Bataille de Sternburg

De La Bibliothèque Impériale
« Les Hommes-Bêtes lancent leurs attaques depuis les profondeurs des forêts, surgissant pour répandre la terreur et massacrer les infortunés habitants de la Drakwald. Avec la prise de pouvoir du Seigneur des Bêtes Khazrak, les raids contre les colonies et les convois se firent de plus en plus nombreux, nul n’étant à l’abri de cette menace. Et c’est ainsi que le village de Sternburg attira l’attention de ces créatures immondes. Elles ne voulaient que répandre le sang, tuer et brûler ce qu’elles jalousaient, ou peut-être voulaient-elles aussi dérober viandes et boissons alcoolisées, mais je pense que ce genre de raisonnement est au-delà de leur intelligence. Les gens de Sternburg allaient vivre une nuit tragique en vérité… »
- Arthus Reinhold, Scribe à la cour de Middenheim

L’année 2517 fut terrible pour les gens vivant dans la forêt de Drakwald. Les villages et les bourgades étaient régulièrement attaqués par les ignobles Hommes-Bêtes, et l’air même empestait de leur odeur répugnante. Leurs hardes parcouraient les bois, laissant dans leur sillage des corps mutilés accrochés aux arbres. Jagerhausen et Arenburg avaient déjà été pillés lors de cette année, et de nombreux autres villages avaient été brûlés jusqu’aux fondations, leurs populations dévorées par les rejetons du Chaos. La Drakwald avait toujours été une zone très dangereuse, mais cette année-là plus de caravanes et de voyageurs avaient été attaqués qu’au cours des cinq précédentes. Les gens étaient terrorisés et même le bétail était agité et effrayé. Des offrandes furent faites à Taal et Ulric, mais les raids continuèrent.

« Elle était de stature imposante, avec des cornes effilées et des yeux brillant dans la nuit reflétant la haine et une ruse malsaine. Elle maniait un fouet qui lacérait et déchirait les chairs. D’un grognement, elle envoya d’énormes molosses vers moi. Je me préparais bravement à me battre, mais hélas mon destrier s’emballa et m’emporta dans sa fuite. Si cette bête ignoble était à l’origine de ces raids meurtriers ? Je ne saurais le dire… »
- Mariols Renkler, fils de noble engagé comme Pistolier et Écuyer auprès de la maison de Middenheim.
Renvoyé en disgrâce auprès de sa famille pour couardise.

Des centaines de familles isolées préférèrent abandonner leur maison et fuir vers Middenheim, espérant se mettre à l’abri dans ses murs. Malheureusement, cet afflux soudain de population ne pouvait être accueilli par la cité et bientôt les rues furent emplies de pauvres et de mendiants désespérés. La criminalité grimpa en flèche et les cellules de Middenheim regorgèrent en quelques mois de voleurs et autres parias. Beaucoup de personnes se virent refuser l’entrée dans l’enceinte de la ville, et des ghettos délabrés commencèrent à voir le jour au pied du roc sur lequel elle était construite. La misère s’y répandit comme une traînée de poudre, de même que la violence et les maladies.

Alors que les attaques se faisaient de plus en plus fréquentes, des rumeurs se mirent à circuler sur leurs origines. Les raids avaient toujours existé, mais ils n’avaient jamais été aussi nombreux ni aussi meurtriers. Des meutes de molosses monstrueux parcouraient la forêt, et beaucoup faisaient remarquer qu’ils frappaient à des endroits bien précis, comme guidés par une volonté invisible. Des cornes sinistres résonnaient entre les troncs des arbres, et il ne fit plus de doute qu’un Seigneur des Bêtes avait pris la tête des siens.

Sternburg[modifier]

Le village de Sternburg était une petite agglomération située au cœur de la forêt de Drakwald. Il se situait à soixante kilomètres au sud-ouest de Middenheim, juste à côté de la Middensveg, la grande route qui passe par Haut-Spite. Dans les tours qui suivirent la mise à sac de Jagerhausen plus à l’est, les habitants de Sternburg vécurent dans la crainte. À la tombée de l’obscurité, ils se barricadaient chez eux et passaient la nuit à prier. Ils croyaient que les attaques étaient parfois annoncées le matin précédent par de sombres présages, indiquant que le village était condamné : à Jagerhausen, cela avait été des crânes grimaçants trouvés plantés devant l’hôtel de ville. Beaucoup d’habitants abandonnaient leurs maisons à la vue de ces signes de mauvais augure, et il n’était pas impossible que c’était ce que voulaient les responsables de ces actes morbides.

Chaque matin, les villageois de Sternburg attendaient avec angoisse de trouver le moindre de ces signes, craignant que des êtres ignobles soient passés aux portes de leurs demeures pendant la nuit. Un jour, ils furent horrifiés de voir que leurs pires angoisses étaient fondées : les rares têtes de bétail qu’ils possédaient avaient été massacrées, leurs membres déchirés par quelque immonde créature. Les bêtes gisaient mutilées sur le sol, la gorge tranchée et leurs entrailles répandues dans la poussière. Une chèvre avait eu la tête arrachée et avait été jetée sur le toit du forgeron du village. C’en fut trop pour les villageois, qui y virent alors le signe d’un imminent malheur.

« Autour de moi, ils parlent, ils soupirent. Ils montrent leurs yeux, ils tirent leurs grosses langues. Et ils parlent, toujours, toujours. Ils crient dans les champs, ils parlent entre eux. Ils viennent la nuit, toujours plus près. Ils arrivent! »
- Délires de Schwalz "le fou", l’idiot du village de Sternburg.

Certains s’enfuirent, espérant suivre la Middensveg en direction de Haut-Spite. D’autres décidèrent même de tenter de rejoindre Middenheim, et quelques-uns, craignant que même les villes de Haut-Spite et Arenburg ne soient pas sûres, décidèrent de partir à travers la forêt vers Jagerkeep. Un Marchand nommé Alher, qui avait déjà fait ce trajet auparavant et en connaissait les risques, les supplia d’abandonner cette idée, mais aucune des familles en proie à l’hystérie ne l’écouta. Elles disparurent dans les bois et on ne les revit jamais. La nuit suivante, les habitants restés sur place se terrèrent chez eux alors que l’obscurité renvoyait l’écho de cors lugubres. Des gens du village, seul Wilhelm le cordonnier bègue garda son sang-froid. Bien que timide et réservé, il eut le courage d’emprunter une monture de trait et de suivre la Middensveg en direction du sud, espérant rencontrer une des patrouilles que le Comte Électeur Boris Todbringer avait ordonné de mettre sur pied. Il chevaucha toute l’après-midi, désespéré de ne trouver personne. La nuit tomba, et rien ne venait troubler le silence qui s’abattait sur les arbres. Sur le point d’abandonner, il aperçut la lueur d’un feu de camp à travers les frondaisons.

Dirigeant sa monture vers la lumière, il tomba sur le campement d’une petite patrouille de troupes régulières qui escortaient vers Middenheim une unité d’arquebusiers et un mortier. Le cordonnier supplia leur capitaine, nommé Karlrich, de venir en aide à Sternburg. Celui-ci accepta, et ses soldats levèrent le camp, trop heureux de quitter l’humidité des bois pour la taverne et les lits chauds d’un village impérial. Alors que la patrouille se préparait à partir, Karlrich donna à son lieutenant Matrud le sceau de Middenheim et lui ordonna de continuer sur la route afm de prévenir la patrouille de Chevaliers du Loup Blanc qu’ils avaient croisée dans la journée. Matrud s’enfonça dans la nuit, effrayé mais décidé à remplir sa mission.

Les soldats se mirent en route juste avant minuit, au moment même où des cors se mirent à résonner dans les ténèbres. Alors qu’ils se rapprochaient du village, les sons se faisaient de plus en plus proches et, pressentant cela comme le signe d’une attaque imminente, ils hâtèrent leur pas. Quand ils arrivèrent à Sternburg, l’écho des cors pouvait s’entendre partout autour du village. Horrifiés, les impériaux s’aperçurent alors qu’ils étaient arrivés trop tard : les habitants avaient déjà été attaqués et massacrés. Les portes et les fenêtres des maisons avaient été défoncées et les corps gisaient dans la boue. Ne trouvant aucun signe de vie, Karlrich aboya un ordre et ses hommes adoptèrent une formation défensive. Les servants du mortier mirent rapidement leurs chevaux à l’abri dans l’étable de l’auberge de la Bête Bleue et mirent leur arme en batterie. Les hommes observaient la lisière des arbres depuis le village à l’affût du moindre mouvement, mais les cornes avaient cessé de résonner et un silence inquiétant était tombé sur la forêt.

Soudain, un rugissement terrifiant se fit entendre et en quelques secondes, les premières créatures furent sur eux. Elles s’élancèrent à découvert depuis les arbres en faisant tournoyer leurs armes d’un air menaçant. Leurs fronts étaient ornés de grandes cornes et leur museau était tordu en un rictus de haine, et elles poussaient des cris terrifiants en se ruant à l’attaque. D’autres les suivaient, sortant des bois en encerclant le village. Karlrich donna un ordre aux servants du mortier et ceux-ci chargèrent instantanément leur machine. Les arquebuses furent levées alors que de plus en plus d’Hommes-Bêtes chargeaient, et une première volée fut délivrée dans un fracas de tonnerre. Les premiers monstres s’écroulèrent mais leurs corps furent aussitôt enjambés par leurs congénères. Ils couraient à une vitesse surhumaine et Karlrich pria en tirant son épée que les Chevaliers du Loup Blanc leur viennent rapidement en aide.

Les impériaux resserrèrent les rangs et se préparèrent à vendre chèrement leur vie, décidés à venger les habitants sauvagement assassinés de Sternburg…

Cette histoire constitue l’introduction du scénario de la bataille de Sternburg. Les soldats de l’Empire parviendront-ils à retenir la harde d’Hommes-Bêtes jusqu’à l’arrivée des Chevaliers du Loup Blanc ou ces derniers trouveront-ils leurs camarades massacrés ?

Source[modifier]

  • White Dwarf n°114 (Octobre 2003)