Galrauch

De La Bibliothèque Impériale
Galrauch, le premier Dragon du Chaos
À l’époque où, sous le règne du grand Ænarion, les Elfes repoussèrent l’incursion des hordes du Chaos, les Dragons étaient à leur côté. Ces monstres géants causèrent la perte des armées des Dieux Sombres, plongeant depuis les cieux sur les rangs compacts des Démons pour les écraser et les incinérer par milliers. La force des Dragons n’était égalé que par celle des plus puissants Démons Majeurs, incarnations vivantes de la puissance de leurs Dieux, et les duels qui opposèrent ces créatures furent des événements d’une telle magnitude que les guerriers mortels ne purent en être que les témoins impuissants. Ils en firent plus tard des chansons et des légendes qui seules subsistèrent de cette époque lointaine. Le plus connu de ces combats épiques fut celui qui décida de l’issue de la bataille pour la possession de l’Île des Morts, lors duquel Ænarion lança son Dragon Indraugnir contre quatre Démons Majeurs, les envoyés de chacune des divinités du Chaos. Durant cette même bataille, le vaillant Prince Dragon Learfin monté sur Galrauch le Dragon d’Or emmena le flanc gauche de l’ost Elfique contre une vague de Démons de Tzeentch. Les écailles scintillantes de Galrauch le désignaient clairement comme l’un des frères du puissant Indraugnir. En vérité, Galrauch n’avait rien a envier aux autres Dragons, peut-être était-il juste un peu moins fort que la célèbre monture du seigneur Ænarion.

Grande fut en ce jour l’étendue des pertes pour les deux camps. Au milieu des massacres, Learfin et Galrauch finirent par affronter le Duc du Changement à la tête des démons. Celui-ci possédait une telle maîtrise de la Magie que ses sorts traversèrent presque instantanément les défenses de Learfin, tuant le noble Elfe sur le coup. Fou de chagrin, Galrauch se jeta sur le Démon, déterminé à obtenir vengeance, même au prix de sa propre vie. Étonnamment, le Duc du Changement ne lui opposa aucune résistance et les énormes mâchoires du Dragon se refermèrent sur sa tête qui fut arrachée d’un coup sec. Le corps décapité du Démon Majeur se dissolu subitement en un nuage qui enveloppa le Dragon enragé avant de disparaître. Galrauch était victorieux et tous les Elfes qui avaient observé la scène l’acclamèrent, mais leurs voix s’éteignirent soudain car le corps du Dragon s’agita de violentes convulsions, puis se figea brusquement. Une lueur iridescente et mauvaise était apparue dans ses yeux.

Le Dragon tourna la tête en direction des Elfes abasourdis. Les flammes qui jaillirent alors de sa gueule étaient vertes, bleues ou d’autres teintes tout aussi étranges, et elles ne brûlaient pas, mais leur contact répandit la mutation et la folie parmi les rangs Elfiques. La peau du monstre se mit à miroiter et à onduler comme la surface d’un lac, ou se formèrent des visages grimaçants et ricanant, chantant leurs hymnes à la gloire du Grand Architecte. D’immondes tentacules et des pointes effilées sortirent de la chair du Dragon et finalement, sa tête au port autrefois altier se fendit en deux autres qui se séparèrent jusqu’à la base de son long cou, et il devint en cette heure tragique une monstruosité bicéphale.

Ces deux têtes semblèrent d’abord gouvernées par une même pensée, mais elles commencèrent bientôt à s’attaquer l’une à l’autre, preuve évidente que l’esprit du noble Dragon n’avait pas été totalement détruit. La volonté du Duc du Changement parvint finalement à reprendre le contrôle de sa nouvelle enveloppe, mais suite au sacrifice d’Ænarion et devant l’évidence de la défaite des hordes du Chaos, il préféra fuir la colère des Elfes et des Dragons.

Galrauch partit se cacher et s’assoupit pour des siècles, sortant plusieurs fois de son sommeil au cours de l’histoire pour dévaster aussi bien les terres des Elfes que celles des Nains et des hommes. Les légendes font de lui le premier Dragon du Chaos, à l’origine des nombreuses autres abominations nées de son sang et de sa Magie. On lui prête parfois de même la paternité des Chimères et de nombreuses autres afflictions se répandant à travers le monde. Il demeura immobile pendant des siècles, endormi dans une profonde caverne sous les Montagnes du Bord du Monde. Les hommes, dont la vie est aussi courte que la mémoire, oublièrent ses méfaits, et il n’était plus désormais pour eux qu’une légende racontée pour effrayer les enfants, mais d’autres races avaient gardé un souvenir plus clair de l’horrible monstre.

Lors d’un de ses réveils, Galrauch prit le ciel et survola les terres de Bretonnie. Il sentit l’odeur d’un de ses enfants, loin au-dessous de lui. Désireux de mettre à l’épreuve la force et les pouvoirs de ses semblables, il piqua vers le sol et découvrit bientôt que non seulement son rejeton difforme avait été tué, mais que son crâne ornait désormais le pont-levis d’une arrogante cité fortifiée.

Fou de rage, l’antique Dragon du Chaos atterrit dans la cour du château, les hurlements stridents de ses deux têtes faisant vibrer les murs de pierre. Le Duc de Lac, qui avait occis la progéniture de Galrauch, s’élança sur son destrier blanc pour affronter le monstre, son armure enchantée étincelant sous le soleil. Il abaissa sa lance et se prépara a se débarrasser de son adversaire de la même manière que de son enfant. Fixant le Duc, Galrauch cracha un épais nuage de fumée toxique et une brume noire envahit la cour, obscurcissant le soleil. Des cris atroces en jaillirent alors et une fois qu’elle se fut dissipée, tout ce qui restait du courageux Duc et de sa monture était un amas de pièces d’armure et de caparaçon d’où s’écoulait un liquide sombre et huileux. Le Dragon s’en prit ensuite aux murs mêmes du château, enterrant sous des tonnes de débris ceux qui cherchaient à s’y abriter. Les chevaliers qui parvinrent à dominer leur peur le chargèrent mais furent réduits en lambeaux par ses serres redoutables, leurs armures disloquées comme s’il s’était agi de guenilles.

Tout ce qui reste aujourd’hui de la glorieuse cité de Languerre de Lac sont les vestiges de son pont-levis, encore surmonté du crâne de la progéniture de Galrauch, un avertissement pour ceux qui osent lever la main sur un Dragon du Chaos.

D’innombrables mythes suivent son passage, et il a été aperçu aux quatre coins du Vieux Monde. Les sauvages tribus d’Orques des Terres Arides s’enfuient à son approche, et on dit qu’il a étendu son ombre jusqu’à Naggaroth. Il semble aussi que d’autres créatures abominables s’éveillent dans son sillage, des Dragons du Chaos et bien d’autres bêtes aussi monstrueuses émergent de leurs cavernes et des profondeurs des sombres forêts. Les philosophes et les érudits impériaux sont toutefois divisés : certains pensent que Galrauch est le héraut d’un nouvel âge de terreur, s’appuyant sur des prophéties énonçant que les bêtes du Chaos se révéleront un jour et réclameront leur terre. D’autres pensent au contraire que ces monstres ont tous été exterminés grâce à la technologie avancée des hommes. En revanche, tous s’accordent à dire que Galrauch est une menace pour l’Empire, bien que personne n’ait encore découvert le moyen de se débarrasser de cette gigantesque abomination.[1]

Galrauch était autrefois une créature d’une grande intelligence, mais celle-ci a été totalement distordue par le Chaos. Lorsqu’il ne se repaît pas de ses victimes, il cache sa honte, tourmenté par son passé, sous une montagne de cristal au cœur des Désolations du Chaos, s’entourant de réflexions fracturées, et se torturant lui-même d’illusions paranoïaques et de serments à moitié oubliés. La montagne de cristal est encore plus trompeuse que tous les sommets alentours. Les rayons de lune tombent sur les facettes, ne permettant pas de voir par où escalader. Chaque point d’appui semble être un gouffre insondable bordé de reflets trompeurs.

Le dragon a deux têtes. Toutes les deux sont folles. Celle de gauche est emplie de malice et celle de droite de honte. Il est hanté par les souvenirs de cette époque lointaine où il servait les elfes d’Ulthuan, ce qui remonte à d’innombrables siècles. La plupart du temps, la tête de gauche domine, en particulier à la frontière des Royaumes du Chaos, car les Puissances de la Ruine y contrôlent tout. Mais, parfois, les souvenirs du dragon le submergent de culpabilité et la tête de droite tente de détruire son propre corps, de mettre fin à son existence. Il essaye de se racheter de ses méfaits. Lorsque cela arrive, les deux têtes s’entre-déchirent. Cependant, le Chaos est invariablement vainqueur. La tête de droite est systématiquement vaincue par la gauche. [2]

Sources[modifier]

  1. White Dwarf 102, Octobre 2002
  2. Darius Hink, Sigvald, Black Library, 2013