Pèlerins du Graal
Si le culte de la Dame du Lac concerne essentiellement la noblesse, les paysans n’y sont pas totalement étrangers. Il est vrai que la plupart adressent leurs prières à d’autres divinités, cependant, quelques paysans offrent leur foi à la Dame, comme le ferait n’importe quel Chevalier du Graal. Ces individus ne pouvant devenir Chevaliers ou Damoiselles du Graal, ils s’efforcent de rester aussi proches que possible de ceux qui ont eu cette possibilité. Les Damoiselles de la Dame sont davantage craintes qu’appréciées de la plupart des paysans, et dans la majorité des cas, elles n’hésiteraient pas à repousser les manants qui entreprendraient de les suivre. C’est pourquoi la plupart de ces paysans dévoués se joignent à l’entourage d’un Chevalier du Graal. Ainsi, partout où va un Chevalier du Graal le suivent des bandes de fanatiques dont le seul but est de vivre dans la lumière de ces individus héroïques. On les appelle les Pèlerins du Graal.
Tant qu’il reste auprès de son Chevalier et qu’il accepte l’âpreté de la vie de nomade, le Pèlerin du Graal est en mission et ne peut donc être appelé par son seigneur. Rares sont cependant ceux qui adoptent ce mode de vie pour cette indépendance, car les Chevaliers du Graal vont d’un lieu dangereux à l’autre, où les Hommes-Bêtes et les Peaux-Vertes attendent les voyageurs imprudents. Parfois, les habitants d’un village ne sont pas disposés à fournir aux Pèlerins les provisions dont ils ont besoin, et la violence s’ensuit souvent. Ainsi, l’espérance de vie de ces Pèlerins n’est pas bien longue, même si de telles troupes peuvent se perpétuer pendant des décennies.
Leur adoration est telle que ces zélotes suivent leur idole partout, vénérant le moindre de ses actes récitant inlassablement ses plus banales paroles et chantant des chansons sur ses exploits. Lorsque les Pèlerins s’arrêtent pour prendre un repas, ils échangent des anecdotes sur le Chevalier, cherchant à se surpasser les uns les autres en racontant ses exploits ou en se vantant d’un moment où il leur aurait parlé ou fait un geste. Les Chevaliers du Graal sont pour leur part résignés et supportent stoïquement leur présence, et prennent garde a ne jamais trahir le moindre signe pouvant encourager ces apôtres auto-proclamés. La plupart des Chevaliers du Graal estiment que les Pèlerins sont sous leur protection, mais ils ne leur parlent pas, même pour donner des ordres, car le geste le plus anecdotique et les mots les plus brefs sont immédiatement interprétés comme de la plus haute importance et sont immortalisés en pseudo légendes et en ballades discordantes. Il ne faut pas oublier, en effet, que les Chevaliers du Graal sont d’un statut bien supérieur à celui des Pèlerins. Cela ne dérange aucunement ces derniers, qui partagent l’opinion de leur Chevalier et se réjouissent simplement de pouvoir aller à ses côtés (les paysans qui voient les choses autrement ne choisissent pas cette voie). La plupart cherchent à servir efficacement leur Chevalier, que ce soit en nettoyant ses affaires, en préparant ses repas ou en montant la garde pendant qu’il dort.
En retour, les Pèlerins récupèrent les objets dont se sépare le chevalier et les portent comme les reliques d’un saint vivant. Il peut s’agir de n’importe quel fétiche : le Pèlerin type arbore de nombreux boutons, chaussettes, fixations d’armure et pièces de cuir, tous dépareillés. Les plus chanceux se sont agencés un couvre-chef avec une chaise de camp brisée ou exhibent un morceau de tissu enroulé en travers du cœur. Quand un Chevalier tombe au combat, la plupart des Pèlerins du Graal dépouillent aussitôt son corps de tout ce qui porter la bénédiction de la Dame et servir de relique, c’est-à-dire à peu près tout. Si le Chevalier n’était pas encore tout à fait mort, ce traitement suffit souvent à l’achever, mis en charpie par une horde de Pèlerins déments.
Pour ces fanatiques, la relique la plus révérée d’un Chevalier du Graal est son corps même et sa dépouille donne souvent lieu à un Reliquaire, une charrette de bric et de broc sur laquelle trône un cadavre décati, confectionné par ses Pèlerins, qui le portent ensuite sur le champ de bataille. Le corps est vêtu d’une armure, placé sur un squelette de cheval, et porté sur les épaules des Pèlerins du Graal. Le reste du Reliquaire est un amas invraisemblable des possessions de plusieurs Chevaliers du Graal issues des quatre coins du royaume. Ces derniers tirent leur force de la présence du saint. Les Pèlerins se vouent corps et âme a leur autel ambulant, s’agenouillant autour de lui en priant comme si c’était un Chevalier du Graal vivant et le suppliant de les bénir.
Une bande de Pèlerins du Graal est en crise. Ils suivaient un Chevalier du Graal lorsqu’un second a croisé leur chemin juste devant eux. Les Pèlerins se sont disputés pour savoir lequel suivre et, après bien des débats et quelques effusions de sang, un schisme est survenu qui les a divisés en deux groupes à peu près égaux. Le Reliquaire reste cependant une pomme de discorde, car les deux groupes le revendiquent. Parfois, les deux sectes de Pèlerins parviennent à un compromis, mais le plus souvent malheureusement leurs querelles basculent dans la violence. |
Pour les Pèlerins, le Reliquaire est le symbole de leur dévotion envers la Dame et ses Chevaliers des temples autour desquels les plus zélés d’entre eux peuvent célébrer leurs prêches, Ceux-ci ne sont jamais à court de fidèles pour les écouter, car dès qu’ils pénètrent un village ou une bourgade les paysans se précipitent vers le Reliquaire pour entendre les derniers actes d’héroïsme du malheureux Chevalier à l’origine de la procession. Ces rassemblements dégénèrent souvent, le fanatisme des Pèlerins explosant soudain en bouffées de violence que la milice locale a du mal à contenir. De tels incidents ne durent jamais longtemps, les Pèlerins se prosternant instantanément à la voix d’un Chevalier du Graal, béats d’avoir attiré l’attention de leur idole. De telles rencontres aboutissent généralement à un face-à-face inconfortable, les Pèlerins étant trop impressionné pour parler et le Chevalier quelque peu humilié par la présence de dévots de basse naissance vêtu de ses vêtements usagés. Lorsque le Chevalier repart, le bonheur est palpable et les Pèlerins attendent un peu, dans une rêverie respectueuse, avant de suivre à nouveau leur héros.
Les Pèlerins du Graal sont regardés avec un mélange de mépris et de crainte par les gens ordinaires de Bretonnie. Les paysans du royaume reconnaissent tous que les Chevaliers du Graal sont des personnages impressionnants, et comprennent donc qu’il soit facile de les idolâtrer de cette manière. D’un autre côté, les Pèlerins du Graal sont des zélotes notoirement dangereux dont on sait qu’ils mènent des raids sur les villages et les fermes lorsqu’ils cherchent des provisions. Des paysans issus de la foule rejoindront souvent les rangs des Pèlerins, attirés par des promesses de salut et de bénédiction de la Dame. D’autres sont intégrés à la troupe sous la menace et le chantage, se voyant offrir l’opportunité généreuse de gagner leur rédemption aux yeux de la Dame pour des crimes et des méfaits parfois réels, mais plus souvent inventés par des prêcheurs toujours soucieux de grossir les rangs de leurs fidèles.
En temps de paix, la noblesse bretonnienne les considère comme des parasites. Certains Ducs sont même susceptibles d’emprisonner ou de tuer les groupes de Pèlerins errant sur leurs terres. En temps de guerre, cette attitude change cependant, car les bandes de Pèlerins fanatiques - qui comptent souvent plus de monde que la suite d’un Chevalier vivant - font de redoutables combattants et leur présence sur un champ de bataille est considérée comme une aubaine, c'est pourquoi il n’est pas rare qu’un Seigneur leur demande de rejoindre son armée. Si les Pèlerins novices partent en courant quand le Chevalier va combattre, ils apprennent à lui apporter un soutien militaire avec le temps, et les plus doués peuvent être aussi efficaces au combat que n’importe quel Chevalier du Royaume. Un Chevalier du Graal accompagné d’une troupe de Pèlerins du Graal est un adversaire vraiment redoutable.
Pèlerin Exalté[modifier]
Le Pèlerin Exalté est un Pèlerin du Graal qui a survécu aux côtés d’un Chevalier du Graal pendant quelque temps. Du coup, c’est maintenant un combattant expérimenté. Le plus souvent, c’est également un fervent admirateur de son Chevalier du Graal et un disciple de la Dame du Lac qui a vu ce dont la fleur de la Chevalerie Bretonnienne est véritablement capable. Les Pèlerins Exalté sont les leaders de Pèlerins du Graal car les Chevaliers du Graal ne daignent jamais donner des ordres directs aux paysans. Certains Pèlerins du Graal s’indignent de recevoir des ordres de leurs pairs, si bien que les Pèlerins Exalté doivent souvent s’imposer par la force. Cependant, les Pèlerins du Graal les plus sages comprennent vite que leurs chances de survie sont plus élevées quand ils font ce que leur demandent les Pèlerins Exaltés.
Au sens le plus simple, le Pèlerin Exalté conduit les Pèlerins au combat aux côtés de leur Chevalier du Graal, enhardissant ainsi leurs frères d’armes. Cependant, un Pèlerin Exalté doit également protéger son Chevalier du Graal des prédations zélées de ses propres disciples. Les Pèlerins du Graal revendiquent n’importe quoi, du crochet mis au rebut à la paillasse de lit qui reste après avoir levé le camp. Les vrais Pèlerins Exaltés empêchent ce genre de comportement indigne d’être vu par leur seigneurie (et punissent ceux qui usurpent leur privilège d’avoir accès à ces reliques sacrées).
Les Pèlerins Exaltés jouent également de nombreux rôles ordinaires au service de leur Chevalier du Graal : ordonner la construction ou la levée d’un camp, agir en tant qu’aide ou écuyer selon les besoins du Chevalier, affecter des disciples au travail de palefrenier pour les chevaux de la suite, etc. L’un des rôles les plus étranges est cependant celui de porteur du Reliquaire de la compagnie, c’est-à-dire le cadavre d’un Chevalier du Graal tombé au combat au cours de sa quête, transporté dans une charrette décorée. Cet honneur est âprement disputé, car le Reliquaire est souvent considéré comme le symbole ultime de leur dévotion et de leur fidélité à la Dame du Lac.
Sources[modifier]
- Livre d’Armée de Bretonnie, V6
- Warhammer JdR : Les Chevaliers du Graal
- Warhammer JdR - Career Compendium (traduction par Christer)