Ruines de Wittgenstein

De La Bibliothèque Impériale

Les ruines des tours sombres de Château Wittgenstein se dressent au sommet des impressionnantes falaises qui surplombent le Reik à cet endroit-là. Le château semble lourd de menaces, recouvrant de son ombre les eaux du fleuve. Bien qu’il n’y ait personne pour réclamer un droit de passage, tous les bateaux s’en tiennent éloignés autant qu’il leur est possible. Il faut dire que le château était réputé comme un lieu de pratiques maléfiques. De nombreux cadavres torturés avaient été repêchés du fleuve par des bateliers de passage. Ces corps portaient la marque d’une main experte et sadique : leurs membres avaient été broyés et ils étaient couverts de nombreuses blessures. L’âge des victimes ne semblait pas avoir d’influence sur les cruautés qui leur étaient infligées : de jeunes enfants avaient été trouvés, aussi atrocement mutilés que les adultes. Qui en était le responsable ? Cela n’a jamais été clairement défini, mais le mot d’ordre sur la rivière était : « Restez éloigné de Wittgenstein. »

La famille von Wittgenstein possédait cette Baronnie depuis l’Âge des Trois Empereurs. Elle avait reçu la terre à titre de récompense de l’Impératrice Margrita en 1979, en reconnaissance de certains "services touchant à la sécurité de la nation", la nature de ses services n’étant pas spécifiée. La Maison Wittgenstein s’était depuis longtemps distinguée, à Nuln, au service de l’Impératrice élue, celle-ci la récompensa en lui octroyant des terres confisquées à Oscar II de Talabheim, l’un des partisans déclarés du prétendant malheureux au trône impérial.


Dagmar von Wittgenstein[modifier]

Il y a prés de 120 ans que Dagmar von Wittgenstein, membre éminent de la non moins célèbre famille Wittgenstein, sorcier dilettante et astronome à ses heures, s’était fait construire un petit observatoire sur les bords du Reik, non loin de la ville de Grünburg. Bien que la position de sa famille soit assurée par une Charte Impériale, Dagmar avait jugé plus sage qu’aucune rumeur concernant ses recherches bien particulières ne voie le jour. Pour cela, son observatoire avait été protégé magiquement, et son emplacement gardé secret, même pour le reste de sa famille.

Alors qu’il était engagé dans certaines recherches ésotériques, Dagmar était tombé par hasard sur un ancien ouvrage d’annales astronomiques dans lequel le passage suivant (daté de 2302) avait tout particulièrement attiré son attention :

Cette année, lors de la nuit maudite du Hexenstag, Morrslieb était auréolée d’une étrange lueur verte, et sa surface semblait comme prendre une expression grimaçante des plus horribles. Les cieux furent parcourus par un grand nombre d’étoiles filantes et certaines d’entre elles partirent s’écraser sur la terre qui gémit sous leurs assauts. De nouveau, durant la nuit du Geheimmistag, Morrslieb brilla intensément dans le ciel, et le firmament fut zébré par des étoiles qui tombèrent sur notre monde. Fort de la connaissance des événements du Hexenstag, je fus en mesure de déterminer la trajectoire d’une étoile filante, particulièrement grande, et qui semblait sortir tout droit de Morrslieb elle-même. Selon mes calculs, l’étoile doit s’être écrasée dans les hautes terres du Talabecland, prés des chutes de la rivière Narn.

En temps ordinaire, Dagmar aurait considéré cela tout au plus comme une curiosité astronomique, mais, par une étrange coïncidence, la veille, il était parvenu à achever la traduction d’un ancien parchemin écrit dans la langue hermétique des Démons. Ce parchemin lui semblait maintenant prédire ces fameux événements décrits par le vieil astronome.

Ceci fait appel à la sagesse. Le temps viendra où les ennemis du Chaos relâcheront leur garde. Guettant du haut de leurs forteresses, ils ne prêteront pas attention à l’ombre dans leur dos. Alors le Grand Mutable fera se réveiller la lune distordante, et la bien-aimée de Morr se raclera la gorge et crachera sur les terres de l’Empire. Et à chaque endroit ou ses rejets s’écraseront, les hommes n’oseront plus en fouler le sol ; mais le possesseur du crachat détiendra un grand pouvoir.

En joignant les deux ensemble, Dagmar réalisa que les météorites dont font mention les annales astronomiques devaient en fait être des fragments de la lune Morrslieb. En consultant des recueils d’histoire, Dagmar apprit que les hauteurs autour des chutes du Narn étaient appelées Collines Stériles depuis les alentours de 2302 - ce qui coïnciderait avec la date de la chute des météorites et avec la défaite des incursions du Chaos : une période où l’Empire a "relâché sa garde" comme le prédisait le parchemin. La météorite devrait donc posséder un grand pouvoir. Sans perdre de temps, Dagmar prit congé de sa famille pour se rendre à Kemperbad en 2418 où il monta une expédition avec des aventuriers pour atteindre les Collines Stériles. Selon la légende, l’expédition n’est jamais revenue.

En fait, une fois que le groupe eut réussi à localiser la météorite, Dagmar assassina les aventuriers et retourna chez lui par des routes détournées, avec un gros morceau de Malepierre soigneusement dissimulé dans une malle doublée de plomb. Conscient de son potentiel dévastateur, il la plaça à l’intérieur d’un récipient spécial, doublé de plomb, qu’il cacha dans une pièce secrète sous la chapelle du château. Malheureusement, Dagmar ne vécut pas assez longtemps pour tirer profit de sa découverte. Son cousin Hermann (qui était peut-être déjà un peu dérangé), voyant que Dagmar était peu disposé a satisfaire sa curiosité concernant le contenu d’une certaine malle, l’attaque et l’étrangla au cours du repas dans la grande salle du château, pendant que le reste de la famille regardait la scène en silence, en oubliant le rôti du Festag. Il est inutile de dire que l’histoire fut rapidement étouffée. Hermann fut confiné dans une tour du château et laissé là, occupé à jouer avec sa collection de carillons, mais la seule proximité de la Malepierre était suffisante pour faire de lourds ravages dans un esprit comme celui d’Hermann, et, peu de temps après, il fut pris de cannibalisme ; attaquant, massacrant et mangeant les serviteurs chargés de s’occuper de lui. Désespérée par tant d’horreur, sa famille le captura et l’enferma dans les cachots du château.

Malheureusement, l’existence du passage secret reliant les cellules à la pièce sous la chapelle avait été oubliée, et Hermann fut en mesure de l’utiliser pour récupérer l’objet de son tourment. Ni son esprit, ni son corps ne purent résister à une exposition prolongée et, quelques mois plus tard, il mourut dans son cachot. La famille poussa un soupir de soulagement ; maintenant tout allait revenir à la normale. Mais ce ne fut pas le cas.

La Pierre resta au fond des cachots et, au fil des ans, son pouvoir s’infiltra au travers du château. La plupart des membres de la famille devinrent fous, et les autres commencèrent à développer d’horribles mutations. Les mutants les plus difformes furent soit enfermés loin de là, soit tués dès la naissance, mais la famille fut forcée de se retirer de la cour impériale. La peur que le bruit ne se répande qu’ils étaient une famille de mutants les contraignit à le faire. Les mariages arrangés furent rompus, et les jeunes nobles forcés de se marier à l’intérieur de leur propre famille. Certains prirent des serviteurs comme compagnons mais, comme personne ne pouvait quitter le château, ce nouvel apport génétique ne dura qu’un temps. Après 70 ans, les mutations et les cas de folie devinrent la règle.

La famille commença à décliner en nombre aussi bien qu’en puissance. Nombreux furent les enfants qui, étant si durement touchés, ne purent parvenir à l’adolescence. Les autres développaient des mutations si terribles qu’ils devinrent une menace pour leur propre famille.

La dernière dirigeante de la famille fut Dame Ingrid - devenu le chef de la famille après la transformation de son mari en une gigantesque blatte - qui, bien que saine en apparence, était certainement profondément dérangée. Sa fille Margritte également, sous un air tout à fait normal, était bien loin de l’être. Tous les autres membres de la famille étaient porteurs d’horribles mutations ; dans certains cas, la combinaison de mutations et de folie avait produit des mutants déments et dangereux qui s’amusaient au détriment des paysans sous leur protection.

L’apparence normale d’Ingrid et de sa fille leur permettaient de quitter le château mais ni l’une, ni l’autre n’allaient bien loin. Cinq ans auparavant, Margritte avait découvert le journal de Dagmar, son arrière-arrière-grand-père, en avait ainsi appris l’existence de la Pierre. Sans perdre de temps, elle la récupéra et commença à faire des expériences avec elle. En suivant les notes laissées par Dagmar, elle apprit seule la Nécromancie, et tentait de créer la créature suprême : un mort vivant doté d’une force surhumaine et capable d’autonomie.

Pendant ce temps, les rapports des Wittgenstein avec la famille impériale leur avaient permis d’éviter tout problème avec l’administration de l’Empire : la Baronnie de Wittgenstein était considérée comme une région pauvre où personne ne se rendait sans avoir de bonnes raisons de le faire.

La Baronnie de Wittgenstein[modifier]

La Baronnie de Wittgenstein était autrefois riche et fertile, réputée pour la qualité de ses vignobles et de ses récoltes de céréales. Toutefois, dans les années qui ont suivi le retour de Dagmar au château avec la météorite, la terre perdit toute sa vitalité. Les grappes se firent plus rares dans les vignes et les récoltes de céréales déclinèrent de façon dramatique. Les paysans acceptèrent ce changement avec résignation et survécurent comme ils purent. Mais au fil des ans, les choses allèrent de mal en pis. La Malepierre, après être restée si longtemps enfermée dans un coffre doublé de plomb, fut découverte par Margritte Wittgenstein, la fille démente de la Baronne Ingrid, qui commença à expérimenter ses pouvoirs. Une nuit, une tempête soudaine s’abattit sur le château. Le vent s’en prit aux volets de la tour où Dame Margritte travaillait, et réussit à les ouvrir. Il s’engouffra dans la pièce et ramassa de grandes quantités de terre, en fait de la poussière de Malepierre qui fut ainsi répandue sur toute la Baronnie, et pollua le sol et toutes les choses vivantes.

Les effets furent presque immédiats. Les récoltes moururent ou mutèrent dans les champs, et la proportion d’oiseaux mutants augmenta terriblement. De nombreux paysans décédèrent lors de l’hiver qui suivit, et les survivants se rendirent en masse au château pour mendier de l’aide. La plupart d’entre eux repartirent les mains vides, quant à ceux qui passèrent les portes, nul ne les revit jamais.

Les changements occasionnés par la tempête de Malepierre furent des plus horribles, et les paysans qui restaient continuèrent à subsister pauvrement, à demi morts de faim, au milieu de leurs champs saccagés. Leur existence n’avait jamais été facile, mais ils devaient maintenant se débrouiller entre les changements apportés par la poussière de la météorite et les cruautés qui leur étaient infligées quotidiennement par les Wittgenstein. Certains villageois, l’esprit ébranlé par les effets de la poussière du Chaos, avaient d’ailleurs commencé à déterrer les cadavres du cimetière pour s’en nourrir et survivre.

Depuis la venue de la Malepierre au château, tous ceux qui le pouvaient ont évité la Baronnie de Wittgenstein. Depuis la réduction des récoltes, il n’y a plus de céréales à vendre, et les marchands ont arrêté de se rendre au village. Comme la Pierre a lentement affecté tous les Wittgenstein, leur mauvaise réputation a découragé les derniers visiteurs.


Le Village[modifier]

Le village de Wittgendorf (ou plutôt ce qu’il en reste) se trouve à un bon kilomètre de Château Wittgenstein, sur la rive ouest du Reik. C’était autrefois une petite bourgade prospère, mais l’arrivée de la Malepierre a engendré son déclin. Aujourd’hui encore, les bateaux évitent le village et les sinistres ruines de son château autant que possible. Le trafic routier est pratiquement inexistant : peu de gens sont assez braves ou assez téméraires pour traverser les bois qui entourent le village. Ceux qui se rendent de Kemperbad à Nuln (et vice-versa) empruntent soit le fleuve, soit la route longeant la rive est du Reik.


La Forêt[modifier]

L’atmosphère dans la forêt avoisinante est oppressante : ceux assez fous pour s’y aventurer apercevront des spécimens géants et déformés de papillons et de mites voler entre les arbres, et de grandes larves blanchâtres ramper sur le sol. Ils entendront constamment des bruits déconcertants provenant de toutes les directions ; les cris de créatures inconnues empliront l’air autour d’eux, mais ils ne verront rien. Tout ce qu’ils apercevront, ce sont des ombres étranges se déplaçant à l’extrême limite de leur champ de vision.

La nuit, les créatures de la forêt sortent pour chasser et les bandes de mutants ou d’Hommes-Bêtes pullulent dans la région.


La Destruction du Château Wittgenstein[modifier]

En 2512, un tremblement parcouru le château, premier avertissement annonçant l’effondrement de toute la falaise. Rapidement, les tremblements se firent de plus en plus fort et le rocher tout entier tremblait sur sa base. En quelque minutes, il ne restait plus du château qu’un tas de ruines poussiéreuses.
Ces tremblement n’avaient néanmoins rien de naturels : ils avaient été provoqué par des sapeurs Skavens, envoyé là pour reprendre la Malepierre qui y était stockée.

C’est ainsi qui pris fin l’horreur des Wittgenstein…

Source[modifier]

  • Warhammer JdR V1 - Mort sur le Reik