Catégorie:Les Carnavals du Vieux Monde
Des troupes de gens étranges et douteux errent à travers l’Empire. On les qualifie de Carnavals Itinérants. Ces voleurs et autres bons à rien espèrent gagner facilement leur vie en divertissant ceux-là mêmes qu’ils escroquent. Il y a toutes sortes de tailles et de formes de Carnavals. On trouve les fêtes foraines, qui regorgent de spectacles plus ou moins étranges, de merveilles et parfois de manèges pour les enfants. Une chose rapproche toutes ces troupes : la supercherie y est aussi présente que la vérité. La diseuse de bonne aventure ne fait que raconter ce que les gens veulent entendre et les soi-disant monstres ne sont bien souvent que des gens normaux bien déguisés et maquillés. Peut-être le voyant entrevoit-il vraiment l’avenir, mais il sait qu’il ne gagnera rien à le divulguer. De même, les Manœuvres du Carnaval ont tous des mutations, mais pas du type à attirer les foules. Rien ne peut être pris pour argent comptant et plus une chose paraît étrange, plus elle a de chances d’être véridique.
Les Carnavals qui sillonnent l’Empire sont nombreux, et comme les individus qui les composent, on ne peut les réduire à une définition. Chaque troupe propose ses propres spectacles, si bien que même quand un bourg vient de recevoir un Carnaval, le public est toujours prêt à profiter des attractions du suivant. Cela ne veut pas dire que tous les villages accueillent une telle caravane chaque semaine. La plupart des gens peuvent se permettre d’aller au Carnaval de temps à autre, mais peu de sites peuvent se faire escroquer aussi sauvagement avec une telle régularité.
En général, les Carnavals offrent un divertissement de bas étage. Il est vrai que bien des aristocrates s’y rendent, mais il y a peu de chances qu’ils laissent ces troupes s’installer dans leur arrière-cour. Les Carnavals sont perçus comme grossiers et vulgaires par les gens de bonne famille et nombreux sont les nobles qui voient d’un très mauvais œil leur simple existence. Les spectacles sont souvent choquants et outrageants pour les gens les plus raffinés, et même parfois pour les paysans ; nombreuses sont les attractions qui ne sont pas destinées aux enfants, mais cette réputation est volontairement cultivée : le danger et l’interdit, qu’ils soient beaux ou obscènes, agréables ou répugnants, contribuent grandement à l’attrait du Carnaval. Tout y est possible et ceux qui s’y rendent peuvent découvrir un monde étrange et nouveau, tant qu’il leur reste des sous à dépenser.
Sommaire
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Aussi excitante puisse-t-elle paraître aux yeux des observateurs, la vie de Carnaval est exténuante et précaire. Pour commencer, rares sont les troupes qui se posent au même endroit très longtemps. Après quelques nuits, la population n’a souvent plus d’argent à jeter par les fenêtres, quand elle ne cherche pas directement à récupérer celui qu’on lui a volé. Le code tacite entre Carnavals veut également que l’on soit toujours sur la route pour laisser la place aux autres, car c’est le seul moyen pour que tous puissent gagner la croûte que demande l’existence modeste à laquelle ils aspirent. Par ailleurs, il n’est pas facile d’abandonner ce mode de vie. Le travail, honnête ou non, est rarement source de grands revenus et peu de communautés sont prêtes à accueillir une famille de forains plus de quelques jours.
Tout Carnaval est constamment pris dans l’un des quatre modes suivants : montage/démontage, voyage, travail ou ennui profond. Les périodes de transition n’existent pas vraiment. Dès qu’un Carnaval atteint un nouveau bourg, l’installation des stands commence. C’est un labeur extrêmement difficile, qu’il faut achever avant la nuit tombée, sans quoi l’enthousiasme que montre la communauté à l’arrivée de la troupe risque de se dégonfler. Les parties les plus laborieuses de l’assemblage et du démontage du Carnaval sont assurées par les Gros Bras, que l’on appelle Manœuvres ou Débardeurs. Il s’agit essentiellement des membres du Carnaval qui n’ont pas encore appris les ficelles du spectacle ou des arnaques. Ils font par ailleurs office de sécurité quand les attractions sont lancées. L’installation de chaque divertissement et stand est sous la responsabilité d’une personne, mais les plus respectés de la troupe obtiennent facilement l’aide de quelques bras si besoin est.
Quand la nuit tombe, le Carnaval est ouvert et attire les villageois par ses lumières, comme des papillons de nuit. C’est généralement le moment où les Manœuvres prennent un peu de repos, tandis que les forains entrent en scène pour plumer le chaland autant que possible. Le jour suivant est beaucoup moins frénétique, à condition que la troupe n’ait pas été chassée et qu’elle choisisse de rester pour un soir ou deux de plus. Il y aura bien quelques réparations à effectuer et les gens de spectacle en profiteront pour répéter leurs numéros ou essayer de nouvelles idées, mais à part cela, il n’y aura pas grand-chose à faire. Quelques membres de la troupe iront en ville faire leurs emplettes, mais rarement en nombre. Les braves gens sont bien contents de pouvoir assister au Carnaval, mais ils n’ont aucune envie de voir ces tarés et excentriques sur le pas de leur porte. Quelle que soit la qualité des divertissements de la veille, la troupe a souvent droit à un accueil glacial (voire violent) au sein même de la communauté.
Attractions[modifier]
Chaque Carnaval est certes unique, mais ils proposent presque tous une combinaison de trois divertissements de base. On trouve d’abord les manèges. Surtout destinés aux enfants et aux familles les plus modestes, on y décourage les escroqueries les plus lourdes. Le Carnaval est là pour repartir avec le plus d’oseille possible, mais sait bien qu’il n’obtiendra pas grand-chose de ceux qui n’ont rien. Les manèges sont généralement rudimentaires, de simples tourniquets activés par des manivelles nécessitant quelques Gros Bras. Certains Carnavals bénéficient de manèges alimentés à la vapeur, œuvres d’Ingénieurs Nains. Ceux-ci sont d’un entretien difficile et souvent peu fiables, mais la vue de ces engins est un attrait majeur et source d’une certaine jalousie de la part des autres troupes.
Il y a ensuite les jeux. Ces stands proposent toutes sortes de divertissements pour les plus candides. Les badauds sont invités à prendre part à des jeux simples, avec la chance de remporter une récompense « fabuleuse », moyennant une mise raisonnable. « Épingler la Peau-Verte » consiste à planter un clou dans une peau d’Orque repliée. Le « Collier du Nabot » demande d’enfiler un cerceau autour du cou de porcelets, à l’aide d’une longue hampe. Sans oublier le célèbre jeu de cartes « Trouver l’Électeur ». Il va sans dire que chaque épreuve est truquée, même si tout forain sait généralement donner l’impression que la victoire est aisée et le prix accessible.
Enfin, il y a les spectacles. Bien souvent, ils répondent à des attentes plus adultes et offrent divers types de dépravation. Les spectacles burlesques se font passer pour de la « danse exotique ». Les monstruosités et les mutations (qu’elles soient réelles ou astucieusement simulées) sont exhibées derrière des rideaux noirs. Des voyants proposent de lire les lignes de la main ou de tirer les cartes. Parfois, des sorciers font des démonstrations occultes. Ces spectacles sont rarement conçus pour les enfants ou les pudibonds. Afin d’apaiser le sentiment de culpabilité ou de honte du public, ces divertissements sont souvent présentés comme éducatifs : « Cette danse va vous dévoiler toute la grâce de l’anatomie féminine. Venez étudier les contorsions qu’une agilité aussi exceptionnelle rend possibles. » Personne, ou presque, n’est assez crédule pour penser en retirer la moindre instruction, mais une telle présentation suffit à avertir chacun qu’il est temps de laisser ses inhibitions à l’entrée, de même que ses enfants.
Ces spectacles ne sont presque jamais des représentations théâtrales au sens conventionnel du terme. D’une part, ils sont plutôt brefs ; les gens ne payent que pour un numéro, c’est pourquoi il est financièrement plus intéressant de les faire courts, ce qui permet d’en placer un maximum dans la soirée. Par ailleurs, le Carnaval ne s’y retrouverait pas s’il monopolisait l’attention de ses clients en les asseyant, alors qu’ils pourraient musarder en se délestant de leurs piécettes. Cette brièveté est en revanche compensée par la variété. On trouve toujours des spectacles suggestifs, ce qui peut aller de représentations relativement gracieuses aux danses érotiques et aguicheuses, en passant par les filles qui se dévêtent tant que le public paye pour en voir davantage. Certains numéros, comme les charmeuses de serpents, ne présentent aucun caractère sexuel, mais évoquent une sensualité mystérieuse qui se vend tout aussi bien.
Sur un plan moins osé, les troupes de comédiens peuvent interpréter certains discours et scènes des pièces les plus populaires et fameuses de l’Empire. La poésie est également monnaie courante, beaucoup de parents obligeant leurs enfants à faire quelque chose de « bien » avant d’aller au manège.
Peu de gens savent ce qui se passe en dehors de leur village, c’est pourquoi de nombreuses attractions comptent un Héraut qui lit à voix haute quelques nouvelles et rumeurs que le Carnaval a pu recueillir pendant ses voyages. Si la matière est grande, il y a de quoi en faire plusieurs numéros, du genre ; un pour la politique, un pour l’évolution du temps et des intempéries et un pour les faits et gestes toujours très demandés des célébrités royales et aristocratiques. Certaines troupes proposent des « nouvelles de la mode », durant lesquelles des personnes défilent dans les tenues les plus en vogue. Ces revues sont coûteuses et difficiles à mettre en place, mais elles en valent souvent la peine, tellement la gent féminine les apprécie.
Certains Carnavals disposent même de prêtres, pour l’assistance spirituelle des membres de la troupe, certes, mais aussi pour participer à certaines pièces moralisatrices. Les leçons qu’on retire de ces spectacles vont des simples conseils d’hygiène aux sermons éthiques les plus pompeux. Les plus dramatisants assument le fardeau controversé qui consiste à illustrer les dangers du Chaos, par le biais de récits plutôt atroces décrivant les ravages de monstres démoniaques et de champions de ce mal, suivis de leur chute finale. Ces numéros sont souvent mal vus des autorités religieuses locales, mais sont plus populaires que tout ce que la profession ecclésiastique peut offrir, notamment auprès des enfants. Les prêtres attirent généralement moins le chaland que les autres divertissements, mais une tente à moitié pleine vaut mieux qu’une vide. En outre, sans ces prêches, les troupes comiques perdraient un de leurs sujets de satire préférés.
La variété de ces troupes est infinie et elles font partie des plus appréciées. Parfois, il s’agit d’un simple individu courageux qui raconte des histoires drôles à l’assistance. Il y a aussi les petits groupes de comédiens qui interprètent de courtes farces. Ces représentations prennent diverses formes, de la satire politique, aux suggestions sexuelles, en passant par les simples grimaces outrées. Quand une troupe ne parvient pas à faire rire le public par son humour, la coutume autorise les spectateurs à lui jeter des fruits pourris, pour qu’ils rient à ses dépens. Ces fruits sont toujours fournis par le Carnaval, moyennant quelques pièces, bien entendu.
Les Membres de la Troupe[modifier]
La variété est grande au sein d’un Carnaval, mais on retrouve malgré tout certaines constantes. Déjà, tous les forains sont des proscrits d’un genre ou d’un autre. Certains font partie de la troupe en raison de leurs déficiences physiques ou mentales. D’autres fuient la loi. Et d’autres encore ne veulent simplement pas devenir fermiers, boutiquiers ou tout ce qui pourrait passer pour "normal" au sein de l’Empire. Tous les forains n’adorent pas leur mode de vie, mais ils savent qu’une existence plus traditionnelle serait encore pire.
Monstres de Foire[modifier]
Ceux qui présentent des difformités physiques constituent une catégorie à part des autres forains. La populace est certes prompte à s’ébahir devant les curiosités anatomiques de ces personnes, mais les autorités sont également à l’affût de la souillure du Chaos. En théorie, les prêtres de chaque communauté sont censés vérifier que chaque "monstre" de ces troupes n’est pas corrompu par le Chaos. Ce contrôle est dans bien des cas effectué sérieusement, mais c’est également souvent un prétexte pour accepter des pots-de-vin.
Orateurs[modifier]
Ceux qui animent les stands et les escroqueries sont généralement d’extraordinaires menteurs capables de convaincre autrui de n’importe quoi. Leur langue bien pendue et leur ingéniosité leur permettent de manipuler les individus les plus incrédules, car un bon Orateur ment comme il respire et l’art de la duperie est pour lui une seconde nature. On trouve ces Orateurs à travers tout le Carnaval pour diriger les jeux de hasard et animer les autres attractions, ce qui explique qu’ils ont toujours une bonne histoire au bord des lèvres.
Gros Bras[modifier]
Toute troupe doit s’attendre à rencontrer des soucis sur sa route (Bandits, Peaux-Vertes, Hommes-Bêtes, Patrouilleurs), si bien qu’il vaut mieux qu’elle compte des individus dont la force et la brutalité sont les plus grandes vertus, pour assurer la sécurité. Le Carnaval attend généralement de ces hommes qu’ils assistent les Manœuvres. Seules les troupes les plus prospères disposent d’une équipe exclusive de sécurité. Les Gros Bras se retrouvent généralement à l’entrée du Carnaval, où interviennent la plupart des troubles, ainsi que dans les spectacles suggestifs et adultes, au cas où les clients se montreraient par trop enthousiastes.
Artistes[modifier]
La plupart des Carnavals affichent une telle diversité parmi leurs membres que l’on peut y trouver à peu près n’importe quelle carrière. Acrobates, lanceurs de couteaux, cavaliers, hypnotiseurs, danseurs, dresseurs d’animaux et ventriloques, les artistes de Carnavals peuvent donner lieu à toutes sorte d’attractions et de spectacles (suggestifs ou non). De nombreux Carnavals proposent également des combats et d’autres divertissements violents, où tout individu prêt à entrer dans l’arène peut participer au numéro. Enfin, les Maîtres de Troupe sont ouverts à toute idée qui leur paraît pouvoir plaire au public et rapporter de l’argent. Ceux qui ont un nouveau numéro à proposer et ceux qui veulent se joindre au Carnaval en tant qu’interprètes doivent au préalable satisfaire le maître de la troupe. Si celui-ci apprécie leur travail, il intégrera le numéro dans le programme du Carnaval ou fera participer le nouveau venu à une attraction existante.
Les Sorciers sont particulièrement prisés en raison des prouesses magiques qu’ils peuvent offrir à la foule. Il est cependant rare qu’un véritable maître de cet art accompagne une caravane de bas étage. Certains étaient autrefois talentueux, avant de sombrer dans l’alcool ou quelque autre vice qui les a extraits par la force des sphères bien pensantes. Les Illusionnistes qu’on trouve dans les carnavals sont souvent assez pitoyables. D’autres ne sont tout bonnement pas très doués. Même les magiciens qui n’ont jamais dépassé le stade d’Apprenti peuvent se faire passer pour de « grands et puissants sorciers » et impressionner les profanes. Ces personnages sont généralement vaniteux au possible, si bien que travailler avec eux est loin d’être plaisant.
Les troupes les plus avantagées ont parfois des Ingénieurs pour manipuler d’étranges machines. Leur santé mentale est meilleure que celle des Sorciers et certains, même talentueux, rejoignent une troupe pour se soustraire aux exigences habituelles des clients. Ces personnes mi-scientifiques, mi-artistes apprécient de pouvoir travailler et expérimenter à leur gré. Tant que les manèges tournent, le carnaval n’a aucune raison de les embêter.
Entre deux missions militaires, les Francs-Archers peuvent gagner leur vie au sein d’une troupe en tirant à l’arc. Cela leur permet de s’entraîner à volonté tout en gagnant quelques sous. Ils en profitent aussi pour mesurer leur adresse avec celle de maîtres archers à la retraite rencontrés au fil de leurs voyages et pour découvrir de nouveaux talents parmi la population. Il y a aussi des espions, pour qui les missions s’enchaînent pendant et entre les guerres. Pour eux, le carnaval est un excellent moyen de voyager incognito.
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Ceux qui dirigent un Carnaval viennent de divers horizons, même si on ne s’improvise pas meneur de troupe du jour au lendemain. La plupart d’entre eux ont repris les rênes d’un Carnaval existant ou ont coupé les ponts avec une affaire existante (le plus souvent en pleine nuit avec ceux qui étaient prêts à les suivre). Le maître est non seulement responsable de la prospérité de la troupe, mais aussi du bien-être de ses membres. Tout Orateur et animateur de stand reverse une part substantielle de ses gains au Carnaval, qui sert ensuite à rémunérer et nourrir ceux qui ne génèrent pas de revenus. La plupart des Manœuvres et des Gros Bras reçoivent très peu d’argent, mais ils sont nourris et logés. D’un point de vue technique, le maître possède tout ce qu’on lui paye, si bien que ses honoraires correspondent à tout ce qui reste après ces déductions. Certains maîtres ne se soucient que d’accroître leur propre fortune, mais d’autres mettent tout dans la caisse commune pour le développement du Carnaval. Ceux qui prennent de piètres décisions ou qui ne partagent pas finissent par être liquidés et remplacés par celui qui paraît le plus prometteur comme roi du Carnaval.
Un Monde Différent[modifier]
Les activités des Carnavals se font en marge de la plupart des lois usuelles, car faire appliquer ces dernières est particulièrement délicat. Il est compliqué de prouver un méfait quand les seuls témoins sont les autres forains et nulle autorité ne souhaite voir une troupe de mutants ou d’êtres difformes croupir dans ses cellules alors que personne ne viendra payer la caution. Tant qu’un Carnaval se contente de petits larcins, la loi tolérera ses agissements. D’un certain point de vue, cette loi peut même estimer que ceux qui sont assez naïfs pour mordre à l’hameçon des forains méritent leur sort.
Pour s’assurer que ses escroqueries ne sont pas rapportées et sanctionnées, les troupes font souvent en sorte que les victimes soient embarrassées par la situation. Quelques-unes, plus têtues que les autres, reviennent exiger réparation en personne, mais elles comprennent leur erreur quand tout le Carnaval se mobilise pour les envoyer balader. Ils ont beau être délaissés, ils se serrent quand même les coudes.
Ce fonctionnement peu légal soulève néanmoins quelques problèmes. Les troupes les plus prudentes peuvent souvent agir sans craindre les autorités, mais elles doivent également se passer de leur protection. Personne ne versera une larme si le Carnaval est assailli par des hors-la-loi ou pillé. Bien des gardiens de la loi tolèrent les forains, mais ils aimeraient beaucoup les voir disparaître. Un membre de la troupe qui se fait rouer de coups ou voler par un villageois ne peut pas compter sur la loi pour le soutenir. Un forain pourra se faire assassiner dans son lit, cela n’entraînera pas l’ouverture d’une enquête pour autant. Les autorités ne se montreront serviables que si elles y sont forcées, par exemple, si la troupe refuse de repartir. Même dans ce cas, elles chercheront à régler l’affaire aussi vite que possible.
En outre, quand intervient une erreur, les choses peuvent très mal tourner. En raison de leur aspect itinérant, rares sont les forains qui connaissent ceux qui tirent les ficelles des communautés qu’ils traversent. Il peut donc arriver que le baron du crime local ou un noble influent du bourg soit escroqué par accident. La troupe est alors inquiétée par des "professionnels" chevronnés ou accusée officiellement par les autorités. Ces confrontations finissent invariablement mal et plus d’un Carnaval s’est retrouvé réduit en cendres pour avoir floué la mauvaise personne.
Escroqueries[modifier]
Les Carnavals de l’Empire ne gagnent pas leur vie qu’en divertissant la population. La plupart des gens savent qu’il vaut mieux ne pas aller à la fête avec une bourse pleine, mais certains sont moins prudents. Il y a toujours la menace des voleurs à la tire, mais le Carnaval présente un danger bien plus grand pour ceux qui voudraient garder leurs sous. Les forains ne cherchent pas seulement à voler l’argent des badauds, ils veulent le leur soutirer.
Il existe des centaines de milliers de manières de subtiliser la monnaie des imprudents. Les duperies des forains sont généralement appelées « sourires », car on dit qu’elles attisent la joie du Seigneur de la Tromperie. Les forains ont donc l’habitude de se proposer mutuellement de faire « sourire Ranald » quand ils demandent à leurs confrères de les aider à monter une arnaque. Souvent, l’expression est réduite à « Ça te dirait de faire sourire quelqu’un ? »
Chaque sourire dépend de la convoitise du pigeon. La déroute de la victime vient souvent de sa foi dans ses capacités à ressortir gagnante de l’affaire, ce qui contente Ranald au plus haut point. La dupe s’empresse souvent de s’engager dans l’escroquerie, convaincue d’avoir repéré une faiblesse qui va faire d’elle un homme riche. Vous trouverez ci-après quelques descriptions d’arnaques et de supercheries parmi les plus courantes.
Tampons[modifier]
Le terme "tampon" est issu de la tradition foraine. Ceux qui sont à l’entrée du Carnaval ne font pas que faire payer l’entrée ; ils observent également les visiteurs. Tous ceux qui semblent pourvus d’une somme importante d’argent ou qui paraissent particulièrement crédules reçoivent le fameux tampon. Il peut s’agir d’un simple trait de craie fait discrètement dans le dos, mais les véritables escrocs mettent un point d’honneur à employer des marques plus subtiles et tortueuses. Une solution est d’offrir une fleur à mettre à la boutonnière, que le pigeon arborera fièrement d’un stand à l’autre. Tous les autres forains savent de leur côté quel "tampon" chercher et s’assureront de faire des cibles privilégiées de leurs porteurs.
Ticket d’Or[modifier]
Il s’agit d’une variante du système du tampon. La cible reçoit un ticket spécial pour le Carnaval. On lui explique qu’elle a ainsi droit à un manège gratuit ou accès à une attraction privée, dont l’emplacement lui est indiqué, mais la personne qui anime la tente oublie volontairement de prendre le ticket. Si le client est malhonnête, il peut s’en resservir pour un autre divertissement gratuit. Cela revient alors à être tamponné, car la personne a prouvé qu’elle était prête à resquiller et donc qu’elle mérite d’être à son tour flouée.
Poule Sanglante[modifier]
Il y a toutes sortes de manières de faire passer un numéro pour extraordinaire quand il est tout à fait banal. Ceux qui sont prêts à payer pour voir un combat entre une « poule sanglante et un homme » se retrouvent par exemple à assister au repas d’un homme attablé devant un poulet à peine rôti. Il va sans dire que le client est généralement furieux, mais c’est là que le forain excelle. Il s’excuse alors et invite le mécontent à prendre la chose avec humour, l’incitant même à convaincre ses amis de venir au spectacle pour se payer également leur tête. Au final, le forain parvient à faire partager la farce au client, qui se retrouve lui-même à escroquer ses amis pour le compte du Carnaval. La victime oublie souvent qu’elle a perdu quelques sous et envoie allègrement ses proches renflouer celui qui vient de la plumer. Il faut un certain aplomb pour réussir une telle prouesse, mais l’ironie de la situation en vaut à elle seule la peine.
Fausse Clientèle[modifier]
Avec toutes les escroqueries que recèlent les tentes et les attractions, on pourrait croire que les gens deviennent furieux. Il est crucial de s’assurer que la foule croie en ses chances. Malheureusement, cela implique souvent de céder quelques prix. La solution revient à envoyer quelques membres de la troupe parmi l’assistance, généralement des Manœuvres. Quand ceux-ci se présentent à un jeu primé, le forain qui l’anime truque la partie et se débrouille pour que la récompense soit décernée dans la clameur et l’entrain, afin que tout le monde sache que : « Nous avons un gagnant, mesdames et messieurs ! » Bien entendu, le faux participant n’a rien gagné, puisqu’il rendra toutes les récompenses à la fin de la fête.
L’Argent Sanguinolent[modifier]
Ce "sourire" n’est possible que pour les troupes qui restent un jour ou deux en ville, avant de déguerpir au plus vite. En général, la victime va se faire tirer les cartes, mais tous les numéros impliquant un voyant font l’affaire. Durant la séance, le devin voit quelque chose d’horrible à venir, mais confie que l’affaire ne semble pas inexorable. Il envisage à voix haute la possibilité que la victime soit sous le coup d’une malédiction. Puis il lui demande nonchalamment si elle n’a pas de l’argent sur elle… non pas pour le lui donner, mais pour qu’il puisse décrypter son sort avec plus de précision. La victime lui confie alors sa bourse et par un simple tour de passe-passe, une autre bourse vient remplacer la première. Celle-ci est cependant remplie de sang de cochon, et la bourse de la victime se met donc à saigner ! Horreur, l’argent est effectivement maudit. Heureusement, le voyant peut vaincre ce mal abject. Il baragouine quelques formules ésotériques au-dessus de la bourse, puis l’examine à nouveau. Elle ne dégouline plus de sang.
C’est alors qu’intervient la véritable arnaque. La victime doit porter tout son argent au mage, pour qu’il puisse également l’exorciser. Les objets de valeur ne sont pas nécessaires, l’argent suffit, ce qui « prouve » que le forain ne tente pas une escroquerie. Le rituel est pratiqué sur tout cet argent, arrachant la victime à son funeste sort. En revanche, toutes les pièces ont été enveloppées de rubans mystiques et d’herbes spéciales, sachant qu’il ne faut pas y toucher avant la prochaine pleine lune, sans quoi une malédiction pire encore s’abattra. Le délai passé, la victime s’apercevra que sa bourse ne contient que du cuivre et du papier, le véritable argent ayant été échangé durant le « rituel de purification », tandis que le Carnaval aura pris la poudre d’escampette depuis longtemps.
L’Affaire du Siècle[modifier]
Cet autre "sourire" peut être employé en conjonction avec l’argent sanguinolent. Si la victime fait mine de ne pas mordre à ce premier hameçon, le devin peut lui donner une petite statue ou un autre objet de valeur en caution, le temps que le long rituel soit mené. Le devin explique que l’argent pourra être récupéré en restituant la statue. Tout le monde disposant de quelque chose de valeur, l’honnêteté est assurée. Le forain prétend ne pas connaître la valeur de l’objet, mais la donne pour prouver sa bonne foi. Bien entendu, la victime se débrouille ensuite pour en connaître la valeur et découvre qu’il est bien plus coûteux que l’argent qu’elle a confié. Elle décide donc de le garder, ce qui revient pour elle à avoir acheté l’objet pour un prix très intéressant. Malheureusement, la personne qui a estimé la valeur de l’objet était de mèche avec le voyant. Il s’agissait en fait d’un forain qui avait « emprunté » la boutique d’un honnête antiquaire ou autre commerçant, pour se faire passer pour un habitant de la ville. Il aura expliqué que l’objet est d’une « valeur exceptionnelle », à tel point qu’il ne dispose pas des fonds suffisants le jour même. Le lendemain (ou, du moins, à une date ayant laissé à la troupe le temps de prendre le large), le pigeon se représentera chez l’antiquaire pour y vendre son objet et y découvrir le véritable propriétaire qui revient juste d’un voyage, lui apprenant qu’il était fermé la veille. Au final, la victime réalisera bien sûr que l’objet n’a aucune valeur et qu’elle a encore moins de chances de revoir son argent que de recroiser le Carnaval.
Troupes Itinérantes[modifier]
Vous trouverez ici quelques exemples de troupes de Carnaval. Les aventuriers peuvent se retrouver à en rejoindre une, ou à en espionner une pour le compte d’une autre. Ils auront néanmoins plus de chances de se faire escroquer par l’un de ces Carnavals, avant de devoir chercher un moyen de lui rendre la pareille.
Parmis ces troupes connues, on peut citer la Cire Merveilleuse de Mordechai, le Sanctuaire Itinérant de la Guérison, la Fumée, les Épouses Sanguinaires de Deiter Keynsbiery et la Kermesse du Chaos.
Source[modifier]
- Warhammer JdR : Le Compagnon
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