Goule
- « Il est probable que ces créatures aient été humaines jadis, tout comme l’affirment les conteurs. Les rapports contemporains qui nous parlent de la Sylvanie indiquent que même avant la venue de Vlad von Carstein, qui apporta la malédiction du vampirisme dans cette contrée, les premières Goules existaient déjà. Même avant l’époque où la noblesse du pays était essentiellement composée de vampires, les paysans étaient déjà à la merci des sévices et de l’indifférence des seigneurs locaux. Bien des gens ordinaires préféraient manger de la chair humaine plutôt que de mourir de faim. Bien sûr, ils avaient tort d’agir de la sorte, mais ils étaient desespérés ; eux et leurs descendants payèrent le prix de cette folie : leur lignée fut à jamais maudite, affublée d’une forme dégénérée et d’habitudes alimentaires des plus odieuses qui soient. Certains se mirent au service des Von Carstein quand Vlad s’empara de la Sylvanie. D’autres forment un cortège spontané derrière les vampires et leur escorte, s’attendant à de bons repas quand les morts-vivants sortent de leur tanière. D’autres encore rôdent dans les ombres, entièrement indifférents des vampires qui régnent en Sylvanie. Ce sont peut-être ces créatures sans allégeance qui ont constitué l’avant-garde de la migration des Goules depuis la Sylvanie dans le reste du Vieux Monde. Quoi qu’il en soit, l’Empire est aujourd’hui harcelé par ces créatures des plus déplaisantes. »
Dans le Vieux Monde, la faim est un problème récurrent, et tellement d’hommes frôlent la mort qu’ils commettent le péché ultime en se nourrissant de la chair de leurs pairs. Quelle qu’en soit la raison, Morr a fixé une règle inaliénable : ceux qui mangent de la chair humaine sont à jamais maudits et rejoignent les rangs des Goules.
Les premières étapes de la malédiction se manifestent doucement, rares étant ceux qui ont le cran de tuer leurs voisins et parents quand ils présentent les premiers symptômes. Leurs proches et amis se contentent de les mettre à l’écart de la société, mais cela a pour seul effet de leur permettre de se nourrir plus aisément. Cryptes et cimetières deviennent ainsi leurs châteaux et tables de banquet.
Les Goules sont des créatures voûtées et répugnantes au corps brisé et déformé. Leur peau est couverte de taches, de boutons et de crasse, leurs yeux animés d’une lueur de démence et d’une une rage inhumaine. Leur bouche tordue révèle des dents aiguës tachées par le sang qu’elles n’hésitent pas à limer pour mieux déchirer les chairs de leurs proies. Elles se vêtent de haillons arrachés à leurs victimes et manient des armes volées ou façonnées à partir des reliefs de leurs ignobles festins. Elles n’ont toutefois aucunement besoin d’arme, car leurs mains et leurs doigts sont solides et durs, leurs ongles se muant en longues griffes robustes et crasseuses, effilées et couvertes des immondices du tombeau. La moindre égratignure s’infecte rapidement et risque d’emporter sa victime. De plus, leur régime quotidien de viande avariée les a rendues très résistantes à la douleur et aux privations. Les Goules sont pourvues d’une intelligence animale, mais celle-ci est en conflit permanent avec leur insatiable faim de chair.
Pire encore, leur esprit prend le même chemin, se dégradant sensiblement, les plongeant dans un état bestial et frénétique. Plus ils ingèrent de chair, plus ils en veulent, jusqu’à ce que leur corps et leur esprit ne soient plus animés que par une envie : ingurgiter des cadavres et ronger des os.
Les Goules ne sont pas à proprement parler des morts-vivants, mais elles sentent la magie noire qui entoure les plus puissants seigneurs de la non-vie. Elles sont donc attirées vers les Vampires et les Nécromanciens comme des papillons de nuit par une lanterne, et leur nouveau maître a tôt fait de soumettre leur faible volonté. Elles iront au combat en suivant un simple ordre mental d’un Vampire, mais même les plus grosses d’entre elles restent des créatures qui s’enfuiront si elles font face à des adversaires déterminés. Il est possible de les attirer grâce à la Magie Noire, des Goules en fuite peuvent ainsi ressentir soudain toute la colère de leur maître et retourner au combat contre leur gré.
La complexité de leurs tactiques dépend entièrement de la prééminence de l’un de ces deux éléments : l’instinct de survie ou le besoin de nourriture. Face à un ennemi supérieur, elles restent en retrait et harcèlent l’adversaire, capables de suivre un groupe qui voyage dans les terres sauvages de Sylvanie et d’attendre que l’un de ses membres soit à la traîne ou que le groupe entier soit attaqué par un autre prédateur. Mais elles se lassent tôt ou tard de ce petit jeu de patience, ne réalisant peut-être pas qu’elles pourraient remporter si elles s’accrochaient assez longtemps, puisque chacun est voué à mourir un jour ou l’autre. Une fois qu’elles n’y tiennent plus et que la faim prend le dessus sur tout autre instinct, la masse des Goules déferle en grognant et en bavant, ne cessant d’attaquer que quand elles sont repues de chair.
Même en cette époque de lumières qu’est le règne de l’Empereur Karl Franz, des rumeurs de cannibalismes circulent encore aux frontières de l’Empire. Lorsque la peste et la famine s’abattent sur le Vieux Monde, il est toujours des dépravés qui n’hésitent pas à se nourrir de chair humaine pour survivre. Certaines fermes particulièrement isolées, et parfois des villages entiers succombent à cette pratique dégradante, qui de nécessité devient tradition. Au cours des Invasions de Goules de 2512, lorsque les récoltes se révélèrent insuffisantes pour la troisième année consécutive, les ordres de chevalerie du Stirland furent envoyés pacifier les frontières à moitié abandonnées de leur province. S’ensuivit une bataille rangée de grande envergure entre les fiers soldats en armure étincelante du Comte Électeur du Stirland et des hordes de paysans consanguins. Le combat fut si violent qu’il est entré dans l’histoire. Les champs et les hameaux ruraux fétides où s’étaient déroulées des scènes abominables furent rasés, mais le triste souvenir de cette époque est encore dans toutes les mémoires.
« Personne n’est mort de faim à Naubonum. Certes, les villageois y sont un peu arriérés, mais cela arrive fréquemment en des endroits si retirés. Néanmoins, ils n’ont que peu souffert de la famine. Qu’ont-ils mangé ? En fait, voilà une question sur laquelle il vaut peut-être mieux ne pas s’appesantir… » |
Privés de refuge, leurs habitants et leurs rejetons se terrent dans des catacombes et des mausolées où la chair noble leur sert de repas, sinon à proximité des fosses communes où les cadavres de paysans leur font aussi bien ventre. Les prêtres de Morr font leur possible pour protéger leurs sanctuaires des Goules, mais certains lieux d’inhumation sont vieux de plus de mille ans, et leur sol est percé de myriades de tunnels et de chambres, au fur et à mesure que les vivants agrandissaient l’espace réservé à leurs morts. Il arrive que la Confrérie de Morr fasse appel aux services d’un Répurgateur professionnel pour purger les cryptes par le feu et l’épée, mais les Goules finissent toujours par revenir pour se nourrir des morts, des visiteurs et des prêtres isolés. D’autres colonies de Goules arrivent à demeurer au même endroit, à l’insu de tous, pendant plusieurs générations. On raconte qu’une petite armée de ces créatures écœurantes réside dans les grandes catacombes des collines entourant Moussillon, et quelle jaillit de sa cachette lorsque la Lune du Chaos est pleine. En tout cas, il est vrai que les gardiens des cimetières de la ville sont bien armés, même en temps de paix, et n’entrent jamais dans un tombeau ou un mausolée s’ils ne sont pas au moins une dizaine.
Parmi les différents Comtes Vampires, seuls les Stryges semblent plus particulièrement accorder une grande valeur aux Goules, sans doute parce qu’eux-mêmes sont des parias en quelque sorte. Les Stryges tirent un grand bénéfice des Goules à leur service, car les Morts-Vivants peuvent être maintenus à l’écart des cimetières par des sceaux sacrés ou des prêtres de Morr, et les Goules peuvent briser ce genre de défenses. Une fois les sceaux de protection rompus par ces bêtes épouvantables, leur maître Vampire peut piller à loisir les champs de cadavres au-delà. Il existe de nombreux récits d’armées importantes et de grandes cités de Goules contrôlées par des seigneurs Stryges. Ces endroits sont bien évidemment indescriptibles. Quand elles n’ont pas de vivants ou de morts a se mettre sous la dent, les Goules s’entre-tuent et s’entre-déchirent dans une véritable débauche de violence.
- Vivantes ! : Bien que les Goules soient des créatures dégénérées et révoltantes, associées aux cimetières, au cannibalisme et aux Morts-Vivants, elles sont bel et bien vivantes et ne craignent donc ni les prêtres ni les lieux consacrés.
Sources[modifier]
- Warhammer JdR - Le Bestiaire
- Warhammer JdR - Les Maitres de la Nuit
- Livre d’Armée Comtes Vampires V8