Conclave des Lumières

De La Bibliothèque Impériale

Comme peuvent en témoigner les chroniques impériales, l’année 2522 commença sous de sombres auspices. Un hiver particulièrement rigoureux s’était abattu sur le Vieux Monde et il semblait que la fin des temps était arrivée. Les moissons de l’année passée étaient insuffisantes, les hommes-bêtes s'étaient multipliés et leurs attaques devenaient chaque jour plus audacieuses, tandis que des mutations affectaient les humains comme leur bétail. La fumée des bûchers des Répurgateurs masquait le faible soleil, et une comète bifide avait traversé les cieux, signe d’espoir pour certains, présage de désastre pour d’autres.

Des nouvelles arrivèrent du nord, signalant que la horde du Chaos gagnait chaque jour en puissance. Des négociants opérant au nord de Kislev et dans le sud de la Norsca rapportèrent que les tribus barbares avec lesquelles ils traitaient étaient encore plus sauvages et belliqueuses que de coutume, plusieurs caravanes et de nombreux vaisseaux marchands avaient du reste disparu corps et biens au cours des premiers mois de la nouvelle année. Et tout ce temps-là, un nom était murmuré avec terreur dans les garnisons et les palais, dans les tavernes et les relais de diligences : Archaon. Ce personnage inquiétant était entouré de mystère. Certains prétendaient qu’il avait jadis été un Templier de Sigmar rendu fou par un savoir interdit, et qu’il avait vendu son âme aux Dieux du Chaos en échange du pouvoir nécessaire pour abattre l’Empire qu’autrefois il protégeait et qu’à présent il méprisait.

Affamée, terrifiée, la population impériale était en proie à l’hystérie. Les flagellants, prédicateurs et autres oiseaux de malheur s’étaient multipliés, les champs restaient en jachère, le grain pourrissait dans les grandes et la famine se répandait.

Au milieu de cette confusion, l’Empereur Karl Franz, Prince d’Altdorf, luttait pour empêcher l’Empire qu’il dirigeait de se déchirer dans la discorde et la suspicion. Même au sein des cités de Middenheim, Talabheim, Nuln et Altdorf, les serviteurs du Chaos étaient démasqués en nombres toujours plus importants. Des créatures mutantes, des rongeurs qui marchent debout et des abominations non-vivantes hantaient les catacombes et les souterrains, certaines bravant même la lumière jour pour s’en prendre à la civilisation humaine.


Karl Franz Réunit les Comtes[modifier]

C’est ainsi que le jour de l’équinoxe du printemps, Karl Franz promulgua un décret impérial appelant les Comtes Électeurs à Altdorf afin de décider d’une stratégie à suivre pour lutter contre la menace grandissante qui s’amassait au nord tout en empoisonnant le cœur même de l’Empire. De mémoire des Comtes, l’élection de Karl Franz au rang d’Empereur avait été le seul autre moment où un tel rassemblement avait eu lieu, ce qui indiquait assez bien que l’Empereur ne sous-estimait pas la menace des forces du Chaos.

Les Comtes et leurs escortes arrivèrent depuis les quatre coins de l’Empire pour répondre à l’appel de leur souverain, et il leur apparut rapidement au cours de leur trajet que le pays était en proie à une maladie surnaturelle. Certains durent affronter des bandes d’homes-bêtes en maraude, d’autres de sauvages mutants. La plupart traversèrent des villages et des villes rasés ou abandonnés par leurs habitants. Les champs qui n’étaient pas la proie des flammes étaient devenus stériles, et les sombres forêts gagnaient du terrain sur les routes et sur les rivières, offrant de nombreuses cachettes à des hordes de créatures impies.

En plus des Comtes, d’autres personnages éminents furent convoqués : le Patriarche Suprême des Collèges de Magie répondit à l’appel, amenant avec lui les dirigeants des Ordres principaux. Kurt Helborg, Reiksmarshall et général des armées de l'Empereur, s’absenta de ses campagnes contre les Peaux-Vertes des Montagnes Grises. Des ambassadeurs de Marienburg gagnèrent aussi la capitale.

Un mois après l’officialisation du décret, l’assemblée était finalement réunie. Pendant près de dix jours, les grands et les puissants de l’Empire débattirent des différentes solutions envisageables. Le Comte Electeur du Talabecland revenait à peine de son incursion dans le nord en compagnie de l’armée du Grand Théogoniste Volkmar. Ses troupes avaient été massacrées par l’ost d’Archaon et leur déroute avait semé le désespoir dans le province entière. Il recommanda chaudement une politique défensive, conseillant à l’Empereur et aux Électeurs de faire évacuer les villes, villages et fermes isolées pour regrouper leurs habitants à l’abri des murs des grandes cités. Farouche opposant à cette proposition, Boris Todbringer, Comtes Électeurs du Middenland accompagnée d’une délégation d’émissaires du Bourgmestre de Middenheim, clama que les hordes nordiques ne pourraient que croître en nombre et en puissance si on leur en laissait le temps. Il soutint qu’il leur fallait frapper un coup décisif avant qu’elles n’aient la possibilité de lancer l’offensive. Il conseilla à l’Empereur de faire résonner ses tambours de guerre et d’en appeler aux Ordres Impériaux de Chevalerie pour rassembler l’armée impériale dans sa totalité et marcher vers le nord.

De nombreux autres points de vue furent également exprimés : certains pensaient qu’il était possible de négocier avec les chefs des Nordiques et des Kurgans et de les acheter pour qu’ils désertent l’armée d’Archaon, d’autre proposèrent de pratiquer la politique de la terre brûlée en détruisant les vivres de tout le nord de l’Empire, dans l’idée de priver de provisions l’armée du Chaos et d’ainsi provoquer sa dispersion. Ce plan fut bien sûr accueilli par les objections des Comtes de l’Ostermark et de l’Ostland qui le voyaient aussi dévastateur qu’une invasion à grande échelle.

Les Patriarches des Collèges mirent l’assemblée en garde contre les changements survenus dans les Vents Magiques et parlèrent de tempêtes mystiques venues du nord, chargées de voix surnaturelles. Ils avaient de plus en plus de mal à lancer des sortilèges, et même les plus expérimentés de leurs Ordres éprouvaient les pires difficultés à mettre en œuvre des incantations qu’ils maîtrisaient parfaitement du temps de leur apprentissage. Les sorciers avaient néanmoins mis au point une stratégie de divination qui permettrait de savoir où frapperait la horde d’Archaon, et ils promirent qu’ils achèveraient un grand rituel destiné à priver l’ennemi de son soutien magique. Ils préconisèrent de plus d’ériger une barrière magique renforcée par des pentagrammes et des sceaux de protection pour empêcher toute intrusion démoniaque.

Pendant tout ce temps, l’Empereur resta silencieux et se contenta d’écouter sans souffler mot. Il garde ses avis pour lui-même et esquiva habilement toute question sur ce sujet de sorte à ne, pas influencer les opinions des autres. Il ne parla qu’à une seule reprise, pour subtilement réprimander Theoderic Gausser, Comte Électeur du Nordland qui, se plaignant de la fréquence des raids de Nordiques sur ses côtes, accusa l’Empereur de ne pas s’occuper d’affaires aussi éloignées de son siège à Altdorf. A ceci, Karl Franz se contenta de répondre : « L’Empereur n’administre pas uniquement ses propres terres, mais celle de l’Empire dans son ensemble. Le sort de ses sujets, qu’ils soient nobles dans leurs châteaux ou fermiers dans leurs champs dévastés, est son principale souci ». Même lorsque son ami Kurt Helborg le pressa d’intervenir pour calmer les débats qui tournaient au règlement de compte, il annonça au Reikmarshall qu’il ne s’exprimerait qu’une fois que toutes les opinions auraient été entendues. Personne ne comprit ce qu’il voulait dire, étant donné que chacun martelait son point de vue depuis plusieurs jours déjà.


les Émissaires de la Tsarine[modifier]

Peu après midi lors du onzième jour du conclave, tandis que les délégués marmonnaient au-dessus de leur repas, des messagers porteurs de nouvelles fraîches arrivèrent depuis Kislev, envoyé par la Tsarine Katarina pour quérir l’aide des alliés ancestraux de sa nation. Ils parlèrent de centaines de milliers de guerriers se rassemblant au nord en hurlant leur soif de sang tels des chiens de chasse affamés attendant d’être lâchés. Ils annoncèrent également que l’armée ennemie rivalisait de taille avec l’ost qu’avait battu Magnus le Pieux lors de la Grande Guerre Contre le Chaos.

Les tribus de cavaliers du nord de Kislev, fières de leur indépendance, s’étaient manifestées auprès de leurs cousins plus civilisé, leur demandant un abri ainsi qu’une aide militaire, chose inédite pour ces farouches nomades. Ils chevauchaient à présent vers le sud, abandonnant les steppes aux Kurgans venus de l’est, effrayés par leur simple nombre. Ils pourchassaient néanmoins les adorateurs du Chaos et interrogeaient leurs captifs dès que l’occasion se présentait. Ces derniers leur tinrent tous le même discours, à savoir qu’Archaon était l’Élu des Puissances Obscures, le Seigneur de la Fin des Temps, couronné par les dieux du Chaos pour conduire leurs légions dans une ultime conquête des terres du sud. Il leur avait promis de grandes richesses qu’ils pourraient arracher aux palais incendiés des nobles impériaux, tandis que les terres de l’Empire seraient rayées de la carte dans une orgie de sang et de feu. Archaon avait même prétendu que les yeux des dieux étaient rivés sur le monde et qu’il offrirait l’immortalité à quiconque marcherait sous sa bannière.

Certains membres de l’assemblée se rirent de ces rapports, accusant les Kislévites d’exagérer. Les ambassadeurs de la Tsarine rétorquèrent froidement que leurs compatriotes périssaient par milliers chaque année en affrontant les tribus du nord, garantissant la sécurité de l’Empire sans jamais recevoir ni remerciement ni récompense, et qu’ils savaient que leurs propres forces ne suffiraient pas à retenir la marée inhumaine qui allait se déverser sur les terres des mortels.

Pendant cinq jours de plus, ces nouvelles furent digérés par les Électeurs, questionnés, discutées, examinées, mais Karl Franz garda le silence. La situation était dans une impasse, les Comtes n’étaient pas parvenus à un accord et certains commencèrent à parler contre l’Empereur, l’accusant d’indifférence. D’autres, d’aucuns diraient les plus sages, conseillèrent la patience, sachant que leur souverain ne prenait jamais de décision à la légère.


des Nouvelles de l’Est[modifier]

Dix-sept jours après le début du conclave, Altdorf reçut d’autre nouveaux venus. Ayant marché depuis leurs lointaines forteresses des Montagnes du Bord du Monde, des émissaires des Rois Nains firent leur apparition, accompagnés de leur escorte. Trois-cents Nains en armes se présentèrent à la porte est d’Altdorf : l’infortuné capitaine de garde ne savait trop quoi faire, et en attendant des ordres de ses supérieurs, il refusa l’entrée au contingent Nain… jusqu’à ce que leur chef, Snarri Thungrimsson, annonce à l’officier de la Reiksguard que les murs sur lesquels il se tenait étaient l’œuvre de Nains, construits avec de la pierre Naine, et que s’il ne les laissait pas entrer, lui et ses guerriers se feraient un devoir de reprendre leur bien pierre par pierre. Face à tant d’obstination, l’officier finit par faire ouvrir les portes pour éviter de nouveau ennuis.

Karl Franz reçut les ambassadeurs nains en grande pompe. Chacun des six messagers prononça un long discours (tous pratiquement identiques…) évoquant les anciens liens qui unissaient l’Empire au peuple Nain et les serments d’entraide qu’ils avaient échangés : c’est là la principale raison de leur présence. Nombre des membres du conseil reprirent courage, mais les plus astucieux d’entre eux songèrent que tous ces beaux discours avaient pour but de rappeler à l’Empereur les vœux qu’il avait prononcé après son couronnement. Après deux jours d’entretiens privés avec les nains, le souverain rapporta ce qu’il avait appris.

Les nouvelles consternèrent les nobles impériaux. Comme ils en avaient été avertis, les Kurgans se déplaçaient vers l’ouest en grand nombre et s’étaient rassemblés dans la plaine de Zorn Uzkull, le Pays du Grand Crâne à l’est de la Haute Passe. Là, ils avaient vendu aux Nains du Chaos des Terres Sombres les dizaines de milliers d’esclaves qu’ils avaient capturés au fil des ans et les avaient échangés contre des armes acérés et de solides armures, ainsi que contre des machines de guerre quasi démoniaques capable d’abattre les murs des cités et de massacrer l’ennemi depuis une grande distance. Quelques messagers des Nains Norses avaient réussi à atteindre Karak Kadrin, racontant que leurs forteresses étaient virtuellement assiégées, entourées de toutes parts par des légions de Maraudeurs et autres bêtes monstrueuses.

L’ambassadeur d’Ungrim Poing de Fer, le Roi Tueur de Karak Kadrin, transmit la promesse de leur souverain : les Nains du Fort des Tueurs allaient marcher vers le Pays des Trolls pour engager les forces du Chaos. Mus par leur étrange destin, des membres du Culte des Tueurs venus des quatre coins du Vieux Monde et d’au-delà se rassemblaient à l’heure de même dans l’imposant Temple de Grimnir de Karak Kadrin et n’attendaient que le retour du messager pour partir chercher leur mort face aux monstres dégénérés du nord. Les délégués Kislévites remercièrent chaleureusement les émissaires Nains, et leur promirent des provisions s’ils s’arrêtaient à Kislev ou à Praag au cours de leur longue marche.

Mais ce bref moment d’espoir fut hélas gâché par de biens sombres nouveaux. Les Peaux-Vertes des Montagnes du Bord du Monde, relativement inactifs depuis quelques années, avaient oublié leurs querelles et nombre d’entre eux avaient rallié l’armée du terrible Seigneur de Guerre Grimgor Boît' en Fer. Celui-ci s’était longtemps battu contre les Kurgans, mais avait à présent rejoint la bannière des Dieux du Chaos. Les Nains ignoraient la raison qui avait poussé le chef orque à faire cause commune avec les Sombres Dieux, mais les rumeurs disaient qu’il avait été battu en combat pour la première fois de sa vie et qu’il cherchait désormais à refaire ses preuves aux yeux de Gork et Mork. D’autres commandants peaux-vertes avaient fait de même et marchaient désormais aux côtés des Champions du Chaos, attirés par les batailles et le butin que l’invasion leur promettait.

Lorsqu’on lui demanda quelle décision il comptait prendre à la lumière des informations des nains, Karl Franz répondit qu’il avait encore besoin d’un peu de temps pour se décider. Les couloirs du palais impérial se remplirent une fois de plus de protestations murmurées contre l’indétermination de l’Empereur. Certains compatissaient, se disant que la décision était trop importante pour un seul homme, si noble qu’il fût, et à leur sens, Karl Franz n’osaient se prononcer car il craignait de faire le mauvais choix.

les Prêtres Interviennent[modifier]

C’est à ce moment qu’une délégation envoyée par Ar-Ulric, le Grand Prêtre du Dieu des Loups et de l’Hiver, arriva de Middenheim. Outrés que leur maître n’ait pas été convoqué, ses partisans accusèrent Karl Franz de n’être que la marionnette de l’Archidiacre de Sigmar. Les Comtes et les sorciers des Collèges de Magie craignaient le pire, car l’heure n’était pas aux conflits politiques entre les cultes de Sigmar et d’Ulric.

Johann Esmer, le nouveau Grand Théogoniste, avait succédé à Volkmar suite à sa mort des mains d’Archaon lors d’un combat singulier. Il n’avait pas assisté aux délibération du Conclave, mais fit connaître sa présence à l’arrivée des émissaires d’Ar-Ulric. Il ne s’adressa pas au conseil dans son ensemble, mais s’entretint avec nombre de ses membres en privé, critiquant l’agressivité de Boris Todbringer comme étant une simple mascarade destinée a usurper le pouvoir de l’Empereur. Il obtint rapidement le soutien du Stirland, du Wissenland et du Talabecland, provinces qui l’avaient déjà appuyé lors de son accession au rang de Grand Théogoniste, mais une bonne partie du conseil fut rebutée par ces manigances politiques évidentes en cette période de crise.

Au bout du compte, il fit savoir que le culte de Sigmar était favorable à une stratégie défensive. Il s’opposa à l’envoi de troupes en Kislev, mais préconisa que les Templier de Sigmar, les redouté Répurgateurs, soient renforcés par de nouvelles recrues pour garantir l’ordre et la pureté spirituelle des cités et des villages de l’Empire. Il demanda à l’Empereur de donner l’ordre d’arrêter Luthor Huss pour hérésie et trouble de la paix publique, clamant que le prophète autoproclamé ne faisait qu’aggraver les peurs des gens plutôt que de les apaiser. Ces déclarations suscitèrent la colère des membres de la délégation d’Ar-Ulric, qui conspuèrent Esmer et l’accusèrent de lâcheté. Les Middenheimers rappelèrent au conseil que Sigmar, tel Ulric, était un dieu guerrier, et que le Grand Théogoniste n’avais aucun droit à parler au nom des véritables fidèles du saint patron de l’Empire, qui eux ne manqueraient pas d’opter pour une solution plus offensive.

Tout au long du débat, Karl Franz demeura impassible, pensif et parfois même distrait. En coulisse, son droit à régner était de plus en doute remis en question, et même le Grand Théogoniste, par tradition l’allié du Prince d’Altdorf, se refusa à cautionner son attitude.


Les messagers[modifier]

Face au silence de l’Empereur, le conseil se réunit secrètement. Certains appelèrent au remplacement de Karl Franz, suggérant même que l’Empereur les avait réunis pour désigner lui-même son successeur. Middenland, Nordland et Averland souvent des adversaires de l’Empereur du Reik, rirent de ces accusations même sous le règne de Boris l’Avide, aucun empereur dûment élu n’avait été déposé par la force des armes. Les membres les plus sages du conseil mirent en garde contre de tels propos, rappelant à quel point le besoin d’unité était grand en cette heure sombre et comment l’anarchie avait bien failli détruire l’Empire avant que Magnus le Pieux ne livre la Grande Guerre.

Ignorant ce que Karl Franz avait en tête, ils émirent la possibilité qu’il attendait de nouveaux avis avant de se décider. Il fut décidé de faire partir un message en Bretonnie auprès du Roy Louen Cœur de Lion pour savoir s’il comptait envoyer ses chevaliers aider à la défense de l’Empire. Sa réponde mettrait du temps à revenir mais ils espéraient qu’elle aiderait Karl Franz à se décider.

Au même moment, certains évoquèrent les Principautés Frontalières, pays sauvage dominé par des nobles impériaux déchus, des chevaliers Bretonniens déshonorés et autres brigands sans foi ni loi. Toutefois, nombre d’entre eux avaient encore des liens très forts avec l’Empire et il était possible qu’ils puissent être persuadés de se rendre dans le nord pour participer à la bataille. Les guerriers des Principautés étaient célèbres pour être des vétérans des longues guerres livrées aux peaux-vertes qui infestaient leurs domaines, et de tels renforts pourraient s’avérer forts utiles.

De nouveaux messagers furent dépêchés vers le sud, porteur de promesses de récompenses, de grâce impériale et autres incitations à répondre à l’appel de l’Empereur. Quelques protestations s’élevèrent pourtant car les Princes Frontaliers pouvaient s’avérer être des alliés peu fiables, aussi susceptibles de s’en prendre à l’Empire que de l’aider.


Un conseil inattendu[modifier]

Au trentième jour du Conclave, les Comtes, sorciers, nains, Kislévites, Marienburgers et autres prêtres furent tirés de leur lit de bonne heure par les serviteurs de l’Empereur. Après quelques grommellements, ils comprirent que Karl Franz était prêt à se prononcer. Suite à un déjeuner hâtif, les conseillers ne furent toutefois pas conduits vers la salle du trône mais sur les remparts du palais qui surplombaient le Reik. Karl Franz les y attendait, emmitouflé dans une lourde cape pour lutter contre le froid vent d’ouest. Un long moment s’écoula, chacun regardant en vain par-dessus les créneaux et se demandant ce que faisait l’Empereur. Ils pensèrent que la tension des derniers mois avait peut-être fini par affecter sa raison. Au moment où certains proposaient de rentrer, l’Empereur leur ordonna de rester, et pointa le doigt en direction de l’ouest.

Les dignitaires se pressèrent contre les remparts, plissant les yeux pour essayer de voir au travers des brumes du Reik qui commençaient de se retirer sous le soleil levant. Il y eu au loin un mouvement, un éclat lumineux au milieu de la grisaille matinal. En quelques minutes, un navire à voile d’un blanc étincelant se dessina, sa proue en forme de faucon fendant le brouillard. Les conseillers et les Comtes firent alors silence lorsqu’ils comprirent qu’il s’agissait d’un vaisseau Elfique. Des reniflements coléreux s’élevèrent de la délégation Naine, et ils quittèrent bruyamment les remparts en grognant dans leur langue gutturale.

Après avoir parcouru silencieusement le fleuve, le navire vint mouiller sur le quai du palais et une silhouette en descendit. Vêtue de robes bleues et s’appuyant lourdement sur un sceptre ouvragé, elle avança vers la redoute tandis que les membres de l’assemblée se poussaient les uns les autres et se penchaient par-dessus le parapet pour mieux le distinguer. Puis le visiteur Elfique entra dans le palais et le conclave suivit Karl Franz jusqu’à la salle du trône. L’Elfe les y attendait, le regard lointain. L’assemblée fut finalement rejointe par les Nains, qui en entrant jetèrent des regards torves à l’Empereur, le soupçonnant de quelques tricherie.

Karl Franz présenta l’elfe comme étant le légendaire Teclis, l’Archimage qui avait secouru l’Empire durant la Grande Guerre et fondé les Collèges de Magie. Les yeux du sorcier balayèrent l’assemblée, certains ne purent soutenir son regard perçant, d’autre ne le croisèrent quelques instants. Plus tard, ils évoquèrent la sagesse sans fond que semblaient contenir ces yeux, comme si leurs âmes avaient été mise à nu. Ils écoutèrent sans commentaire ce que l’elfe avait à leur dire, sa voix mélodieuse emplissant sans effort la pièce.

« Je suis venu, de même que je suis venu voilà deux siècles, » dit-il, « quatre vies d’hommes, moins d’une génération pour mon peuple. Quoique les gens du Roi Phénix aient leurs propres malheurs, nos voies doivent de nouveau se croiser, car le destin du monde est désormais incertain. Aucune race ne peut rester à l’écart face à la menace qui croît dans les froides désolations septentrionales. Ni les multitudes des hommes, ni les demeures de pierre des Nains, ni même les flottes d’Ulthuan ne pourrait contenir les ténèbres si nous sommes désunis. »

Les Nains s’entretinrent à voix basse mais caverneuse, puis Snarri Thungrimsson s’avança pesamment. « La peste soit des Elfes, » cracha-t-il. Il se retourna et s’adressa à l’assemblée. « Si la mémoire des autres races s’étiole avec le temps, nous autres Nains nous rappelons des heurs subis et rares sont ceux à être plus ignobles que la trahison du Roi Phénix et de ses elgi. Mais avant les tricheries des coupeurs de barbes, les Elfes et les Nains ont maintes fois combattu côte à côte les hordes du Chaos, et ont mis leurs différences de côté à l’époque de Magnus. Même si jamais nous n’oublierons leurs affronts, il ne sera pas dit que nous préférons laisser le monde aller à sa destruction plutôt que d’écouter un Elfe. Lorsque résonneront les cors de Karaz-a-Karak, mon peuple répondra à l’appel et marchera à leurs côtés si besoin est. »

Karl Franz gardait l’air pensif. Il demanda à Teclis s’il apportait la réponse du Roi Phénix, bien que personne ne sût quelle avait été sa question, ni même qu’un quelconque message eût été envoyé. La réponse de Teclis fut brève.

« Oui. » dit-il, et il n’ajouta rien de plus.


L’appel aux armes[modifier]

C’est ainsi que la défense du Vieux Monde fut mise en œuvre. Karl Franz ordonna aux Comtes Électeurs de commencer à rassembler leurs armées et de permettre le libre passage de tout Nain parcourant leur province. Les vaisseaux Elfiques allaient patrouiller dans la mer des Griffes pour intercepter les drakkars des Nordiques et pourrait se ravitailler librement à Marienburg et rendre visite à leurs semblables dans le grand quartier Elfique de la ville.

Les Nains continueraient à surveiller les terres de l’est, aidés par les hommes du Wissenland et du Stirland. Les Tueurs de Karak Kadrin gagneraient Kislev pour y trouver une mort glorieuse face aux forces du Chaos.

Les armées de l’Ostermark et de l’Ostland se tiendraient sur les rives de l’Urskoy et du Talabec, prêtes à aider les Kislévites ou à défendre la frontière nord si ceux-ci venaient à faillir dans leur tâche.

Karl Franz pour sa part rassemblerait l’armée du Reikland et ajouterait ses forces à celle du Talabecland, prêtres à gagner le nord. Chaque ville et village organiserait ses hommes en une milice entraînée, et les forges de l’École Impériale d'Artillerie de Nuln tourneraient nuits et jours pour produire des canons et des arquebuses. Les Patriarches des Collèges de Magie rappelleraient leurs sorciers de bataille et offriraient leurs services gratuitement, tandis qu’Ar-Ulric et le Grand Théogoniste rassembleraient leurs ouailles pour une guerre sainte.

Quelle que fût la menace qu’Archaon se préparait à libérer sur l’Empire, Karl Franz jura que le Seigneur de la Fin des Temps n’aurait pas la tâche facile.


Source[modifier]

  • White Dwarf n°108