Mutation
Plus que la menace des armées de guerriers en armure noire dévalant des Désolations du Chaos ou que celle des cultistes qui dévoient les fibres morales de l’Empire, c’est la perspective de mutation qui terrifie les habitants du Vieux Monde. Il s’agit tout simplement de la menace la plus personnelle que posent les Sombres Puissances, l’érosion de l’être au profit de l’infamie effervescente du Chaos. On ne peut jamais savoir qui cache une étrange corruption de la chair derrière une chemise bouffante ou des braies crasseuses. Un voisin pourrait cacher une abomination dans sa cave, tandis que tout monde croit avoir entendu les horribles cris d’une mère pondant une bête pervertie. La menace de la contamination physique est omniprésente et tous les peuples du Vieux Monde sont à l’affût des premiers symptômes de la corruption.
Qui peut dire avec certitude pourquoi apparaît une mutation ? Certains disent qu’elle fait suite à une faute morale. D’autres parlent d’une malédiction. D’autres encore y voient un châtiment des péchés des mortels. Quelle qu’en soit la cause, la mutation se répand comme une traînée de poudre et si les Répurgateurs et les honnêtes citoyens font de leur mieux pour anéantir les mutants où qu’ils pointent le bout du nez, leurs efforts ne suffisent pas à endiguer la déferlante de corruption qui menace de contaminer le Vieux Monde.
La vigilance ne suffit pas. Les bûchers des Répurgateurs ne consument qu’un nombre réduit de mutants. Les chasseurs de sorcières consacrent en effet bien plus de temps à éradiquer d’autres menaces, comme les Morts-Vivants, les Hommes-Bêtes et les sorciers renégats. Et même s’ils se vouaient totalement à l’extermination des âmes mutantes, ils ne parviendraient jamais à toutes les détruire, car la lutte contre le Chaos est perdue d’avance.
Sommaire
Les Causes de la Mutation[modifier]
Dans le cadre de la prévention contre la propagation de la corruption physique, les siècles ont vu les hommes tenter de répertorier les catalyseurs du changement. Vous trouverez ci-après un échantillon des causes des mutations. Il ne s’agit en aucun cas d’une liste exhaustive, car les voies des Puissances de la Corruption sont nombreuses et insidieuses.
Contamination Fœtale[modifier]
- « Après avoir franchi la porte ouest de Nuln pour reprendre mon périple vers le nord et Altdorf, je suis passé près d’une masure dans le quartier le plus vil qui soit, le Taudis. Dans les rues obscures de ce lieu sinistre se traînent toutes sortes d’individus décrépis, des âmes qui n’ont probablement jamais vu la lumière purificatrice du très saint Sigmar. Alerté par quelques visions étranges et des anomalies carnées, j’ai demandé à un passant quel genre de créatures pouvait hanter ces ténèbres. Sa réponse ? Des damnés, des laissés-pour-compte, des oubliés. Des êtres que la plus extrême des cruautés séparait des autres dès la naissance. Il ajouta que les Répurgateurs déboulaient parfois dans ces rues pour passer les blasphèmes les plus outrageants au fil de l’épée. »
- - Alden Kriesthoff, marchand
Il n’est rien de plus tragique que de voir le produit de l’amour souillé par la corruption, mais de plus en plus d’enfants sont chaque année ainsi pervertis par la terrible puissance des Dieux Sombres. Les tares ne sont pas bénignes, non, ces créatures sont de véritables abominations monstrueuses, plus proches de bêtes que d’humains, l’incarnation du mal. D’étranges maladies apparaissent sur la chair tendre et innocente de ces enfants perdus. Un bébé naît avec des pattes de coq en guise de jambes ou un troisième œil au milieu du front. Des tentacules, de la fourrure, une taille improbable, des traits bestiaux, des siamois liés l’un à l’autre par une chair pervertie, voire pire encore. Les honnêtes habitants du Vieux Monde connaissent leur devoir et n’hésitent pas à trancher la tête de ces créatures malgré leur jeune âge pour juguler la corruption. Mais l’esprit mortel est faible, marqué par la tentation et une affection mal placée. Des parents mal informés vont abandonner leur enfant au fin fond des bois ou dans un couffin de roseaux, sur une rivière qui le mènera Sigmar seul sait où. Dans les villes, les parents laissent coupablement leur rejeton dans les égouts ou les ruelles des quartiers les plus misérables. Les plus inconscients tentent de cacher leur progéniture et s’efforcent désespérément de faire croire à tout le monde que le chérubin n’a rien d’anormal.
Mais ces actes soi-disant miséricordieux produisent le résultat inverse. Quelle vie un mutant peut-il espérer ? Quel droit a-t-il de vivre sous le fanal de la gloire de Sigmar ? Non, avec leur pitié déplacée, ces parents bien intentionnés ne font que précipiter l’inévitable et invoquer le désastre sur leurs propres têtes en empirant une situation déjà dramatique. Ces enfants perdus se rassemblent avec leurs semblables, tirant les fruits gâtés des plus sombres des puissances pour harceler les justes et les vertueux.
La tentation d’épargner le fruit de sa chair est grande. La plupart des hommes et des femmes perdent leurs moyens quand ils doivent assumer la responsabilité d’éliminer leur rejeton corrompu. Si grande est l’influence des Dieux Sombres qu’elle touche le cœur et l’esprit de pères et de mères pourtant pieux. Et chaque fois qu’un parent faillit à son devoir, la terrible puissance des forces abjectes du nord croît un peu plus.
Protéger la Matrice[modifier]
Les habitants du Vieux Monde ont toutes sortes de remèdes pour s’assurer que leurs bébés naissent robustes et sains. Ils ne s’avèrent guère concluants (certains étant même dangereux pour la mère), mais la peur d’enfanter un mutant est plus forte que toutes les autres considérations.
Le traitement le plus populaire consiste pour la mère enceinte à se badigeonner le ventre de graisse animale une fois par semaine. Cette application est censée protéger l’enfant des vapeurs importunes et lui assurer une bonne santé. Les mères qui oublient ou sautent une semaine peuvent rattraper le coup en buvant un litre de sang de bœuf mélangé à du lait de chèvre. Parmi les autres mesures préventives, on préconise de ne jamais se tenir directement sous la lueur de Morrslieb, cette lune projetant une lumière morbide. Les mères peuvent également se rendre en pèlerinage dans un temple de Shallya et y recevoir la bénédiction d’une prêtresse.
Mais même les femmes les plus vigilantes peuvent enfanter un dégénéré et celles qui les entourent ne manquent pas de guetter le moindre symptôme ou indice inquiétant dans les derniers mois de la grossesse. Parmi les fâcheux présages, on compte les nids de moineau dans l’avant-toit et les araignées s’approchant de la mère le matin de la naissance. Les enfants qui naissent une nuit où Morrslieb est pleine sont presque toujours touchés, c’est pourquoi les sages-femmes font de leur mieux pour ralentir l’enfantement et qu’il se prolonge jusqu’au matin, quand les rayons purificateurs du soleil viennent chasser la souillure.
Changepeaux[modifier]
Il arrive qu’un enfant paraisse normal durant les premières années de sa vie, avant l’apparition d’altérations physiques. Ses yeux changent de couleur, son visage s’allonge ou des cornes lui poussent sur le front, signes les plus courants d’une terrible anomalie. Ces enfants, que l’on appelle les Changepeaux, sont censés être brûlés sur-le-champ quand se révèle leur tare, mais rares sont les parents qui sont prêts à condamner ainsi leur fils ou leur fille, préférant plutôt l’abandonner dans quelque lieu isolé en pleine nature. Chaque fois, ces âmes perdues finissent dans une harde d’Hommes-Bêtes et, trop souvent, l’enfant retourne quelques années plus tard dans son village pour se repaître de la chair des parents qui l’ont épargné.
Environnement[modifier]
- « Et ainsi étaient réunis à Mordheim, la veille de sa destruction, tous les péchés des hommes, tel le furoncle qui fait converger tous les poisons du corps, prêt à être percé par le scalpel du chirurgien. »
- - Bernhardt Hal, général Répurgateur
Les Sombres Puissances ont le bras long. La caresse des dieux peut corrompre la terre comme elle peut pervertir les mortels. Les sites ainsi marqués le restent, même quand les Royaumes du Chaos battent en retraite, après chaque Incursion. Les abjects sortilèges et rituels des magies dévoient leurs environs. Et sans raison apparente, la terre sauvage trahit l’ordre naturel des choses, pourrissant et se déformant au gré du murmure des ricanements des Dieux Sombres. Pénétrer dans un tel site de blasphème s’avère dangereux pour tous, y compris les plus purs, des hommes, l’air pouvant semer les germes du changement dans le cœur de ceux qui parcourent trop longtemps ces contrées.
Les sites les plus couramment corrompus ne sont probablement autres que les villes. Les armées du Chaos ont de bonnes raisons de concentrer leurs attaques sur ces foyers de population, comme elles le firent durant la Grande Guerre Contre le Chaos ou, plus récemment, pendant la Tempête du Chaos. Chaque invasion coïncide avec une flambée d’énergies magiques dans les royaumes frénétiques qui s’étendent au-delà des Désolations du Chaos, énergies qui corrompent tout ce qu’elles touchent.
Les villes sont également le foyer de mutations, pour d’autres raisons. Dans la plupart des cités du Vieux Monde, la médiocrité des conditions de vie est proportionnelle à la taille de la communauté. Nulle ville n’est propre et la plupart, sinon toutes, sont surpeuplées de gens qui s’entassent en quête d’une vie meilleure. Ces conditions déplorables se prêtent allègrement à toute la palette de la malice humaine, qui est elle-même un parfait vecteur de désespoir, d’amertume, de colère et de jalousie, les pierres angulaires de la corruption. La frustration devant un tel destin et le spectacle de la noblesse décadente, avec ses carrosses magnifiques et ses demeures fortifiées, ne font que nourrir la rancœur et la haine. Certaines personnes se tournent alors vers les cultes pour noyer leurs soucis. La plupart n’ont aucune idée des puissances qu’ils servent, tandis que d’autres laissent simplement leurs émotions les ronger jusqu’à ce que leur corps se rebelle et que saillisse un horrible tentacule ou un pédoncule oculaire.
De nombreux érudits estiment que cette tendance à la mutation des environnements urbains n’est qu’artificiellement élevée, en raison de la forte densité de population. Plus il y a de gens dans une zone, plus il y a de risques qu’une mutation y émerge. Comme preuve, ils se basent sur les dizaines de communautés du Vieux Monde qui donnent naissance à leurs propres mutants, ce qui indique clairement que la mutation n’est pas l’apanage des foyers urbains.
Pour étayer encore la théorie de la puissance insidieuse du Chaos, il suffit d’observer les manifestations de cette souillure sur la terre elle-même. De nombreux voyageurs relatent des paysages déformés où les arbres suintent d’un immonde liquide ocre et où la terre gémit son malaise. D’étranges créatures y abondent, telles que celles qu’on a repérées dans les Désolations ou d’autres, parfois capturées par des chasseurs. Les histoires de daims à trois yeux, de lapins cornus, de tortues parlantes et d’Amphisbènes ne manquent pas.
Si la nature et la ville semblent se prêter au développement des mutants, les sites vraiment féconds restent rares. On ne tombe pas par hasard sur une clairière peuplée de pourriture vivante. Parmi ces lieux, néanmoins, certains ont muté sous l’influence de l’homme. Il peut s’agir de sites accueillant autrefois les activités d’un culte ou de lieux où est tombé un serviteur particulièrement virulent des Sombres Puissances. Certains renferment une crypte ancienne qu’il vaut mieux baisser en paix, sous peine de réveiller le mal, tandis que d’autres cachent des poches de pierre magique, comme celles qui contaminèrent la cité maudite de Mordheim. Ces sites sont heureusement peu courants et les Répurgateurs ne tardent généralement pas à venir les débarrasser de toute corruption dès qu’on en découvre l’existence.
Exemple Récent : Praag[modifier]
La cité Kislevite de Praag est peut-être le meilleur exemple d’environnement infesté par le Chaos. Cette ville autrefois prestigieuse, avant-poste fortifié qui tint longtemps contre les assauts répétés des Désolations du Chaos et les déprédations des pillards, n’était pas préparée à faire face à ce qui allait un jour se déverser depuis la contrée changeante. Au cours de ce qui fut plus tard appelé la Grande Guerre Contre le Chaos, l’Œil sombre et tourbillonnant des Royaumes du Chaos s’ouvrit et des nuages noirs d’énergie infernale balayèrent les plaines, ouvrant la voie aux démons galopants et aux armées de guerriers du Chaos venus semer la destruction.
La tempête s’abattit sur la ville, corrompant chaque pierre de sa muraille et transformant en mutant chaque homme tapi dans son enceinte. Praag devint la cité des âmes perdues. Cette influence ne sévit cependant pas longtemps. Magnus le Pieux et ses armées se rendirent sur place pour affronter les envahisseurs, repoussant la horde haineuse pour libérer une nouvelle fois les terres du Kislev. Personne n’était cependant préparé à ce qu’ils découvrirent à Praag : une cité où le mot sain ne voulait plus rien dire. La chair humaine se mêlait à la pierre, d’étranges liquides suintaient entre les pierres des rues et les morts étaient empilés comme du bois de chauffe. Démons et autres viles créatures se tapissaient dans les ruelles sombres et l’essence de la corruption imprégnait toute la cité. Les Kislevites, épaulés par les Impériaux, nettoyèrent la ville de leur mieux et la rebâtirent sur les fondations brisées du passé, mais elle resta néanmoins une ville hanté où les morts ont un repos agités.
Protéger la Terre[modifier]
Quand ils découvrent une zone contaminée par le Chaos, les Répurgateurs érigent un cordon sanitaire pour endiguer le développement de la souillure. En ville, ils bloquent généralement l’accès à des quartiers entiers, tandis qu’ils mettent une communauté ou une parcelle de forêt en quarantaine dans les régions moins civilisées. Associant soldats du temple et milice locale, ils purgent le secteur en y brûlant tout. Des prêtres invoquent également les dieux pour repousser les esprits impies qui sont à l’œuvre. Et parfois, la terre se rebelle.
Savoir Interdit[modifier]
- « Ce n’était qu’un livre ! Je jure que je n’avais aucune idée de ce que ça pouvait être. Attendez, attendez, laissez-moi vous expliquer… Je l’ai acheté au libraire du bourg. Je suis un collectionneur, vous savez. Mais c’est vrai ! Ne me brûlez pas… Je vous en prie, écoutez-moi ! Cette marque ? Une verrue, rien de plus. Non ! Je vous en supplie, ne me brûlez paaaaas ! »
- - Derniers mots d’Abelhoff Vanderhoffen, reconnu coupable
Les prêtres de Sigmar nous enseignent que, de la même manière que la bouche avale la nourriture et l’eau pour sustenter le corps, les oreilles et les yeux ingurgitent les informations pour nourrir l’esprit. Quand on mange une tourte à la viande gâtée ou que l’on boit un vin douteux, on peut tomber malade, voire en mourir selon la virulence du produit. De même, l’esprit peut sombrer quand des pensées et des paroles abjectes lui sont délivrées. Quand elle consomme trop d’impuretés, l’âme peut dépérir et mettre l’équilibre naturel du corps en danger, jusqu’à ce que celui-ci manifeste la corruption de l’esprit par une mutation.
Que ces mises en garde religieuses renferment ou non quelque vérité, certains livres détiennent en effet un certain pouvoir malsain, capable de pervertir le corps en y insinuant les viles énergies du Chaos à chaque page. Ces ouvrages ont eu raison de plus d’un mystique un peu trop curieux, qui en a perdu la raison et l’intégrité de sa chair. D’autres livres peuvent paraître inoffensifs jusqu’à ce qu’on en examine l’encre. Un mélange de Malepierre et d’urine produit une encre chargée d’énergie qui calcine le vélin. Celui qui consulte un tel manuscrit s’expose aux effets ravageurs de la pierre maudite, qui pénètre insidieusement dans ses veines. Ces contaminations ne sont jamais rapides. Elles infectent progressivement le corps et l’esprit du lecteur au fil des mois. Il y a plusieurs années, un culte du Chaos imprima une liste de meurtriers, indiquant leurs crimes et l’arme choisie. Peu de temps après, cet ouvrage à deux sous se retrouva sur le marché et la folie commença à s’emparer de la population, les lecteurs se transformant en misanthropes sanguinaires, hurlant et se défoulant sur tout ce qui leur passait à portée. Il fallut plusieurs mois aux Répurgateurs pour isoler la source de cette nouvelle calamité. Une fois qu’ils eurent récupéré toutes ces brochures, ils s’en servirent pour alimenter le bûcher qui allait en consumer toutes les victimes.
Le Grand Temple de Sigmar d’Altdorf[modifier]
Rivalisant avec les magnifiques Collèges de Magie, le Grand Temple de Sigmar d’Altdorf est une bâtisse impressionnante. Il fut conçu et édifié par des réfugiés nains qui voulaient un peu de sécurité au sein de la capitale de l’Empire. Bien qu’il soit massif et se dresse sur plusieurs étages, l’aspect le plus fascinant du temple ne se trouve pas dans ses centaines de vitraux ou ses arcs-boutants, mais dans les souterrains qu’il domine.
Loin des yeux des mortels se terrent des salles protégées, conçues pour séquestrer les écrits les plus dangereux et dommageables de l’histoire. Elles renferment pratiquement dix siècles de travail acharné des prêtres et des Répurgateurs pour récupérer et cacher ces textes hérétiques. Ils auraient pu les brûler, mais pour une raison ou une autre, ils ne l’ont pas fait, les estimant probablement trop horribles (ou trop clairvoyants) pour alimenter les flammes. C’est ainsi que ces milliers de pages sont à l’abri de ces souterrains, gardés par des fanatiques aveugles et muets.
Parfois, ces chambres fortes s’ouvrent pour qu’un membre éminent du culte puisse consulter les écrits et y apprendre un détail important sur l’ennemi. Mais seuls ceux dont la conviction est la plus pure et ferme sont admis à l’intérieur. Les choses vont ainsi depuis qu’un templier sans nom (qui devint le redoutable Archaon) a pénétré ce lieu secret afin d’y lire les textes abominables de Nécrodomo, peu de temps après la Grande Guerre contre le Chaos, pour disparaître dans la foulée. Malgré tous les efforts déployés pour protéger ces écrits, il finit toujours par y avoir des fuites, et donc des désastres. Chaque fois qu’un livre disparaît, des copies seront à coup sûr diffusées et le mal se répand parmi les gens bien intentionnés de l’Empire et d’au-delà.
La Magie[modifier]
- « La frontière est ténue entre les marques occultes laissées sur les Magisters et la corruption qui se manifeste sur l’esprit et la chair des envoûteurs et des Thaumaturges. Dans le cas des Magisters, les marques occultes sont inévitables, effets secondaires imposés par la proximité des Vents de Magie. Mais ceux qui frayent avec la Magie Noire sont récompensés par la corruption de la chair et de l’âme pour avoir voulu toucher à l’interdit. Il est donc de notre devoir d’accueillir ceux qui naissent avec le talent dans les locaux sacrés des Collèges, afin de cultiver leurs pouvoirs, de former de nouveaux Magisters et de servir les intérêts de nos estimés Ordres. »
- - Paulo Elias, Magister de l’Ordre Lumineux
Il n’est pas déraisonnable de craindre les Magisters. Chaque fois qu’ils touchent aux Vents, ils risquent leur vie. Mal contrôlés, les Vents peuvent engendrer des ravages chez le sorcier, démolir son corps, mais aussi son esprit, voire son âme mortelle. Ce sont ces risques qui ont poussé Magnus le Pieux à appuyer la formation des Collèges. Il ne s’agissait alors aucunement d’une récompense pour services rendus, mais d’une excellente occasion d’obliger les sorciers de l’Empire à respecter leurs vœux de loyauté envers une organisation qui devait son existence à la nation qui l’abritait et qui l’abrite encore.
Les Collèges de Magie préconisent la prudence, mais les plus circonspects des Magisters risquent tout de même la damnation chaque fois qu’ils emploient la magie. Un sort loupé peut facilement provoquer une défaillance magique qui peut être bénigne, comme des intestins récalcitrants, mais parfois bien plus sinistre, comme une possession démoniaque dont le Magister n’a même pas conscience. Pire encore, une magie mal maîtrisée peut entraîner une corruption de l’esprit et du corps. De nombreux Magisters ont sombré dans la folie pour avoir pratiqué leur art.
Bien que les Magisters et les apprentis soient sujets à l’influence corruptrice du Chaos, les Ordres ont fait en sorte de s’assurer que les risques soient minimisés, en encourageant notamment un recours conservateur de la magie, sans faire trop souvent appel aux Vents. Mais le véritable risque réside chez les renégats, c’est-à-dire les Sorciers de Village, les Envoûteurs et les malfaisants Thaumaturges. Ces sorciers vont de nuisibles à rebelles, voire diaboliques, certains se réjouissant de pouvoir convoquer des Démons et de mettre leurs pouvoirs au service du mal. Et le taux de mortalité de ceux qui touchent à la Magie Noire est particulièrement élevé. Tous ceux qui pratiquent la magie sans la bénédiction des Collèges de Magie sont condamnés à mourir sur le bûcher ou à être consumés par les pouvoirs qu’ils cherchent à maîtriser.
Les Mutations au Sein des Collèges[modifier]
Les Ordres de Magie font de leur mieux pour éviter que leurs problèmes internes ne s’ébruitent. Néanmoins, des rumeurs transpirent, évoquant des mutants, des Démons et des Magisters Noirs, ne faisant que participer à la crainte qu’inspirent déjà les Magisters et leurs desseins obscurs. Beaucoup pensent que les Magisters ont eux aussi leurs mutants et qu’ils seraient même plus nombreux que ce que l’on pourrait croire.
Les parents d’enfants acceptés dans un Collège de Magie perdent parfois le contact avec leur progéniture. Quand ils se renseignent auprès de l’Ordre, la version officielle leur apprend que les apprentis sont censés laisser leur ancienne vie derrière eux et se couper de ce qui les y liait. En vérité, certains apprentis disparaissent purement et simplement, soustraits à la tutelle de leur mentor dès qu’ils montrent le moindre signe d’instabilité ou de corruption.
Les Épidémies[modifier]
- « Au cours de l’un de mes nombreux voyages, j’ai eu le malheur de passer par un village en proie à un accès de pourriture de Neiglish. Bien que formé aux arts de la médecine, je n’étais pas préparé à affronter ce que j’ai trouvé là-bas. Toute la population semblait sous l’emprise de l’inactivité. Le ciel paraissait plus sombre. Toute couleur avait quitté les feuilles automnales des arbres et les robes autrefois gaies des femmes. La tristesse, le désespoir et la détresse étaient aussi envahissants que les maladies qui s’insinuaient dans la chair en décomposition des victimes. »
- - Machad, philosophe Arabien, chirurgien et explorateur
Chez les habitants du Vieux Monde, le sentiment le plus courant est probablement le désespoir, ce parfait mariage entre la tristesse, le doute et la mélancolie. Cette résignation de chacun devant son destin, cette incapacité à se défaire des contraintes imposées par la naissance ou la chance. Et si l’injustice de la vie fertilise les germes du doute, ce sont les prémices de la maladie qui incarnent l’aspect fortuit et inexorable de la souffrance humaine.
La maladie ne connaît nul obstacle. Elle transperce les défenses les plus robustes et frappe le corrompu comme l’innocent. Il n’est contre elle aucune protection et quelles que soient les prières et les implorations du pénitent, elle terrasse les puissants comme les misérables. Il n’est donc pas étonnant que devant une puissance aussi souveraine et capricieuse, l’humain succombe aux sombres susurrations qui assaillent son esprit et cherche quelque salut pour soulager les affres de son corps qui se rebelle. C’est ainsi que les plus désespérés se tournent vers le sinistre confort de l’étreinte du Grand-père Nurgle.
La maladie suffit elle-même souvent à endiguer cette étrange et abominable éruption de mutants, car elle ne tarde pas à dissoudre leur enveloppe corporelle dans une agonie de lésions, de toux et de vomissements. Mais Nurgle se nourrit du désespoir et bien qu’il puisse d’une certaine manière apaiser la douleur, il ne fait que prolonger la capacité du corps à supporter plus longtemps l’épidémie. Plus l’influence de Nurgle est forte, plus les risques visibles de corruption sont grands, se traduisant par l’apparition d’une nouvelle calamité de la chair et le tourment du sujet jusqu’à ce qu’un Répurgateur compatissant brûle ce corps pour libérer l’esprit de l’emprise du Chaos.
Un Monde Hostile[modifier]
Ceux qui sont victimes d’une maladie trouvent rarement le soutien de leurs congénères du Vieux Monde. Les épidémies sont suffisamment dangereuses et présentes, alors inutile d’aller en plus s’y exposer. Pour combattre le développement de la contagion, certains villages n’hésitent pas à chasser les malades de la communauté à la pointe de l’épée, les obligeant à partir avant que la situation ne se détériore, sous peine d’accélérer leur funeste destin. Les malades d’une même épidémie se réunissent alors entre eux, en groupes de nomades qui errent de bourg en bourg, pour ne trouver que des portes closes et des mines peu accueillantes. Pire, les lois de l’Empire stipulent que ceux qui souffrent d’une épidémie doivent porter de lourdes cloches autour de leur cou ou sur le dos, qu’ils doivent faire tinter tout en scandant « Contagieux ! » pour avertir les individus sains de leur approche.
Quand l’épidémie est déjà trop répandue, ces mises en garde ne servent plus à rien et la tactique la plus courante consiste à contenir la communauté à l’aide d’une quarantaine. Quand se déclarent de telles contagions, le temple de Shallya prend en charge les malades et les mourants, œuvrant pour insuffler de l’espoir et apaiser la souffrance. Mais malgré leurs efforts, la plupart des prêtresses tombent à leur tour malade. Conscients de l’inefficacité des mesures pour combattre les épidémies, les dirigeants et les Répurgateurs établissent un cordon sanitaire, du même type que ceux des Bretonniens pour endiguer la peste rouge. Toute victime qui transgresse cette limite est simplement abattue. Le cordon reste en place pendant un certain nombre de mois, jusqu’à ce que l’on ait plus à déplorer le moindre cas d’infection. Bien souvent, les observateurs n’ont aucun moyen de deviner l’état de la communauté et les villageois sont obligés de forcer le passage pour ne pas mourir de faim, connaissant alors une mort rapide au fil de la hallebarde d’un soldat.
Servir les Sombres Puissances[modifier]
- « Mes amis, la fin est proche ! Une sombre époque nous attend, car nous autres pécheurs avons tourné le dos à la vérité de Sigmar le Divin. Mes amis, deux voies s’offrent à nous. La première semble accueillante. Elle est illuminée, respire le confort et l’aisance. La seconde est sombre, sinistre et pleine d’embûches. Face à ce choix, il est naturel de se tourner vers la première. Pourtant, ce n’est pas le voyage qui compte, mes amis... mais la destination. Notre très saint père récompense-t-il ceux qui prennent la voie toute pavée? Est-il l’apôtre de la tentation ? Bien sûr que non ! Sigmar récompense le dur labeur, la ténacité face aux viles séductions et surtout, le courage face au danger. Mes amis, la voie qui nous sourit mène à la corruption... à la damnation... à la perdition. Ce n’est que par la souffrance que vous pouvez espérer admirer la gloire de la vérité, je veux parler au fondateur de notre illustre Empire, je veux parler de notre père divin : Sigmar! »
- - Rolf von Steulden, flagellant -
Pour acquérir des mutations, le moyen le plus rapide consiste de loin à servir un Dieu Sombre. Pour ces êtres damnés, la corruption de la chair et de l’esprit n’est pas un mal, mais une récompense, un présent de leur sinistre maître. Les adorateurs du Chaos, les Sorciers et les Champions du Chaos se livrent à de terribles exactions pour obtenir ces faveurs et plus ils se montrent obscènes, plus leur Dieu est généreux.
Les serviteurs du Chaos pensent que chaque mutation n’est qu’un pas de plus sur la voie de la gloire. Ce qui commence par une corruption discrète de la chair est perçu comme le début d’une prodigieuse transformation, qui s’achèvera par l’acquisition d’une forme totalement nouvelle et surtout, meilleure. Avec le temps, des altérations de plus en plus marquées s’établissent, jusqu’au jour où le serviteur acquiert la Marque du Chaos qui caractérise les élus, ceux qui sont promis à la grandeur.
En général, les mutants ne débutent pas comme des serviteurs des Puissances de la Déchéance, mais la plupart finissent par embrasser ce destin, cherchant leur salut dans l’abîme béant que sont les Royaumes du Chaos. Ces créatures, que l’on doit bien appeler ainsi puisqu’elles n’ont plus grand-chose d’humain, suivent leurs instincts abjects, qu’elles interprètent comme un ordre supérieur. Ceux qui sont autorisés à vivre deviennent des mutants encore plus marqués, abandonnant toute trace de leur humanité jusqu’au jour où les Dieux Sombres leur font la faveur suprême : les transformer en Princes Démons, ou, au contraire, les dégrader au rang d’enfants du Chaos.
Vivre avec les Mutations[modifier]
Les mutations ressemblent à bien des maladies du Vieux Monde. Elles sont infectieuses, ravagent le corps et menacent chacun. Malgré les efforts des Répurgateurs, il semblerait que des mutants naissent chaque jour. Ainsi, pour chaque monstre tué, il en apparaît deux ailleurs.
Le principal problème pour combattre cette menace se trouve peut-être dans les citoyens sains du Vieux Monde. Les gens sont prompts à condamner un mutant au bûcher, tant qu’il s’agit d’une personne qui leur est inconnue (ou antipathique), mais dès que ce désastre les touche plus directement, ou affecte quelqu’un qu’ils aiment, ils en oublient leur devoir civique et commettent le pire : ils le cachent.
Les mutations se manifestent rarement à la vue de tous sans signe avant-coureur pour la victime. Dans la plupart des cas, le sujet tombe d’abord malade, son corps luttant contre les énergies qui harcèlent sa chair. Parfois, il ressent comme des élancements, une douleur aiguë dans une partie du corps, ou connaît des périodes de vertige. Mais en quelques jours, voire quelques semaines, la victime finit par décliner, son corps ne pouvant plus lutter contre le Chaos. Quand la mutation se présente, le subconscient s’y attend déjà. D’une certaine manière, le sujet comprend ce qui lui arrive.
Quand la mutation se déclare, l’individu ne perd pas aussitôt la raison, pas plus qu’il n’éprouve un désir irrépressible de boire le sang des enfants. Non, la voie de la démence est longue. En général, la santé mentale du mutant ne se détériore pas à cause de la corruption de ses chairs, mais en raison des changements qui interviennent nécessairement dans sa vie pour faire face à son horrible transformation. L’isolement prolongé, le désespoir, la paranoïa et la haine de soi mettent la vigueur mentale à rude épreuve. Avec le temps, le mutant devient la bête que tout le monde attend. Le fait de savoir, pour la victime, que la perversion du corps contaminera inexorablement sa personnalité et dévorera sa détermination, finit généralement par précipiter les choses.
Offrande Sauvage[modifier]
Quand un mutant naît dans une famille saine, les parents sont tenus par la loi de livrer l’enfant au culte de Sigmar ou à une autorité similaire, comme les Répurgateurs ou les dirigeants locaux. Tout le monde sait que l’enfant est noyé et son corps détruit. C’est pourquoi peu de parents se résolvent à condamner ainsi leur progéniture, aussi abjecte soit-elle. Il arrive donc que des parents au cœur tendre (ou des sages-femmes miséricordieuses) portent l’enfant jusqu’à la lisière d’une forêt pour y abandonner le nouveau-né. Cette pratique, que l’on appelle l’offrande sauvage, remonte à l’époque de l’Ancienne Foi, avant l’avènement de Sigmar. Quand un mutant naissait, les parents rendaient l’enfant aux dieux en le confiant à la garde de la nature sauvage. Ils ne se salissaient ainsi pas les mains en tuant leur propre rejeton et pouvaient dormir en paix avec la conviction que leur enfant accompagnait les dieux.
Mais la vérité est tout autre : l’enfant est dévoré par un prédateur ou récupéré par les hommes-bêtes. Près de la moitié de ces jeunes mutants deviennent des Gaves et les hardes sillonnent la nature, en quête de ces précieux alliés, pour compenser leurs pertes à la guerre. L’Empire voit d’un très mauvais œil l’offrande sauvage, car elle ne fait que servir l’ennemi. Les contrevenants peuvent s’attendre au même sort que l’enfant s’ils sont pris sur le fait.
Éducation Clandestine[modifier]
Les gens qui se retrouvent avec un mutant dans leur famille, soit de naissance soit à la suite d’une transformation aussi soudaine qu’inattendue, sont tiraillés entre leur loyauté envers l’Empire et l’affection qui les lie à l’individu affecté. Les familles qui livrent directement leurs parents mutants aux Répurgateurs sont très peu nombreuses, même si elles savent qu’elles doivent s’attendre au même châtiment si elles sont découvertes. Au lieu de cela, elles cachent l’abomination au sein du foyer. Soit elles le dissimulent dans la cave ou le grenier, soit elles condamnent une chambre, soit elles le gardent dans une cabane excentrée. Au début, cela peut fonctionner. La famille peut fournir eau, nourriture et affection à l’enfant, le frère, la sœur, l’époux ou le parent affecté, mais chaque jour, la condition de ce dernier empire et il devient de plus en plus difficile de le cacher. Et puis, la nature bestiale du mutant finit par prendre le dessus et il tente de s’échapper. Il arrive en effet un moment où la corruption ne laisse qu’une place minime à la nature originelle de la personne. Cela se termine toujours tragiquement. Le mutant s’évade et tue quelqu’un. Ou bien le mutant tue sa famille et prend la fuite. Ou la famille est découverte et condamnée au bûcher par les Répurgateurs.
Traitement[modifier]
Les individus en proie à la mutation n’ont pas grand-chose à espérer, surtout si l’on considère que faire connaitre sa maladie est le meilleur moyen de finir dans les flammes. Mais il existe quelques chirurgiens capables de traiter les mutants. Ils travaillent en secret dans des officines, spécifiquement conçues pour amputer les excroissances incriminées (on peut citer la discrète Marie la Sanguinaire de Nuln). On peut soupçonner la présence de l’un de ces médecins dans un quartier quand on y remarque une concentration élevée de mendiants horriblement défigurés. Il y a beaucoup d’argent à faire pour celui qui débarrasse les mutants de leurs aberrations anatomiques ; les gens feront des pieds et des mains pour éviter la mort et accepteront tous les prix, que ce soit en or ou en chair, s’il y a le moindre espoir qu’ils reprennent une vie normale. Et quand un individu est trop corrompu, le bon docteur peut toujours livrer le mutant aux Répurgateurs et recevoir une récompense.
Il n’y a bien entendu aucune garantie de succès. L’opération est douloureuse, mais aussi dangereuse, car les locaux sont rarement propres. Il y a également de bonnes chances qu’une infection ou l’hémorragie aient raison du patient, alors que la mutation n’était pas encore mortelle. Puis, il y a le rétablissement. De nombreux sujets tombent dans le coma pour ne jamais se réveiller. D’autres sont assaillis de cauchemars et de visions dérangeantes qui les condamnent à passer le reste de leur existence dans un asile. Et enfin, il arrive que la mutation refasse surface.
Source[modifier]
- Warhammer JdR - Le Tome de la Corruption