Croisades contre l'Arabie

De La Bibliothèque Impériale

La plus pure expression de la présence militaire d’un culte est la croisade. Les annales de l’histoire impériale sont pleines de pages tachées de sang décrivant les terribles guerres menées pour le compte d’un culte ou d’un autre. Parmi ces récits, aucun ne décrit aussi bien les accès de violence qui animent les cultes que les Croisades contre l’Arabie.

Dix siècles après leur début, les croisades contre l’Arabie restent un événement déterminant de l’histoire du Vieux Monde, si bien qu’elles ont aujourd’hui encore un impact sur les nations y ayant pris part. Ces croisades furent l’une des plus importantes expéditions militaires jamais montées, et sans doute la plus grande guerre menée contre un adversaire autre que les hordes du Chaos. Elles débutèrent en 1448 lorsque le souverain tyrannique d’Arabie, le Sultan Jaffar, traversa le Grand Océan à la tête d’une armée colossale dans le but d’envahir l’Estalie. Les Estaliens sont hardis et féroces, mais malgré leur défense, ils furent rapidement dépassés. Beaucoup d’entre eux furent réduits en esclavage et envoyés de l’autre côté de la mer, sur les célèbres marchés aux esclaves de Lashiek.

Inquiet ce que qu’allait ensuite faire le Sultan, le Roy Louis le Juste de Bretonnie leva une formidable armée et envoya des émissaires auprès de l’Empereur Frederik III et de ses Comtes Électeurs pour les inviter à en faire de même. Un conseil fut réuni à Altdorf, et bien que nombre de provinces fussent alors plongées dans la guerre civile, on interrompit les hostilités et chaque Comte confia quelques hommes à la cause. Composée des chevaliers de Bretonnie et de leurs armées féodales, de l’ost des Comtes Électeurs et d’une force considérable levée par les divers ordres chevaleresques du Vieux Monde, une grande armée fut réunie à Brionne.

Cependant, ce qui arriva est un événement des plus rares dans l’histoire du Vieux Monde. Plutôt que de se préparer à défendre la frontière et les cols de Bretonnie et de l’Empire contre l’armée du Sultan, l’ost s’engagea en Estalie pour libérer son voisin. Le Sultan avait beau être cupide et cruel, il était loin d’être stupide et comprit qu’il ne pouvait tenir contre l’armée jointe des Bretonniens et de l’Empire. Il repartit donc en Arabie.

Seul un Cheikh rebelle du nom d’Emir Wazar, souvent surnommé "Emir le Cruel", se montra assez têtu pour rester sur place et tenir tête à l’armée du nord. L’histoire retient de lui son avidité, sa cruauté et sa grande stupidité. Il consolida ses positions dans la ville de Magritta, obligeant les esclaves à redoubler d’efforts pour fortifier la communauté contre l’armée en marche. Un petit contingent de chevaliers assiégea la ville, siège qui dura huit ans avant que les Chevaliers du Soleil et leurs alliés ne parviennent à pénétrer dans la cité et à mettre en déroute l’armée du Cheikh.

Le reste de l’armée parcourut l’Estalie, ne découvrant que ruine et destruction dans le sillage de l’armée en fuite du Sultan. Des villes et des villages entiers avaient été incendiés par les Arabiens, leurs habitants réduits en esclavage ou tout simplement exécutés. Voyant les calamités qui s’étaient abattues sur l’Estalie, les chevaliers firent vœu de porter la croisade chez les infidèles, pour libérer les esclaves encore en vie et venger les morts causées par les occupants. La croisade s’arrêta dans les ports d’Estalie pendant qu’on assemblait une grande flotte. Bientôt des navires vinrent de tous les ports d’Estalie, de Tilée et d’ailleurs pour emmener les croisés de l’autre côté du Grand Océan. Lorsque la flotte prit enfin la mer, l’armée du Sultan Jaffar était arrivée en Arabie et entamait les préparatifs pour repousser l’invasion, enrôlant à tour de bras pour fortifier les villes.

Les croisés débarquèrent au port de Copher, célèbre pour son commerce d’épices. Malgré les défenses qu’ils avaient érigées, les habitants de la ville ne purent rien face à la haine que leur Sultan avait provoquée. Les chevaliers balayèrent les défenseurs et passèrent par le fil de l’épée tous ceux qui se dressèrent contre eux. Le plus fort de la colère et de la haine des croisés fut déchargé sur la malheureuse population ; les murailles et élégantes tours de la ville furent quant à elles rasées. Bien évidemment, c’était précisément ce que Jaffar escomptait et il se retira dans sa citadelle d’El-Haikk en compagnie du plus gros de son armée. Il espérait qu’après avoir saccagé Copher et supporté des mois de combats et de marche sous la chaleur étouffante d’Arabie, les chevaliers allaient perdre de leur ardeur.

Et en effet, les chevaliers n’étaient guère préparés aux réalités d’une campagne militaire en plein désert, d’autant que le trajet entre Copher et El-Haikk fut long et ardu, et source de nombreuses pertes. Mais c’était sans compter l’honneur qui animait les chevaliers et le serment qu’ils avaient fait en Estalie. Plus que tout, les épreuves qu’ils connurent durant l’année qui les mena à El-Haikk soutinrent la justesse de l’expédition dans l’esprit des croisés. Lorsqu’ils affrontèrent enfin le Sultan, ils semblaient plus déterminés que jamais.

Le Sultan Jaffar était un despote tyrannique, presque autant haï par ses gens que par le reste du Vieux Monde. De plus, nombre de ses sujets profitèrent de la croisade pour se soulever contre lui. Dans l’ensemble, ses révoltes eurent peu de conséquences sur la croisade, mais alors que les chevaliers avançaient vers la ville d’El-Haikk, des centaines de nomades enrôlés de force dans l’armée du Sultan décidèrent de se révolter, plongeant la ville dans le chaos et réduisant à néant les projets du souverain.

Le Sultan dut ainsi revoir ses plans initiaux qui consistaient à tenir bon face au siège des chevaliers. Il marcha alors à leur rencontre, sûr que le soleil du désert et la crainte inspirée par ses hommes allaient lui donner la victoire. Mais les envahisseurs avaient appris à user de magie et de bon sens pour se protéger du soleil, gardant leurs lourdes armures de métal à l’ombre et au frais jusqu’à la bataille. Si les forces armées en présence étaient à peu près égales, les croisés disposaient de plusieurs milliers de chevaliers en armure et de puissants destriers bardés. Ils constituaient une vague de métal que rien ne pouvait arrêter ; et des centaines de tonnes de métal écrasèrent les piquiers et fantassins légers du Sultan. Cette charge, immortalisée par de nombreuses légendes et ballades, écrabouilla et dispersa totalement l’armée du Sultan, donnant au sol rocailleux la teinte rougeâtre qu’il affiche encore aujourd’hui. Jaffar fut terrassé, transpercé par une lance d’arçon Bretonnienne alors qu’il fuyait le champ de bataille.

Avec la mort du Sultan, la croisade prit fin. Les chevaliers Bretonniens qui constituaient une bonne moitié de l’armée annoncèrent que leur honneur était sauf, si bien qu’ils repartirent vers Copher où ils embarquèrent pour regagner leurs pénates. Les chevaliers impériaux avaient quant à eux une opinion très différente, d’autant que leur serment incluait la promesse d’une victoire totale. Les croisés se séparèrent alors en forces plus modestes, les divers contingents de chevaliers décidant de traquer les vestiges de l’armée de Jaffar et de libérer les esclaves enlevés dans le Vieux Monde.

Les croisades durèrent près d’un siècle alors que les armées impériales parcouraient le désert et les montagnes d’Arabie en quête de vengeance. Si les plus célèbres batailles, le siège et le sac de Copher et la bataille d’El-Haikk se déroulèrent durant les deux premières années de la croisade, c’est lors du siècle suivant que la plupart des ordres de chevalerie de l’Empire accumulèrent richesse, prestige et renom.

L’un des contingents poursuivit les restes de l’armée du Sultan dans la région montagneuse du sud d’El-Haikk, non loin de la ville de Martekk. Ils y affrontèrent des vautours gigantesques capables d’emporter un homme en armure et son cheval, ainsi que de féroces félins qui s’en prenaient à tous les chevaliers qui s’écartaient de l’armée principale. Cette force traqua jusqu’au dernier des soldats de Jaffar, les exécutant systématiquement, ne faisant preuve d’aucune clémence pour ces Arabiens qu’ils voyaient comme des tueurs sadiques et insensibles. Aujourd’hui encore, les habitants des montagnes parlent des guerriers argentés qui se vêtaient de peaux de grands félins, tels les instruments de la vengeance et de la justice. En rentrant chez eux, ces Chevaliers Panthères se constituèrent en confrérie, un ordre chargé d’honneur et de richesse, que l’Empereur en personne accueillit à bras ouverts.

Sources[modifier]

  • Warhammer JdR - Tome de la Rédemption