Grande Guerre Contre le Chaos

De La Bibliothèque Impériale

Au fil des âges, le Vieux Monde a connu bien des guerres et bien des périls. Les fragiles royaumes humains les ont toujours surmontés, mais chaque nouvelle attaque est plus forte que les précédentes, et le prix à payer est de plus en plus élevé. De toutes ces guerres, une seule porte le nom de Grande Invasion ou, comme l’appellent les hommes du Vieux Monde, de Grande Guerre Contre le Chaos.

Lugubres Présages[modifier]

Asavar Kul le Dévoué, Quatrième Élu du Chaos, Protagoniste de la Grande Guerre contre le Chaos
Au cours de l’été de l’année impériale 2301, de funestes et sinistres présages annonciateurs d’un désastre apparurent dans tout l’Empire. Ils étaient visibles à l’œil nu pour tous ceux qui se souciaient de ce genre de choses, mais la suffisance des prétendants Empereurs était telle que personne n’en tint compte. A cette époque, l’Empire était déchiré par les dissensions entre les différentes factions qui s’affrontaient pour prendre le contrôle du pouvoir, alimentant leurs disputes par des controverses religieuses et des luttes intestines. Ayant tout perdu de sa gloire d’antan, l’Empire était à genoux. Dans cette ambiance orageuse, la venimeuse influence des Dieux Sombres enfla de nouveau. Les récoltes se mirent à pourrir sur pied, couvertes d’une écume visqueuse et nocive, et le bétail mourut à la suite d’étranges maladies. Des puits qui avaient alimenté des villes entières depuis des générations s’emplirent d’humeurs sanglantes. Des porcs se dressèrent sur leurs pattes arrières et se mirent à hurler avec une voix humaine. Tout le monde pensait que l’Empire était victime d’une malédiction, car qui d’autre que Nurgle en personne, Seigneur des Épidémies, aurait pu engendrer une telle pléiade de plaies ?

Tout laissait à penser que les quatre Dieux du Chaos avaient, pour une fois, laissé de côté leur éternelle rivalité et s’étaient unis dans un but commun. Que la puissance du Chaos se soit développée au cours des dernières années, c’était certain. Au nord, les Hommes-Bêtes s’étaient multipliés et devenaient chaque jour plus audacieux, émergeant de leurs forêts pour reconquérir les terres que les hommes appelaient Ostland et Ostermark. Il n’y avait aucune autorité centralisée capable de s’opposer à eux, car la lignée des Empereurs s’était depuis longtemps éteinte et les terres de l’Empire étaient divisées entre les Comtes Électeurs, déchirés par leurs mesquines chamailleries et rivalités. Des bandes de Guerriers du Chaos avaient été vues jusque dans les Collines Hurlantes, au nord d’Altdorf. Des hordes de Peaux-Vertes, chassées de leurs refuges par la force grandissante du Chaos, se livraient librement au pillage.

Tandis que l’Empire dépérissait, une grande guerre pour la domination se déroulait dans les Désolations du Chaos. La tribu des Kuls, l’une des nombreuses tribus du peuple Kurgans, émergea en tant que tribu dominante essentiellement grâce aux efforts acharnés d’Asavar Kul. Ce puissant chef avait fait ses preuves aux yeux de ses semblables, en tant qu’excellent guerrier et chef respecté. Cela faisait de nombreuses années qu’il arpentait les Désolations du Chaos à la tête de sa tribu, engageant le combat contre les tribus rivales et faisant courber leurs chefs sous son joug. Ses armées grandissaient de jour en jour et il fut bientôt le plus grand chef du nord. Les chroniques qui parlent de ce champion rapportent que la lumière des Dieux Sombres illuminait ses yeux et que son armure laquée de rouge irradiait de la lumière de la haine. Pour Asavar Kul, l’Empire des hommes semblait faible et prêt à être cueilli comme un fruit trop mûr. Non seulement la nation entière était en proie aux attentions de Nurgle, mais elle était également percluse de corruption et de décadence grâce à l’oeuvre des sectateurs dissimulés en son sein. Alors que les nobles de l’Empire se perdaient dans leurs vices et leurs mesquines intrigues, les forces du Chaos ne faisaient que croître. Asavar Kul rassembla sa tribu et se prépara à la guerre.

Rassemblement des Forces[modifier]

Les forces de Chaos se rassemblent pour se déverser sur le monde!
Le premier voyage de Kul le conduisit vers le nord, car il sentait que le portail qui séparait les mondes était gorgé d’énergie, et il souhaitait le contempler dans toute sa gloire. Il savait que tous les vrais enfants du Chaos pouvaient eux aussi percevoir cette source d’énergie. L’ombre s’étendait vers le sud, submergeait les désolations et les absorbait dans le Royaume du Chaos. Devant cette vague inéluctable, les serviteurs du Chaos se regroupaient et Kul les soumit à sa cause. Alors que l’obscurité progressait, son armée fut rejointe par des bandes de Maraudeurs venues des frontières du Pays des Trolls, et par toutes sortes de monstres difformes, eux aussi attirés par cet afflux de puissance qu’ils étaient incapables d’ignorer. Des légions de Démons franchirent l’éternité et vinrent marcher à ses côtés. Dans les forêts septentrionales de l’Empire, les Hommes-Bêtes se regroupaient en nombres sans précédent. Entre la Haute Passe au nord de Praag et les Monts du Milieu apparut une horde sacrilège dont les myriades d’étendards masquaient l’horizon.

Vint l’automne, et l’Empire s’enfonça dans l’anarchie. Des milliers avaient déjà succombé à la famine et à la peste, et plus encore vinrent se réfugier dans les cités surpeuplées. Les fermes, les villages et les petits bourgs furent abandonnés aux maraudeurs du Chaos. Les échanges commerciaux furent quasiment interrompus, car les voies navigables étaient devenues trop dangereuses pour le transport des marchandises. La famine s’aggrava et fit de nouvelles victimes. Cette terrible époque était idéale pour la multiplication des fanatiques. Hurlant à tous les vents, des philosophes de coin de rue qui voyaient la mort en toutes choses prophétisaient la fin du monde et l’avènement d’une ère de souffrances. Même dans les régions prospères environnant Altdorf et Nuln, tout n’allait pas pour le mieux. Dans les petites rues et les impasses de ces villes, des fanatiques religieux prêchaient leur étrange forme de rédemption. Maints citoyens leur prêtèrent l’oreille et, pensant que la fin du monde était bel et bien sur eux, devinrent à leur tour des flagellants. On pointa du doigt les sorcières et les cultes du Chaos comme responsables de la corruption qui régnait dans tout le pays, et des centaines d’innocents périrent sur le bûcher, quand bien même un certain nombre d’agents du Chaos furent débusqués et exécutés par les zélotes. Les Répurgateurs et les Prêtres rallièrent la populace contre l’ennemi intérieur et les combats gagnèrent les rues. À Nuln, un jeune noble du nom de Magnus réunit une foule de partisans et parvint, par un mélange de zèle religieux et de bon sens, à purger sa cité des adorateurs du Chaos.

L’Horizon est Noir[modifier]

Carte de campagne montrant la progression des protagonistes du conflit
La horde du Chaos continua toutefois a se rassembler dans les terres environnant le Pays des Trolls. À chaque nouvelle aube, ses effectifs grandissaient. Sous peu, ses feux de camp furent plus nombreux que les étoiles dans le ciel, et de sanglantes pyramides de crânes s’élevèrent un peu partout au rythme des sacrifices aux Dieux Noirs. Asavar Kul semblait doté des faveurs des quatre puissances, unies pour soumettre le royaume des mortels. L’armée que le champion rassembla autour de lui était, dit-on, la plus importante à avoir jamais marché sur le Vieux Monde.

Au Kislev, le plus septentrional des royaumes humains, véritable bouclier face aux forces du Chaos, le Tsar Alexis dépêcha des émissaires vers le sud pour demander de l’aide, car il entrevoyait déjà le jour où la horde allait fondre sur sa nation. Le message atteignit Wolfenburg où le Comte Bavaric d’Ostland résistait encore. Ses terres avaient jadis été ravagées par les Hommes-Bêtes, et il était depuis un ennemi juré des serviteurs de la ruine, comme en témoignaient ses nombreuses cicatrices. Moins d’une semaine plus tard, il conduisit son armée vers le nord pour venir en aide au Tsar. Hélas, il fut le seul à répondre car le reste de l’Empire était trop profondément immergé dans la déraison pour réagir.

Du Sang Dans la Neige[modifier]

Alors que la morsure de l’hiver atteignait les terres du nord, l’armée du Chaos entama sa longue marche vers le sud. La force d’invasion était si vaste qu’elle ressemblait à une mer de lames traversant la steppe, et elle fut rapidement repérée par des éclaireurs Kislévites. Le Comte d’Ostland et l’armée entière du Kislev partirent vers le nord pour l’intercepter. Les deux immenses forces s’affrontèrent quelque part entre les villes de Murmagrad et Chazask.

L’armée de Kul était non seulement plus importante que celle des humains, mais les fantassins de choc qui formaient son cœur s’avérèrent invincibles. Les Kislévites se battirent toutefois comme des ours enragés pour défendre leur terre natale. La charge d’un escadron de la Légion du Griffon, ses ailes resplendissantes sous le Soleil hivernal, réussit à enfoncer l’un des flancs de l’ost chaotique, et pour un bref instant, l’espoir naquit dans cœur du Tsar - et le déserta aussitôt que le ciel commença à s’assombrir.

Les rumeurs avaient dit vrai : d’horribles créatures plus anciennes que les hommes marchaient avec Kul. Vêtu de foudre, le tonnerre pour héraut, le titanesque Shaggoth nommé Kholek Dévore-le-Soleil se jeta dans la mêlée, et la Légion du Griffon s’éparpilla face à la charge du monstre. Les forces du Chaos redoublèrent d’efforts, cette fois avec Kul et ses deux haches à leur tête. Sa fureur était un spectacle affreux : il taillait les cavaliers comme les les fantassins, et en moins d’une heure, la neige du champ de bataille passa du blanc virginal le plus pur à une bouillie sanglante parsemée de cadavres de Kislévites et d’Ostlanders.

Bien peu d’entre eux survécurent à la bataille. La horde du Chaos ne s’arrêta que pour ériger des montagnes de cadavres à la gloire de ses Dieux, et des piles de crânes en offrande à Khorne. La terrifiante armée ravagea alors les domaines du Tsar puis descendit vers le sud en longeant les contreforts des Montagnes du Bord du Monde. Les Kislévites pensaient que le puissant courant du fleuve Lynsk, gonflé d’eaux de fonte au point de déborder, allait contraindre l’armée du Chaos à emprunter les ponts qui l’enjambaient. Les hommes du Tsar se préparèrent à les défendre avec leur dernier souffle, et même à les détruire si leurs positions étaient submergées. Mais les Sorciers de Kul ordonnèrent à leurs hommes de jeter les cadavres des massacres de la veille dans le fleuve. L’eau se teinta d’écarlate, ralentit, puis gela de nouveau.

L’avant-garde de Kul, composée d’élus, traversa le Lynsk le lendemain, des milliers de pas bottés crissant sur la glace rouge à l’unisson. Les dernières troupes Kislévites qui gardaient les ponts furent assaillies de toutes parts et vaincues. Au-delà du Lynsk s’étendait le coeur du Kislev et dans son écrin la prospère cité de Praag. Le pire était encore à venir.

La Chute de Praag[modifier]

Les Guerriers du Chaos commentant un carnage dans les rues de Praag
Les citoyens de Praag s’étaient préparés à l’attaque. Des milliers de Kislévites venus des campagnes avoisinantes s’étaient réfugiés dans la cité, amenant avec eux leurs animaux et ce qu’ils avaient pu sauver de leurs récoltes et de leurs plants. Mais ces nouvelles ressources ne suffisaient pas, car la ville était déjà surpeuplée. Les vaillants citoyens ne tardèrent pas à subir les affres de la faim et, dans cet état, devinrent des proies faciles pour les vils bienfaits du Dieu de la Peste, Nurgle. La maladie se répandit dans toute la cité comme un feu de broussailles et les rues ne tardèrent pas être envahies de cadavres qu’il était impossible d’évacuer.

Les forces du Chaos campaient autour de la ville; une deuxième cité apparut autour de Praag, un océan de tentes de bois, de peaux tannées et de fer tordu. De là, les assaillants lançaient de temps à autre une attaque, généralement menée par des guerriers de Khorne impatient de faire couler le sang. Kul, qui était un bon stratège, ne fit toutefois aucune tentative d’enlever la ville tant que la maladie n’eût pas fait son office. Les gens de Praag essuyèrent néanmoins de nombreuses attaques des hommes du nord, sans jamais désespérer qu’une force de secours vienne à leur aide. Des rumeurs parlant d’un nouveau chef héroïque avaient atteint la ville, un jeune noble vertueux qui conduisait une armée vers le nord pour sauver Kislev.

Effectivement, l’armée de Magnus de Nuln grandissait de jour en jour. Il avait su rassembler une force composée d’hommes de toutes les classes : de loyaux serviteurs de Sigmar, des zélotes déments, des citoyens ordinaires haïssant le Chaos et des soldats professionnels des armées provinciales. Reconnaissant en Magnus un chef capable d’unir les différentes factions du Vieux Monde, les Comtes Électeurs de l’Empire lui accordèrent leur soutien et allèrent le rejoindre à la tête de leurs troupes. On pouvait voir les uniformes colorés des troupes régulières marcher aux côtés des guenilles pouilleuses de l’ost Sigmarite. Bientôt, une vaste armée d’hommes se mit en route vers le nord afin de briser le siège que subissait Praag. Mais sa progression était laborieuse, et la population de Praag faiblissait de jour en jour. Alors que l’espoir abandonnait la ville, la peste faisait de plus en plus de victimes, car les créations de Nurgle se nourrissaient du désespoir.

Le siège de Praag qui dura presque un an réunissait de nombreux Champions du Chaos : Arbaal l'Invincible, Valnir le Moissonneur, Engra Morte-Épée, et bien d’autres encore. Le plan des forces du Chaos était simple, maintenant que la famine et la peste avaient affaiblis les Kislévites, Arbaal qui commandait les légions démoniaques devait se charger d’attaquer les fortifications tandis qu’Asavar Kul menait les troupes du Chaos contre les chevaliers Kislévites qui tentaient de sortir de la cité. Engra, quant à lui, s’occupait de maintenir l’ordre dans l’arrière garde des armées chaotiques.

Tandis que l’épidémie atteignait son apogée, Kul changea de tactique, et délaissa l’étreinte d’acier du siège pour la gloire d’une attaque totale. Les défenses extérieures de la cité, bien qu’assez solides pour tenir en respect les plus sauvages des Guerriers du Chaos, s’avérèrent incapables de contenir les monstrueux alliés de Kul. Le Shaggoth Kholek ouvrit une brèche dans les murs à l’aide d’un marteau plus ancien que la race humaine et, hurlant de triomphe, la horde s’y engouffra.

Pour finir, après de sauvages corps à corps dans les rues de la ville, Praag tomba, et le regard des quatre puissances du Chaos se posa sur l’orgie de dévastation qui rougit ses pavés. Asavar ordonna à ses Sorciers d’accomplir un rituel d’une puissance inouïe dans les ruines du temple d’Ulric, le Dieu de l’hiver, en implorant l’aide de Tzeentch. Bientôt, le pouvoir du Chaos recouvrit la cité. Magnus arrivait trop tard. Une avant-garde de ses cavaliers d’élite ne se trouvait qu’à un jour de marche de la cité, mais le Chaos avait déjà triomphé.

La Cité Damnée[modifier]

Magnus Ier le Pieux, vainqueur de la Grande Guerre contre le Chaos et plus grand Empereur de l’histoire de l’Empire de Sigmar
Avec la chute de Praag, une grande bourrasque noire souffla depuis le Royaume du Chaos, émergeant en rugissant des portes du pôle, passant sur le Pays des Trolls et le nord du Kislev en mugissant. Elle souffla dans les rues de Praag et transforma tout ce qu’elle toucha. Hommes et pierres fusionnèrent pour former d’horribles gargouilles et de grotesques sculptures animées. Les êtres vivants fondirent puis furent remodelés pour devenir des simulacres macabres faits à partir de l’essence de la cité même. Des colonnes gémissaient désormais avec des voix qui avaient été humaines. Des visages déments apparaissaient dans les murs. Des membres malades sortaient des pavés. Praag était devenue un lieu de cauchemar, un aperçu de ce qui attendait le monde sous le règne des Dieux du Chaos.

Quelques-uns parvinrent à s’échapper de la prison infernale qu’était devenue Praag et se faufilèrent à travers les lignes du Chaos qui s’apprêtaient à partir vers le sud. Ils apportèrent la nouvelle de la chute de Praag à la capitale, Kislev, où le Tsar entraînait à la hâte une armée composée des hommes trop vieux, trop jeunes ou trop faibles pour se battre sur les plaines. On raconte que lorsque Magnus apprit les événements, il versa des larmes de sang et jura devant Sigmar de venger les atrocités commises en ce jour.

Après la chute de Praag, la horde du Chaos se dirigea vers le sud et dépassa l’avant-garde de Magnus sans s’en rendre compte. L’armée de cavaliers atteignit les vestiges de Praag où ses guerriers, des Kislévites pour la plupart, purent voir les tourments que leur peuple avait subis. Leur détermination décuplée, ils firent demi-tour et partirent sur les talons de la horde du Chaos. Les cavaliers rencontrèrent rapidement l’arrière-garde de l’armée du Chaos, une force indisciplinée de créatures bestiales et déchues. Les humains fondirent sur elle avec l’énergie de la haine. Ils remportèrent une petite victoire, mais une victoire néanmoins. Pendant ce temps, le gros de la force chaotique continuait de s’enfoncer dans Kislev, ignorant tout de l’armée humaine qui menaçait à présent ses arrières.

Plus au sud, le coeur de l’armée impériale marchait vers Kislev, mené par Magnus en personne. Bien qu’espérant encore atteindre Praag à temps, ils avaient besoin de provisions pour poursuivre leur progression. Magnus espérait en acquérir, ainsi que de nouvelles troupes, avant de remonter vers le nord. En fait, ils arrivèrent à la capitale juste à temps pour voir la horde se préparer au siège. L’armée du Chaos encercla inexorablement les remparts de la ville, ses bannières noires constellant de pénombre les collines alentours. Les étendards des quatre puissances du Chaos se dressaient partout où campaient leurs fidèles. En formation serrée, Chevaliers et Guerriers du Chaos attendaient l’ordre d’attaquer, et chacun posait sur Kislev un regard empli de haine et de joie féroce. Des Sorciers se tenaient derrière ou parmi eux, parfois montés sur des animaux trop ignobles pour pouvoir être décrits. Des monstres, des Démons et des bêtes marchant debout se pressaient à la périphérie de la légion, rugissant et bêlant en anticipation des massacres à venir.

La Bataille des Portes de Kislev[modifier]

Les courageux cavaliers ailés du Kislev chargent les hordes du Chaos
Dans la ville, le Tsar Alexis prépara les défenses et prit le commandement de sa nouvelle armée. Mal équipés, mal entraînés mais animés par le courage du désespoir, les Kislévites se préparèrent à repousser l’attaque du Chaos. Avec eux se trouvaient des Nains venus de la grande forteresse du Pic Éternel, Karaz-a-Karak. Malgré les périls qui guettaient leurs domaines montagneux, l’ancienne alliance entre les deux races était toujours aussi solide, et s’ils étaient peu nombreux, les Nains envoyés à la rescousse de Kislev comptaient parmi les plus aguerris de leur peuple.

Les Dieux Sombres lancèrent leurs Démons et leurs monstres lors du premier assaut. Après une attaque qui compensait par la sauvagerie ce qu’elle manquait en discipline, les Kislévites durent abandonner leurs premières lignes de défense et se réfugier derrière les murailles de la ville. Les derniers soldats à les franchir furent les Nains, dont la courageuse action d’arrière-garde permit aux humains d’atteindre la sécurité des murs.

Alors que Kul préparait la vague d’assaut suivante, l’armée de Magnus atteignit les abords du campement du Chaos. Les soldats de l’Empire se jetèrent immédiatement sur les rares ennemis qui s’y trouvaient encore, et l’air s’emplit de beuglements de douleur alors que les Sigmarites commençaient à exercer leur vengeance. Kul rappela ses généraux en hâte et divisa son armée en deux contingents, un pour faire face à cette menace et l’autre pour poursuivre le siège.

Mais l’attaque de Magnus percuta la horde comme le marteau de Sigmar en personne avant même que l’armée du Chaos ne puisse se réorganiser, mettant en déroute une vaste meute de monstres et d’Hommes-Bêtes qui venaient de quitter la ligne de front. Des milliers de combattants du Chaos furent massacrés, et les forces des Dieux Sombres risquaient d’avoir bien du mal à stopper la progression de Magnus.

Néanmoins, l’armée du Chaos était vaste. Magnus avait mis en fuite d’innombrables ennemis, pourtant il en restait encore bien davantage. Victime de sa propre taille, la force du Chaos mit longtemps à se redéployer, mais ses effectifs largement supérieurs commencèrent à payer. La charge de l’Empire fut finalement arrêtée, et Magnus se retrouva encerclé : l’élan de l’attaque l’avait conduit au cœur des lignes ennemies, mais à présent un impénétrable mur d’acier se refermait sur elle. L’armée impériale n’avait d’autre choix que de se replier pour former un cercle défensif. Tout autour d’elle, les Guerriers du Chaos levaient leurs lames, et les champions d’une centaine de tribus sortaient du rang pour défier les officiers de Magnus.

Les citoyens de Kislev assistaient à la scène depuis les remparts de la ville. La venue des impériaux leur avait redonné l’espoir, et ils avaient poussé de grands cris de joie à la vue de la déroute des monstres qui les avaient obligés à se replier dans leur cité. Mais ces cris commencèrent à se tarir lorsque la charge de l’Empire ralentit. Craignant que leurs sauveurs ne soient détruits sous leurs yeux, les trois cents Nains firent une sortie par la porte sud de la ville et portèrent le combat aux assiégeants. Mais les troupes qui menaient encore le siège étaient la garde personnelle d’Asavar, et même les meilleurs vétérans Nains ne pouvaient espérer leur résister longtemps. Kul lui-même se battait avec la rage de Khorne, et les moulinets de ses haches tuèrent plus de vingt Longues Barbes. Les Nains furent repoussés dans le sang, et seuls la moitié d’entre eux revinrent vivants dans la ville.

Les Nains de Karaz-a-Karak se battant pour libérer Kislev des hordes du Chaos!
Les Nains refoulés, la menace posée par Magnus contenue, les forces du Chaos tournèrent une nouvelle fois leur attention vers Kislev. Sous le commandement de Kul, l’élite de l’armée se fraya un chemin vers la première ligne, et il parut rapidement clair aux assiégés que la prochaine attaque allait leur permettre de prendre la ville. Les meilleures troupes adverses leur faisaient face : des Guerriers du Chaos, des Élus et une triade de Sorciers montés sur de grands Dragons bicéphales. Les Kislévites et les Nains se préparèrent à vendre chèrement leur vie et envoyèrent des prières muettes à leurs frères d’armes, ailleurs, pour qu’ils vengent un jour la perte de la deuxième cité Kislévite en peu de temps.

Puis, alors que les tours de siège d’Asavar Kul allaient toucher les remparts, la bataille prit un tour inattendu. L’avant-garde de Magnus, l’armée même qui avait gagné Praag trop tard pour la sauver, arriva sur le flanc nord de la horde. Ce détachement était composé de cavaliers impériaux, mais aussi de fiers nomades Kislévites dont l’esprit était encore marqué par les horreurs de Praag. Ils jaillirent des collines gelées, lances baissées, et s’enfoncèrent dans les lignes arrières du Chaos, qui commencèrent à se disloquer sous la colère des attaquants.

Magnus et son armée s’étaient regroupés sur une petite colline et devaient résister aux attaques constantes des maraudeurs et des Guerriers du Chaos. Pour chaque guerrier ennemi abattu, dix soldats impériaux avaient dû donner leur vie. Magnus serra les dents et se prépara à son ultime combat, lorsque depuis sa position surélevée, il vit que les lignes arrières de l’ennemi semblaient désorganisées. Il réalisa avec un élan de joie que ses propres cavaliers étaient revenus du nord. Les combattants du Chaos entendirent des cris de stupeur venus de leur arrière et commencèrent à paniquer. Bien qu’épuisé, Magnus se redressa sur sa selle et exhorta ses hommes à lancer une ultime attaque.

Sur les créneaux de la ville, le Tsar vit l’assaut des cavaliers sur les hordes du Chaos, et l’ébauche de réorganisation qui commençait à animer l’armée adverse. Il sentit que les mortels pouvaient encore l’emporter s’il agissait avec valeur et rapidité. Les portes de la ville furent ouvertes et la totalité des soldats Kislévites en jaillirent pour s’en prendre aux assiégeants. Les Nains jurèrent de terribles serments de vengeance et leur emboîtèrent le pas pour se jeter de nouveau sur les Guerriers du Chaos, leurs haches prélevant un lourd tribut alors qu’ils scandaient d’antiques malédictions en Khazalid.


Partout, les combats faisaient rage. On entendait le fracas assourdissant des armes heurtant les armures, les hurlements des mourants ou des blessés, les cris de guerre rageurs et les sons proférés par des créatures inhumaines. Magnus regarda autour de lui et constata que tout n’était qu’anarchie. Plus personne ne combattait en bon ordre, les hordes du Chaos se mélangeaient avec les courageux soldats humains et nains dans une indescriptible mêlée, aussi la ligne de bataille avait-elle depuis longtemps fondu dans la confusion de la guerre.

Profitant d’un moment de répit, il observa l’évolution des combats, serrant fermement dans sa main gantée son épée baignée de sang. Il avait l’intuition que le cours de la bataille restait encore indécis, mais il pouvait également sentir en lui l’esprit de Sigmar guidant son bras contre ses ennemis et remplissant son coeur d’espoir. Il était sur le point de se tourner vers ses hommes afin d’ordonner une nouvelle charge lorsqu’une voix, celle qu’il entendait déjà depuis des mois, lui conseilla d’attendre un peu. Lorsqu’il porta à nouveau son regard sur la horde du Chaos, il comprit immédiatement pourquoi il fallait attendre et l’espace d’un instant, son cœur défaillit.

Un important groupe de cavaliers en armure fonçait à travers une brèche qui s’était ouverte à cet endroit du champ de bataille et à leur tète se trouvait un énorme char de guerre tiré par trois : immenses bêtes dont les robes noires étaient hérissées de piques et de cornes. Magnus eut du mal à regarder directement le char, car d’étranges runes et symboles qui pendaient d’une demi-douzaine de bannières troublaient l’air alentour et faisaient pleurer ses yeux malgré lui.

Voici celui qui les commande, lui souffla la voix intérieure. Voici la créature appelée Asavar Kul.

Se préparant, Magnus observa le char qui se dirigeait à présent dans sa direction, ses roues équipées de faux moissonnant indifféremment la neige et les corps des morts sur son passage.

Sur un signal de la créature qui se tenait sur le char, les chevaliers du Chaos tirèrent sur les rênes de leurs destriers afin de ralentir leur course et de permettre à leur seigneur de prendre de l’avance. La neige fondait sous les sabots enflammés des montures surnaturelles tractant le char qui fonçait droit sur Magnus à une vitesse terrifiante. Magnus resta calmement sur place, mais lorsque la machine de guerre arriva à sa hauteur, elle effectua un dérapage et s’arrêta net devant lui.

« Les dieux m’ont averti que toi seul me barrerais le chemin de la gloire, » cria le guerrier depuis l’arrière du char. « Je vais t’arracher le cœur et raser cette ville jusqu’à la dernière pierre. »

Lorsque Kul descendit de son char, Magnus réalisa à quel point son adversaire était grand, au moins une fois et demi plus que le prêtre sigmarite. Néanmoins, il ne ressentit pas pour autant la peur. Il se sentait au contraire calme, en paix, comme s’il se trouvait en prière plutôt que sur un champ de bataille couvert de sang. Il lui sembla que le silence se fit alors qu’il focalisait son attention sur le champion du Chaos, mais le calme fut interrompu lorsque celui-ci tira de son fourreau une épée massive qui entonna une stridente mélopée. Son armure était consumée par des flammes surnaturelles dont la fumée enveloppait le guerrier. Il sembla à Magnus que l’épée grandissait à vue d’œil dans les mains de son adversaire, mais il resta impassible lorsque l’ombre gargantuesque du champion le recouvrit.

Hurlant un cri de guerre dans une langue que le prêtre de Sigmar ne reconnut pas. Kul se jeta en avant en direction de Magnus, tranchant de son épée démon les soldats impériaux qui tentèrent de s’interposer. Sans réfléchir, Magnus fit deux pas vers la gauche et se saisit de sa propre épée dont la lame était entourée d’un halo bleuté. L’épée de son adversaire provoqua une gerbe d’étincelles lorsqu’il para la première attaque, avant de riposter dans la foulée d’un coup ferme en direction de la gorge protégée de Kul.

Son épée rebondit contre l’armure infernale sans autre conséquence qu’un bruit résonnant et son poing fut engourdi par la rigueur du choc. Magnus eut tout juste le temps de se jeter en arrière lorsqu’Asavar lui asséna un coup de haut en bas qui lui aurait sans problème tranché la tête en deux.

Pendant ce qui sembla une éternité, les deux héros échangèrent coup sur coup, leurs épées se heurtant sans cesse et occasionnant de temps à autre une blessure superficielle de sorte que bientôt, l’un et l’autre furent couverts du sang coulant de leurs plaies. Magnus ne ressentait aucune fatigue malgré ses efforts et ses blessures, mais il lui sembla qu’il en allait de même pour son adversaire, et le duel risquait de durer encore longtemps si aucun élément ne venait avantager l’un ou l’autre.

C’est alors que Kul commit l’erreur qui lui fut fatale. Il asséna un coup plongeant et son épée se planta profondément dans le sol, ce qui lui fit perdre l’équilibre. Rassemblant ses forces, Magnus saisit l’occasion et trancha le bras droit du champion qui fut repoussé par la force du coup. Asavar regarda un instant son moignon, et comme s’il ne ressentait pas la moindre douleur, il se saisit avec sa main gauche de la hache pendant à sa ceinture. Mais l’avantage était à présent dans le camp de Magnus, qui attaqua sans relâche du côté droit jusqu’à ce qu’un puissant coup à deux mains arrache finalement sa hache des mains d’Asavar. Désarmé, le guerrier se tint silencieux et fixa Magnus, son regard maléfique brillant à l’intérieur de son casque.

« Les dieux m’avaient promis gloire et conquêtes si je parvenais à te battre, » finit-il par dire tout en retirant son casque, découvrant un visage couvert de cicatrices et de symboles corrompus. « J’ai échoué, et la victoire te revient. »

Sans hésiter, Magnus leva son épée et décapita Asavar, dont la tête chuta lourdement dans la neige.

« Tes dieux t’ont abandonné. » murmura Magnus en contemplant le corps de son adversaire. « Le mien n’a jamais cessé de me soutenir. »

Kul était mort, même si la façon dont il rencontra son destin resta sujette à de nombreux débats. Certains remirent en question le fait qu’il fut occis par Magnus lors de ce face à face mortel, clamant qu’il fut tué par l’un de ses propres lieutenants. Il est toutefois certain que les Dieux lui avaient retiré leurs faveurs au moment critique, mais la nature de sa mort s’avéra insignifiante, car de toute façon, privée de son autorité, l’armée du Chaos commença à s’effondrer.

Prises de trois côtés, l’armée jadis disciplinée se dissipa pour devenir une masse hurlante et confuse. Des monstres couraient de gauche et de droite, impossibles à maîtriser tant la cacophonie couvrait les ordres. Les Guerriers du Chaos continuaient à se battre, mais ils étaient à présent trop peu nombreux pour faire face sur tous les fronts. Lentement, l’armée du Chaos commença à se disperser. À la fin de la journée, la déroute était totale. La victoire était proche, et même si la plupart de ses habitants avaient péri, la cité de Kislev restait libre. La Grande Guerre Contre le Chaos était terminée.

Une Nouvelle Aube[modifier]

Après la bataille des Portes de Kislev, la souillure chaotique qui imprégnait l’air commença à refluer, les Démons regagnèrent les Royaumes du Chaos, et les ténèbres libérèrent peu à peu le pays. La cité de Praag fut rasée puis reconstruite, mais elle demeura une ville hantée où les morts ne trouvent pas facilement le repos.

Magnus le Pieux, comme il fut appelé par la suite, devint Empereur et réunifia l’Empire. Les forêts furent débarrassées des Maraudeurs et des Hommes-Bêtes, et l’Ostland et l’Ostermark furent enfin délivrés de leurs ravages. Les forces du Chaos, éparpillées et privées de chef, furent refoulées vers le Pays des Trolls et au-delà, seules région restant sous le contrôle du Chaos.

L’alliance entre les différents Dieux succomba également aux vieilles rivalités. Peut-être s’étaient-ils contentés de mettre à l’épreuve les défenses de l’humanité, car leurs voies restent impénétrables.

Néanmoins, le Chaos ne se décourage jamais. Au cours des deux siècles qui suivirent, les égarés et les damnés reprirent des forces. Au sein de l’Empire, les sectes impies recommencèrent leur travail d’infiltration et de sape, semant les graines d’une nouvelle incursion et tenter de nouveau d’arracher le Vieux Monde à ses maîtres mortels…

Sources[modifier]

  • Livre d’Armée des Royaumes du Chaos
  • Livre d’Armée des Guerriers du Chaos, V7
  • White Dwarf N°98 (Juin 2002)