Flagellants

De La Bibliothèque Impériale
Le capitaine Grunman se retourna en entendant les Flagellants s’approcher. Le claquement des fouets, les gémissements et le tintement des cloches annonçaient leur venue bien avant qu’on ne les voie. Plus d’une cinquantaines d’entre eux se frayaient un passage vers le champs de bataille, menés par un Prophète totalement nu qui se fouettait avec des barbelés et psalmodiait des versets. Ses fidèles portaient des robes crasseuses, et beaucoup s’étaient cousus la bouche ou portaient des instruments de torture qui mutilaient leurs membres, les pointes perçant profondément la chair de leur cou et de leurs joues.
« Même les fous ont leur utilité… » murmura Grunman. Les Flagellants se plongeaient dans un état proche de l’apoplexie en chantant crescendo des litanies. Leurs hurlements de piété résonnaient et le capitaine serra les dents en les voyant redoubler de violence dans leurs automutilations. Leurs chairs étaient si meurtries que Grunman eut l’impression que la plupart d’entre eux ne seraient jamais en état de monter à l’assaut.
Le Prophète rugit soudain: « En avant, pour la gloire de Sigmar ! Le vrai chemin de la dévotion est pavé de crânes ! Seule la mort nous donnera l’absolution ! » Et dans un cri de dévotion extatique, les Flagellants se lancèrent en avant et chargèrent à découvert.


Flagellants à l’assaut

Le Vieux Monde est un lieu dangereux et cruel, où guerres, épidémies et catastrophes naturelles peuvent détruire des villes toute entières, forçant leurs habitants à devenir des mendiants, des vagabonds et des bandits. Beaucoup de ceux qui subissent un tel destin s’endurcissent et deviennent fatalistes, mais certains sont poussé à la folie par leurs souffrances. Ils s’imaginent alors que leur malheur est un présage de l’effondrement des royaumes humains, et ils croient vivre les derniers jours d’un monde à l’agonie. Ces hommes et ces femmes vivent dans un désespoir permanent et dans le nihilisme le plus total.

Ces hordes de fanatiques dépenaillés se regroupent souvent autour des divagations du plus lunatique d’entre eux - un fou annonçant l’apocalypse - et attire sans cesse de nouveaux zélotes tandis qu’ils arpentent les routes et voyagent de villes en cités à travers le Vieux Monde pour répandre leur vision cauchemardesque du futur. Il n’est pas rare de croiser ces groupes de déments au milieu de la grand-place d’une ville ou d’un bourg, où ils mendient quelques reliquats de nourriture ou une poignée de sous tout en se flagellant jusqu’au sang, et en décrivant leurs visions apocalyptiques dans lesquelles le monde est irrémédiablement plongé dans le sang et les larmes. Si quelques badauds s’arrêtent parfois pour les écouter, la plupart font semblant de ne pas les voir, ou leur jettent quelques piécettes dans l’espoir qu’ils s’en iront.

Lorsqu’ils apprennent qu’une bataille se prépare, les Flagellants se regroupent, persuadés que le conflit final entre le bien et le mal va avoir lieu. Lorsque les armées lancent leurs hommes à l’assaut, ils se jettent au cœur de la mêlée dans un sacrifice désespéré censé leur apporter la rédemption. Ils ne connaissent pas non plus la peur, puisqu’ils sont sincèrement convaincus que la fin du monde est proche et n’ont donc plus rien à perdre, ainsi plus rien ne peut les effrayer, car les visions qu’ils ont eues de la fin des temps les rendent totalement imperméables aux horreurs du champ de bataille. De plus, leur folie leur donne une force et une endurance impressionnantes ; ils peuvent supporter des blessures et des souffrances qui terrasseraient un homme ordinaire, et font preuve d’une fureur et d’une détermination insoupçonnables.

En prélude d’un affrontement, des bandes de Flagellants se fouettent et plongent dans une frénésie extatique avant de se jeter sur l’ennemi. Ils chargent sans se soucier de leur sécurité et n’hésitent pas à engager les adversaires les plus redoutables. Hurlant leurs imprécations inspirées par les visions de leurs martyr futur, les Flagellants combattent comme des possédés, au point que leurs fléaux laissent derrière eux un sillage sanglant et des piles de corps disloqués. Les Flagellants continueront de se battre comme des déments jusqu’à ce qu’ils aient été exterminés, ce qui finalement correspond bien à leur croyance voulant que la fin du monde soit imminente…

Les Ordres de Flagellants de Sigmar[modifier]

Les Flagellants constituent un phénomène bien visible du culte de Sigmar. En revanche, on ne peut les réduire à un groupe unique. Chaque ordre de Flagellants a ses propres croyances, qui peuvent l’opposer radicalement à ses homologues. Si quelque chose les unit, c’est leur conviction erronée qu’ils pourront apaiser leur divinité par leur propre douleur. Le monde étant un lieu sinistre de souffrance, de chagrin et de bains de sang, il ne fait pour eux aucun doute que c’est ainsi que l’entendent les Dieux.

Certains groupes n’acceptent que des hommes, d’autres uniquement des femmes, d’autres ne font pas de discrimination sexiste et d’autres encore ne prennent que des personnes d’un certain âge (enfants, vieillards, etc.). Certaines factions accueillent n’importe qui, tandis que d’autres passent par une période probatoire. Quelques-unes ont des membres temporaires et d’autres exigent un engagement à vie. Beaucoup imposent certaines formes de mutilations à leurs nouvelles recrues, mais quelques groupes comptent sur une torture plus étalée dans le temps pour assouvir les attentes de Sigmar.

Malgré cette diversité, ces groupes ont bien des choses en commun. La plus flagrante est leur insistance sur la flagellation ou, plus généralement, la douleur que s’infligent les membres de ces ordres. Un véritable ordre de Flagellants ne fait souffrir que ses membres, même si certains châtieront également les volontaires qui ne souhaitent pas s’engager de manière durable. La flagellation est la méthode de prédilection, car elle peut être répétée à l’infini, à condition d’être pratiquée avec modération. Néanmoins, toutes les formes de torture connues de l’Empire sont utilisées par un ordre ou un autre.

L’écrasante majorité des Flagellants se torturent en public. Ils avancent souvent en procession à travers les bourgs de l’Empire en fouettant ceux qui les précèdent. Dans ce cas, l’homme de tête prêche généralement la doctrine spécifique de l’ordre.

La plupart des groupes se constituent autour d’un meneur charismatique, pour qui les récentes horreurs, notamment la Tempête du Chaos, ne sont que des châtiments provoqués par Sigmar parce que la population avait déshonoré l’Empire. Si les gens ne font pas pénitence pour leurs travers, selon ces prêcheurs, Sigmar détruira le monde entier ou laissera les Puissances de la Déchéance s’en charger. D’autres groupes ont pour inspirateur un individu qui estime que son ordre peut assumer lui-même la colère des Dieux et racheter à lui seul toute la population. Pour d’autres, la torture les rendra dignes de grands dons de Sigmar. Certains groupes survivent même à celui qui les a rassemblés, mais la plupart se désagrègent à sa mort et leurs membres se joignent alors à d’autres ordres.

D’une manière générale, les Flagellants sont tolérés, probablement en grande partie parce que la population leur trouve une certaine crédibilité et s’opposerait à toute tentative de les faire disparaître. La clémence est bien moindre avec les ordres qui dépassent les bornes en se mêlant de politique ou en sombrant dans l’hérésie nuisible, mais la plupart des Flagellants agissent au grand jour. Certains Prêtres vont jusqu’à approuver leur action et leur servent de chefs spirituels.

Sources[modifier]

  • Livre d’Armée de l’Empire, V8
  • White Dwarf n°136
  • Warhammer JDR - Tome de la Rédemption