Royaumes du Chaos

De La Bibliothèque Impériale
Dans les terres les plus septentrionales, au-delà des limites de la folie et des lois de la nature, se dressent les ruines brisées du Portail des Anciens. Les ténèbres et l’énergie mutagène qui en émanent constitue l’essence brute du Chaos. Le portail est comme une blessure sanguinolente, une déchirure dans la texture de la réalité et un passage vers une autre dimension. Il s’apparente désormais à un grand anneau entouré de machineries impies, écrasant les montagnes environnantes. Il est couvert de runes immensément puissantes qui brillent dans les ténèbres et dont les formes mouvantes altèrent la réalité. Des noirs abords du portail se déversent les Vents de Magie et des nuages mutagène de Malepierre.
- Extrait du Liber Malefic


Une journée ordinaire dans les Royaumes du Chaos
À l’extrême nord, par-delà les frontières du monde mortel, sur les terres entourant la région polaire du monde, s’étend une contrée impossible de Magie et de sombre féerie. Dans ce paysage de cauchemar, de désir, de haine, d’inconstance et de terreur, les lois de la nature n’ont pas cours, remplacées par celles qui sont imposées par les créatures autochtones. C’est le Royaume du Chaos, une terre de la fantasmagorie, où l’effet ne suit pas la cause ; au-delà de ses frontières, absolument tout est possible. Là-bas, les songes deviennent substance, substance qui se reforme sans cesse sous l’impulsion d’hallucinations enfiévrées. La gravité, les formes, l’espace et la raison, tout cela n’est qu’un flux éphémère qui se contorsionne sous la volonté des Dieux du Chaos. Rares sont ceux qui osent ne serait-ce que prononcer le nom de cet endroit maudit, où les Puissances de la Ruine règnent en maîtres. Les habitants du Vieux Monde croient que le seul fait de mentionner le nom des quatre Grands Dieux du Chaos suffit à porter malheur, c’est pourquoi ils tâchent d’oublier la sourde menace qui pèsent sur eux et prient en secret pour ne pas vivre assez vieux pour voir la prochaine invasion du Chaos.

Nul ne connaît l’âge du Royaume du Chaos, car le temps n’a guère d’emprise sur ce territoire damné. Il se pourrait bien qu’il soit aussi vieux que l’histoire elle-même, né avant même la création des étoiles et du monde. Pourtant, le Royaume du Chaos et tous ses horribles habitants sont les manifestations des espoirs et des peurs des êtres vivants : comment auraient-ils pu précéder les races conscientes ? Or, peu importe ce qui a engendré les Dieux du Chaos ; leur existence et leur insatiable appétit d’âmes humaines sont les seules choses qui comptent.

Les Royaumes du Chaos sont le domaine légendaire des égarés et des damnés et, selon les légendes, de choses bien pires encore qui s’ébattent dans l’éther. C’est là que vivent et meurent des champions et des monstres, là que la damnation ou la vie éternelle sont à portée de main. En vérité les Royaumes du Chaos sont bien plus que cela, mais seuls des mythes circulent à son sujet, car peu de mortels sont capables de percevoir le Royaume du Chaos dans toute sa splendeur, parce que leur esprit ne peut appréhender véritablement ses paysages. C’est pour cela que deux personnes n’ont jamais la même vision de cet endroit. De toute façon, un mortel est incapable d’appréhender la véritable nature du Chaos sans sombrer irrémédiablement dans la folie et la corruption physique et seul un dément envisagerait seulement de se rendre en ce royaume maudit ; un homme dont l’ambition insensée et le désir de puissance outrepasseraient toute pensée rationnelle ; un homme mû par une soif qui ne pourrait pas être étanchée dans le monde des mortels, et qui serait attiré vers le nord, vers le Royaume du Chaos, par l’appât du pouvoir promis à quiconque sera assez fort pour s’en emparer.

Quel que soit son point de départ, un voyageur qui chemine vers le nord finira par parvenir aux Désolations du Chaos. C’est une terre désolée et stérile qui s’étend aux alentours du pôle, et qui devient de plus en plus étrange et hostile au fur et à mesure qu’on s’en approche. C’est ainsi que le voyageur fait face à des tempêtes surnaturelles, ou le ciel aussi noir que la nuit darde des éclairs et rugit comme une bête blessée. Il est témoin des errements de la nature tiraillée entre les lois de ce monde et celles du royaume immortel.

Si le voyageur brave les tempêtes, il se retrouvera dans une région au-delà du monde des mortels. Les mots seuls ne peuvent décrire ce qu’il découvrira dans ces limbes, et nous sommes forcés de l’abandonner ainsi, aux Portes du Chaos, car même notre imagination ne sera plus en mesure de le suivre dans son périple.

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Cependant, on raconte que certain ont voyagé jusqu’aux Royaume du Chaos et en sont revenus, même si l’expérience les traumatise à jamais et les pousse sans cesse à commettre des actes barbares et meurtriers. Ils parlent de vallées jonchées des immondices que les Démons de Nurgle déposent sur la terre nécrosée tandis qu’ils observent l’étendue des contagions qu’ils y ont déclenchées. Ils détaillent des palais somptueux où les Démons de Slaanesh et leurs esclaves pratiquent toutes formes d’excès possibles et imaginables, noyé dans des vapeurs moites et odorantes. Ils décrivent des prisons où résonnent en permanence des cris de ceux que les Démons de Khorne mutilent en son nom. Enfin, ils évoquent les étranges labyrinthes illogiques de Tzeentch où le décor s’est à peine matérialisé qu’il est aussitôt remplacé par un spectacle encore plus dérangeant.

Ils parlent aussi de plaine à la surface nue et lisse comme une boule de verre noire, d’autres où une pluie de sang tiède remonte vers le ciel en s’échappant goutte à goutte du sol, ou de lacs bouillonnants desquels des sphères de feu s’élèvent au firmament en répandant leur lumière : autant de réalité potentielles qui coexistent dans le Chaos infini et tourbillonnant. C’est un endroit ou le temps n’a plus aucune signification et où les plus grands champions du passé, du présent et du futur s’affrontent dans un monde en éternel conflits.

En ces lieux, la nature elle-même n’a plus ses droits et le paysage a été profondément affecté par l’influence néfaste des Dieux du Chaos. C’est le domaine de toutes sortes de créatures monstrueuses et de bêtes sans âmes en quête du sang des vivants. Même la terre se révolte contre ce qu’elle est devenue : les arbres gémissent d’une voix écorchée et les rochers hurlent leur haine vers les cieux indifférents. Des Démons arpentent ces contrées en toute liberté, gorgés de l’énergie magique qui suintent du portail dimensionnel brisé. "L’enfer sur terre" n’est pas ici une vaine expression.

Les légions démoniaques des Dieux du Chaos se battent sans cesse les unes contre les autres, jamais rassasiées de massacres, indifférentes au repos comme à la nourriture. Sous les bannières des quatre Dieux, les Princes Démons et les Démons Majeurs mènent leurs hordes à la bataille, dépassant en nombre tous les mortels du monde réunis.

Cependant, l’esprit mortel n’est pas fait pour vagabonder librement dans les domaines des Dieux, et nul ne peut en repartir sans être changé à jamais. Le pouvoir du Chaos altère l’âme et le corps tout comme le feu dévore et noircit ce qu’il atteint. Les vents qui soufflent de ce royaumes sont chargée de Magie à l’état brut, une énergie exubérante qui corrompt et transmute tout ce qu’elle effleure, et tous ceux qui sont touchés par le Chaos portent dès lors sa marque, sur leur corps ou dans leur cœur.

Vu des terres du nord, le Royaume du Chaos est une forme qui flue et reflue dans le monde réel comme une marée irrégulière. La puissance du Chaos a toujours été fluctuante, et généralement, son ombre reste proche des pôles. Cependant, à mesure que les frontières s’étendent, leur emprise se traduit par de grands déferlements de bandes guerrières du Chaos. Les érudits postulent que les deux phénomènes sont intrinsèquement liés, comme si c’était le désir de destruction collectif desdites bandes qui alimentait l’expansion du Royaume. Si c’est vrai, et à moins de repousser ces incursions, les Royaumes du Chaos finira par recouvrir le globe, et tout ne sera plus que démence et mort.

Les Puissances de la Ruine ont chacun leur sphère d’influence, leurs séides et leurs territoires. Mais le Royaume du Chaos n’est pas seulement la demeure des Dieux Sombres. C’est aussi leur champ de bataille, une arène où livrer leurs batailles hégémoniques. Ils forment une fratrie qui se querelle sans cesse, chacun tentant de prendre l’ascendant sur les autres, car en dépit des différences qui les opposent, les Dieux du Chaos ont un but commun : la domination de toute chose, et un tel pouvoir absolu ne saurait s’encombrer de rivaux. De vastes armées démoniaques s’affrontent sur des plaines de cristal et des mers de sang bouillonnant, dans des forêts vénéneuses et des marais jonchés d’ossements. C’est une guerre sans fin qui voit chaque Dieu du Chaos gagner du terrain, puis perdre ses conquêtes et la puissance qui va avec. Dans le Royaume du Chaos, la Magie est à l’origine de tout, c’est pourquoi la taille d’un royaume n’est pas simplement un symbole de pouvoir, elle est le pouvoir. Lorsque les combattants d’un Dieu conquièrent des territoires, ceux-ci sont remodelés selon l’humeur de leur nouveau propriétaire. Si les sauvages guerriers de Khorne capturent une partie du Jardin de Nurgle, les feuilles moisies disparaissent bientôt pour ne laisser qu’un désert rougeâtre. Pareillement, si Tzeentch arrache cette désolation des mains du Seigneur des Crânes, un canevas de structures cristallines ne tarde pas à venir la remplacer.


Découvrez les lieux étranges et effroyables qui composent ce Royaume infernal… Si vous l’osez.


Sources

  • Livre d’Armée des Royaumes du Chaos
  • Livre d’Armée des Guerriers du Chaos, V7
  • Livre d’Armée des Démons du Chaos, V8