Histoire des Elfes Noirs

De La Bibliothèque Impériale
L’histoire des Elfes Noirs se confond avec celle du Roi Sorcier lui-même. Si les Princes envieux d’Ulthuan n’avaient pas mené cette insurrection contre lui, il n’y aurait eu ni Naggaroth, ni Elfes Noirs.
Contée par Furion, de Clar Karond


J’étais déjà vieux quand le monde était encore jeune, et il m’appartient donc de narrer les jours anciens, des millénaires de haine, de trahison et de déloyauté. Si j’écris, jeune Druchii, c’est parce que je connais la vérité, je me suis tenu dans les ruines d’Anlec et j’ai étendu mon Sombre Art sur le monde. Je vous décrirai le monde tel qu’il était, car j’ai goûté aux fruits de l’Arbre Noir et par la volonté du Roi Sorcier, mes compagnons sont morts et j’ai traversé les âges. Ainsi, Elfe de haute lignée, je puis vous instruire de votre passé.

Même si nous avons fui jusqu’à cette terre, appelée le Nouveau Monde par les usurpateurs humains, ces barbares hirsutes, nous n’avons pas oublié les flèches des tours d’Anlec et les forêts d’arbres gris pâle, car cet endroit n’a pas toujours été notre foyer.

Nos véritables terres d’origine s’étendent loin d’ici, au-delà de la Mer du Chaos. Nagarythe fut autrefois le plus grand des royaumes Elfiques. La beauté de ses rivages était célèbre de par le monde et ses habitants étaient les meilleurs guerriers de notre race. Les autres contrées n’étaient que des pâles copies de Nagarythe, insignifiantes en comparaison de la gloire qui était la nôtre.


L’Âge de la Gloire Éternelle : Ænarion et la Première Guerre Contre le Chaos[modifier]

  • (env. -4500 à -4419)
L’invasion d’Ulthuan par les Démons, combattue par les armées d’Ænarion
Ce fut Ænarion le Défenseur, premier Roi Phénix, Seigneur de Nagarythe, qui mena dans un très lointain passé la grande guerre contre les adorateurs des Quatre Puissances. Il convola avec Dame Morathi et ils enfantèrent Malékith, le plus grand de tous les Elfes qui aient jamais vécu.

Ænarion combattit et nous, gens de Nagarythe, étions à ses côtés. Nous sortîmes victorieux de la Première Guerre Contre le Chaos, et tout Ulthuan était notre débiteur.

Ænarion tomba à la bataille et son fils Malékith voulut reprendre le sceptre d’Ulthuan, car tel était son bon droit de fils de Roi, né pour régner, et seul Elfe pouvant légitimement prétendre au trône. Mais des seigneurs jaloux, Princes de royaumes inférieurs, firent tout leur possible pour s’opposer au noble Malékith. Plutôt que d’engager une guerre civile, celui-ci, dans son infinie sagesse, leur proposa un vote. Ces chiens ingrats lui refusèrent leurs voix et choisirent l’un des leurs pour une tâche qui excédait ses capacités. Malgré cet outrage insultant au peuple de Nagatythe, Malékith fut le premier à reconnaître l’autorité de cet Elfe inférieur, Bel-Shanaar l’Explorateur, plus connu dans nos légendes sous le sobriquet de "Roi-Camelot".


L’Âge de la Trahison[modifier]

  • (-4419 à -2723)

Au fil du temps, le Seigneur Malékith se fît de plus en plus soucieux. Les ennemis des Elfes, comme les hordes de Peaux-Vertes et les bêtes du Chaos tapies dans les bois, n’avaient en effet pas disparu, mais Bel-Shanaar ne faisait rien pour contrer ces menaces. Malékith se rendit dans des royaumes désormais oubliés et guerroya contre les tyrans du lointain orient, et chercha longtemps à renforcer le royaume, en vain. Au lieu de se préoccuper de l’essor du peuple Nain, qui semblait prêt à devenir notre futur ennemi, Bel-Shanaar préféra signer des accords de paix avec ce peuple borné et força Malékith à tenir le rôle d’ambassadeur auprès du Haut Roi des Nains. L’appât du gain incita le Roi Phénix à encourager les échanges avec les barbus au lieu de se préparer pour une guerre. La suite montrerait bientôt à quel point Malékith avait raison.

Toute menace de guerre leur semblant écartée, de nombreux Elfes devinrent hédonistes, et tandis qu’Ulthuan tombait dans l’oisiveté, le peuple de Nagarythe préserva son héritage : mené par ses seigneurs, nous nous entrainions au métier de la guerre, élevant cet art à un degré jamais atteint. Le Culte du Plaisir produisit les plus belles odes de l’époque et des Elfes tels qu’Oeric et Æsabaï sculptèrent les plus délicates statues pour les Jardins de Délectation de Dame Morathi. Nulle chose plus belle n’a jamais orné le monde et il en sera ainsi tant que nous n’aurons pas récupéré nos terres.

Mais les Princes des autres royaumes devinrent envieux et se mirent à convoiter les richesses de Nagarythe. Ils accusèrent à tort Dame Morathi de trahison et prétendirent que son Culte du Plaisir vénérerait des Dieux Interdits dans une quête de plaisirs sans fin et cherchait à renverser le Roi. Apprenant ce qui se passait, Malékith s’embarqua pour l’ouest, vers Ulthuan et son héritage usurpé. Le royaume était dans la tourmente, et de nombreux Princes l’accueillirent tel le sauveur qu’il était. Malékith accepta ce rôle avec enthousiasme, jurant de traquer les traîtres sans relâche. Les mois se succédèrent, Malékith engrangeant toujours plus de victoires, sans toutefois que son triomphe fût total. Ne voyant d’autre issue pour sauver son peuple et sa maisonnée de la guerre, le Seigneur Malékith conçut un plan qui devait sauver le royaume. Il prit le contrôle des agents du Roi Phénix pour détourner leurs investigations du Culte et les tourner contre les Princes mesquins qui ourdissaient la déchéance de Nagarythe.

Allisara, le femme de Malékith

À cette époque, Malékith voyageait dans le monde entier. Dans la cité récemment fondée de Tor Alessi, Malékith rencontra et épousa Allisara, une prêtresse de Lileath. Au cours de ses voyages, il découvrit une cité fantôme d’un âge impossible, et dans ses cryptes antiques, il mit la main sur une couronne imbue de la sorcellerie la plus noire. Cette Couronne de Fer éveilla une curiosité malsaine chez Malékith, et à compter de ce jour, le Prince consacra toute sa volonté à l’étude des pans interdits de la Magie.

Absorbé par ses recherches, Malékith revint à Tor Alessi. Allisara était enchantée de son retour, mais s’inquiéta bientôt de l’obsession du Prince. Pire, alors que la destinée de Malékith lui était apparue telle une fine ligne d’argent scintillant, elle ne parvenait plus à la distinguer. Une nuit, un mois après le retour de Malékith, Lileath adressa une vision à Allisara. Au matin, Malékith s’éveilla pour constater que son épouse l’avait quitté. Il la chercha éperdument, mais son obsession reprit bientôt le dessus et dissipa le souvenir d’Allisara.

Malékith n’eut finalement pas d’autre choix que de convoquer les seigneurs d’Ulthuan au Temple d’Asuryan pour confondre le pire de tous les traîtres à la cause du royaume. Il pria Bel-Shanaar de le suivre dans la Chambre des Jours du Temple, là où repose la Pierre de Destinée qui révèle en lettres de feu les événements à venir. La Pierre annonça alors la chute finale des Elfes, provoquée par l’incompétence d’un Roi.

Bel-Shanaar, confronté à l’ampleur de son échec, préféra s’éclipser lâchement et mit fin à sa misérable vie. Malékith pouvait maintenant sauver le genre Elfique, mais lorsqu’ils apprirent la mort de Bel-Shanaar, les Princes tirèrent leurs épées contre notre seigneur. Les fous ! Ils ne pouvaient rien contre lui, il tenta d’abord de leur faire entendre raison mais fut finalement forcé de les occire pour défendre sa propre vie.

Pour faire valoir son droit au trône, Malékith revêtit la Cape de Plumes et s’avança dans les Flammes d’Asuryan, car telle était l’épreuve que devait passer le souverain de tous les Elfes, mais les Princes envieux avaient tout fait pour empêcher sa juste accession au trône et avaient ensorcelé le bûcher magique. Survint alors le plus tragique événement de notre histoire. Malékith fut horriblement défiguré par les flammes. Il hurla comme les flammes dévoraient ses cheveux, sa peau et sa chair. Poussant un ultime cri d’agonie, Malékith se jeta hors du brasier et ses serviteurs le ramenèrent dans le nord afin qu’il y soit soigné par Dame Morathi et ses prêtresses.’'

Tandis que les serviteurs de Malékith fuyaient vers le nord en emportant son corps ruiné, Morathi prit le commandement. Bien que Malékith survécût, son enveloppe était déchirée et se consumait encore sous l’effet de la flamme d’Asuryan : il en était réduit à observer l’éruption de la guerre en Ulthuan. Les agents de Morathi avaient infiltré les familles dirigeantes de Tiranoc et d’Ellyrion, et par le sabotage, le rapt et le chantage, ils s’assurèrent la soumission des princes de ces terres.

L’heure de la victoire de Morathi approchait, mais nos ennemis n’avaient pas renoncé et ils fomentèrent un complot contre notre souverain. L’accusant de trahison, ils firent promptement monter sur le trône une brute Caledorienne du nom d’Imrik, et ce tyran impitoyable, qui se fit appeler Caledor, se mit à rassembler une armée pour défaire Malékith qu’il craignait grandement, à juste titre.

Les forces de Nagarythe se déchaînent !
Les armées de l’usurpateur menacèrent bientôt nos frontières et nous fûmes forcés de tirer les armes contre nos frères égarés et jaloux. Les lanciers et les archers de Cothique, les Auriges de Tiranoc et les cavaliers d’Ellyrion voulurent tous piétiner les nobles terres de Nagarythe. Le conflit penchait naturellement en notre faveur, car nos légions avaient beaucoup appris du credo guerrier d’Ænarion : une discipline de fer et la crainte de leurs chefs consolidaient leur détermination.

Notre Magie était cependant grande et aucun royaume décadent ne pouvait égaler notre glorieuse puissance. Les seigneurs de Chrace, Cothique, Ellyrion et Tiranoc ne purent contenir notre courroux et fuirent vers leurs demeures pour y panser leurs blessures et ourdir leur revanche. Dans le but de mettre une fois pour toutes un terme à ce conflit, nous les poursuivîmes et déchaînâmes notre fureur sur les perfides royaumes de Tiranoc et d’Ellyrion. Nos armées progressaient rapidement, prenant le contrôle des principaux cols de la chaîne des Annulii, séparant ainsi les royaumes intérieurs et extérieurs d’Ulthuan. Nos Maîtres des Bêtes exercèrent leur domination sur les ignobles monstres des montagnes baignées de Magie qui se joignirent aux osts de Nagarythe. Des quatre coins des terres Elfiques, des sujets loyaux au Roi Malékith se rassemblèrent. De Saphery vinrent les Mages dont les augures avaient révélé la justesse de la cause du seigneur Malékith, et des prêtres venus de Caledor, déçus par le Dieu Vaul, mirent à son service leurs talents de maîtres artisans.

Tandis que la guerre faisait rage, le Roi Malékith appela à lui ses armuriers qui, aidés par Hotek, un sage et juste noble autrefois serviteur de Vaul, conçurent une armure sans précédente. Incapable d’éteindre l’embrasement du corps du prince, Hotek fit fusionner la cuirasse nouvellement modelée directement avec la chair de Malékith. Engoncé dans une peau de métal runique noir, il pouvait de nouveau marcher à la tête de ses armées. Le Roi monta alors sur le dos du Dragon Sulekh et fut prêt à partir au combat. Les loyales armées de Nagarythe étaient derrière lui. Ainsi commença La Plus Longue des Guerres, et seule la mort du dernier de nos répugnants cousins sur l’autel de Khaine pourra y mettre un terme.

Malékith mena sept grandes batailles et les gagna toutes, mais Caledor le Traître avait rallié des hordes innombrables de sa gent par des mensonges et des promesses vides de sens. Seule la chance permit à Caledor de vaincre le Roi Malékith aux Champs de Maledor et le grand Sulekh mourut sous sa lame, envoyant Malékith au beau milieu d’un régiment de Gardes Phénix. Bien que le Roi Sorcier parvînt à s’extirper de la nasse des guerriers silencieux, la bataille était perdue et les armées de Nagarythe durent se retirer.

Malékith, désormais déterminé à défendre son royaume, fit venir les plus sages de ses suivants et prépara un long rituel qui devait dissiper le Grand Vortex pour faire venir à lui les légions du Chaos et les lier à sa volonté, Les prêtresses de Dame Morathi, les plus puissantes sorcières, acceptèrent d’emblée et elles auraient réussi si un traître, le fourbe Urathion d’Ullar, n’était allé prévenir les troupes de Hœth dans l’unique but de toucher une récompense. Il en fut puni par Kithan, le Maître Assassin, et son âme est aujourd’hui le jouet des Démons.

Il fut clamé que le pouvoir du Chaos aurait pu échapper à notre contrôle, mais j’étais présent et je puis affirmer que nous étions bien assez forts pour le maîtriser. Nous sommes encore aujourd’hui les maîtres du Chaos et les puissances du Vide nous sont soumises. Les prétendus érudits de Hœth, alarmés par Urathion, réveillèrent les ombres de défunts qui reposaient dans l’Île des Morts et la terrible puissance des sorts libérés dévasta le domaine de Nagarythe. Une lame de fond de trente mètres de haut s’abattit sur nos terres.

Pour sauver notre peuple du cataclysme, les sorciers du Roi Malékith lancèrent leurs sorts sur les palais et les forteresses de Nagarythe qui se mirent à flotter dans les cieux et à la surface des eaux. Ainsi furent créées les Arches Noires, et nos gens survécurent pour préserver notre héritage. Notre immense et magnifique royaume avait cependant été englouti par les vagues et nous jurâmes de nous venger pour les torts qui nous avaient été causés.


L’Âge du Chagrin Fébrile : la Construction des Sept Cités et les Guerres Naines[modifier]

(-2723 à -692)
Nous n’eûmes pas à attendre longtemps une chance d’exercer notre vindicte. Pendant des années, Caledor envoya sa flotte contre nos puissantes Arches Noires et nos rapides vaisseaux, jusqu’à ce que nos sorcières déchaînent un orage qui dispersa ses embarcations. Nos glorieuses nefs, qui avaient la même maîtrise totale des mers qu’à l’heure présente, fondirent sur lui. Plutôt que d’affronter la justice de notre souverain, Caledor finit sa vie en couard et se suicida en se jetant à la mer avec son armure. Tel fut le trépas de Caledor le Traître, une fin digne d’un Elfe qui avait osé tenir tête à son suzerain légitime.

L’élévation des grandes cités de Naggaroth
Sans Caledor pour les mener, les pleutres d’Ulthuan n’eurent plus le courage de nous harceler. La guerre prit fin et notre flotte fit voile vers l’ouest pendant des semaines, bravant les tempêtes et les vagues hautes comme des montagnes. Les navires continuaient néanmoins de voguer vers le couchant, vers l’étreinte calme et réconfortante de la nuit. À l’ouest de la Mer Traîtresse, dans les ombres glaciales des Montagnes de Fer, les Arches Noires de Nagaryrthe accostèrent. Là, dans ce pays désolé, nommé Naggaroth en souvenir de notre sublime contrée, Malékith déclara qu’il restaurerait les splendeurs du règne d’Ænarion et construirait une grande capitale qui ferait de l’ombre aux cités d’Ulthuan. Il nous fallut nettoyer ces terres, exterminer et réduire en esclavage les barbares humains qui vivaient là et nous préparer pour les guerres à venir.

Nos artisans élevèrent sept grandes cités qui furent confiées aux chefs de notre race. Naggarond, la Tour Froide, fut réservée au Roi Malékith. Har Ganeth devint la demeure de la Reine Matriarche, Hellebron l'Ancienne, et le bastion du Culte de Khaela Mensha Khaine, le Dieu à la Main Sanglante. Hag Graef, Karond Kar, Ghrond, Har Kaldra et Clar Karond, port d’attache de notre flotte, furent partagés entre les plus fidèles serviteurs du Roi. Il nous fallut de longues années pour ériger nos tours et renforcer nos défenses, et pendant ce temps, les Cultes du Plaisir devinrent de plus en plus populaires, notamment celui du grand Khaine, Seigneur du Meurtre. La fumée des bûchers envahissait les cités et des foules sanguinaires se déversèrent dans les rues, mutilant et tuant avec un abandon sauvage. Au lieu de calmer ces excès, Malékith compris qu’il pouvait instrumentaliser cette dévotion pour accomplir ses propres desseins. Ainsi, il révéla être l’incarnation de Khaine sur terre, et se réjouit bientôt de voir les cultistes se rallier à sa bannière.

Durant ce temps, dans le nouveau monde par-delà les océans, nos cousins d’Ulthuan développaient eux aussi leur puissance, et se faisaient dans le même temps de nouveaux ennemis : le peuple des Nains des distantes contrées de l’est. Beaucoup ont prétendu que ce sont nous, les Druchii, qui avons monté ces êtres méprisables contre les Princes décadents d’Ulthuan, mais sachez que tout ceci n’est que mensonge. Les Nains n’attendaient qu’un prétexte pour partir en guerre et nos cousins furent prompts à répondre aux provocations. Les prédictions de Malékith se révélèrent exactes, et les Nains devinrent les ennemis des Elfes.

Pendant des siècles, les armées des usurpateurs d’Ulthuan et des Rois Nains se massacrèrent et nous nous délectâmes de leur folie ! Le fait de ne pouvoir écraser rapidement ces demi-portions témoigne bien de la faiblesse d’Ulthuan. Les deux parties ignorait l’hilarité que ce conflit déclenchait à Naggaroth, et alors que le désespoir et la mort rongeaient les domaines des Nains et des Hauts Elfes, le peuple du Roi Sorcier s’enrichissait et se réjouissait. Caledor le Second réussit finalement à faire honte à notre race entière en tombant sous la hache du Haut Roi Nain Gotrek Brise-Étoiles en combat singulier. Je crache sur son souvenir !

Nos augures choisirent cette époque pour lancer à nouveau nos armées contre Ulthuan. Jamais l’île n’avait semblé aussi vulnérable : ses garnisons étaient presque vides, et ses meilleurs généraux étaient soit morts, soit en disgrâce. Malékith missionna ses Cavaliers Noirs dans chaque cité de Naggaroth, et rappela à lui l’essentiel de ses flottes. Chaque Arche Noire revint dans le giron de la Mer Traîtresse, et une armée telle qu’on n’en avait pas vu depuis cinq siècles prit la route de l’invasion. La puissance irrésistible de notre attaque chassa les félons vers leurs terres méridionales. La cité de Tor Anlec se releva de ses cendres, tel un diamant éclatant sur la couronne ternie de Nagarythe. Nous étions de retour, nous, les véritables maîtres d’Ulthuan. La guerre ravagea l’île et nombre de nos légitimes possessions nous revinrent. Pendant des siècles, nos terres ancestrales furent à nouveau sous notre coupe et en dépit des contingences de la guerre, notre culture prospéra de plus belle.

C’est alors que Tethlis le Boucher, le fléau de toute vie, fut élu à la tête d’Ulthuan. C’était un ennemi implacable qui réussit à unifier les Elfes pitoyables en quelque chose qui ressemblait à une armée, avec laquelle il assiégea Anlec. Lorsque la cité tomba après une longue et âpre bataille, il ordonna que tous les Druchii survivants soient passés au fil de l’épée, y compris les familles qui étaient revenues vivre sur les terres de leurs ancêtres. Nous fîmes vœu en ce jour de ne jamais plus montrer aucune pitié pour nos cousins retors. Notre menace plane désormais au-dessus de chacune de leurs têtes.

Le combat final, dit la Bataille des Vagues, eut pour décor l’Île Blafarde, que nous gardions contre ceux qui voulaient souiller de leur présence la demeure sacrée de Khaine. Nos armées combattirent vaillamment, mais sans succès tant nous étions surpassés en nombre. L’autel de Khaine et le sceptre de notre Roi qui y reposait tombèrent aux mains de nos frères inférieurs. Un jour, ils seront à nouveau nôtres, et innombrables seront les âmes qui seront sacrifiées sur cette antique pierre imprégnée de sang. Gloire à toi, Khaine ! Tu connaîtras bientôt un festin ! En attendant, éclos dans le sang et la clameur de la guerre, s’ouvrit alors un âge de paix haineuse.


L’Âge de l’Odieuse Paix[modifier]

  • (-692 à 1123)

En Ulthuan, Bel-Korhadris succéda à Tethlis sur le trône, poursuivant ainsi une longue et inique mascarade. Il déploya de nouvelles richesses de corruption et ses sujets tombèrent bien bas. Tandis que nous développions notre flotte et nos armées pour renforcer notre emprise sur les terres du nord, il vidait les coffres d’Ulthuan pour construire une tour aux proportions aussi démesurées que son ego. Il y rassembla des ouvrages d’"art" décadents et ouvrit sa cour à des flagorneurs et des courtisans qui minèrent les derniers vestiges de l’esprit Elfique.

Une époque de triste paix. Juste quelques nordiques à affronter de temps en temps au nord de Naggaroth...
Malékith se languit

À l’insu du Roi Sorcier, l’ennui s’était frayé un chemin jusque dans son cœur noir. De son point de vue, il ne faisait jamais qu’attendre que ses plans mûrissent, patientant jusqu’à ce que le moment opportun se présentât. La vérité était que Malékith, le maître de la duperie, se trompait lui-même. Son corps était immortel, mais son âme était lasse. Sans le défi permanent que représentaient les armées d’Ulthuan et la provocation de ses dirigeants usurpateurs, son esprit s’était émoussé.

Comme toujours, ce qui n’apparaissait pas clairement à Malékith brillait d’une lueur sinistre dans les yeux de sa mère. Avec une amertume croissante, Morathi observait son fils se détacher du monde. Elle décida donc d’agir en coulisse… à Har Kaldra d’abord, puis à l’encontre d’Allisara.

Nos faibles cousins étudièrent donc la poésie, la danse, le jardinage ou autres futilités, et nous ricanions en les voyant démanteler leurs armées, oubliant les derniers préceptes de notre noble tradition militaire d’antan. Ils étaient devenus des moins-que-rien, à peine dignes de porter le nom d’Elfes : une défaillance que le Roi Sorcier comptait bien exploiter, mais l’état de nos forces armées nous interdisait de le faire par une guerre ouverte. Nous, dont les souvenirs avaient été forgés dans le feu des batailles, n’avions pourtant rien perdu de nos connaissances, et notre savoir grandit au cours de ces siècles que dura l’Odieuse Paix.

Durant ces années nous avons bâti et planifié. Malékith fit pleuvoir les richesses sur les adeptes des Dieux Elfiques ; une idée de sa mère, Dame Morathi. Les plus zélés de ces adorateurs furent envoyés chez les Assassins de Khaine pour y apprendre l’art du subterfuge, du sabotage et du meurtre. Une fois leur formation terminée, ces agents voyageaient, un par un et en empruntant des voies discrètes, jusqu’aux côtes d’Ulthuan. Puis ils se fondaient parmi les Hauts Elfes, menant des vies ordinaires de charpentier, d’orfèvre, de fermier ou de poète, tout en diffusant leurs croyances venimeuses, et les anciens Cultes du Plaisir refleurirent. Au nord, les bandes d’adorateurs du Chaos harcelaient depuis longtemps nos rivages et dans sa grande sagesse, le Roi Malékith ordonna la construction d’un réseau de forteresses pour garder nos domaines. À dater de ce jour, les hordes du Chaos en maraude furent surveillées de près. Nos Arches Noires pillèrent des colonies au sud du continent de Lustrie et dans la lointaine Cathay. Après de nombreuses guerres menées contre le Trône du Dragon de Cathay, nos armées victorieuses ramenèrent de l’orient maintes merveilles qui vinrent enrichir notre royaume et s’ajouter au trésor du Roi Sorcier.

À cette période, les traîtres Dynastes de la cité septentrionale de Har Kaldra fomentèrent une rébellion, dans le fol espoir de renverser Malékith. Les fous ! Lorsque la nouvelle de la révolte parvint à l’oreille du Roi Sorcier, il entra dans une formidable rage et effaça la citadelle rebelle de la surface du monde, ainsi que tout ce qu’il y avait entre ses murs. Tel est le sort qui attend ceux qui ont la prétention de se dresser contre la volonté de notre maître à tous !

Les années passèrent, puis les siècles. Un nouveau roi encore plus décadent que Bel-Korhandis fut couronné en Ulthuan, et nous saisîmes notre chance. Même si nous avions pu choisir nous-mêmes le Roi Phénix, nous aurions eu du mal à trouver quelqu’un de plus inapte à gouverner qu’Æthis le Faible, le pathétique Roi-Poète de Saphery.

La Mort d’Allisara

La nouvelle de la mort d’Allisara mit des semaines à atteindre Naggarond, et encore plus longtemps pour parvenir à Malékith, car personne n’avait le courage de la lui annoncer. Ce fut finalement Morathi qui s’en chargea, cachant sa jubilation sous un masque d’inexpression. La Sorcière Matriarche se délecta de voir la dernière étincelle de tendresse s’éteindre dans le cœur de son fils, et sa rage déchirer le voile d’apathie qui occultait le monde à son regard. Le soir même, Malékith convoquait un conseil de guerre. À minuit, huit de ses membres étaient morts, et les autres craignaient pour leur vie. Nombre de Dynastes avaient vu une opportunité de changement de souverain dans la léthargie de Malékith : ils avaient gaspillé leur énergie, et celle de leurs armées, en conflits internes stériles. Le châtiment du Roi Sorcier fut prompt et sans appel. Des maisons nobles furent anéanties en une nuit par des Assassins. Les autres savaient pertinemment qu’ils ne devaient leur survie qu’au bon vouloir de Malékith.

Ce fou était un esthète velléitaire qui négligea totalement d’entretenir ses forces armées et sa flotte. Son règne vit les arts se développer jusqu’à occuper une place prééminente, et sous le couvert de ce changement culturel, les cultes de Malékith gagnèrent rapidement de nouveaux adeptes. La garde d’Ulthuan était baissée et nous attaquâmes furtivement, sans bruit, mais avec tout le savoir-faire des Druchii. Nos frères les plus braves et les plus doués pour les intrigues politiques se rendirent secrètement en Ulthuan et leur influence ne fit que s’étendre au fil du temps. C’est alors qu’ils attaquèrent par surprise : des Nobles furent retrouvés assassinés dans leur lit, des Mages disparurent de leur tour et des enfants se volatilisèrent par dizaines. La panique s’empara d’Ulthuan à mesure que les crimes devenaient plus audacieux et plus effroyables. Nous eûmes finalement des agents au cœur même de la cour du Roi Phénix, qui répandirent la rumeur de la mort du grand Malékith, pour donner à ces bouffons d’Ulthuan l’illusion de la sécurité. Nous contrôlions en secret la plupart des royaumes Elfiques, sans qu’aucun de nos anciens parents ne nous suspecte.

Nos agents continuèrent pendant des années d’agir dans l’ombre, mais l’ordre des Maîtres des Épées de Hœth finit par se tourner contre nous. Cette fraternité d’oppresseurs et d’assassins fut le pire ennemi de notre cause et nombre de nos héros furent publiquement exécutés. Mais il faut ajouter qu’autant d’innocents périrent également, car nous avions tissé notre toile avec moult précautions. Cette guerre secrète atteignit son paroxysme à Lothern, lorsque les combats entre nos agents et les bouchers de Hœth débordèrent dans les rues de la cité portuaire. Forcés de renoncer à certains de leurs plans les plus risqués par le harcèlement constant des Maîtres des Épées, les cultes de l’excès se retirèrent à l’abri des regards du peuple Haut Elfe.

Si de nombreux cultistes furent découverts et exécutés, Naggaroth dépêchait toujours plus d’agents pour gonfler les rangs des cultes restants, voire pour en fonder de nouveaux. Cette infiltration porta ses fruits lorsque Girathon, le meneur de nos agents, fut nommé chancelier du Roi Phénix, une position qui lui permit de retourner de hauts dignitaires. Lorsque Girathon fut finalement démasqué, le mal était fait. Le Roi Phénix avait été tué : Girathon avait étranglé Æthis le Faible avec une des écharpes de soie tissée d’or que le monarque aimait tant, ce qui plongea Ulthuan dans l’anarchie. Pour ce haut fait, nos légendes glorifieront à jamais le nom de Girathon.

L’Odieuse Paix est terminée ! Place au Sang et à la Guerre !

L’Âge de l’Odieuse Paix était révolu, laissant place à l’Âge du Sang.


L’Âge du Sang : le Jour du Sang et le Renouveau de la Guerre[modifier]

  • (1123 à 1503)

Le choix suivant d’Ulthuan confinait au ridicule : le Roi Morvael n’était rien d’autre qu’un crétin précieux et sans cervelle. Je me souviens parfaitement du jour où il envoya une expédition punitive contre Naggaroth. Cette date, désormais appelée le Jour du Sang, a vu l’une de nos plus grandes victoires : une armada entière de centaines de navires se jeta dans un de nos pièges et fut anéantie sur la Mer Glaciale. Nul d’entre eux ne survécut et nous eûmes notre revanche pour le sac d’Anlec.

La flotte d’Ulthuan saignée à blanc, notre contre-offensive élaborée de longue date fut lancée, précédée par l’assaut de vagues d’esclaves humains que nous avions pris soin de droguer. Une fois encore les tours d’Anlec furent relevées, et nos terres entre les Îles et la Porte du Griffon reconquises. Cette époque fut l’apogée de notre gloire, chaque jour apportait son lot de victoires et les victimes affluaient par centaines vers les autels de Khaine.

La Punition de Morathi

Peu de temps après le décès d’Æthis, le Roi Sorcier découvrit le rôle que Morathi avait joué dans la perte d’Allisara. Fou de rage, il ordonna son incarcération dans la plus profonde des oubliettes. Pendant près d’un an, Morathi croupit tandis que Malékith étudiait son tourment. Elle fut forcée de s’agenouiller devant le trône du Roi Sorcier, dans un état pitoyable, mais toujours impénitente. Sans un mot, Malékith observa longtemps sa mère, puis il parla d’un ton mesuré. Le Roi Sorcier leva la punition, car il avait compris que la mort d’Allisara l’avait rendu plus fort. Il pardonnait, cette fois seulement, mais avisa également sa mère de ne plus interférer avec sa destinée, car une telle démarche ne serait plus tolérée. Heureusement pour la Sorcière Matriarche, son fils ne vit pas son visage tandis qu’elle marchait hors de la salle du trône, car son sourire entendu aurait pu le faire douter du bien-fondé de sa clémence.

Le Roi acculé envoya tous les fils d’Ulthuan au combat. Potiers, charpentiers ou fermiers, tous ces moutons furent massacrés par milliers. Les deux seules décisions judicieuses de Morvael fut de vider les coffres de son trésor pour reconstruire la flotte des Hauts Elfes et de nommer Menethus de Caledor général en chef. La marine renaissante d’Ulthuan parvint à couper nos routes de ravitaillement, et la science militaire de Menethus nous donna du fil à retordre. Nous ne nous laissâmes pas abattre et, enhardit par la présence du Roi Sorcier à la tête de nos armées, nous lançâmes un assaut massif sur la Porte du Griffon. Par l’épée et la sorcellerie, nous creusâmes une brèche dans l’enceinte ! Seule la supériorité numérique de ses bouseux leur permit de nous repousser, et sans voies de ravitaillement pérennes, nous dûmes nous résoudre à tendre des embuscades, mais nous battîmes durant notre retraite, car nous rechignions à abandonner nos terres aussi facilement. Pour chaque Druchii qui tombait, nous prenions la vie de dix des laquais de Morvael. Nous fûmes cependant obligés d’abandonner Anlec, et les Arches Noires dérivèrent de nouveau. Satisfaits de la destruction des armées d’Ulthuan, nous revînmes à Naggaroth où déjà nos nouvelles troupes attendaient, et Malékith fit exécuter tous les amiraux qui avaient si lamentablement échoué à rompre le blocus des Hauts Elfes, en récompense pour leur incompétence.

En apprenant combien de guerriers avaient péri, Morvael se livra de lui-même aux flammes d’Asuryan. Ce fut le troisième Roi Phénix à prendre sa propre vie. Ha ! Sept Rois Phénix avaient péri, et Malékith leur avait tous survécu, et depuis cinq mille ans, il avait été le seul Roi Sorcier des Druchii, ne songeant qu’à la restauration de notre royaume au lieu de s’abandonner à la tombe. Dans ses veines coule véritablement un sang divin qui ne souffre nulle comparaison avec celui des prétendus seigneurs d’Ulthuan. Il verra expirer le dernier des Rois Phénix, même si pour cela, il fallut qu’il patiente jusqu’à la fin de toutes choses.

L’Âge du Glorieux Tourment[modifier]

  • (1503 à 2300)
Les Tourments affligés par les Elfes Noirs et leur flotte au reste des peuples du monde sont terribles !

L’attention de Malékith se détourna d’Ulthuan en faveur du reste du monde, où de nombreuses puissances s’étaient développées, et le Roi Sorcier arbitra que leurs richesses étaient vouées à contribuer à sa cause, inaugurant ainsi l’Âge du Glorieux Tourment. Les mille années qui suivirent furent passées à étendre notre influence, et nos Arches Noires s’aventurèrent de plus en plus loin. Malékith lui-même n’était pas insensible à l’attrait de l’expédition, et à la tête d’une flotte noire, il voyagea jusqu’aux confins du monde, apportant stupeur et ruine partout où il faisait halte. De la lointaine Cathay aux rivages du Vieux Monde, les races inférieures ont appris à redouter l’élégance sinistre de nos navires, car dans les forges de Naggarond, les esclaves humains, Orques, Gobelins et Nains travaillent nuit et jour à remplir les arsenaux du Roi Sorcier. Les bibliothèques de Ghrond renferment soixante mille traités de sorcellerie et les tablettes de pierre noire de Naggarond furent gravées pour que notre héritage soit transmis aux générations à venir.

Dans les lointaines terres de l’est, les armées de Cathay furent mises en déroute et nous fîmes en un seul jour des prisonniers par milliers. La plupart des ports de Bretonnie furent incendiés, leurs habitants passés au fil de l’épée par nos Corsaires, ou offerts en sacrifice lors de rituels sanglants. Notamment, le Duc Bastintaal de L'Anguille rentra de croisade pour trouver son château dépouillé de ses parures, chaque pièce inondée de sang caillé, et les lambeaux de ses domestiques démembrés suspendus aux boiseries. L’aristocratie de Tilée versait des rançons exorbitantes afin de garantir la sécurité de ses cités, pour mourir finalement aux côtés de ses sujets lorsque nous revenions sur notre parole. Pathétiques humains, comprendront-ils un jour que les promesses n’engagent que ceux qui y croient ?

Nous découvrîmes dans les jungles du sud de la Lustrie les derniers fruits pourris de la civilisation des Anciens. Nous avons occis leurs gardes reptiliens puis pillé les temples en ruines, ramenant dans nos cités les plaques d’or ornées de glyphes dont nos Sorcières ont tiré un savoir magique inconnu de nos ennemis. Nous savons maintenant quelles grandes magies du passé ont libéré le Chaos sur ce monde, et comment soumettre les Quatre Puissances à notre bon vouloir. Nous avons bel et bien atteint la maîtrise ultime de la sorcellerie.

Comme les richesses des terres barbares affluaient dans les caisses du Roi Sorcier, nos flottes étendaient leur emprise tentaculaire, éclipsant leurs gloires passées. Sur ordre de Malékith, elles reprirent les raids sur le littoral d’Ulthuan. Mais cette fois, une autre approche, plus subtile, nous conféra un avantage à long terme : nos vaisseaux suivaient discrètement les navires marchands et identifièrent les plus proches alliés de nos cousins honnis. Ce renseignement nous donna l’avantage en nous permettant d’infiltrer les cours de ces royaumes. Certains devinrent nos partenaires, les autres furent minés de l’intérieur afin de priver les Hauts Elfes de leur soutien lors de la prochaine guerre.

Au fil des siècles, de nombreux royaumes connurent l’étreinte froide de la diplomatie de Naggaroth, de même que ses cruelles trahisons. Pourtant, rares étaient ceux qui avaient saigné une fois par la faute de Malékith et qui refusaient ensuite de l’accueillir en allié. Le ressentiment ne nuisait guère à la séduction qu’exerçaient les ambassadeurs du Roi Sorcier qui avaient le don de parler avec assez de délicatesse pour apaiser les plus amères des rancunes, et étaient assez riches pour éveiller la cupidité la mieux enfouie dans le cœur de leur interlocuteur. En outre, les émissaires de Malékith étaient de fins connaisseurs des désirs les plus inavouables, et mettaient ce savoir à profit pour convertir des esprits inflexibles par ailleurs. Seul les Elfes dégénérés d’Athel Loren restèrent sourd à nos paroles. Ces barbares nous interdirent de revenir dans leur si précieuse forêt. Qu’importe, eux aussi recevrons leur dû lorsque nous retrouverons notre place légitime sur le monde.

Le prix à payer

Ariel était bien décidée à se venger les responsables de la mort d’Allisara. Ainsi les Elfes Sylvains assiégèrent bientôt la forteresse de Ghrond, et les murailles tombèrent rapidement. De désespoir, Morathi envoya des messagers au sud pour demander l’aide de son fils, le Roi Sorcier. Mais si celui-ci avait officiellement pardonné à Morathi pour ses agissements, il n’allait pas manquer cette occasion de lui donner une leçon. Non sans jubiler, il interdit qu’on envoyât le moindre secours au nord.

Avec un plaisir savoureux, Malékith observait les ronces de son influence se propager généreusement à la surface du globe. Le Roi Sorcier avait tant d’informateurs et d’hommes de paille dans les autres royaumes, qu’il savait avant le Roi Phénix qu’une escadre d’Ulthuan était arrivée à destination. Mieux encore, en tirant soigneusement sur les ficelles de ses marionnettes, Malékith pouvait attaquer ses ennemis héréditaires avec les armées et les flottes des autres nations, son implication n’étant connue que de quelques pions dont on pouvait aisément disposer. Les rumeurs sur les richesses infinies des royaumes Elfiques ont poussé les sauvages nordiques à attaquer les côtes d’Ulthuan, affaiblissant la flotte et semant la confusion dans les royaumes. Les sorts que nous avons jetés sur les Dragons de Caledor les ont plongés dans un long et profond sommeil, et ils ne se lèveront plus contre nous. Pendant plus de deux cents ans, le Roi Sorcier se délecta de ce nouveau moyen de faire la guerre. En vérité, ces manipulations suscitèrent une satisfaction si intense que Malékith aurait pu continuer sur cette voie pendant plusieurs siècles encore, si ses espions ne l’avaient pas informé de développements malvenus : malgré leurs revers de fortune, les Hauts Elfes n’avaient pas perdu espoir. Finubar le Voyageur, le nouveau Roi Phénix, avait retissé les liens unissant son peuple, faisant écho à l’œuvre d’Ænarion.

Le Roi Sorcier ne souffrait pas une telle situation. Il convoqua Morathi et ses plus proches conseillers et quitta la salle du trône pour se promener dans la nuit illuminée par l’orage. Le temps de passer toute leur colère accumulée sur le peuple honni d’Ulthuan était revenu pour les armées de Naggaroth.

L’Âge de la Vengeance venait de débuter…


L’Âge de la Vengeance : le Nouvel Âge et Notre Glorieux Destin[modifier]

  • (2300 à nos jours)
La sanglante Bataille de la Plaine de Finuval
À peine le Roi Sorcier avait-il inauguré l’Âge de la Vengeance par un nouvel assaut sur Ulthuan qu’une vaste horde de Nordiques déferla des Désolations du Chaos. De nombreux courtisans osèrent conseiller à Malékith d’abandonner l’invasion. Les sots ! Le Roi Sorcier avait d’autres plans en tête : là où ils redoutaient une guerre sur deux fronts, Malékith vit une opportunité. Il avait en effet nourrit quelque inquiétude quant à la capacité de ses armées à briser Ulthuan, mais la présence de nos anciens ennemis, les Seigneurs du Chaos, se trouvait être tout à fait opportune et il envoya Morathi au nord en tant qu’émissaire.

Aux chefs nordiques, la Sorcière Matriarche offrit or, esclaves et plaisirs trop nombreux pour les nommer. Chaque instant passé en leur compagnie la révulsait, mais elle dissimula son dégoût. Envoûtés par la beauté de Morathi, et obligés par ses présents, les seigneurs de guerre du nord renoncèrent au saccage de Naggaroth et pactisèrent avec le Roi Sorcier. Ainsi, lorsque les Elfes Noirs embarquèrent pour Ulthuan, ils étaient accompagnés d’un ost presque aussi grand que le leur. Les Arches Noires accostèrent à Nagarythe, et nos armées réunies reprirent l’Île Blafarde et les terres de Nagarythe, tandis que les nos vaisseaux nettoyaient les mers de la présence d’Ulthuan. Notre seigneur Malékith était revenu en personne sur son domaine légitime, ses talents de commandeur nous permirent d’obtenir de grandes et glorieuses victoires, et nos généraux, cherchant à surpasser leurs homologues pour s’attirer la faveur de notre seigneur, déclenchèrent une extraordinaire vague de destruction. Tout Ulthuan était à feu et à sang, à l’exception de Caledor, de Saphery et de la cité de Lothern, mais le Roi Sorcier ne se soucia guère de ces bastions de résistance, enivré par les carnages perpétrés sur son ordre. Ulthuan était sous notre joug et sa perte n’était qu’une question de temps.

Hélas, l’incompétence de nos alliés du Chaos et les agissements des frères Tyrion et Teclis - qu’ils soient deux fois maudits - nous ont cependant fait perdre la bataille finale, même si une grande part d’Ulthuan fut dévastée. Le terrible Kouran Main Noire de la Garde Noire mena les survivants de l’armée de Malékith à Nagarythe. Ceux qui ne pouvaient pas suivre son rythme effréné étaient abandonnés à leur sort dans la poussière. Trois fois les Princes Hauts Elfes engagèrent Kouran, trois fois il se fraya un chemin sanglant, quitte à épuiser ses propres guerriers. Ce n’étaient là que de minces victoires, éclipsées par une défaite monumentale, mais dans sa sagesse, Malékith avait préservé ses meilleurs soldats, même si lui-même avait dû s’échapper en empruntant la Dimension du Vide et était perdu hors du monde mortel. Ulthuan était en ruines, mais l’avenir de Naggaroth était malheureusement loin d’être assuré…

À son retour à Naggarond, Kouran trouva une capitale en guerre, Morathi en captivité et pas moins de huit Dynastes insensés revendiquant le trône vacant de Malékith. Kouran réprouva naturellement une telle déloyauté. Il fit de la Tour Noire de Malékith une zone interdite, et restaura l’ordre avec les lames de la Garde Noire. Peu après, les agents de Morathi contactèrent Kouran. Ils l’informèrent que leur maîtresse s’était laissée enfermée, ne souhaitant pas accorder à ses ennemis la satisfaction d’une exécution. La Sorcière Matriarche s’amusait de la confusion ambiante. Elle était persuadée que le Roi Sorcier allait réapparaître, mais Naggaroth ne devait pas se désagréger en son absence. Elle disposait d’une importante trésorerie, et ses chaînes ne l’empêchaient pas de financer les divers cultes d’assassins de Naggarond. Les barreaux d’une geôle ne pouvaient évidemment pas restreindre la malice de Morathi.

Un mois plus tard, Kouran invita les huit Dynastes en lice au palais du Roi Sorcier. Ils pouvaient apporter toutes les armes qu’ils souhaitaient, mais devaient venir seuls. Les Dynastes passèrent les portes noires, rongés par la paranoïa et marqués par les tentatives d’assassinat. Ils se rassemblèrent en silence au pied du trône de Malékith, devant un riche banquet auquel aucun d’entre eux ne goûta par crainte de l’empoisonnement. Kouran parla comme ses invités prenaient place. Il leur dit qu’il convenait que le nouveau souverain des Elfes Noirs fût couronné après avoir prouvé sa force et sa détermination. Il continua en avertissant les prétendants que la pièce était désormais scellée, et qu’elle allait le rester jusqu’à ce qu’il n’y eût plus qu’un seul de ses occupants encore en vie. Si lui, Kouran, était cet occupant, il maintiendrait le trône et le royaume en l’état, en vue du retour de Malékith, et il se moquait de ce que feraient les autres s’il n’était pas victorieux. A ces mots, les prétendants furieux se levèrent, mettant leurs querelles de côté afin de châtier l’arrogance du capitaine. Pour sa part, Kouran marcha calmement vers le trône du Roi Sorcier - en prenant soin de ne pas tourner le dos à l’assemblée - et se saisît de sa hallebarde, qu’il avait entreposée dans l’ombre. Au bout d’une heure, on déverrouilla les portes de la salle du trône pour laisser sortir le capitaine de la Garde Noire. Kouran quitta une pièce maculée de sang et de viscères, quoique lui-même ne semblât avoir subi aucune blessure, hormis une égratignure sur la joue. Cette nuit-là, la Garde Noire jaillit du palais et se répandit dans les artères de Naggarond afin de massacrer les familles et les partisans des ex-prétendants au trône. Kouran libéra personnellement Morathi, et reçut une récompense inégalable en retour.

Les Elfes Noirs pillent la Lustrie pour ses trésors et des esclaves à sacrifier pour Khaine !

Six mois durant, Morathi et Kouran purgèrent Naggarond. Les nobles étaient déportés à Har Ganeth ou jetés dans des bûchers sacrificiels par centaines. Ce ne fut que lorsque le cas du dernier conspirateur fut réglé que Morathi se rendit au nord, à Ghrond, en laissant Kouran assurer la régence.

Après avoir passé un siècle à chercher vainement des preuves de la survie de Malékith, Morathi se résolut à solliciter la faveur de Khaine grâce à une offrande originale. Elle promit une grande récompense à quiconque lui rapporterait des victimes sacrificielles natives de Lustrie. Les nobles de Naggaroth se précipitèrent, pariant sur le fait que ce serait la Sorcière Matriarche qui allait désigner le successeur du Roi Sorcier si son anéantissement était confirmé. Ainsi donc, d’innombrables navires filèrent vers les côtes lustriennes et leurs épaisses jungles. Leurs ponts débordaient de guerriers impitoyables, et les cales de ceux qui revinrent étaient remplies de bêtes en cage. Skinks et Saurus, les proies les plus communes, étaient anesthésiés par des sorts de gel. La compétition faisait rage, et des pillards toujours plus audacieux rapportaient des prises de plus en plus massives. Bientôt, Bastiladons, Coatls et autres créatures gigantesques vinrent alimenter les sacrifices de Morathi - bien qu’après la crise de frénésie d’un Carnosaure qui détruisit une bonne partie du temple, la Sorcière Matriarche bannît cette espèce de ses rituels.

Douze ans durant, des milliers d’Elfes Noirs périrent pour apporter leur butin à Morathi, mais la sorcière n’avait d’yeux que pour Khaine et sa quête désespérée. Puis, une nuit lugubre de la saison de la Sauvagerie, Morathi fit sa plus glorieuse offrande : un Prêtre-Mage Slann capturé à Tlanxla et lobotomisé par la dague d’un Assassin. Alors que le sang de la créature se répandait sur l’autel, les cieux s’embrasèrent et les murs de Ghrond saignèrent. Le lendemain, Morathi ordonna la fin des expéditions en Lustrie. Elle avait eu sa réponse et n’avait plus qu’à patienter.

Ainsi, après avoir longtemps erré dans le Royaume du Chaos, Malékith finit par se frayer un chemin jusqu’au monde mortel. Une patrouille de Cavaliers Noirs découvrit le corps brisé et lacéré du Roi Sorcier à l’ombre d’une Tour de Guet du Nord. Dame Morathi soigna son fils pendant un an, faisant montre de sa magnifique maîtrise des arts magique pour renforcer l’âme de Malékith afin de le rétablir. Aucun Druchii ne saura jamais ce que notre souverain a vu lors de son voyage au-delà du voile, mais les rumeurs parlent des vociférations du Roi Sorcier cauchemardant, évoquant des châteaux d’os et des forêts d’yeux.

Lorsque Malékith s’éveilla, sa rage ardente avait disparu, remplacée par une froide résolution. Morathi craignait qu’une part de l’esprit de son fils fût encore piégée dans le monde au-delà du monde, mais le Roi Sorcier n’était pas enclin à la discussion. Le seul indice de la sorcière était la pointe de corne de Démon cassée que les Cavaliers Noirs avaient trouvée avec Malékith.

La destruction de Tor Elasor
Une fois remis de ses peines, le Roi Sorcier imagina de nouveaux plans pour détruire Ulthuan. Il convoqua ses capitaines corsaires et leur ordonna de concentrer leurs attaques contre les colonies des Hauts Elfes et leurs partenaires commerciaux les plus reculés.

Ainsi, sur ordre du Roi Sorcier, Lokhir Cœur de Pierre mena une vaste flotte contre la lointaine colonie Haut Elfe de Tor Elasor. A l’aube, les Arches Noires Tour de l’Effroi Béni et Immortelle Agonie passèrent outre les digues de défense avec un barrage de projectiles magiques, et les Corsaires saccagèrent la cité portuaire. Même si les Hauts Elfes combattirent vaillamment, ils ne pouvaient surpasser la férocité de leurs assaillants. Au crépuscule, Tor Elasor n’était plus que ruines sanglantes. Lokhir cloua son édile, le Prince Datherion, au sommet du donjon, alors qu’il respirait encore. L’attaque fut si rapide que rien n’en filtra jusqu’à Ulthuan. La flotte d’Aislinn le Seigneur des Mers se rendit à Tor Elasor pour comprendre les raisons de son silence, et n’y trouva que chair pourrissante.

D’ailleurs, puisqu’Ulthuan et la Bretonnie avaient fait cause commune à maintes occasions, le Roi Sorcier détermina qu’il était temps de punir le royaume humain. En envoyant des émissaires chez les Hommes-Bêtes de la Forêt d’Arden et les Peaux-Vertes du Massif d’Orquemont, Malékith causa de tels carnages que le Roy Charlen dut vider certaines forteresses côtières de leurs défenseurs pour calmer le tumulte des provinces intérieures. Les armées de Bretonnie distraites, les Elfes Noirs ravagèrent le littoral nord. Villes et villages brûlaient par dizaines, les Hommes d'Armes étaient massacrés et les paysans embarqués vers Naggaroth en tant qu’esclaves. L'Anguille, le plus grand port de Bretonnie, fut réduite en ruines et ses habitants mutilés déposés dans les rues. Le Roi Sorcier était satisfait : les Chevaliers Bretonniens n’allaient plus risquer leurs forces en participant à des quêtes autres que les leurs.

C’est à cette époque qu’Eltharion eut le cran de lancer un raid pour attaquer Naggarond. Ce genre d’audace ne pouvait être toléré, aussi le Roi Sorcier ordonna que de sanglantes représailles contre Yvresse étaient nécessaires. La province était déjà sous le coup de la Waaagh! Grom et ne pouvait opposer qu’une défense symbolique. Le temps que les secours arrivent de Cothique, nos armées s’étaient retirés, ne laissant que dévastation.

Nous fîmes voguer cinq Arches Noires vers le Golfe Noir afin d’établir un blocus autour de Barak Varr. Le Roi Grundadrakk ordonna à son peuple et à sa flotte de s’abriter derrière les portes du port, mais nous ne cherchions pas à détruire la ville, nous n’avions besoin que d’une main d’œuvre que nous destinions aux mines de Naggaroth, et les nombreux Nains capturés allaient parfaitement faire l’affaire.

Pendant que les Hauts Elfes étaient accaparés par l’assaut de Tullaris Porteur de Mort sur l’Île Blafarde, Lamenoire mena un groupe d’Assassins à travers Nagarythe et Chrace jusqu’à Cothique, afin d’empoisonner les rivières avec un mélange de Fléau des Hommes et d’ichor démoniaque. Une épidémie impossible à endiguer se propagea rapidement à travers tout le royaume de Cothique.

Finalement, après des années de préparatifs, le Roi Sorcier s’apprête à déchaîner une fois de plus ses armées contre Ulthuan. Depuis des siècles, nous avons rongé la société des Hauts Elfes de l’intérieur, attaquant leurs colonies et les isolants de leurs alliés. Nous avons beaucoup appris et le crépuscule de ce monde est désormais entre nos mains, car Malékith estime qu’il est temps de récolter les fruits de ce labeur. La prochaine incursion du Chaos est proche et nous serons au sommet de cette vague, prêts à devenir nous-mêmes des Dieux.

Nous sommes enfin prêts, nos plans sont sans faille, nos armées sans rivales, notre haine sans égale. La victoire finale est à notre portée, et écrire me lasse. Je vais aller chercher le repos et j’ordonnerai demain à mes esclaves de m’apporter mon cimeterre ainsi que le collier ensorcelé fait des ossements de mes filles pour partir à nouveau en guerre. Servez votre Roi Sorcier, jeune Druchii, et n’oubliez jamais.


L’heure du triomphe du Roi Sorcier a sonné.


L’heure du triomphe du Roi Sorcier a sonné !

Sources[modifier]

  • Livre d’Armée des Elfes Noirs, V6
  • Livre d’Armée des Elfes Noirs, V8