Caledor le Second
- Le Guerrier, 1 - 638 (Calendrier Impérial -2198 à -1560)
- Notre peuple ne cherche pas à se venger, car il ne connaît que trop bien le prix de la haine. Nous ne voulons pas non plus punir, car nous savons que l’orgueil mène à la folie. Notre seul désir est de reprendre ce qui est nôtre de droit et d’entendre les paroles d’excuse de ceux qui ont massacré nos frères. Ce temps viendra, mes enfants, et vous ne connaîtrez plus ce fardeau qui pèse sur mes épaules.
- - Extrait des chroniques d’Unthwé Chevaucheur du Vent, à propos de la Guerre de la Barbe
Le conseil des princes se réunit au Temple d’Asuryan. Au souvenir des fatals événements du dernier conseil, la Garde Phénix fut doublée et des précautions furent prises pour que rien ne transpire des délibérations du conseil et ne tombe entre les mains des espions. Souhaitant assurer une certaine continuité, ils choisirent le fils de Caledor, qui allait devenir le Roi Phénix Caledor le Second et apprendre aux Elfes la folie de la royauté héréditaire.
Là où sont père avait été sage, Caledor se montra insensé. Là où son père avait été fin stratège, le fils fut désordonné et impétueux. Caledor le Second était orgueilleux, vaniteux, présomptueux et grandiloquent. Il n’avait hérité que d’une seule qualité de son père, c’était en effet un grand guerrier. Mais pour un peuple qui recherchait désespérément la stabilité, choqué au plus profond de son âme par la séparation survenue avec ses frères de Naggaroth, il représentait une autorité familière.
Son règne débuta pourtant par une victoire. Ses flottes débarrassèrent les mers du nord des Corsaires de Naggaroth et les routes commerciales, coupés durant la Déchirure, redevinrent praticables. Les Elfes eurent de nouveau des contacts avec les Nains. Karaz Ankor était alors à l’apogée de sa puissance, c’était l’âge d’or de la civilisation des Nains. L’acier forgé par les Nains équipait les armées des Elfes que les Mages n’avait plus qu’à enchanter. En retour, les Asur éduquèrent ce peuple simple qui gravait encore ses mots dans la pierre en leur enseignant la Magie et l’art de la littérature et de la poésie.
Des rumeurs sur la guerre civile chez les Elfes et la trahison de Malékith étaient parvenu aux oreilles des Nains, mais ils ne comprirent pas la situation. Le fratricide leur était totalement étranger et aucun n’aurait brisé le serment fait à son seigneur. À l’exception de quelques bataille navales, le Vieux Monde n’avait pas connu la guerre de la Déchirure. En sécurité dans leur forteresse au cœur des montagnes, les Nains ne prirent pas garde à ces événements.
Le Roi Sorcier de Naggaroth avait un nouveau complot en tête. Alors que les Elfes revenait dans le Vieux Monde, le commerce entre les deux royaume reprit de plus belle. Cependant, lorsqu’il était ambassadeur de Bel-Shanaar, Malékith avait découverts les routes commerciales secrètes des Nains et il allait mettre à profit cet avantage. Des pillards Elfes Noirs déguisés en guerriers d’Ulthuan attaquèrent une caravane de Nains, massacrèrent les guerriers, les femmes et les enfants et volèrent les biens. Naturellement, les Nains trouvèrent des preuves de l’implication des Elfes et, blâmant l’inconstance des Elfes et clamant que ceux-ci étaient jaloux de leur ingéniosité, ils organisèrent la riposte. Des Elfes furent ainsi victimes d’exécutions sommaires.
Le Haut Roi Gotrek Brise-Étoiles, dont l’ignorance était réputée, même parmi ses gens, ne put faire la différence entre les Hauts Elfes et ceux de Naggaroth. Dans sa fureur, il envoya un émissaire - dont les manières discourtoises et l’apparence bourru ne le qualifiait pas pour être un diplomate - en Ulthuan pour y exiger des réparations de ce qui n’était pas du fait des Asur. Jurant sur sa barbe qu’il ne rentrerait pas chez lui avant d’avoir obtenu dédommagement, il brandit sa hache. Depuis la Déchirure, nul n’avait osé tirer son arme avec des intentions belliqueuses dans le palais du Roi Phénix. Les Elfes furent magnanimes, et bien qu’il aurait été juste de l’occire sur place, ils le prirent au mot et lui rasèrent la barbe avant de le renvoyer chez lui.
Alors que ces incidents se déroulaient, les agents de Naggaroth se disséminaient dans le Vieux Monde et fomentaient de nombreux troubles. Ainsi, lorsque les armées des Nains marchèrent sur la cité commerciale de Tor Alessi (aujourd’hui l'Anguille en Bretonnie), le cœur brûlant du désir futile de venger leur fierté, Caledor le Second se senti gravement outragé. Il expédia immédiatement vers le Vieux Monde une puissante flotte transportant une grande armée. Alors qu’ils regardaient s’éloigner les vaisseaux, ses conseillers craignaient qu’un tel départ ne laissât Ulthuan vulnérable. À cette remarque, le Roi Phénix opposa une rage sans nom, car il considérait que leurs craintes n’étaient pas fondées.
Pour mettre un terme à l’effusion de sang, Caldor appela le Prince Nain Snorri le Manchot pour résoudre la querelle avant que d’autre vies ne trouvent une fin inutile. Par malheur, le Prince Nain était jeune et emporté et il attaqua Caledor, qui para coup après coup en suppliant le Nain d’entendre raison, mais n’eut finalement d’autre choix que d’ôter la vie de son adversaire. Ne souhaitant pas faire couler plus de sang, l’armée Elfe se retira en ayant conservé son honneur intact.
Même alors aucun camp n’accepta de céder, la guerre s’éternisait et les années passèrent, chacune marquée par de grandes batailles au cours desquelles les Elfes et les Nains s’entretuaient. Les cités des Nains étaient quasi imprenables. Les sévères et robustes Nains étaient des adversaires différents de ceux que les Elfes avaient rencontrés jusqu’alors. Ils refusaient d’abandonner ou d’admettre la défaite, même quand ils étaient désespérément dépassé par le nombre. Ce n’était pas l’impavidité des Démons du Chaos, ou la frénésie sauvage des guerriers de Malékith, mais une incroyable ténacité alliée à des tactiques sans faille et des connaissances militaires poussés. De leur coté, les Nains furent étonnés par la puissance des forces Elfiques. Ils avaient jugé Ulthuan sur ces provinces les plus reculées et ils ne s’attendaient pas à affronter ces immenses armées de chevaliers et de fantassins disciplinés mais, étant des Nains, ils ne pouvaient admettre leur erreur.
Les Nains firent enregistrer quatre cent trente-sept Rancunes à l’encontre de Caledor le Second. En majorité pour des Nains morts de sa main. À cette époque, ceux-ci affublèrent le Roi Phénix d’un grand nombre de surnoms insultants parmi lesquels : | ||
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La guerre engendra une haine qui devait durer des milliers d’années. En réponses à l’insulte de la barbe rasée, les Nains rasèrent les forêts pour susciter le courroux des Elfes. Les deux camps combattirent jusqu’à l’épuisement presque totale de leurs forces. Non contents du mal qu’ils avaient causé aux Asur, les Nains conservaient dans leurs cœurs sombres la soif du sang. Ils avaient fait de Morgrim l’Assassin un héros et celui-ci, ayant goûté aux lauriers non mérités, voulut davantage de gloire et marcha sur les villes Elfiques pour en décimer les citoyens et brûler leurs champs. Athel Maraya la Belle, ville d’une sereine magnificence, fut détruite ainsi que tous ses antiques ouvrages d’art. Puis il parvint à Tor Alessi, mais la nouvelle de leur arrivée avait fait venir Caledor au secours de la cité. Durant cent jours, les machines de guerre tentèrent en vain de briser nos murs et lorsque les Nains se rendirent compte de la futilité de leurs assauts, ils tournèrent leur attention vers les tours finement ciselées qu’ils jetèrent aveuglément à terre malgré leur inutilité stratégique.
Caledor finit par autoriser les Nains à entrer en paix dans la ville. Gotrek Brise-Étoiles, Haut Roi des Nains, accepta et pénétra notre ville accompagné de sa suite de guerriers tachés de sang. Mais la nuit venue, ils précipitèrent les sentinelles du haut des portes qu’ils ouvrirent. Les clans Nains se déversèrent dans les rues et tuèrent les guerriers Elfes durant leur sommeil. Ils entrèrent dans le palais royal pour avoir la tête du Roi Phénix, mais Caledor, alerté du danger, s’était éveillé.
La patience et le désir de paix de Caledor lui firent refuser d’affronter Gotrek Brise-Étoiles, car en dépit de l’éclat de haine qui dansait dans les yeux du Haut Roi, il savait qu’en le tuant, il ferait s’envoler toute chance de réconciliation. Aveuglé par la colère, le Haut Roi attaqua Caledor, qui eut bien des occasions de porter le coup fatal au Nain, mais sa fureur était tempérée par sa résolution de parvenir à la paix. Gotrek ne voulait cependant écouter que la vengeance. Son marteau pénétra la défense de Caledor et causa sa perte. Comme si cet acte cruel ne suffisait pas, l’avarice des Nains étouffant en lui tout remords, il vola la couronne du Roi Phénix, puis il prit la fuite vers le Pic Éternel pour se retrancher derrière les murs de sa forteresse et caresser son trophée de ses mains ensanglantées.
Alors que les Elfes préparaient une expédition suicidaire pour assiéger la forteresse la plus inexpugnable du monde, la nouvelle d’une autre invasion des Elfes Noirs survint. Le long stratagème de Malékith avait porté ses fruits.
Aujourd’hui encore, la première Couronne du Phénix est entre les mains des Nains et elle est une source de rancune et de haine incessante entre les deux peuples, et le symbole bien réel d’une longue guerre stupide et mesquine désormais révolue.
Sources[modifier]
- Livre d’Armée des Hauts Elfes, V7
- Livre d’Armée des Hauts Elfes, V6
- Le Livre des Rancunes