Har Ganeth

De La Bibliothèque Impériale
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Le seul nom de Har Ganeth est maudit. En Ulthuan, personne ne le prononce et pour qui ne possède ne serait-ce qu’une once de sens moral, elle est n’est rien d’autre que la la Cité Maudite. Pour les Elfes Noirs, c’est la Cité des Exécuteurs, le centre du culte de Khaine, dirigée par les Matriarches Suprêmes.

Un jour, les Hauts Elfes tentèrent un assaut contre Har Ganeth avec la plus grande armée qui ait jamais combattu sur les Terres du Grand Froid. Pendant bien des jours et bien des nuits les combats firent rage et finalement les Asur furent repoussés. Beaucoup s’enfuirent, mais ils furent encore plus à être capturés. Trop épuisés, il s’écroulèrent pendant leur fuite, ou furent capturés par les sinistres Cavaliers Noirs. Les prisonniers se réveillèrent enchaînés sur les autels du Dieu du Meurtre, les Furies avaient même capturé des Elfes Noirs imprudents.

La cérémonie célébrée par les Druchii fut une chose terrible à voir. Les captifs furent portés sur les autels et exécutés de la manière la plus cruelle qui soit. Les hurlements d’agonie se mêlaient aux rires des Furies qui dansaient nues sur les corps des suppliciés. Le vin et le sang coulant des autels enivraient les Elfes Noirs qui priaient leur dieu démoniaque. Les feux sacrés brûlèrent plusieurs nuits durant et les Druchii festoyèrent de chair fraîche. Pris par la fureur et la démence de ces rites, ils commencèrent même à s’entretuer.

Ce fut un carnage. Des flots de sang coulaient des fenêtres de la citadelle et couraient dans les rues comme des rivières. Des traînées écarlates éclaboussaient les murs des temples de Khaine et teintaient de rouge les idoles de bronze impies. Les marches étaient couvertes par les corps démembrés des suppliciés. Partout des Elfes Noirs enlacés et couverts de sang, ivres morts et repus de chair fraîche, étaient vautrés sur les restes innommables de leur nuit de dépravation totale. Pour finir, le soleil se leva sur une cité entièrement rouge de sang, ce qui assura la triste renommée de Har Ganeth dans les anales d’Ulthuan.

Depuis lors, cette démence et cette soif de sang n’a jamais vraiment quitté la cité, et elles ne sont contenues que par certaines des lois les plus strictes de Naggaroth. Il n’y a qu’à Har Ganeth que des actes comme le meurtre, le vol et la débauche en public sont des crimes toujours puni, ce qui est dur à supporter pour un peuple versé à ce point dans la dépravation. Pire encore, la loi de Har Ganeth ne prévoit qu’une seule peine pour les contrevenants : être emmenés, couverts de chaînes, au sommet de la plus haute pyramide sacrificielle pour y être décapités. C’est le seul châtiment approprié dans la ville élue de Khaine. Il faut être stupide ou exceptionnellement rusé pour enfreindre la loi à Har Ganeth, et on ne peut généralement pas faire la distinction avant que s’abatte la lame du bourreau ; les plus intelligents auront judicieusement pris la fuite depuis longtemps.

Cette situation ne signifie point que les querelles intestines sont plus rares à Har Ganeth qu’en une autre cité : elles prennent simplement une autre forme. Les Dynastes ont appris que le simple fait de commanditer un assassinat risquait autant d’entraîner leur propre mort que celle de la cible. Ils se focalisent donc sur des manœuvres pour pousser leurs rivaux à enfreindre la loi avec des conséquences fatales. Cela requiert une grande subtilité, et un plan met fréquemment des années à porter ses fruits. Har Ganeth est un nid d’intrigues sans pareil, où chaque requête ou concession n’est qu’un mouvement dans un vaste jeu de disgrâce et de mort.

Une seule personne se tient au-dessus de la loi à Har Ganeth. Hellebron l'Ancienne règne sur la ville depuis sa fondation ou presque, et ne voit aucune raison d’obéir à ses propres décrets. Elle encourage les requêtes de ceux qui souhaiteraient obtenir quelque immunité - en échange de faveurs conséquentes, naturellement - mais ne leur donne que rarement satisfaction. Seul un malandrin particulièrement audacieux ou désespéré admettrait ouvertement son intention d’enfreindre la loi devant la responsable suprême de son application.

C’est seulement lors de la Nuit des Supplices, une festivité sanglante à la gloire de Khaine, que l’anarchie est encouragée à Har Ganeth. Ailleurs à Naggaroth, seules les Furies la célèbrent, les autres Elfes Noirs ne cherchant qu’à éviter d’être sacrifiés au Dieu du Meurtre. Or, à Har Ganeth, tout le monde prend part à la folie qu’est la Nuit des Supplices ; c’est le seul intermède où l’on peut se libérer des pulsions malfaisantes accumulées durant l’année. Les grandes portes de la cité sont verrouillées, les esclaves et les prisonniers sont jetés à la rue dans une atmosphère lourde d’anticipation. Quand les lunes se lèvent, la folie se déchaîne. Le vin et le sang coulent à flot, la nuit s’emplit de hurlements déchirants et les caniveaux débordent de corps à demi dévorés. Les Furies dansent nues sur les restes de leurs victimes et les pavés couverts d’entrailles, et partout, des Druchii ivres et hagards gisent enlacés sur des tas de cadavres.

La débauche ne cesse qu’au point du jour, quand sonne un grand gong d’airain. Les survivants au regard las évacuent péniblement les rues, puis les portes du palais d’Hellbron s’ouvrent pour livrer passage à sa garde d’élite qui ratissent le charnier en quête d’Elfes trop engourdis pour fuir. Ceux-ci sont trainés dans les appartements de Hellbron, jusqu’à un grand chaudron de bronze. À la différence des autres Reines Matriarches qui se baignent dans le sang de vierges et d’innocent, la Reine du Sang de Har Ganeth préfère le sang parfumé par la corruption démente de la Nuit des Supplices.

Sources

  • Livre d’Armée des Elfes Noirs, V8
  • Livre d’Armée des Elfes Noirs, V7