudeurs s’étaient enlisées au Kislev, Archaon savait qu’il lui fallait frapper l’Empire sans attendre et ne perdit pas de temps à prendre Erengrad en profitant de l’attaque par la mer des pillards Norses. Les réfugiés et les survivants sanguinolents de l’invasion du Kislev partirent en masse vers le sud, mais l’Empereur avait déjà rassemblé ses armées et accourait au combat. Tandis que les Nains de Karak Kadrin tenaient le col du Pic contre Vardek Crom, général d’Archaon, la bataille s’engagea entre la horde d’Archaon et les armées du Middenland, d’Ostland et du Hochland.

L’armée d’Archaon atteignit Middenheim et la clameur de la bataille retentit sur les terres environnant la grande cité, les vaillants soldats de l’Empire et du Kislev se dressant contre les hordes innombrables. Les morts se comptaient chaque jour par milliers, mais les armées alliées parvinrent progressivement à inverser la situation. L’armée du seigneur de guerre fut finalement brisée et se dispersa au gré des vents, les alliés ne faisant pas de quartier avec les fuyards les moins véloces.

Le Kislev Plie, Mais ne Rompt Pas

Vivre dans une contrée autant marquée par la violence apparaît comme pure folie pour les étrangers, mais les Kislevites et leurs ancêtres voient chaque année couler le sang à flots pour reprendre et protéger leurs terres. Tant qu’un cœur Kislevite battra, il y aura quelqu’un pour défendre ce pays contre les hordes du nord.

Il ne peut en être autrement, car le Kislev et la terre sont une seule et même chose.

Sources

  • Warhammer JdR- La Reine des Glaces