Chronique des Immortels

De La Bibliothèque Impériale
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« L’Histoire est la chronique des folies de l’humanité et des triomphes des Vampires. Si on les mets en perspectives par rapport au déroulement réel du temps, les échecs apparents des immortels ne sont que de simples contretemps. »
- Comte von Sangster


La ténébreuse histoire des Vampires débute dans l’antique Nehekhara, le pays du grand fleuve, 1650 ans avant que Sigmar ne fonde son Empire. Le peuple de ce pays s’était uni sous le commandement du roi Lahmizzar pour repousser Nagash, le Grand Nécromant. Après cent années de guerre, Nagash fut enfin vaincu (cela ne devait pas être la dernière fois) et l’on ordonna que ses œuvres fussent détruites. Nagash, cependant, en vieux renard qu’il était, s’était préparé à une telle éventualité.

Du temps où Nagash était encore à la fois grand prêtre du Culte Mortuaire, voué à la recherche du secret de la vie éternelle, et souverain auto-proclamé de Khemri, il avait détourné les prêtres de la réincarnation de leur devoir sacré et les avait attirés vers ses sombres recherches. Certains membres du clergé, qui avaient résisté à ses corruptions, furent chassés ou assassinés pour leur loyauté aux anciennes coutumes. En même temps, Nagash avait eu la clairvoyance d’envoyer plusieurs des prêtres qui lui étaient loyaux dans le monde, comme espions, pensant que ces traitres faisaient partie de ceux qui avaient été exilés par le Maudit, les gens de Nehekhara les avaient accueillis à bras ouverts.

W'soran le Pernicieux

W'soran était l’un de ces traîtres et il s’éleva jusqu’à la position enviée de grand prêtre de la cité de Lahmia, le joyau des rivages de la mer de Cristal. Il profita de sa position pour empoisonner l’esprit de la jeune princesse Neferatem, future reine de Lahmia. Neferatem était une jeune personne entêtée, fascinée par la magie et la mort, très contrariée par le refus du Culte Mortuaire d’enseigner la doctrine aux femmes. En secret, W’soran attisa son désir d’apprendre le savoir interdit et lui enseigna les sciences et la magie qu’il avait lui-même apprises aux côtés de Nagash. Après la chute du Grand Nécromancien, la princesse s’efforça donc de sauver le plus grand nombre possible de parchemins du bûcher.

Son père prit la place de Nagash sur le trône de Khemri et Neferatem entama son règne sur Lahmia. Derrière les portes verrouillées de son palais, elle étudia les parchemins et commença à s’exercer, par imitation, à la magie nécromantique du tout premier niveau. Pendant ce temps,W’soran observait le Culte Mortuaire de Lahmia, cherchant lesquels des prêtres seraient acquis à sa cause et lesquels il devrait éliminer. À ceux qui refusaient de se laisser corrompre par les enseignements de Nagash, il révéla les sombres pratiques de Neferatem, une trahison calculée que la reine ne devait apprendre qu’au bout de nombreuses années. Cela déclencha un schisme dans le clergé : tandis qu’une partie des prêtres restaient loyaux à la reine, les autres s’élevèrent contre elle. La crise parvint à son point culminant lorsqu’ils lancèrent une attaque contre le palais, une rébellion qui ne fut matée que lorsque Neferatem elle-même émergea de son palais, environnée d’un nimbe crépitant d’énergie ténébreuse, et déchaîna la fureur de sa puissance nécromantique naissante contre ses ennemis.

Les rebelles survivants furent rassemblés et exécutés, ne laissant du Culte Mortuaire que les individus en lesquels W’soran savait pouvoir avoir confiance. Avec leur aide, W’soran et Neferatem continuèrent leurs recherches en privilégiant l’étude d’un rituel en particulier : la création de l’Élixir de Vie qui avait permis à Nagash d’acquérir l’immortalité. Ils finirent par l’obtenir, en l’an -1520, mais sous une forme imprévue. La version de l’Élixir qu’ils avaient créée leur conféra bien l’immortalité, mais elle modifia également la nature fondamentale de leur être. Ils devinrent les premiers Vampires.

Neferatem et le Culte de Sang

Le Culte Mortuaire de Lahmia coupa tous leurs liens avec le clergé des autres cités et entamèrent une refonte de leurs principes fondateurs en invitant des femmes à rejoindre leurs rangs. Le temple fut rebâti avec des pierres importées de Khemri, provenant de bâtiments détruits à la suite de la défaite de Nagash et les chambres du temple étincelèrent d’or et furent décorées de statues et de hiéroglyphes qui retraçaient son ascension vers le pouvoir. On le rebaptisa le Temple du Sang. Les cultes des autres dieux tombèrent peu à peu en désuétude et luttèrent pour se faire entendre à la cour, mais un bon nombre de leurs prêtres préférèrent quitter la cité.

Neferatem invita sa cousine Khalida Neferher, la reine-guerrière de Lybaras, à entrer dans son culte mais celle-ci refusa. Khalida considérait déjà d’un œil très soupçonneux les changements intervenus à Lahmia et, en outre, suivait pieusement les enseignements d’Asaph, la déesse aspic. Craignant que sa cousine n’ait découvert son secret, Neferatem l’accusa de trahison et tenta de l’assassiner lors d’un banquet, en la provoquant en duel devant tous les nobles de la cour de Lahmia. La force vampirique de Neferatem lui permit de remporter la victoire et, alors que Khalida mourante gisait à ses pieds, la reine Vampire se mordit la langue et lui donna un baiser, l’infectant ainsi de sa propre malédiction. Mais, avec son denier souffle, la pieuse Khalida adressa une fervente prière à sa déesse et Asaph lui répondit : la déesse ôta la souillure de son sang et la remplaça par du poison, lui accordant ainsi une mort sainte. Cependant, il est dit que, bien qu’elle soit décédée en état de sainteté, sa mort ne fut pas complète et que Khalida est restée dans notre monde pour être la gardienne éternelle du temple d’Asaph. Exaspérée par l’échec de sa tentative pour s’assurer une puissante alliée, Neferatem expulsa les prêtres des autres dieux de Lahmia.

Durant cette période de transition, Neferatem s’était secrètement alimentée sur la populace de sa cité, suscitant les soupçons d’Abhorash, le capitaine de sa garde, qui était éperdument amoureux d’elle. Abhorash fut horrifié en découvrant la véritable nature de celle qu’il adorait, mais il ne pouvait résister à ses commandements. Sur son ordre, il but l’Élixir de Vie et fut métamorphosé. Réalisant qu’il était inutile de nier son destin, Abhorash ne put que rejoindre la cour que Neferatem et W’soran était en train de constituer avec les nobles de la cour de Lahmia, entre autres au juge suprême Maatmeses et au grand vizir Harakhte. Ce furent les débuts de sa Cour des Immortels, la cour des « Bien-Nés » qui devaient devenir les maîtres des Vampires de moindre rang qu’ils créèrent ensuite.

Abhorash n’avait pas perdu toute la bonté qui l’animait dans sa vie mortelle et demeura loyal à son peuple, il voulut édicter un ensemble de règles auxquelles les Bien-Nés devraient se soumettre, pour les protéger et empêcher qu’on ne les découvre. À partir de ce moment, ils ne devraient se nourrir que sur des criminels ou des esclaves et non sur des citoyens ordinaires. Il leur était également interdit de s’affronter les uns les autres et aucun Bien-Né ne pouvait tuer l’un de ses pairs. C’est pour cette raison que, lorsque Ushoran, le frère de Neferatem, apprit l’existence de l’Élixir et en vola un flacon pour lui-même, elle ne put le punir et Ushoran, l’humble Seigneur des Masques, fut autorisé à entrer dans la Cour des Immortels. Abhorash s’en tint fidèlement à ce code de conduite, mais les autres Vampires s’estimèrent rapidement au dessus de telles lois et reprirent rapidement leurs habitudes meurtrières. De toute façon, la majorité du peuple était trop effrayé pour s’opposer à eux et le règne de la terreur se poursuivit

Pendant trois siècles, les Vampires régirent la vie de Lahmia de cette façon. Sous le règne de sa reine, toujours jeune et belle, Lahmia devint une cité célèbre pour son intolérance religieuse et la dureté de ses lois. Épouvantés par l’importance que prenait le Culte du Sang qui prêchait l’adoration de Nagash le Grand Hérétique, des agitateurs commencèrent à fomenter une rébellion. Lorsque l’insurrection éclata enfin, elle fut réprimée encore plus cruellement que la première fois par Neferatem qui reçut à cette occasion le nouveau nom de Neferata, « la Mortelle Beauté ».

La Chute de Lahmia

Aux environs de l’an -1200, les Vampires de Lahmia apprirent que Nagash était toujours vivant et qu’il rassemblait une armée au cœur du Pic Dolent, la montagne qui allait devenir sa forteresse de Nagashizzar. En gage d’obédience envers le Grand Nécromancien, et parce qu’ils étaient liés à lui à cause de l’Elixir de Vie, les dirigeants de Lahmia envoyèrent des émissaires au Pic Dolent. Mais des serviteurs des Prêtres-Rois capturèrent et interrogèrent certains d’entre eux, et c’est ainsi qu’ils eurent vent de l’existence des Vampires. Les Prêtres-Rois réagirent sans attendre et déclarèrent la guerre à Lahmia. Le général Setep de Khemri, dont les légions avaient conquis des territoires aussi lointains que le sud de ce qui deviendrait un jour l’Empire, menait la coalition.

Cependant, l’un de ses lieutenants, un remarquable tacticien nommé Vashanesh, était du même sang que Nagash lui-même. Trahissant Setep, Vashanesh se rendit à Lahmia pour avertir la cour de l’attaque qui se préparait. Vashanesh fut reçu par Neferata et il lui fit une telle impression qu’elle lui donna la dernière dose de l’Elixir de Vie (que nul n’avait été capable de recréer depuis) et le choisit pour époux, le faisant roi de Lahmia et souverain avec elle de son peuple de Vampires. Ensemble, ils imaginèrent de dresser les cités de Nehekhara les unes contre les autres grâce à un réseau d’espions qui devait diviser la nation pendant des années et tenir en échec toutes les tentatives qui seraient menées pour unir les populations contre eux.

Cependant, le roi Alcadizaar le Conquérant parvint finalement à unir les armées hétéroclites des différents royaumes et déclara la guerre à Lahmia au nom des anciens dieux de Nehekhara. Il décida d’assiéger Lahmia, à la tête d’une armée composée de guerriers venus de toutes les cités Nehekharéennes ainsi que des territoires qu’il avait lui-même ajoutés au royaume après les avoir pris à l’Arabie et aux Terres du Sud. En arrivant devant Lahmia, ils furent frappés d’horreur en découvrant que les troupes de la cité n’étaient pas les seules à les attendre : elles étaient accompagnées d’une armée de Morts-Vivants que W’soran avait tirés de leur dernier sommeil. Résistant à leur terreur, les hommes d’Alcadizaar engagèrent le combat contre les morts-vivants. L’armée de Lahmia était inférieure en nombre, mais elle recevait des renforts permanents car les morts se relevaient aussitôt qu’ils tombaient.

Les troupes des mortels se révélèrent moins fiables. Des traîtres se retournèrent contre leurs maîtres, permettant aux Nehekharéens d’envahir la cité. Les chariots de l’Escadron du Chacal de Marahk firent couler des ruisseaux de sang dans les rues et les Vampires furent contraints de se défendre sur les marches du temple. Seul, Abhorash lutta pendant une semaine entière, envers et contre tout, sous les sorts des grands prêtres de Zandri et le feu alchimique de leurs machines de guerre. Vivant, il avait été le meilleur guerrier de toute la cité, et la non-vie l’avait rendu rendu presque invisible. Le sang de ses ennemis s’écoulait le long des haut escaliers du temple, et les corps s’empilaient en grands monticules de chair au bas des marches. La rage d’Abhorash décuplait ses forces de combattant déjà exceptionnel, mais malgré sa férocité et son talent, et malgré la mort d’ennemis par milliers, il ne put empêcher les habitants de Nehekhara de saccager la cour de sa reine.

Le temple de Lahmia fut la proie des flammes et de nombreux Vampires périrent dans l’incendie. Ceux qui avaient réussi à s’enfuir furent traqués et tués par les troupes des Prêtres-Rois avides de revanche. Seuls les plus vieux et les plus puissants d’entre eux parvinrent à s’échapper : Neferata, Vashanesh, W’soran, Ushoran, Abhorash, Maatmeses et Harakhte.

Abhorash, accablé par ce manquement à son devoir, jura de se venger de l’humanité toute entière, car ce royaume autrefois couvert de jardins magnifiques et d’oasis n’était plus qu’une étendue dévastée. L’ancien commandant des armées fit route vers le nord avec quatre des ses "fils". Ils massacrèrent tous ceux qui croisèrent leur chemin et se nourrirent de leur sang comme des bêtes sauvages après des siècles de restriction et de dure contraintes. Les Chamans Orques des Terres Arides racontent encore aujourd’hui l’histoire des « Bouff’-Gorg’ » qui décimèrent cinq tribus entières. Les Nains eurent eux aussi des soucis avec Abhorash et ses suivants, plusieurs convois furent retrouvés, leurs équipages massacrés et saignés à blanc.

Les autres Vampires se rendirent au Pic Dolent et trouvèrent refuge auprès de Nagash qui les fit pénétrer dans sa demeure, et observa d’un œil amusé ces immortels corrompus. Il les jugea dignes d’être les capitaines de ses armées, voyant dans leur damnation la marque de son génie maléfique.

Nagash et les Vampires

La rencontre de Nagash et des Vampires n’avait rien de fortuit. Par l’intermédiaire de son agent, W’soran, Nagash les avait manipulés depuis le début et les avait aidés à distance, à l’aide de sa magie, durant le siège de Lahmia. Lorsque Neferata réalisa à quel point W’soran l’avait utilisée, elle se mit dans une fureur noire, d’autant plus que Nagash ignora sa supériorité pour offrir à son lointain cousin Vashanesh un poste à la tête de ses forces. Cependant, les Vampires apprirent beaucoup de la bouche de leur créateur, et devinrent à leur tour capables de lever par leurs propres moyens des armées entières de Morts-Vivants.

Nagash avait passé des décennies à rassembler une horde telle qu’il ne s’en était jamais vu dans ce monde. Profitant du fait que les Prêtres-Rois ignoraient sa présence, il avait écumé les nécropoles, et son armée des ténèbres était prête à marcher vers le sud. Il avait fait le serment de se venger des Prêtres-Rois et de leur faire payer sa précédente défaite au centuple. De plus, Nagash avait fabriqué un anneau qui permettait au Vampire qui le portait de revenir d’entre les morts encore plus aisément que d’ordinaire, toutefois, cet anneau donnait également à Nagash le contrôle absolu de la race des Vampires tout entière. Vashanesh accepta l’anneau et, sous le commandement de Nagash, les Vampires menèrent son armée à l’assaut de Nehekhara en l’an -1162.

Au début, les Vampires acceptèrent de servir Nagash avec enthousiasme car ils voulaient prendre leur revanche contre Alcadizaar et reconquérir Lahmia, mais ils constatèrent rapidement que Nagash se moquait éperdument de les sauver. Il les lançait contre l’ennemi sans la moindre retenue, ainsi qu’il le faisait avec ses troupes de morts-vivants sans cervelle, et il n’avait aucune intention de rebâtir Lahmia. En vérité, son seul objectif était d’annihiler tout Nehekhara. Liés par le pouvoir de l’anneau porté par Vashanesh, les Vampires ne pouvaient lui désobéir, pas plus qu’à son second, Arkhan le Noir.

Pour compliquer les choses, les braves habitants du désert étaient déterminés à y rester. Enivrés par la défaite des Vampires à Lahmia, ils était prêt à se battre. Sous le commandement d’Alcadizaar, ils résistèrent vaillamment et la guerre qui s’ensuivit fit rougir les sables pendant de nombreuses années. Les Vampires étaient des sorciers et des combattants redoutables qui ne laissaient derrière eux que mort et terreur, mais ils n’étaient pas invincibles. L’avantage changea de camp plusieurs fois pendant plus de dix années de guerre. Au début, les légions des morts écrasèrent les armées d’Alcadizaar, puis celles-ci se ressaisirent et contre-attaquèrent. Les batailles se succédèrent jusqu’à ce que le dernier ost de Nagash fût détruit en l’an -1152. C’est également au cours de cette bataille que Vashanesh trouva une ingénieuse solution au contrôle que Nagash exerçait sur les Vampires par l’intermédiaire de l’anneau.

Forcés d’abdiquer, mais délivrés de leurs liens, les Vampires fuirent à travers le désert jusqu’à Nagashizzar pour apporter à Nagash la nouvelle de leur défaite. La colère du Grand Nécromancien fut terrible. Il maudit ses capitaines qui avaient échoué, et les condamna à souffrir éternellement. C’est alors qu’apparurent les prémices de la mésentente entre les Vampires qui se rejetèrent mutuellement la responsabilité de la défaite. Les divisions s’envenimèrent et les Vampires primordiaux se battirent entre eux. Le combat fit rage durant toute la nuit, mais aucun ne parvint à prendre le dessus, et au lever du soleil, ils s’enfuirent loin les uns des autres, de peur d’être tués durant leur sommeil par les serviteur de leurs ennemis.

C’est ainsi que les Vampires se séparèrent. Il ne fait aucun doute qu’en restant unis ils auraient pu conquérir le monde, mais à cause de leur arrogance et de leur vanité, ils étaient destinés à devenir des rivaux pour l’éternité…

Ce Qui Arriva Ensuite

Maatmeses et Harakhte disparurent et l’histoire a perdu toute trace de leurs actions, bien que persistent certaines rumeurs au sujet de l’existence de Vampires, dans le lointain Cathay et dans les Terres du Sud, qui pourraient bien être les descendants de leurs lignées perdues. Neferata entreprit d’innombrables voyages et influença les nations des hommes dès leur fondation en installant ses filles parmi eux, à des postes-clefs. W'soran, quant à lui, resta aux côtés de Nagash tandis que celui-ci pestait et fulminait contre la capricieuse inconstance des Vampires.

Lorsque Nagash fut vaincu, W’soran récupéra une quantité de ses manuscrits afin de les étudier avec l’aide de ses acolytes et de son apprenti, Melkhior, et ils transcrivirent ses notes dans un ouvrage épouvantable, le Grimoire Necromium. W’soran acquit une maîtrise si absolue de la Nécromancie qu’il devint capable de tempérer la soif rouge qui incitait les Vampires à vivre si dangereusement près des humains. Toutefois, les effets de cette modification métabolique devaient hideusement altérer la forme physique de ses descendants. Pour seule récompense de cet exploit, il fut assassiné par Melkhior en l’an -223.

Vashanesh disparu dans le nord et l’on allait plus entendre parler de lui avant très longtemps. Il passa les quelques siècles suivants à tester les limites du contrôle de l’anneau. Car, même si Nagash était réellement mort après avoir été abandonné par les Vampires, ce qui paraissait hautement improbable, l’anneau permettait à Arkhan de les contrôler, lui aussi. Qui pouvait savoir combien d’autres favoris de Nagash seraient capables de mettre les Vampires en esclavage ? Vashanesh se mit en devoir de maîtriser certains arts de la magie afin de faire de l’anneau son esclave, plutôt que l’inverse.

Pendant que la plupart des Vampires se cachaient de Nagash, craignant qu’il ne les reprenne sous sa coupe, Ushoran avait découvert en l’an -1200, à l’ombre des Montagnes du Bord du Monde, une toute jeune nation où le Maudit était vénéré comme un dieu. Le Strigos était en ce temps-là gouverné par un chaman dénommé Kadon qui portait une antique couronne qui lui conférait des pouvoirs magiques. Ushoran la reconnut : c’était la Couronne de Nagash, amenée jusque-là par son meurtrier. La couronne avait absorbé une partie suffisante de l’essence de Nagash pour contenir un reflet de lui qui pouvait parler par la bouche de celui qui la portait, bien que cette ombre de Nagash restât asservie à la volonté du porteur de la couronne. Ushoran y vit une chance d’asseoir sa domination sur Nagash et d’être le premier de son espèce à se montrer suffisamment valeureux pour ériger un nouveau royaume des Morts-Vivants.

Il s’immisça à la cour de Mourkain et commença à inoculer sa malédiction à tous ceux qu’il voyait animés d’une soif de pouvoir égale à la sienne. Pour finir, sa coalition déposa Kadon. Se souvenant de la leçon durement apprise lors de la chute de Lahmia, il édicta un ensemble de lois très strictes qui n’autorisaient ses semblables à se nourrir que sur les malfaiteurs. Le Strigos devint l’une des contrées les plus libres de criminalité de toute l’histoire. Fier de sa réussite, Ushoran envoya en l’an -250 des messagers pour inviter sa soeur à visiter sa cour afin qu’elle puisse savourer sa gloire avec lui.

Neferata lui répondit avec dédain et usa de son influence sur les tribus humaines pour les inciter à déclarer, aux environs de l’an -200, la guerre au Strigos. À la tête de son armée, Ushoran se porta à la rencontre de ces ennemis qui n’étaient que des barbares et ne représentaient pas réellement une menace pour lui. Hélas, tandis que son attention était occupée ailleurs, une immense horde de Peaux-Vertes descendit des montagnes comme un raz-de-marée vert et s’abattit sur le Strigos. Revenu en hâte pour porter secours à son peuple, Ushoran rencontra les Orques devant la cité de Mourkain. Il réussit à tuer leur Chef de Guerre mais fut victime d’un chaman orque et ses partisans, les Stryges, durent s’enfuir tandis que les Peaux-Vertes réduisaient le Strigos en cendres.

Les Stryges voulurent chercher refuge auprès des Vampires des autres lignées, mais ceux-ci les repoussèrent. Les Vampires s’étaient divisés en clans strictement cloisonnés, en partie pour leur propre sécurité (considérant qu’en petit nombre, ils couraient moins le risque de rencontrer une résistance, comme cela avait été le cas à Lahmia, ou d’attirer l’attention de Nagash) et en partie pour éviter une trop grande rivalité pour les ressources de sang. Au fil du temps, chacun des ‘‘Bien-Nés avait imprimé sa propre personnalité sur ceux qu’il avait choisis pour se joindre à lui et ces disparités s’étaient exacerbées jusqu’à ce que les lignées en viennent à être ouvertement hostiles les unes aux autres. Vashanesh massacra avec mépris plusieurs des Stryges qui lui demandèrent aide et assistance, les Dragons de Sang d’Abhorash les chassèrent pour se divertir, les Lahmianes de Neferata continuèrent à dresser les humains contre eux et les Nécrarques de W’soran les utilisèrent comme sujets de leurs expériences nécromantiques.

En désespoir de cause, les Stryges se réfugièrent en marge de la civilisation, dans les tombeaux et les cimetières. En temps normal, les Vampires ne se nourrissent pas du sang de ceux qui sont morts depuis trop longtemps, car ce sang a un goût de cendres et n’est pas très nutritif. Mais les Stryges apprirent à se contenter du sang, et même de la chair, de défunts déjà morts depuis longtemps. Hélas, ce faisant, ils furent corrompus et métamorphosés en bestiales caricatures de leur espèce.

On peut aussi rajouter qu’en l’an 15, Nagash revint à la vie (façon de parler) pour reconstruire son royaume des morts. Il attaqua l’Empire, tout juste fondé, et plusieurs Vampires revinrent de leur exil pour assister le Seigneur Liche. Nagash fut cependant tué par Sigmar et les Vampires repartirent vers leur cachettes, poursuivis par les guerriers de Sigmar.

Vampire et Empires

Quatre cents ans après la chute du Strigos, un Vampire Styge du nom de Vorag Croc-Sanglant entreprit de rebâtir le royaume perdu. Jouant sur les affinités naturelles des représentants de son espèce avec les Goules, il réunit une armée de ces monstres et attaqua la tribu Gobeline du Nuage Rouge. Ceux qu’il n’extermina pas, il les réduisit en esclavage et les obligea à construire une forteresse qui existe encore aujourd’hui, à l’est de la la Plaine des Os. Il lança ensuite son armée de charognards dépenaillés contre la tribu de la Sorcière Grise. Durant la bataille, le carreau d’une baliste lui transperça le cœur et ce fut la fin du règne de Vorag Croc-Sanglant.

Au cours des deux mille années suivantes, de nombreux Vampires cédèrent aux vieux désirs dont ils avaient déjà faire preuve à Lahmia et Strigos et tentèrent de fonder ou de conquérir leurs propres domaines. Neferata arracha le Pinacle d'Argent aux mains des Nains en l’an -326. Luthor Harkon se tailla en l’an 876 un royaume en Lustrie. Walach Harkon arriva en 1887 au Fort du Sang et défit ces meilleurs guerriers en une nuit. Il tua les faibles, mais épargna ceux qu’il jugea digne de devenir des Vampires, fondant ainsi ce qui sera appelé les Chevaliers de Sang par le peuple superstitieux de l’Empire. Le Duc d’Aquitanie revint des croisades en 1454 sous la forme d’un Vampire ; rebaptisé Le Duc Rouge, il laboura la Bretonnie d’un sanglant sillon avant d’être abattu aux Champs de Ceren. Ramené à la vie par ses disciples en 1932, vaincu une deuxième fois, il ira se réfugier dans la Forêt de Châlons. Norgul le Nécrarque terrorisa l’Estalie en 1750 lors de la Guerre du Sang au cours de laquelle il dévasta littéralement le pays, des Irranas à la Mer Australe. Il périt dans le sanctuaire de Myrmidia à Magritta, officiellement terrassé par le pouvoir de la déesse elle-même.

Les chroniques de l’histoire n’ont conservé quasiment aucune trace des déplacements de Vashanesh qui se rendit en Sylvanie en l’an 1111. Là, sous le nom de "Prince Vladimir", il aida Frederick Van Hal à lever une armée de Morts-Vivants pour écraser les Skavens qui menaçaient d’envahir cette terre à la suite de la grande Peste Noire. Satisfait d’avoir ainsi influencé l’histoire, il disparut à nouveau jusqu’en 1797, et lorsqu’il ressortit de sa retraite, ce fut sous le nom de Vlad von Carstein.

À cette époque, la Sylvanie souffrait sous le joug d’Otto von Drak. Celui-ci était issu d’une longue lignée de sorciers maléfiques et de Nécromanciens qui avaient édifié leurs castels sur les points de concentration mystique des lignes de force tellurique qui sillonnent la Sylvanie, utilisant cette énergie pour alimenter leurs rites sacrificiels. Von Drak était un dangereux psychopathe qui prenait plaisir à planter les têtes de ses paysans sur des pieux pour un oui ou un non. En une occasion, il arriva à un banquet monté sur un ours. Il possédait un millier de chapeaux et était convaincu d’ être la réincarnation de Sigmar quand il était ivre. La population était harcelée par des troupes de bandits et de cruels mercenaires, et les barons ne la traitaient guère mieux.

Le comte von Drak n’avait pas d’héritier et éprouvait une haine brûlante pour Leopold, son frère cadet et successeur désigné. Il se mit à chercher un époux en dehors de la province pour sa fille, Isabella, mais sans succès. La maladie le frappa de manière étonnamment soudaine et, alors qu’il gisait sur son lit de mort, Vlad von Carstein se présenta aux portes du château de Drakenhof pour demander la main d’Isabella. Le prêtre de Sigmar, appelé pour confesser Otto von Drak - bien que celui-ci n’en ai jamais eu l’intention - maria Vlad von Carstein et Isabella séance tenante. Ce vieux fou de von Drak rendit l’âme quelques instants après. Furieux de voir ses chances d’héritage s’envoler à l’ultime moment, Leopold protesta vigoureusement. Vlad le catapulta par la fenêtre du château pour mettre fin à ses jérémiades : les historiens appellent cet événement la Première Défenestration de Drakenhof.

Vlad s’établit donc comme nouveau seigneur de la contrée. Après quelque temps, Bernhoff le Boucher, l’un des capitaines de mercenaires qui gagnait sa vie en affamant les villages à la tête de sa bande de truands et de meurtriers, entendit parler du nouveau comte et crut y voir une bonne occasion de se remplir les poches et de se couvrir de gloire. Il entra en ville à grand fracas, exigeant que le comte lui verse un tribut. Vlad alla à sa rencontre, seul, sur la grande place de la ville, et devant la population rassemblée il tailla Bernhoff le Boucher en pièces, puis il massacra ses complices jusqu’au dernier. Sa popularité fut dès lors assurée.

Enfin, le peuple avait un comte qui savait traiter avec les bandits, ramena les impôts à presque rien, faisait respecter les lois et n’ordonnait jamais aucune exécution pour se distraire. Bien sûr, de temps à autre, il se débarrassait de quelques vassaux rebelles (ce qui donna lieu aux Défenestrations de Drakenhof Deux à Treize) et il chassa presque tous les prêtres de la province, mais en dépit de tout cela le peuple l’adorait.

Lorsque Isabella fut frappée d’une maladie de langueur, son peuple lui manifesta beaucoup de compassion. Les gerbes de fleurs s’empilaient à la porte du château, mais les médecins ne parvenaient à rien. Vlad les renvoya finalement en déclarant qu’il la soignerait lui-même. Jusqu’à cet instant,Vlad avait respecté les volontés d’Isabella et s’était interdit de lui transmettre sa malédiction, mais il ne pouvait rester impuissant et regarder mourir son véritable amour. Même les immortels sont capables de ressentir de l’amour et ce qui avait débuté comme un mariage de convenances s’était épanoui en un amour plus puissant que celui qu’il avait jadis ressenti pour Neferata. Trois nuits après que Vlad lui eut donné le Baiser de Sang, Isabella apparut sur les remparts, pâle mais apparemment guérie, au grand soulagement et au grand émerveillement de son peuple.

Les années passèrent paisiblement. Le comte von Carstein restaura ses domaines et l’on vit de plus en plus souvent apparaître des Morts-Vivants en lisière des communautés, où ils restaient calmement, comme des gardiens. Pendant ce temps-là, les morts inexpliquées se faisaient plus fréquentes. Ceux qui s’ opposaient à von Carstein et prétendaient que son mariage et ses prétentions à la noblesse n’étaient que des escroqueries périssaient mystérieusement. Ils se faisaient dévorer par les loups, mouraient de peur ou "tombaient" de hautes fenêtres (certains historiens comptent les Quatorzième et Quinzième Défenestrations de Drakenhof parmi ces événements, mais ces allégations font l’objet de furieuses controverses). Ces sceptiques étaient remplacés par des sujets plus loyaux, ayant en commun avec le comte et la comtesse une certaine pâleur de teint et une préférence pour un mode de vie nocturne.

Durant les deux siècles que dura leur règne, les Vampires changèrent plusieurs fois d’identité pour masquer le fait qu’ils ne vieillissaient pas, mais la ruse qui consistait à prétendre être leurs propres héritiers ne pouvait durer éternellement. Les étranges décès et l’éternelle jeunesse de la noblesse finirent par attirer l’attention des Répurgateurs. On les vit arriver en multitude, plus nombreux encore qu’ils ne l’avaient été lorsque le Grand Théogoniste Jurgen VI échoua dans son appel à la croisade contre la Sylvanie. Aucun d’eux ne revint de la province.

En 2010, Vlad décida qu’il était temps de révéler au monde sa véritable nature et de déclarer la guerre aux petits monarques des provinces de l’Empire tant qu’ils étaient occupés à se quereller entre eux, avant qu’ils ne décident de s’unir contre lui comme dans le passé, à Nehekhara. Son armée ne se composait pas uniquement d’une légion de morts sans repos ramenés à la vie grâce à la magie qu’il avait apprise et qu’il avait encore renforcée en forgeant des liens occultes entre la terre de Sylvanie et sa lignée. Elle comprenait également ses bons et loyaux sujets. Les hommes de Sylvanie marchèrent aux côtés des morts-vivants pendant toute la durée des Guerres des Comtes Vampires. Ces batailles ayant déjà été décrites ailleurs, nous ne nous répéterons pas ici.

Vlad, qui était en réalité Vashanesh, connut la mort ultime aux mains du Grand Théogoniste durant le siège d’Altdorf. Konrad von Carstein tomba à la bataille de la Lande Lugubre et Mannfred à celle de Hel Fenn. C’est ainsi que les Comtes Vampires tombèrent dans l’oubli pour un temps.

Quelque quatre cents ans plus tard, Mannfred revint suite aux actions irréfléchies d’un nécromancien mortel. Il se mit tranquillement en devoir de rebâtir sa Sylvanie. On recommença à entendre circuler des rumeurs qui parlaient de nobles au teint pâle reprenant aux Stirlanders les terres qui leur avaient été octroyées à la suite de Hel Fen. Mais il fallut attendre la Tempête du Chaos pour que la vérité éclate au grand jour et que l’on puisse enfin voir, sans aucun doute possible, que Mannfred était bien de retour.

Plusieurs troupes de Barbare Nordiques mené par Vardek Crom voulurent pénétrer dans l’Empire en passant par la Sylvanie après leur bataille contre les Nains de Karak Kadrin. Les morts se levèrent devant eux comme si la terre elle-même bouillonnait de colère et repoussèrent les Guerriers du Chaos. Furieux de cette incursion et voyant ce qui menaçait ceux qui étaient un jour ou l’autre destinés à devenir son bétail dans l’Empire tout entier, Mannfred entra en guerre plus tôt qu’il ne l’avait prévu.

Au village de Sokh, il leva une troupe en utilisant ceux qui venaient d’être tués au combat et les incorpora dans son armée. Ce fut grâce à cette force composite que fut porté le coup décisif qui devait mettre la horde d’Archaon en déroute. Après la retraite précipitée du Seigneur de la fin des Temps, les armées victorieuses de l’Empire et du Vampire se retrouvèrent face à face, silencieuses. Mannfred avait dû lever son armée en hâte, alors qu’il n’était pas tout à fait prêt. L’armée impériale, malgré ses pertes, présentait un front uni. Derrière lui, en Sylvanie, les forces restantes de Vardek Crom menaçaient de dévaler les montagnes comme une vague noire pour le submerger. Confronté à un Grand Théogoniste au moins aussi énergique que celui qui avait jadis abattu Vlad, se souvenant d’Ushoran et de la chute du Strigos, Mannfred fit reculer son armée et rentra en Sylvanie afin d’y consolider son pouvoir.

Les comtes Vampires du passé étaient peut-être des monstres mais de nos jours en Sylvanie, il y a encore des gens pour évoquer leur souvenir avec une certaine affection. Ils étaient redoutables mais charismatiques, d’une force surhumaine et d’une grande intelligence. L’amour de Vlad pour Isabella, qui fut toujours sa confidente et qui était la seule à pouvoir l’apaiser quand la colère le prenait, est encore le sujet de bien des poèmes romantiques écrits par de mélancoliques jeunes gens. La victoire de Mannfred contre les forces du Chaos lui a attiré le respect de beaucoup de gens. En Sylvanie, une bonne partie de la population serait heureuse de revenir sous le gouvernement des von Carstein, en dépit du prix à payer.

Source

  • Warhammer JDR - Les Maitres de la Nuit
  • Livre d’Armée Comtes Vampires V8
  • White Dwarf n°84 (Avril 2001)