Karond Kar
Karond Kar a aussi pour nom la Porte des Esclavagistes, car c’est à cet endroit terrible que les flottes ravisseuses livrent leur cargaison vivante, des milliers d’esclaves capturés dans le Vieux Monde ou à Ulthuan (ceux capturés à Nippon ou Cathay arrivent à Hag Graef), tous destinés à servir le Roi Sorcier. Une grande partie des esclaves meurent pendant la traversée des mers vers Karond Kar, asphyxiés à fond de cale ou torturés à mort pour distraire l’équipage. Ceux-là ont de la chance. Quand les survivants sont déchargés, nus, sur les quais couverts de givre, ils se rendent compte que leur supplice ne fait que commencer. Davantage que leurs chaînes, le lieu empêche toute évasion, car la ville est bâtie sur une mince langue de terre entourée d’eaux glaciales. Nul ne s’échappe de Karond Kar, encore que des milliers aient péri en essayant de le faire, plutôt que de servir leurs nouveaux maîtres.
Depuis les quais, ils sont ensuite conduits enchaînés au milieu d’une foule vociférante. Alors que les coups de trique et de fouet des gardiens les poussent en avant, beaucoup trébuchent sur le sol pierreux et sont piétinés à mort par les pieds enchaînés des suivants. À ce moment, la foule - qui jette des pierres sur les esclaves pour les faire paniquer - explose de joie et hurle son plaisir : son amour pour la cruauté est si grand que ce spectacle sordide est l’une de ses distractions préférées. Les capitaines des navires prennent toujours soin de laisser un esclave en sacrifice aux Harpies qui hantent le ciel de la cité en offrande contre le mauvais sort. De plus, un esclave sur dix doit être remis aux Temples pour avoir le cœur arraché et accomplir son destin en étant sacrifié sur les autels de Khaine.
Les marchés aux esclaves sont vastes, et les captifs qui parviennent aux esplanades où ils se tiennent sont brutalement examinés, rassemblés par âge et par sexe, puis envoyé dans les autres villes, travailler dans les mines et les carrières de pierre, ou servir dans les cuisines et les donjons des Elfes Noirs. Les palais des marchands d’esclaves surplombent le port, de sorte qu’ils peuvent voir quand un navire revient avec sa cargaison. La légende dit que les esprits gémissants des esclaves morts hantent cette cité, et que les Elfes Noirs aimeraient entendre ces plaintes d’effroi et de désespoir qui rempliraient leurs rêves d’images délicieuses de tortures et de douleur.
Les négociants eux-mêmes quittent rarement le confort de leurs opulentes demeures, mais il arrive qu’ils bravent la pluie quand ils ont vent d’un arrivage de grande valeur. Un Haut Elfe capturé est une marchandise de choix, et un esclavagiste fortuné échangera bien volontiers le reste de son cheptel - ou même des membres de sa propre famille - pour avoir l’occasion de soumettre une telle friandise aux bons soins de son seigneur. Dans le cas des livraisons plus banales, les négociants organisent des enchères dans leurs propres locaux, en jouant sur la cupidité des Capitaines Corsaires pour maximiser leur profit. Les maîtres esclavagistes sont durs en affaires, et aucune flotte ne quitte Karond Kar avec des gains à la hauteur de ses attentes. Toutefois, aucun capitaine ne conteste les termes d’une transaction conclue, car ils savent que la foule recèle de nombreux assassins, attendent silencieusement l’ordre d’un esclavagiste. Mieux vaut repartir de Karond Kar avec une bourse légère que de ne pas en repartir du tout.
Sources[modifier]
- Livre d’Armée des Elfes Noirs, V6
- Livre d’Armée des Elfes Noirs, V7
- Livre d’Armée des Elfes Noirs, V8