Malbaude, le Chevalier Noir

De La Bibliothèque Impériale
Le Blason de Malbaude
Nul ne connaît vraiment l’identité du Chevalier aujourd’hui connu sous le nom de Malbaude. Certains affirment qu’il s’agit d’un rejeton illégitime du Roy Louen Cœur de Lion lui-même. D’autres soutiennent que Malbaude est un manant qui fut malencontreusement élevé au statut de Chevalier après avoir sauvé la vie du Duc de Lyonesse lors d’une partie de chasse, ou encore qu’il s’agit d’un Chevalier Errant parti en expédition dans les Principautés Frontalières et qui fut le seul survivant de son groupe. Malbaude est satisfait de rester dans le mystère et peut-être que nul ne saura jamais la vérité.

Quelles que soient ses origines, Malbaude était certainement autrefois un Chevalier audacieux et héroïque, l’une des meilleures jeunes lances de Bretonnie. Il était (et est sans doute encore) un guerrier exceptionnel et un homme dont l’honneur et les principes sont inébranlables. En tant que Chevalier Errant, il gagna ses éperons de Chevalier du Royaume, mais sa dévotion envers le code de la chevalerie était telle qu’il renonça immédiatement à sa lance et partit en tant que Chevalier de la Quête, cherchant à obtenir la bénédiction de la Dame et une révélation du Graal sur le sens de sa vie. Malbaude parcourut toute la Bretonnie, se vouant corps et âme à l’existence de renoncement et de labeur qu’est celle des Chevaliers de la Quête. Là encore, il semble tout à fait ravi des rumeurs qui courent chez les nobles concernant ses hauts faits en tant que Chevalier de la Quête. On dit qu’il parcourut le Massif d’Orquemont et nettoya des vallées entières des Peaux-Vertes qui les occupaient, qu’il combattit des Harpies aux ailes de chauve-souris dans les Montagnes Grises, et qu’il enraya la progression d’une tribu de Gobelins tout entière au Défilé de la Hache. D’autres légendes le mettent en scène débusquant un culte du Chaos parmi les marchands étrangers de L'Anguille ou traquant la monstrueuse Sorcière Bleue de la Forêt de Châlons.

L’une des histoires les plus récurrentes raconte comment Malbaude, après de longues années de Quête du Graal, fut soudain las de ses pérégrinations et fit halte dans une chapelle du Graal. La Demoiselle du Graal l’accueillit, mais Malbaude faisait grise mine et semblait en colère. Pourquoi la Dame l’avait-elle oublié ? N’en avait-il pas fait assez pour elle ? N’avait-il pas abattu des monstres Bretonniens, aidé les innocents et puni les méchants ? Et pourtant, il n’avait vu aucun signe du Graal, ni reçu aucun message de la Dame. Il s’insurgea contre le fait qu’il avait voué sa vie à la Quête sans rien en retirer.

La Demoiselle du Graal avait conseillé bien des Chevaliers de la Quête, et elle lui donna les mêmes réponses qu’aux autres. La Quête du Graal, dit-elle à Malbaude, n’est pas un voyage qu’on entreprend pour gagner la reconnaissance de la Dame, ni une épreuve destinée à gagner le droit de boire à la sainte coupe. La véritable quête consiste pour le Chevalier à atteindre ce point de non retour, où le désespoir l’envahit, et à poursuivre ses voyages malgré tout. Tel est le véritable test pour un Chevalier, non pas la mise à l'épreuve de la fermeté de son bras, mais de celle de son âme. Il ne s’agit pas de savoir s’il peut abattre toute la population monstrueuse d’une forêt mais si, comprenant que ses lèvres ne toucheront peut-être jamais le Graal, il persévérera néanmoins dans la Quête.

Malbaude réfléchit à la question. Si c’était vrai, tout ce qui lui restait à faire, c’était de continuer, de s’élancer contre les plus terribles dangers et de les affronter avec passion et courage, afin que finalement la Dame vienne à lui comme elle l’avait promis. À l’aube, Malbaude sortit de la chapelle du Graal et ne prit aucun repos jusqu’à ce qu’il fût arrivé à l’endroit même où son désespoir serait mis à l’épreuve : dans le Pays du Désespoir, en Moussillon.

Malbaude trouva bien assez de malheur en Moussillon. On est presque certain que c’est lui qui se dressa contre une armée de Morts-Vivants rassemblés près des Collines des Orphelins, et lui encore qui s'engouffra dans les grottes situées sous le Pont Résolu en ruine pour passer les malveillants hommes-rats par le fil de l’épée. Nul ne peut dire quelles autres aventures il vécut dans le Duché Perdu.

Tout ce dont on est sûr, puisqu’on tient l'information de Malbaude lui-même, c’est qu’il finit par faire halte à l’orée de la Forêt d’Arden. Bien qu’il cherchât des Hommes-Bêtes et d’autres monstres, il se trouva devant un ruisseau à l’eau saumâtre. Tandis qu’il l'observait, l’endroit perdit sa couleur gris-vert et les nuages de mouches en disparurent pour révéler un somptueux lac aux eaux claires, nappé de brumes froides. Une main s’éleva des eaux, porteuse d’un calice doré et étincelant, et Malbaude sut qu’il avait fini par trouver le Graal. Boire au Graal pouvait avoir deux conséquences. Si son coeur était souillé par la moindre trace de péché, la magie du Graal le tuerait instantanément. Toutefois, s'il était pur comme un véritable Chevalier, il recevrait la bénédiction de la Dame, ne connaîtrait plus la peur et reviendrait dans les terres civilisées en tant que saint Chevalier du Graal.

Malbaude prit le Graal, sûr que ses années de Quête l’avaient purifié de toute trace de souillure. Il but de son eau et ne fut pas foudroyé : il réalisa qu’il devait avoir passé l’épreuve avec succès et que la bénédiction de la Dame était sur lui. Et alors, il vit la vérité.

Malbaude ne mourut pas. Mais il ne devint pas non plus Chevalier du Graal. À la place, il reçut une révélation concernant la Dame du lac, le code de la chevalerie et le cœur même de la Chevalerie Bretonnienne. Pour une raison mystérieuse, au lieu de devenir Chevalier du Graal, Malbaude avait percé la magie de la Dame et découvert sa véritable nature. À moins que la démence ne l’ait frappé et que son exposition à la misère du Moussillon n’ait suscité chez lui des hallucinations enfiévrées. Quoi qu’il en soit, Malbaude crut que c’était la vérité, une vérité épouvantable.

Seuls les conspirateurs les plus proches de Malbaude savent ce qu’il a vu en buvant au Graal. C’était assez terrifiant pour qu’il rejette tout ce qui avait trait à la chevalerie et maudisse jusqu’au nom de la Dame. Accablé de chagrin, il revint en Moussillon, tous ses espoirs réduits à néant, cherchant seulement la mort dans le Pays du Désespoir. Mais il ne la trouva point. Au lieu de cela, sa tristesse se mua en colère, et sa colère en haine. On lui avait menti depuis sa naissance, et pire encore, il avait incarné lui-même ce mensonge. Mais il pouvait changer les choses. S’il renversait la couronne de Bretonnie et abolissait le culte de la Dame du Lac, il pourrait redresser tous les torts qu’avait subis la Bretonnie. Mais pour ce faire, il lui fallait tout d’abord rassembler une armée et s’emparer du duché, afin de pouvoir un jour prétendre au trône de Bretonnie. C’était un plan follement ambitieux, visant à faire de Malbaude le premier homme à usurper le trône de Bretonnie. Mais désormais, le dévouement qu’il avait investi malgré son désespoir dans sa Quête du Graal se trouvait engagé dans une croisade contre la Dame du Lac et la couronne de Bretonnie.

Le plan de Malbaude n’en est qu’à ses prémices. Il a expliqué sa terrible vision à plusieurs nobles du Moussillon, et beaucoup se sont joints à lui. Certains sont tout aussi outragés que lui devant les mensonges perpétrés en Bretonnie, tandis que d’autres sont seulement des hommes amers et malveillants qui veulent se venger de ce pays qui les traite en reclus. Ces nobles ont investi leurs ressources dans le premier objectif de Malbaude : réclamer le statut de Duc de Moussillon. Leurs troupes armées sont requises à la fois pour repousser un éventuel assaut du Roy et pour permettre à une expédition armée de reprendre le palais ducal. L’expédition est imminente, et bientôt sonnera l’heure où Malbaude pourra arpenter les couloirs où Maldred et Malfleur ont rencontré leur destin.

Le plan de Malbaude repose sur sa capacité à former une alliance d’individus (souvent pervers et traîtres) par la seule force de sa personnalité. Heureusement pour lui, il possède un charisme et une capacité de persuasion équivalents à ceux de n’importe quel vrai Chevalier du Graal. Bien que la « vérité » que prêche Malbaude concernant la Bretonnie soit incongrue et franchement difficile à croire, il l’assène avec tant de conviction que beaucoup de ceux qui l’ont entendu parler sont persuadés de son authenticité. Il est gracieux et généreux envers ses alliés et offre même aux nobles ennemis une unique occasion de se joindre à lui. Malbaude est également resté un Chevalier infiniment honorable et n’a jamais exécuté un noble confrère. Au lieu de cela, il leur donne une chance de défendre leur vie en combat singulier. En réalité, ils n’ont guère de chance de l’emporter, car Malbaude est l’un des guerriers les plus talentueux jamais élevés au sein de la Chevalerie Bretonnienne. Toutefois, l’idée d’abattre un noble comme un animal lui est tout simplement odieuse.

Cependant, Malbaude est totalement impitoyable. Il n’a pas pour les manants et les étrangers la même indulgence que pour les nobles Bretonniens. Il a fait exécuter (et pire encore) d’innombrables paysans, mercenaires et aventuriers étrangers. Il croit si profondément en sa cause qu’il est prêt à envoyer des braves, et même des nobles, à une mort certaine si cela lui permet d’atteindre ses objectifs. De plus, bien que Malbaude soit limité par son propre sens de l’honneur, il a totalement abandonné le code de la chevalerie. Ayant librement refusé la grâce de la Dame et l’autorité du Roy, des entreprises aussi peu chevaleresques que le fait d’employer des mercenaires ou des machines de guerre à poudre noire ne lui font nullement honte.

Mais ce qui est plus grave encore, c'est que la dévotion de Malbaude à sa cause a même éclipsé sa propre perception du bien et du mal. On dit que les Morts-Vivants répondent à son appel, et que si le Roy envahissait le Moussillon, les vivants marcheraient aux côtés des morts dans son armée. Certains des nobles avec lesquels pactise Malbaude ont de sinistres réputations : Nécromanciens, Sorciers et même Vampires… Et pourtant, Malbaude les fréquente tous, se préoccupant seulement de savoir s’ils peuvent l’aider à atteindre son but.

On voit rarement Malbaude en Moussillon et il ne semble pas avoir une unique base d’opérations. Au lieu de cela, il fréquente la cour des nobles qui le soutiennent, les aidant à recruter et à déployer des troupes, et à ce qu’on dit, les surveillant pour s’assurer de leur loyauté. Il porte une armure entièrement noire, ce qui lui vaut son surnom de Chevalier Noir, et il n’en relève jamais la visière à moins d’être en compagnie d’un de ses nobles compagnons conspirateurs. On dit que c’est un homme séduisant mais intense, qui semble aussi insondable et imperméable aux ravages du temps qu’un authentique Chevalier du Graal, et dont la voix profonde et sonore peut convaincre un homme de se livrer aux actes les plus horribles. Le blason de Malbaude est un serpent or sur champ sable, et il l’affiche fièrement sur son bouclier et ses bardes, ainsi que sur ceux des Chevaliers d’élite qui forment sa troupe personnelle. Tel est l’étendard que beaucoup sont persuadés de voir bientôt flotter sur les murs du duché.

L’Armée de Malbaude[modifier]

L’objectif immédiat de Malbaude est de rassembler une armée avec laquelle il s’emparera du Moussillon et en conservera le contrôle. Ses nobles ont tous rallié les soldats de leur maison à sa cause, et dans bien des cas, ces troupes comptent des dizaines de chevaliers. Mais Malbaude a besoin de bien plus de soldats pour soutenir ses prétentions et défendre le duché contre les inévitables représailles du Roy. Ses nobles recrutent, racolent et engagent des soldats pour la cause de Malbaude, et les recrues de l’armée grandissante vont des guerriers indépendants aguerris aux meutes de paysans indisciplinés armés de bâtons pointus.

Malbaude n’a pas seulement besoin de partisans pour grossir les effectifs de son armée, il lui faut s’assurer qu’ils soient dirigés, approvisionnés et logés quelque part. C’est la seule volonté de Malbaude qui rend possible une aussi titanesque entreprise. D’immenses sommes d’argent (à l’aune du Moussillon) sont actuellement investies dans la préparation d’un campement temporaire pour l’armée, dans les terres sauvages du nord-ouest du duché, près de la tour d’Alsace, ainsi que dans l’acquisition de quantités de nourriture suffisantes pour que l’armée reste en vie lors de sa marche sur la ville. Malbaude dirigera l’armée en personne, et plusieurs de ses partisans nobles les plus martiaux prendront aussi leur lance et chevaucheront en armure noire à la tête de l’host. Malbaude espère également que l’on pourra lever assez de morts du Moussillon pour grossir les rangs de l’armée, et que les nobles se montreront assez brutaux et charismatiques pour obliger les soldats à continuer le combat malgré les horreurs mortes-vivantes qui marcheront auprès d’eux. À mesure que le plan de Malbaude se mettra en place, il pourra faire appel à des soldats de toutes origines en nombres considérables, et ensuite à des légions de morts-vivants pour empêcher n’importe quel groupe d'aventuriers de gâcher son triomphe.

Source[modifier]

  • Warhammer JdR - Le Duché des Damnés