Le Courroux du Roi Phar

De La Bibliothèque Impériale

Lorsque ses Prêtres Liches le réveillèrent, le Roi Phar de Numas se leva grandement courroucé de son sarcophage. Toutefois, lorsqu’ils lui apprirent que des voleurs de tombes avaient dérobé ses trésors, sa colère se porta sur les profanateurs, et il invoqua sur le champ ses légions pour se lancer à leur poursuite. Phar pouvait sentir que ses trésors avaient été emmenés dans des terres lointaines, et la découverte de plusieurs cadavres de Gobelins dans la salle du trésor confirma ses soupçons. Sans plus attendre, le Roi se précipita vers les Terres Arides à la tête de ses légions.

Sans le savoir, le Roi Phar venait d’être manipulé par le diabolique Thanquol, l’un des plus malfaisants Prophètes Gris. Le sorcier Skaven cherchait depuis longtemps un moyen de se débarrasser de la redoutable tribu de la Griffe Noire des Orques et des Gobelins qui vivaient dans les Monts du Dos du Dragon. En dépit de plusieurs attaques d’envergure, Thanquol avait été incapable de déloger les Peaux-Vertes de leur tanière-forteresse pour s’emparer de la météorite de Malepierre qui, selon la rumeur, s’était écrasée l’année précédente dans la montagne. Au lieu de risquer sa propre vie dans un nouvel assaut, Thanquol échafauda un plan pour que les Peaux-Vertes soient défaits par un tiers, en l’occurrence les terrifiantes légions des Rois des Tombes. Pour cela, le Prophète Gris devait attirer les Morts-Vivants jusqu’aux Monts du Dos du Dragon. Ainsi, il engagea des agents du Clan Eshin qui infiltrèrent une de leurs pyramides mortuaires pour y dérober de nombreux talismans précieux, avant de laisser sur place des membres défunts de la tribu de la Griffe Noire et d’enterrer les trésors volés sur leur territoire.

L’Assaut sur les Terres Arides

Les légions du Roi Phar se tenaient prêtes au pied des Monts du Dos du Dragon, les Guerriers Squelettes disposés en rangs parfaits et attendant les ordres de leur seigneur. Émergeant de cette marée d’os, luisaient dans la lumière du soleil des bannières dorées tandis que des rouleaux de papyrus flottaient, portés par l’air saturé d’énergie magique. Le Roi Phar était immobile sur son char de guerre ouvragé. Il pouvait entendre à distance le martèlement sourd des tambours alertant les Peaux-Vertes de l’approche de ses légions. Il connaissait bien ce son pour l’avoir entendu des siècles plus tôt, lorsque le sang coulait encore dans ses veines, et que montait alors en lui l’excitation d’un combat imminent. À présent il ne ressentait plus que du mépris pour les misérables créatures qu’il s’apprêtait à effacer de la surface du globe.

Les Peaux-Vertes se ruèrent hors de leur forteresse délabrée. Ils semblaient n’être à première vue qu’une horde hétéroclite et indisciplinée, mais Phar savait que leur instinct guerrier ne devait jamais être sous-estimé. En quelques minutes, un épais mur d’Orques et de Gobelins se dressa face à ses légions et avança à leur contact. Le Roi des Tombes tourna son crâne couronné vers ses archers. Il brandit sa lame dorée, leur ordonnant de tirer une volée haut dans le ciel, et avant même que le premier nuage de flèche ne s’abatte sur les Peaux-Vertes, un second gagnait déjà les cieux. Phar contemplait les flèches voler au-dessus de la ligne de front pour atteindre le cœur des formations ennemies. Des centaines d’Orques et de Gobelins furent fauchés par la première volée et davantage par la seconde. Le ciel s’embrasa soudain lorsque les crânes hurlants des Catapultes du Roi le traversèrent. Ces projectiles maudits s’écrasèrent sur la horde sauvage avec des effets si effrayants que même les puissants Trolls en furent affectés. Il ne fallut que quelques minutes pour que le colossal mur de Peaux-Vertes s’effondre et qu’ils s’enfuient dans leur repaire. Il semblait que la victoire était acquise.

Jaillissant en furie des portes de la forteresse, apparut alors un puissant Chef de Guerre Orque monté sur un énorme sanglier, et engoncé dans une armure grossière. Il beugla sur les Peaux-Vertes pris de panique et ceux-ci retournèrent à l’assaut de l’armée du Roi des tombes. Phar fit à nouveau signe à ses troupes et ses régiments de guerriers squelettes se reformèrent en de parfaits blocs défensifs, les rayons du soleil miroitant sur les milliers de pointes de lances.

Obéissant aux ordres de leur Roi, les phalanges de Phar avancèrent à l’unisson à la rencontre de la horde braillarde. Les Orques percutèrent avec sauvagerie le mur de boucliers des Guerriers Squelettes, mais les soldats Morts-Vivants ne reculèrent pas d’un pouce. À l’aide de leurs incantations, les Prêtres Liches relevaient au fur et à mesure les guerriers tombés, et les légions de Nehekhara clairsemaient petit à petit les effectifs considérables de la horde. De colossaux Ushabti réduisaient les Peaux-Vertes en bouillie par vingtaine, mais les nobles statues furent bientôt mises en pièces par les projectiles magiques d’un Chaman Orque. Maudissant ce dernier, le Roi Phar fut satisfait de voir le sol s’écrouler sous les pieds du sorcier pour révéler un terrifiant Scorpion des Tombes. Ses pinces massives tranchèrent le Chaman Orque en deux avant de piquer de son énorme dard un troupeau de sorciers Gobelins qui s’écroulèrent tous au sol, pris de convulsions atroces tandis que le venin faisait effet.

Sans même un signe visible du Roi Phar, le sol explosa comme un geyser de sable sur le flanc droit et une douzaine de Chevaliers des Nécropoles en jaillirent avant de charger les Peaux-Vertes abasourdis avec une efficacité impitoyable. À l’instant même où la cavalerie serpentine apparut, la ligne de bataille des squelettes se divisa, et le Roi Phar dirigea lui-même ses légions de chars sur l’ennemi dans un crissement de roues et un martèlement de sabots qui emplit tout le champ de bataille. Les rangs des Peaux-Vertes furent fracassés par des centaines d’attelages aux roues bardées de fer. Les fuyards finissant empalés sur les lances des auriges. Le char de Phar avait déjà aplati de nombreux Peaux-Vertes avant de percuter les Orques sur Sanglier escortant le chef de guerre, pris au dépourvu par la puissance de sa charge. Phar se dirigea droit sur le chef Orque et le coupa en deux de sa lame dans un geste ample. En voyant leur chef vaincu, les Peaux-Vertes perdirent le peu de courage qu’il leur restait et partirent se réfugier dans les montagnes.

Tandis que ses guerriers récupéraient les talismans dorés qui lui avaient été dérobés, le Roi Phar regardait les cadavres autour de lui et se rappela avoir épuré de son vivant la majeure partie de ces montagnes des tribus Orques qui y pullulaient. Le temps viendrait où il conquerrait ces terres de nouveau, mais pour l’heure, il souhaitait seulement rentrer à Numas pour remettre ses trésors dans leurs alcôves.

L’Embuscade des Plaines de Sel

Les Légions du Roi Phar affrontent la vermine Skaven de Thanquol dans les Plaines de Sel.
Les légions du Roi Phar ne sortirent pas indemnes de la bataille, et Thanquol, qui n’avait pas perdu une miette de l’affrontement, vit là une occasion rêvée de s’en prendre aux squelettes, car il ne voyait pas pourquoi il leur abandonnerait les richesses que ses agents avaient volées. Il prendrait donc les forces du Roi Phar en embuscade pendant leur retour à Numas. Les Skavens se cachèrent ainsi parmi les nombreux temples qui s’élevaient des Plaines de Sel au nord de Numas, pour déchaîner leur arsenal infernal sur les légions du Roi dès qu’elles furent à portée.

Des éclairs de Malefoudre vaporisèrent des douzaines de chars, tandis que des régiments entiers de Gardiens des Tombes furent pris dans des flammes éthériques et s’embrasèrent comme de la paille. Des Roues Infernales broyèrent les rangs de squelettes, réduisant des régiments entiers de Morts-Vivants en poudre d’os, tandis que la ligne de front du Roi des Tombes était enfoncée par des centaines de monstres mutants. Toute autre armée de mortels aurait été mise en déroute par cette attaque aussi dévastatrice qu’imprévisible, mais les soldats des légions du Roi Phar avaient depuis longtemps oublié tout sentiment de désespoir et reformèrent leurs rangs en silence pour faire face. Toutefois, les machines de guerre se révélèrent n’être qu’un prélude au gros des forces de Thanquol, et des dizaines de milliers de guerriers Skavens surgirent de l’ombre, tels une marée noire de pelages galeux et de lames rouillées. Depuis son point de vue dominant, le Roi Phar ne pouvait que reconnaître combien les rangs impeccables de ses légions n’étaient pas de taille face à la horde grouillante, tandis que sur le toit d’un temple, le Prophète Gris dirigeait ses forces en restant à l’abri et se frottait déjà les griffes à l’idée de voir ses ennemis détruits.

Perdu dans ses pensées, Thanquol ne remarqua pas que le ciel commençait à s’obscurcir à cause d’un nuage de poussière qui se profilait à l’horizon. Ce n’est que lorsque l’ombre noire d’un Charognard lui passa au-dessus de la tête et que les cris des esprits vengeurs furent portés à ses oreilles par le vent qu’il prit la peine de regarder derrière lui. En dépit de la chaleur étouffante du soleil du désert son sang se glaça en un instant. Une seconde armée de squelettes s’était levée de Numas, et les incantations des Prêtres Liches la faisait avancer à une vitesse surnaturelle. Des phalanges complètes de guerriers squelettes se pressaient en avant aussi rapidement que le vent du désert. Cependant, ce qui horrifiait particulièrement Thanquol était les statues qui progressaient dans leur sillage. Une douzaine de Sphinx de Guerre de Khemri avançaient à travers le nuage de poussière, et au centre de cette force redoutable, monté sur le plus richement ornementé des amalgames, se tenait le Prince Lamhirakh, fils du Roi Phar, venu refermer le piège tendu par son père.

Le Roi Phar était aussi sage que vénérable, et bien que grande fût sa colère de voir ses trésors dérobés, elle ne l’avait pas aveuglée pour autant. Il réalisa rapidement que les Peaux-Vertes ne pouvaient être les auteurs du pillage, car il ne leur connaissait pas d’intérêt pour les talismans dorés, surtout lorsqu’ils pouvaient voler à la place des lames effilées et de lourds fléaux. Les Skavens s’étant découverts, les véritables voleurs allaient connaître son châtiment.

Le Piège se Referme

Les hommes-rats ayant été distraits suffisamment longtemps, Phar fit signe à son héraut, qui se tenait toujours à ses côtés, et celui-ci brandit une bannière ouvragée ornée de crânes d’or sertis de rubis rouge sang, avant de frapper le sol de sa hampe. Une lumière magique brilla au point d’impact et le tonnerre gronda. L’espace d’un instant, tout fut obscurci par un tourbillon de sable, mais lorsque la poussière retomba, d’innombrables squelettes s’étaient frayés un chemin parmi les dunes depuis leur tombe, répondant une fois encore à l’appel aux armes de leur Roi. Ses effectifs renouvelés, Phar s’élança dans le tumulte du combat, taillant de sa lame enchantée toute chose vivante en travers de sa route.

Le musc de la peur se faisait lourdement sentir parmi les Skavens alors qu’ils étaient pris en tenaille entre deux armées inexorables de squelettes. Les forces du Roi Phar rabattaient la horde grouillante sur les Sphinx de Guerre de Khemri, et les hommes-rats se fracassaient sur les statues de pierre comme une mer noire sur des falaises, périssant par centaines à chaque assaut. Une Roue Infernale fonça à toute allure et chargea le premier amalgame, mais elle fut réduite en copeaux par ses griffes de pierre. Des centaines de Skavens furent brûlés vifs lorsque les statues rugirent en projetant des cônes de flammes, et le sang des hommes-rats recouvra les Plaines de Sel lorsque les Gardiens des Tombes montés sur les sculptures animées les fauchèrent. Pris entre deux puissantes armées, les Skavens se faisaient massacrer.

Paniqué et désespéré, Thanquol abattit alors sa dernière carte. Alors que la horde était piétinée par les Sphinx, un unique Skaven vêtu de noir surgit de la marée et grimpa sur les flancs du monstre doré à la tête de la formation. Prenant tous le monde de court, il planta une dague empoisonnée à la Malepierre dans la gorge du Prince Lamhirakh. À peine le fils de Phar s’effondrait-il que son assassin se tordit de douleur sous l’effet d’une malédiction qui changea son sang en sable. Cependant, si la perte du Prince des Tombes ne ralentit que très peu l’avance des régiments squelettes, elle donna assez de temps à Thanquol pour échapper au piège et s’enfuir. Malheureusement pour eux, ses sous-fifres partagèrent un tout autre destin.

Lentement mais inexorablement, les deux mâchoires des légions du Roi de Numas se refermèrent. Ses Prêtres Liches en appelèrent aux pouvoirs des anciens Dieux, et une lueur magique brilla dans les orbites des Guerriers Squelettes lorsqu’ils réduisirent en charpie les derniers hommes-rats avec une vigueur surnaturelle. Le Roi Phar retourna ainsi à Numas avec la satisfaction que les Skavens y réfléchiraient à deux fois avant d’interrompre à nouveau son sommeil.

Source

  • Livre d’Armée des Rois des Tombes, V8