Karitamen

De La Bibliothèque Impériale
Karitamen, le Scarabée de la Mort, un ancien roi de ce qui est maintenant les Principautés Frontalières.

Karitamen, le Scarabée de la mort est un Roi des Tombes enfermé dans son sépulcre, dans les Montagnes du Bord du Monde, au nord de du Col du Chien Fou. De son vivant, il était l'un des plus grands généraux d’Amenemhetum le Grand. Il conquiert une partie des actuelles Principautés Frontalières avant d'être nommé roi de la moitié orientale de son domaine nouvellement conquis. Monarque éclairé au début de son règne, il devint rapidement obsédé par la nécromancie et mécontenta ses sujets. Il périt assassiné avant que ses recherches sur la vie éternelle n'aboutissent.

Origines[modifier]

Le père de Karitamen était cousin de la famille royale de Khemri, ce qui ne lui conférait aucun statut privilégié, ni finances ou terres, mais lui donnait droit à une éducation, une formation et un traitement dignes d’un jeune noble.

Karitamen n’était pas stupide, mais il n’était pas particulièrement brillant. Il n’aimait pas lire et encore moins écrire. Son écriture devint d’ailleurs à ce point illisible, par manque de pratique, qu’elle n’était qu’un vague gribouillis. Ses manières étaient suffisantes pour se tenir dignement en urbaine compagnie, mais il préférait largement la virilité et le comportement agressif des guerriers et des prolétaires. Karitamen excellait cependant dans un domaine : la tactique militaire. Il démontra un don précoce et intuitif de stratège, qu’il affûta rapidement, se découvrant une passion pour la compétition et une soif de victoire qui allaient déterminer le cours de sa vie.

Très jeune, Karitamen se montra également bien plus doué dans les domaines physiques qu’intellectuels. Agile, robuste et doté d’un œil perçant, il maîtrisait à merveille toutes les activités physiques qu’on lui enseignait, jusqu’à devenir excellent à la course, la nage et la lutte.

Quand il fut assez âgé, ses maîtres lui confièrent une épée courte et entamèrent sa formation à l’art du combat. Il apprenait vite et fut capable en quelques semaines de dominer des élèves qui avaient plusieurs années d’enseignement de plus que lui. Au bout d’un an de formation, Karitamen était également en mesure de vaincre la plupart de ses professeurs. Il avait alors atteint sa taille adulte et rejoignit l’armée nehekharéenne. Étant noble, il put choisir entre diverses affectations, notamment quelques postes d’officier subalterne à Khemri même ou à proximité. Mais Karitamen était jeune et plein d’entrain, et il voulait perfectionner son art sur le champ de bataille. Il voulait également échapper à ses parents si protecteurs et bien intentionnés, ainsi qu’à l’épée à double tranchant que représentait sa lignée. Voilà pourquoi il se porta volontaire pour une mission dans les Principautés Frontalières, ce territoire sauvage que les Nehekharéens rêvaient encore de conquérir.

Prouesses[modifier]

Karitamen se présenta dans les Frontalières comme un jeune soldat parfaitement inexpérimenté, investi de pouvoirs de commandement mineurs qu’il n’était cependant pas prêt à accepter sans les avoir mérités. Il fut attaqué par une bande d’Orques avec les autres recrues avant d’atteindre le reste des forces nehekharéennes. Une lance projetée d’une main adroite vint tuer le vétéran qui les accompagnait, juste avant que les assaillants ne soient à portée d’épée.

La plupart des bleus moururent dès leur première bataille, incapables de maîtriser la vague de peur qui les paralysa durant la charge des Peaux-Vertes, qui hurlaient, juraient et écumaient dans leur rage. Karitamen se figea comme ses compagnons, mais il sortit de sa torpeur juste au moment où l’un des orques de tête arriva à son niveau en brandissant sa hache. D’un bond, il évita la mort de justesse, la hache entaillant son poitrail pour ne laisser qu’un fin sillon. Puis, ses mains s’activèrent. Sa lame se dressa et écarta la hache et les pattes de l’ennemi, avant de jaillir pour en trancher la gorge. D’autres orques vinrent remplacer ce premier adversaire, mais Karitamen était prêt, son arme fermement tenue, sa posture et son souffle parfaitement sereins. Seul, il tua plus d’une douzaine d’orques avant qu’une poignée de ses camarades retrouvent leur arme et leur courage pour le rejoindre et repousser l’assaillant.

Des cinq cents recrues, il ne se présenta devant les lignes à l’avant de l’armée que cent vétérans balafrés. Karitamen était indiscutablement leur chef. Il acceptait désormais pleinement ce statut, convaincu d’avoir démontré sa valeur, et ne demanda qu’une chose : que ses soldats soient également placés sous ses ordres. Les supérieurs de Karitamen se penchèrent sur sa requête et décidèrent de l’honorer, ainsi que sa bravoure, en posant directement la question aux recrues. Chacun des quatre-vingt-dix-neuf autres soldats eut donc la possibilité de servir sous les ordres de Karitamen. Tous acceptèrent. Ces hommes, que cette première bataille avait liés, formèrent le noyau dur des forces de Karitamen, des soldats d’une loyauté féroce envers leur chef, prêts à le suivre où qu’il aille.

Au fil de la guerre, Karitamen démontra constamment son talent tactique et martial. À sa vue, de nombreux sauvages tremblaient dans leurs bottes et les orques terrorisés prononçaient des sons inarticulés, tandis que chez les soldats nehekharéens, commençait à poindre la rumeur selon laquelle la réussite de Karitamen ne tenait pas qu’à ses dons et à sa force. Les hommes décelaient quelque Magie là-dessous. Ils disaient qu’il pouvait tuer d’un regard, que sa seule présence pouvait entraîner la mort. Quelqu’un prononça un jour le surnom de Scarabée de la Mort, celui dont le contact déterminait à leur insu quels ennemis étaient déjà morts, et le nom s’imposa. Très vite, Karitamen le Scarabée de la Mort fut nommé à la tête de sa propre unité, puis de ses troupes et enfin de sa division. Amenemhetum le Grand souhaitait conquérir toutes les Frontalières entre les montagnes et le Golfe Noir et ce fut probablement Karitamen qui joua le rôle le plus important pour servir ce dessein.

Ce fut au cours de cette période que Karitamen rencontra un jeune prêtre du nom de Tetrahon. Bien que la Nécromancie ne fût pas vue d’un bon œil à Khemri, elle n’était pas interdite et Tetrahon pratiquait ouvertement le sombre art, sans troquer la révérence caractéristique de sa fonction. La fascination de Karitamen était grande ; voilà une arme qu’il ne connaissait pas, un moyen de dominer autrui et d’acquérir force et pouvoir sans recourir aux armes. Il demanda à Tetrahon de lui enseigner son art. En retour, Karitamen offrait au svelte prêtre de le protéger et de le couvrir de richesses et de prestige. Une alliance en naquit, la magie et les sages conseils de Tetrahon perfectionnant le sens tactique et les prouesses physiques de Karitamen, déjà considérables. Le Scarabée de la Mort devint donc encore plus puissant et joua un rôle crucial dans l’élimination des dernières bandes de barbares et d’orques, avant de nettoyer le pays pour laisser place au règne nehekharéen.

Règne[modifier]

Amenemhetum était satisfait du service de son jeune chef de guerre, à qui il octroya la souveraineté sur la moitié occidentale des terres conquises. Ce pays devint donc le propre royaume du Scarabée de la Mort, sa cité-état, sous le règne impérial d’Amenemhetum, qui honorait à son tour Khemri.

Karitamen se réjouissait de sa bonne fortune. Il n’avait jamais rêvé d’un tel statut, d’une telle richesse ou d’un tel pouvoir. Au mieux avait-il espéré devenir un guerrier respecté et peut-être un officier de haut grade. Mais au lieu de cela, il était devenu roi. Ses parents étaient morts des années plus tôt, victimes de l’une des nombreuses épidémies qui ravageaient Khemri de temps à autre, mais il avait brûlé des offrandes pour leurs esprits et espérait susciter leur fierté dans l’au-delà par ce qu’il avait réalisé. Il n’était plus un lointain cousin de la famille royale, mais la royauté à lui seul ! Il n’avait guère plus oublié ses engagements envers Tetrahon. Karitamen avait nommé le prêtre conseiller principal du roi et, ensemble, ils passèrent de la conquête des terres à leur gestion. Bien que le manque de bataille le chagrinât, Karitamen se montra fasciné par le défi que constituait l’administration d’une nation, aussi petite fût-elle. Il étudia l’art de la politique, tel qu’il était à l’époque, et lut tous les écrits qu’il pouvait trouver sur les chefs d’État et les règnes. Il était à l’écoute de Tetrahon, certes, mais aussi de plusieurs officiers et même de quelques roturiers, déterminé à voir les événements et les problèmes sous tous les angles. La stratégie se montra aussi utile pour planifier le commerce et les récoltes que sur le champ de bataille, et le royaume de Karitamen prospéra. Ses gens étaient bien nourris et en bonne santé, et de petits bourgs apparurent çà et là à travers le pays. Au fil de la croissance économique et démographique, la réputation de chef de Karitamen ne faisait qu’embellir, et ses sujets s’estimaient heureux d’être sous l’égide d’un roi aussi noble, puissant et protecteur.

Malheureusement, une telle prospérité n’était pas faite pour durer. Même le meilleur des souverains ne pouvait lutter contre les ravages du destin et les royaumes opulents finissent toujours par attirer l’attention des charognards de tout type, notamment humains. Les moissons déclinèrent, la population s’effondra, la maladie fit rage et Karitamen ne pouvait rien pour empêcher ces fléaux. Puis, les pillards se présentèrent, déterminés à dépouiller le pays de ses ressources. C’était au moins là une menace qu’il comprenait et contre laquelle il pouvait se battre. Le Scarabée de la Mort prit une nouvelle fois les armes, cette fois pour protéger ses terres et son peuple.

Malgré son triomphe contre l’assaillant, Karitamen comprit qu’il finirait par succomber à l’âge et l’infirmité, qu’il allait quitter cette vie pour la suivante et laisserait donc ses gens sans roi. Il n’avait engendré aucun enfant ayant survécu jusqu’à l’âge adulte et ne faisait confiance à aucun de ses conseillers ou des nobles de son entourage pour diriger la nation à sa place. Il s’entretint avec Tetrahon et conclut que seule la vie éternelle pouvait résoudre le problème. En tant que roi de Nehekhara, Karitamen était membre des Cultes Mortuaires, une organisation de rois ayant choisi de faire préserver leur corps dans la mort pour qu’il puisse être un jour réanimé. Mais il ne prêtait aucune confiance à ce projet, car une fois mort, comment pouvait-il être sûr que les dieux lui permettraient de revenir ? La voie qui consistait à ne jamais mourir paraissait plus sûre et fiable. Tetrahon ne connaissait pas le moyen de réaliser une telle prouesse, mais il était convaincu que cela était possible. Ensemble, ils se plongèrent dans l’étude de vieux grimoires, en quête des rituels souhaités.

Au fur et à mesure qu’il étudiait la magie, Karitamen réalisa qu’il manquait de temps pour s’occuper correctement de son pays. Il se montra irritable, peu enclin à consacrer du temps aux divers soucis de son règne, trop accaparé par ses recherches. Cette urgence à trouver une solution contre l’âge et la mort qui se faisaient toujours plus pressants fit de Karitamen un roi moins prévenant envers ses gens, qui prenait ses décisions sans considération de leurs sentiments et de leur bien-être. Ceux-ci avaient au départ révéré le grand guerrier devenu un souverain bienveillant, et avaient chanté ses louanges. Mais ils grondaient désormais et courbaient l’échine sous son règne en critiquant ses décisions.

Le mécontentement de la population irrita davantage Karitamen, d’autant que ses recherches étaient motivées par le désir d’aider ses gens, et il se montra encore plus cruel. Ses sujets finirent par le haïr tel un monstre, une créature égoïste plus bestiale qu’humaine. Mais à chaque protestation, sa colère grandissait et les représailles étaient plus cinglantes. Le Scarabée de la Mort était devenu un tyran. Malheureusement pour la population, Amenemhetum avait ses propres soucis et refusa d’intervenir dans des affaires locales de si faible envergure. Il souhaitait l’ordre et l’obéissance plus que l’amour et le bonheur, et les dîmes de Karitamen étaient toujours payées à l’heure. Plusieurs nobles courroucés insistant auprès de lui, Amenemhetum finit par statuer que Karitamen était libre d’agir à sa guise sur ses terres, tant que ses affaires ne prenaient pas des proportions menaçant son propre empire.

Avec le temps, que cela résultât de ses expériences ou juste de la fatigue et de la frustration, Karitamen finit par perdre tout caractère humain ou presque, son corps n’étant quasiment plus alimenté que par la magie et la soif de réussite.

Trépas[modifier]

À plusieurs reprises au cours de son règne, des gens du peuple dont la vie avait été déchirée et impitoyablement ravagée par les décisions irréfléchies de Karitamen tentèrent de renverser leur souverain. Mais ils échouèrent chaque fois. Généralement, sa garde suffisait à endiguer ces soulèvements bien avant de l’atteindre. Les rares occasions où l’assaillant parvenait à passer cette première défense ou, comme cela est arrivé à deux reprises, un ou deux de ses propres gardes faisaient directement partie de la rébellion, Karitamen ne fut pas réellement en danger. Sa magie était devenue telle au fil des ans, qu’elle suffisait à soustraire son corps aux armes des mortels. Il avait, du moins en partie, atteint son objectif initial. Il était pratiquement invincible et s’était donc assuré une vie et un règne particulièrement longs. Mais l’ironie voulut que, ce faisant, il eût perdu l’affection de son peuple qui l’avait pourtant conduit à prendre ces mesures extrêmes.

Les sujets du Scarabée de la Mort n’étaient pas les seuls à trouver son autorité répugnante et à craindre la suite des événements. Bon nombre des aristocrates de son royaume estimaient également qu’il fallait le destituer. Ces nobles eurent néanmoins la sagesse de ne pas tenter quoi que ce fût avant de trouver un moyen de percer les défenses du Scarabée de la Mort pour pouvoir mettre un terme à son existence. Il leur fallut plusieurs années, mais ils finirent par se procurer une dague gravée de runes, le poignard des âmes entravées, censée abriter de puissants enchantements. Le nécromant qui avait créé l’arme leur assura qu’elle pouvait tuer n’importe qui, même un homme protégé par sa propre magie, aussi puissante fût-elle. L’arme avait aussi le pouvoir de lier irrémédiablement l’âme de la victime à son corps, l’empêchant ainsi de connaître la suite de son voyage, mais les nobles estimèrent que c’était là une contrepartie fort modeste en comparaison du soulagement occasionné par la disparition d’un tel tyran.

Quand tout fut prêt, les hommes de cour passèrent à l’attaque. Ils avaient rameuté de nombreux roturiers à leur cause, mais également bien des soldats, et Karitamen fut assailli par ses propres hommes. Il répliqua, aussi bien par l’acier que la magie, et les morts furent nombreux. Mais au final, l’un des nobles, un homme du nom de Hiratemet, parvint à s’avancer dans le dos de Karitamen pour y plonger le poignard enchanté. La lame perfora toutes les protections mystiques, déchirant des couches de sorts en un instant pour frapper en plein cœur du Scarabée de la Mort. Une magie si puissante ne céda pas sans remous, et les montagnes tremblèrent et les pics se fissurèrent. Mais le roi ne sut rien de ces bouleversements, car il tomba à genoux, les sens occultés tandis que le sang s’écoulait de son corps pour abreuver le sol assoiffé.

Et ainsi trépassa Karitamen le Scarabée de la Mort.

Sépulture[modifier]

Malgré ses études poussées, la mort attendue de Karitamen ne put être évitée. Il avait trouvé le moyen de prolonger son existence, mais pas celui de la perpétuer indéfiniment. Il donna également un sens à la croyance de son peuple dans l’au-delà, son âme persistant dans les enfers, engagée dans un périple que nulle créature vivante ne pourrait comprendre. Ainsi, en acceptant l’inévitable ou, du moins, en se préparant à son éventualité, Karitamen avait ordonné à ses sujets de lui confectionner un tombeau majestueux. Il choisit un site dans les montagnes, à l’est de ses terres, d’où il pourrait veiller sur ses gens, même dans la mort. La crypte fut construite selon l’architecture nehekharéenne traditionnelle, aux proportions de mise pour un roi. Le projet avait débuté à une époque où Karitamen était encore révéré par ses sujets, si bien que des maîtres artisans avaient accepté de s’échiner sur le tombeau, offrant leur meilleur ouvrage pour honorer leur souverain et protecteur.

Une fois mort, ceux qui étaient restés fidèles à leur roi supplièrent les nobles victorieux d’enterrer celui qu’ils avaient servi comme son rang le demandait. Les aristocrates accédèrent à cette requête, reconnaissant que leur nation n’aurait jamais existé sans Karitamen et allant jusqu’à admettre qu’il avait d’abord été un bon roi, prévenant et protecteur. C’est ainsi que Karitamen fut enterré dans les profondeurs de son tombeau et qu’il reçut une cérémonie funèbre de premier ordre. On plaça également biens et richesses dans la crypte, pour qu’il jouisse d’une fortune matérielle au moment d’entamer son voyage spirituel. On tua des esclaves dont on enferma les dépouilles dans le tombeau, en accord avec la tradition nehekharéenne, afin qu’il ait des serviteurs dans l’au-delà.

À l’insu de beaucoup, les rois nehekharéens des générations précédentes avaient créé les Cultes Mortuaires. Cette secte avait pour objectif de préserver leur corps dans la mort, afin qu’ils puissent un jour retrouver toute leur vigueur et leur force. Karitamen n’accordait pas grand crédit à cette idée, mais il avait perpétué la tradition, estimant qu’il s’agissait au pire d’une option de plus, si jamais ses propres études ne suffisaient pas. Ainsi, quand il décéda, son corps fut préparé par des prêtres mortuaires, notamment Tetrahon, et enveloppé de gaze recouverte de runes, afin de le protéger et de le conserver jusqu’à ce qu’il puisse être animé de nouveau. Seuls les rois et leurs prêtres connaissaient la fonction de ces runes et rituels, c’est pourquoi les nobles n’avaient aucune raison de s’y opposer, ce qu’ils auraient fait s’ils avaient su que le souverain qu’ils avaient assassiné avait ainsi la moindre chance de revenir un jour se venger.

Les aristocrates assistèrent à la cérémonie funèbre. Quand celle-ci fut achevée et que tout fut agencé selon les instructions de Karitamen, on scella l’accès au tombeau.

Réanimation[modifier]

Karitamen avait espéré que sa magie lui permettrait d’être ramené à la vie quand il finirait par mourir. Malheureusement pour lui, les runes du poignard empêchèrent le retour à l’existence qu’il avait escompté. L’arme enchantée avait également lié son esprit à sa chair morte, l’empêchant de reprendre le cycle naturel des choses, bien que le souverain n’en sût rien.

Karitamen fut néanmoins ranimé quelques années plus tard, mais pas de la manière qu’il avait prévue.

Quand le Prêtre-Roi Nagash anima les morts pour qu’ils l’aident à étendre Nehekhara, tous les défunts de la patrie entendirent son appel. Nul ne put résister, pas même ceux qui étaient de noble rang. Au contraire, sur bien des points, les aristocrates et les dirigeants se montrèrent plus réceptifs à la magie de Nagash, car ils étaient liés par des serments sacrés à servir le roi de Khemri, titre que portait Nagash, fût-ce injustement. C’est ainsi que Karitamen et les autres rois devinrent des liches, animées mais squelettiques. Ils devinrent les créatures connues plus tard sous le nom de Rois des Tombes. Au début, Karitamen se réjouit de cet éveil, mais son plaisir se mua rapidement en horreur en constatant sa propre décomposition, son corps momifié, et en comprenant ce qui s’était passé. Tous ses plans avaient échoué ! Comment pouvait-il espérer gouverner son peuple pour l’éternité si ses gens ne supportaient pas sa seule vue ? Il ne s’agissait pas de la vie éternelle, mais bien d’une horreur sans fin !

Pire, Karitamen s’aperçut que certains de ses fidèles avaient douté de sa capacité à tenir ses promesses dans l’au-delà. Il était fort probable que ceux-ci faisaient partie des nobles qui l’avaient destitué, craignant qu’il ne vienne se venger si jamais son plan de retour fonctionnait. Pour éviter cela, ils avaient placé des protections tout autour des quartiers intérieurs de sa crypte, des glyphes présentant des runes semblables à celles qui ornaient la dague qui avait mis fin à sa vie. Ces défenses se montrèrent particulièrement efficaces et le séquestraient aussi sûrement que le poignard avait entravé son esprit. La chambre funéraire était donc désormais le monde du Scarabée de la Mort. Il y était piégé à tout jamais.

Karitamen enrageait dans sa prison, mais même toute sa puissance magique ne pouvait forcer les glyphes. Furieux, il tourna son attention vers ce qui se passait à l’extérieur. Il ne pouvait quitter sa sépulture, mais il découvrit que ses pouvoirs étaient en mesure de s’insinuer au-delà des murs et des montagnes. Sa magie avait crû, rare effet bénéfique du sort de Nagash, et Karitamen pouvait concentrer sa haine et sa rage par ce biais, et les faire pleuvoir sur les populations des plaines voisines. Il recourut à sa magie pour influencer la cabale de Nagash et d’autres individus, manipulant personnes et événements jusqu’à ce que tous les descendants des conspirateurs connaissent une mort horrible. Il y consacra presque toute son énergie, au point de s’évanouir dans son sarcophage, à peine conscient de l’éternelle damnation qu’était désormais son existence.

Renaissance[modifier]

Pendant des siècles, Karitamen resta dans un état de torpeur, tandis que ses serviteurs sommeillaient à ses côtés. Le temps passait et tous les vestiges de son ancien royaume disparurent, ne laissant derrière eux que de vagues légendes. Sa crypte tomba dans l’oubli et son nom même s’effaça de l’esprit et des lèvres de la population, jusqu’à ce qu’il soit relégué au simple rang d’histoire de fantôme parfois racontée par les anciens pour faire peur aux enfants.

Puis, il y a quelques années seulement, les choses changèrent. Karitamen se releva une seconde fois, de nouveau maître de ses pouvoirs. Il était toujours emprisonné et sa fureur n’était pas apaisée, mais il se trouva à la fois attristé et réjoui de voir qu’il ne reconnaissait rien de ce qu’il voyait dans la vallée. Il allait être plus simple de balayer ces royaumes naissants de la surface du monde pour tout recréer, plutôt que de devoir reprendre l’autorité à un chef solidement établi. Karitamen mit ses fidèles sur le pied de guerre, envoya ses sbires de par le monde et entama la longue et lente entreprise visant à se libérer de sa tombe pour regagner la maîtrise des terres qu’il gouvernait autrefois.

Ses créatures peuvent désormais arpenter le pays et terroriser quiconque s’approche un peu trop de la crypte. Le tombeau est ouvert et les trésors qu’il abrite aguichent tous ceux qui sont prêts à le piller, et à tomber en proie à ses pièges et à ses habitants, pour en accroître la population. Karitamen manipule ces visiteurs dans l’espoir que l’un d’eux puisse ébranler sa prison et le libérer. Parallèlement, il influence les princes de la vallée, les poussant à agir d’une manière qui favorise sa délivrance et son retour au pouvoir.

Source[modifier]

  • Warhammer JdR v2 - Le Seigneur Liche