Chute de Kavzar

De La Bibliothèque Impériale
La Chute de Kavzar représenté sur cette tapisserie.
Les érudits et universitaires ne cessent de polémiquer sur l’origine des Skavens. Certains affirment qu’ils ne sont rien de plus qu’une variante des Hommes-Bêtes, d’autres soutiennent qu’il s’agit d’une race à part entière qui aurait muté, non pas à partir d’humain, comme les Sabots Fourchus, mais à partir de rats, d’autres enfin, la majorité en vérité, refusent de croire à leur existence. Il est notoire qu’obtenir des informations sur les Skavens est très difficile, car c’est une race souterraine qui n’apparaît en surface qu’au cours d’inexplicable guerres, rapides et imprévisibles, avant de disparaître à nouveau.

De tous les mythes qui entourent l’existence des Skavens, l’un des plus persistants est probablement le conte de La Chute de Kavzar, aussi intitulé Les Treize Sonneries du Glas. La version à laquelle se réfèrent le plus souvent les érudits est un ancien poème épique en 13 strophes, en Tiléen dans sa version originale ou sous sa forme traduite. Toutefois, les sources de ce poème ont toujours soulevé des interrogations, particulièrement en raison du fait qu’en dépit de son titre le texte ne fait absolument aucune mention de Kavzar. En outre, le nom de Kavzar n’a rien de Tiléen. Au cours de recherches fut découverte une antique version de cette épopée, conservée par les Nains depuis des millénaires et clairement antérieure à l’œuvre Tiléenne. La description des événements est quasiment identique dans les deux documents, à l’exception du fait que le poème Nain dépeint ceux-ci sous un jour beaucoup plus favorable que la transcription humaine, dans laquelle les Nains sont calomnieusement décrits comme indifférents à toutes les souffrances des hommes.

À l’origine, cette œuvre était évidemment en Khazalid. Elle a néanmoins été traduite en Reikspiel par le grand érudit Nain Svenrik Marteaunoir, dont la traduction, contrairement à toutes les autres ou à l’œuvre Tiléenne, respecte à la fois le rythme et les rimes de l’original. Cependant, comme dans le cas de la légende Tiléenne, l’auteur de ce texte reste inconnu.

Le texte qui suit est la version de Marteaunoir, le lecteur pourra en tirer ses propres conclusions. Les copies de la Chute de Kavzar ont presque toutes disparue de l’Empire, le dernier manuscrit connu ayant été perdu lors du Grand Incendie de Nuln de 2499. Cependant, cette histoire est largement connue et répandue en Tilée, transmise de génération en génération.


La Chute de Kavzar, ou les Treize Sonneries du Glas[modifier]

Il était autrefois une noble cité
Élevée au sommet d’un ancien promontoire.
Les Nains et les humains qui l’avaient érigée
L’avaient édifiée selon leur bon vouloir.
C’était à la surface qu’habitaient les humains
Et les Nains s’établirent dedans les souterrains.
Nul ne souffrit jamais ni manque ni chagrin
De tous ceux qui vivaient dans la belle Kavzar.
La cité légendaire était tout entourée
De vallons ondulants sous de riches moissons
Et sous leur chef de pierre les collines abritaient
Des métaux et des gemmes en somptueux filons.
Les rues de la cité étaient pavées d’argent
Et ses hauts bâtiments tout en or lambrissés,
Aussi sages que loyaux étaient ses habitants
Généreux et vaillants, les hommes de Kavzar.

Voyant les mille faveurs dont les comblaient les dieux
Les hommes de la cité, voulant les glorifier,
Décidèrent d’élever un palais digne d’eux
Pour la plus grande gloire de leur divinité.
Au sommet de leur ville ils voulurent élever
Un temple majestueux surmonté d’une tour
Pour que chaque visiteur, marchand ou troubadour
Admire la grandeur des dieux et de Kavzar.
Mais les hommes de Kavzar n’étaient point bâtisseurs
Ils s’en allèrent donc solliciter les Nains,
De tous leurs artisans ils choisirent les meilleurs
Et prirent les plus belles pierres que puisse tailler la main.
Ils établirent leurs plans avec le plus grand soin,
Désireux qu’ils étaient de monter jusqu’aux cieux,
De monter hardiment au domaine des dieux
Qui, voyant devant eux les œuvres de Kavzar,
Abaisseraient sur elle un regard bienveillant.

Les jours devinrent semaines et les semaines mois
Et bientôt le printemps en l’été bascula,
Les hommes de Kavzar travaillaient vaillamment.
Puis l’été s’évanouit dans le froid de l’hiver,
Les semaines devinrent mois, les années s’écoulèrent
Mais les hommes persistaient opiniâtrement.
C’est ainsi que les grands bâtisseurs de Kavzar
Transmirent à leurs fils leur œuvre en héritage.
Après qu’une centaine d’années fut passée
Le puissant temple enfin dans la ville fut dressé.
Son ombre s’étendait sur tout le voisinage
Il miroitait de jade, de Gromril et de marbre
Sa tour enfin dressée comme un grand candélabre
Si pointue et si haute qu’elle perçait les nuages.
Les heureux habitants de la belle Kavzar
L’admiraient, pleins de joie, les yeux écarquillés.

C’est alors qu’ils connurent une déconvenue
Leur tour était si haute et tellement pointue
Qu’on n’y pouvait fixer le moindre chevalet
Et que nul ne savait comment l’escalader.
Il était impossible d’atteindre le sommet
Pour y poser la flèche qui la couronnerait.
Dépités et contrits, les braves gens de Kavzar
Déplorèrent amèrement leurs rêves anéantis.
Ce jour-là arriva dans la ville attristée
Un homme au manteau long, coiffé d’un capuchon
Qui leur promit son aide et celle de sa magie.
Le tonnerre gronda à son apparition,
Le vent tempétueux poussa de noires nuées
Mais il fit le serment de terminer la tour.
À ces mots les pauvres citoyens de Kavzar
Le prièrent aussitôt de leur porter secours.
Tout d’abord l’étranger voulut que l’on marchande
Et formula ainsi son unique demande:
Il voulait la promesse qu’au sommet de la tour
On ferait une place à sa divinité.
Les bonnes gens de la ville ne virent pas le danger
Ils étaient dépourvus de toute fourberie.
Et tous les habitants de la fière Kavzar
Le prièrent d’user de sa sorcellerie.

Au soir dans leurs demeures ils étaient tous rentrés.
Ils revinrent à minuit sur la pointe des pieds.
L’inconnu savait-il une puissante magie ?
Les avait-il aidés comme il l’avait promis ?
Levant les yeux au ciel, vers la tour, au sommet
Une cloche carillonnait, lancée à toute volée.
Et tous les malheureux qui vivaient à Kavzar
Virent bien que sonnait la dernière de leurs heures.
Elle retentit une fois et puis deux et puis trois
Quatre, cinq, six et sept, en un lugubre pleur
Huit et neuf, dix, onze, la cloche du malheur
La douzième sonnerie les fit trembler d’effroi
C’est alors qu’elle sonna une treizième fois.
Une pluie impitoyable, aux gouttes comme des pierres
S’abattit sans pitié sur la pauvre Kavzar
Dont tous les habitants s’enfuirent vers leurs foyers.

L’aube ne vint pas.
Dans le ciel couleur d’encre
Une noire tempête bouillonnait comme un chancre.
La tour du temple était environnée d’éclairs
Et les pavés tremblaient sous les coups du tonnerre.
À travers la tempête une cloche résonna
Égrenant lentement les treize sonneries du glas.
Sous les yeux horrifiés de son peuple,
Kavzar succomba sous les coups de la fatalité.

Les jours devinrent semaines et les semaines mois
Sans relâche le déluge martelait la cité
Les champs si généreux étaient empoisonnés,
Les collines ravinées par la boue des torrents.
Les rues avaient perdu leurs beaux pavés d’argent
Et tout l’or des façades avait été lavé.
Ayez grande pitié des bonnes gens de Kavzar
Qui envoyèrent au loin plus de cent estafettes
Pour appeler à l’aide partout dans la contrée,
Mais si les cavaliers traversèrent la tempête
Jamais ils ne revinrent de cette chevauchée.

Les hommes de Kavzar se tournèrent vers les cieux
De leur porter secours ils implorèrent les dieux.
Pour unique réponse des averses glacées
Sans la moindre merci s’abattirent sur Kavzar.
Ils descendirent alors au cœur des souterrains
Espérant obtenir l’assistance des Nains
Mais ceux-ci ne pouvaient en rien les soulager
Car ils souffraient eux-mêmes les pires difficultés.
Les rats étaient venus pour piller les celliers
De leurs demeures de pierre maintenant inondées.

Épuisés, consternés, ils durent s’en retourner
Affronter leur destin dans les rues de Kavzar.
Les fièvres et la peste les fauchèrent par centaines
Les réserves qu’ils avaient étaient contaminées,
Ils étaient tous accablés de chagrins et de peines,
Les morts jonchaient les rues, recouvrant les pavés.
La tempête fit pleuvoir des rochers enflammés
Qui saccagèrent tout ce qui n’avait brûlé.

L’univers n’était plus que cendres et fumées
Versant d’amères larmes sur les ruines de Kavzar
Ils osèrent implorer les puissances du Chaos.
Ils engendrèrent alors des monstres contrefaits,
Les jeunes comme les vieux subirent le fléau,
Les forts comme les faibles également frappés.
Et pendant tout ce temps, descendues de la tour,
Les treize sonneries résonnaient dans les cours,
Les treize sonneries marquant leur dernier jour,
Les treize sonneries qui ébranlaient Kavzar.

C’est alors qu’arrivèrent les Skavens pernicieux,
Des rats démesurés armés de coutelas
Dont les griffes acérées luisaient d’un noir éclat
Et dont la soif de sang faisait briller les yeux.
Les Skavens affluèrent, pullulants, par milliers,
Les Skavens innombrables investirent la cité.
Les rares survivants coururent se réfugier
Dans le bastion des Nains en dessous de Kavzar.

Mais il était trop tard.
Leur destin les trouva
Car les Nains eux aussi affrontaient les Skavens.
Ils menèrent ensemble cette guerre souterraine
Ils furent main dans la main en ce dernier combat
Hommes et Nains alliés, luttant jusqu’au dernier.
De tous les habitants de l’ancienne cité
Aucun ne survécut pour dire qu’il y était
Pour chanter la mémoire de la glorieuse Kavzar.
Les Skavens allaient griffant, mordant et dévorant
Rongeant les os, rongeant les chairs avidement !
Les hommes et les Nains tombèrent en même temps
Sur les anciennes pierres toutes rougies de sang.

Au sommet de la tour, les treize sonneries du glas
Annoncèrent la victoire des sinistres hommes-rats
Nos plus grands ennemis, victorieux conquérants
Avaient pris possession de la grande Kavzar.
À présent écoutez, la morale de l’histoire:
Hommes et Nains toujours doivent rester alliés !
Défiez-vous des pactes avec les étrangers
Sous peine de voir la ruine un jour nous menacer !
Repoussez le Chaos, sans trêve ni repos !
Pourchassez ses laquais, qu’ils soient petits ou gros !
Afin que plus jamais on ne puisse succomber
Au funeste destin de la noble Kavzar.


Depuis les rivages septentrionaux de Tilée jusqu’aux pieds des Montagnes Noires s’étend un marécage inhospitalier infesté de maladies. Cette région tristement connu sous le nom de Marais Putrides est un royaume où la mort frappe les inconscients. Ce ne sont que sables mouvants, flaques d’eau croupie et végétation en décomposition. Des canaux boueux y serpentent, formants un dédale insondable de bras d’eau aux berges envahis d’herbes en putréfaction ressemblant à du blé calciné. À certains endroits, on peut trouver des flaques qui scintille de lueurs sombres et près desquelles rien ne poussent. Pénétrer dans les Marais Putrides, c’est appeler la mort, sous la dent des bêtes dégénérées qui les hantent ou par l’enlisement dans les boues mouvantes. Rares sont ceux qui s’y aventurent, il ne court aucune rumeur d’or ou de richesse à propos de ces terres maudites. Seules la désolations et la mort seront au rendez-vous pour le fou qui s’y risquent, et nul n’habite à proximité, par peur des secrets ténébreux qui rodent dans ce bourbier.

Sources[modifier]

  • Warhammer JDR supplément Les Fils du Rat Cornu
  • Livre d’Armée des Skavens, V6