Grand Immonde
- Tout d’abord, je cru que sa peau se tordait et se plissait. Puis je vis des douzaines de petits Démons creusant sa chair, rongeant ses os et tétant ses immondes sécrétions. Cette horreur était démentie par la voix distinguée de la bête, qui m’accueillait comme un fils prodigue alors même que je vomissait à genoux.
- - Extrait du Liber Malefic
Les Grands Immondes
Des cortèges entiers de serviteurs de Nurgle errent à travers les Désolations du Chaos. Infatigables, ils se rendent d’un lieu à un autre pour y faire l’apologie de la pestilence, provoquer des tumescences spontanées et ne laisser derrière eux que des champs morbides et brisés, jonchés de corps et de végétation pourrie. Les Porte-Pestes relatent la gloire de leur hideux maître, tandis que les tapis de Nurglings braillent et gémissent, agités par les secousses du changement perpétuel qui définit leur existence. Et derrière cette grande parade, suit la foule de fidèles mortels, que le désespoir a rendu fous et pour qui la seule lueur vient des merveilles promises par les serviteurs de Nurgle. Mais de tous les membres de cet ost turbulent, nul n’est aussi horrible que les Grands Immondes.
Les corpulents Grands Immondes, qu’on qualifie également de Seigneurs des Pestes, sont les Démons Majeurs du dieu Nurgle. Chacun est plus ou moins une réplique de ce dernier, physiquement et spirituellement. Par conséquent, un Grand Immonde est parfois appelé Nurgle ou Père Nurgle par sa cour, même s’il possède par ailleurs son propre nom.
Un Grand Immonde est invariablement un monstre colossal perclus de maladies, nécrosé et affligé de toutes sortes de souillures physiques. Sa peau est le plus souvent verdâtre, tuméfiée et cireuse, couverte de verrues, de pustules et de lésions infectées. Ses viscères, eux aussi à moitié décomposés, dépassent des plaies de sa peau et pendent telles des tentures moisies de sa vaste carcasse. De ces organes émergent de petites créatures répugnantes appelées Nurglings, qui se repaissent des fluides infects de ses entrailles. L’horreur du Grand Immonde est une véritable métaphore de l’ultime lot de l’univers : la décrépitude et la décomposition de toute chose.
Ces énormes horreurs marient l’allure la plus grotesque qui soit avec une putréfaction endémique et provoquent la démence de ceux qui ont le malheur de les croiser. Pour eux, la honte n’existe pas, pas plus que la décence, ce qui leur permet de se complaire dans les gestes les plus vils. Ils enfoncent allègrement leurs doigts boudinés et véreux dans leurs narines dégoulinantes. Ils répandent des excréments d’une telle puissance pestilentielle que la moindre bouffée suffit à tuer. Ils s’empiffrent de nourriture et de boisson, avant de régurgiter sur le sol ces repas souillés par leurs entrailles, éjectés par les plaies béantes qui parcourent leur énorme masse. Et quand ils ne se laissent pas aller à la gloutonnerie, ils rient et cajolent affectueusement leurs portées braillardes de Nurglings.
Cependant, le caractère du Grand Immonde contraste avec son apparence, car il n’est ni morbide, ni consumé par le désespoir. Bien au contraire, ses semblables sont animés par les mêmes motivations futiles que les mortels. Les Grands Immondes sont enthousiastes, truculents et tapageurs, mus par un désir vivace d’organiser et de réussir. Fréquemment, plusieurs de ces Démons rivalisent d’ardeur pour dispenser les bénédictions contagieuses de Nurgle au monde. Sociables et bizarrement sentimentaux, les Grands Immondes chérissent leurs serviteurs et les appellent même parfois leurs «enfants». Ils font preuve d’une fierté toute paternelle vis-à-vis des accomplissements de leurs ouailles, et n’hésitent jamais à vanter bruyamment la beauté unique des bubons et des chancres qui parent leur entourage, avant de s’esclaffer joyeusement au spectacle des ravages commis au nom de Nurgle.
Lorsqu’un Grand Immonde s’adresse à sa cour infirme, son ton et son débit sont ceux d’un meneur charismatique. Orateur gourmand, il dirige ses serviteurs avec une indulgence toute paternelle qui jure avec son apparence répugnante. Ce mélange de corruption physique et d’enthousiasme irrépressible est la caractéristique la plus extraordinaire des Grands Immondes. Et l’intense béatitude qu’éprouve un Grand Immonde à la vue des bienfaits de son maître n’a d’égale que la colère qui s’empare de lui lorsque les ennemis du Chaos tentent mesquinement de s’opposer à ses desseins. Il manifeste son ire par des déclamations riches en épithètes, qui font place à des débordements de violence joviale si les mots ne suffisent point à convaincre l’ennemi de son erreur.
Une fois qu’il emprunte le sentier de la guerre, le Grand Immonde inspire une horreur décuplée. Il rugit sa joie paillarde d’une voix de stentor qui tonne à travers tout le champ de bataille ainsi que des plaisanteries à ce point répugnantes que les âmes de ceux qui les entendent se mettent à flétrir. Il se dandine jusqu’au plus vif de la lutte, débordant de la joie d’obéir à ses commandements divins, et il ne s’arrête que pour déchaîner sa Magie pestilentielle sur des proies dignes de recevoir les présents de Nurgle. Sa masse considérable ralentit sa progression, mais une fois qu’il a atteint sa cible, rien ne peut plus l’arrêter. Tout ennemi assez sot pour rester sur son chemin ne tarde pas à découvrir la force colossale que dissimulent ses plis de graisse malade, alors que le Putréfié massacre ses adversaires tout en gloussant d’une joie abjecte. Il agrippe un guerrier qui tente de s’enfuir pour l’enfourner dans sa gueule suppurante, juste avant d’en évacuer la carcasse dissoute dans un geyser de vomissements acides. Peu importe qu’il emploie un espadon à la lame luisante d’humeurs virulentes, ou un fléau souillé de sécrétions pathogènes, car le résultat est le même : il ne laisse dans son sillage que des dépouilles que les plus belles afflictions de Nurgle ne tardent pas à dévorer et où se développent les pires monstruosités. Le maître des mouches, qui ne manque jamais de patience quand il s’agit de ses rejetons, marquera volontiers une pause pour aider une nouvelle horreur innommable à naître ou pour récolter la moisissure et la corruption qui émanent des morts agités de soubresauts.
Manifestation
Les signes de la présence d’un Grand Immonde ne peuvent échapper à quiconque, y compris à ceux qui refusent d’imaginer qu’une telle chose puisse souiller la surface du monde. L’air s’alourdit et l’humidité ambiante se précise. Les vents semblent s’apaiser, chargés d’une vague odeur de putréfaction, mélange de dents pourries et de charogne restée trop longtemps au soleil. Dans les plis d’un vêtement, enfoui sous les rembourrements de l’armure, dans le moindre recoin de chair, un petit picotement annonce l’éclosion d’une vermine. Des mouches noires et grasses semblent affluer de partout, une par une dans un premier temps, puis par nuées.
Le Démon se rapproche et l’infestation de mouches et de vers se précise. Tout est touché ; la nourriture, l’eau. Les fruits et les légumes se ratatinent à une telle vitesse qu’ils en explosent et que leurs graines se répandent au sol dans une éclaboussure visqueuse. Tout semble mûrir jusqu’au point idéal de la cueillette, juste avant d’éclater pour ne laisser que des tas de substance putréfiée.
Et alors, apparaît le Grand Immonde. Son aura de laideur totale se répand sur toute la plaine, provoquant des lésions sur la chair de chacun et le développement accéléré des tumeurs, verrues et bubons existants. Tout ce qui vit succombe à la putréfaction et s’affaisse sur l’arbre, la tige ou la racine. Des nuages de mouches viennent obstruer le ciel et l’air est privé de toute vie pour accueillir la puanteur de la mort. Puis, le rire tonitruant et les obscénités plongent ceux qui les entendent dans le désespoir et la folie.
Aspect
Les Grands Immondes de Nurgle font partie des Démons les plus hideux et terribles que connaissent les mortels. Ils apparaissent sous des nuées de mouches comme les répliques presque parfaites de Nurgle en personne : des formes parcourues de protubérances diverses, bouffies par la corruption. Leur peau d’un vert nauséeux n’est rien de plus que quelques espaces lisses qui se battent entre des furoncles vertigineux, des plaies profondes desquelles jaillissent des torrents de pus épais et des plaques de cloques frémissantes. Le monstre est à lui seul un vivier pour toutes les épidémies susceptibles de tourmenter les bonnes gens du royaume des mortels. À travers les diverses déchirures et plaies qui accablent sa chair, on peut voir l’ensemble de ses organes internes, qui véhiculent la corruption de ce corps massif, et répandent sur son épaisse peau leur bile et autres humeurs répugnantes, autant de contagions inédites prêtes à consumer la chair. Et dans cette masse grotesque, rampent, fouinent, tètent et se cachent des couvées de minuscules Nurglings, que le maître des mouches considère comme ses petits. Le Grand Immonde n’est rien d’autre que le déclin et la putréfaction inévitables de chaque chose.
Malgré leur aspect morbide, les putréfiés sont des êtres plutôt joviaux qui se montrent presque paternels avec leurs animaux de compagnie et leurs serviteurs. Entre les roucoulements rances et les louanges constamment débitées par leur gueule suppurante, l’existence de ces créatures relève de la démence. Les Grands Immondes tirent une grande fierté des exploits des autres adeptes de Nurgle et célèbrent bruyamment chaque nouvelle maladie, forme de vérole ou inflammation. Chaque fois qu’ils sont témoins de la destruction perpétrée au nom de Nurgle, on peut entendre leur rire retentir sur des lieues.
Cet amour de Nurgle et de ses enfants engendre une volonté enjouée de lutter en son nom, car quel meilleur jardin pour la pestilence que le champ de bataille jonché de cadavres ? Le Grand Immonde se lance dans la mêlée en tête d’une déferlante de détritus et de pourriture, armé de son grand fléau et dégoulinant de corruption. Il nage littéralement au cœur des armées ennemies, sa progression étant aussi implacable que celle de l’ultime déclin.
Pouvoirs
- « J’ignore pourquoi ils ont été surpris. Le fléau se propage à travers les terres fertiles comme une bête sournoise. Quand il a tourné son attention vers les Chevaliers pour les anéantir à grand renfort de corruption et de sanie corrosive… je ne suis pas resté pour voir leur chair se décomposer sous mes yeux. »
- - Plaidoyer pour un Repli Stratégique, par Ham le Vagabond
L’apparence du Grand Immonde suffit à démoraliser les héros les plus audacieux. L’air se vicie par sa seule présence, se chargeant d’une brume pestilentielle qui contamine tous les mortels de maladies horribles ravageant le corps comme l’esprit. À chacune des prodigieuses flatulences du monstre, naît une nouvelle épidémie ; chaque rot tonitruant produit des légions de maladies virulentes. Ceux qui ont le malheur de se retrouver face à ces Démons (ou derrière eux) ont peu d’espoir de survivre à la rencontre.
Le Grand Immonde contamine la terre autant qu’il infecte l’air. Où qu’il aille, il laisse une traînée de substance visqueuse et glissante qui engendre des Nurglings par milliers. L’herbe s’illumine alors et se développe jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus supporter son propre poids. La roche se dissout et la terre se transforme en bourbier d’excréments et de boue. Le pire est que le sillon laissé par le seigneur de la puanteur persiste pendant des décennies. La terre est polluée et il ne peut s’y développer que des calamités prêtes à accabler les imprudents.
Voir un Grand Immonde est une expérience terrible, mais ce n’est rien à côté de l’affronter. Sa peau dégoulinante provoque la corrosion accélérée des métaux les plus résistants. Des volutes de fumée acre et des gouttelettes de sécrétion acide enveloppent le Démon quand il nage littéralement dans les rangs ennemis. Et pendant tout ce temps, le monstre régurgite le contenu de son énorme gosier béant, vomissant un mélange impie d’entrailles, de chair à moitié digérée, de vermine se tortillant et de ses propres excréments, dans un torrent qui non seulement brûle les victimes, mais les contamine également des plus virulentes affections connues des terres des hommes.
Sources
- Warhammer JdR - Le Tome de la Corruption
- Livre d’Armée des Démons du Chaos, V8